Un livre très intimiste qui tourne autour d'Hatoko écrivain public qui vient de fonder une famille en se mariant et en adoptant la fille de son mari.
Un livre qui peut (et doit?) se lire à différents niveaux ce qui laisse une marge pour l'apprécier.
le premier nous parle d'une vie de bonheur. Hatoko écarquille les yeux pour saisir chaque moment de bonheur pur de peur de la manquer.
Un devoir de faire les choses de manière japonaise très conventionnelle, le chemin est tout tracé pour la béatitude mais cela ne semble pas gêner Hakoto qui suit les principes et s'en trouve fort bien car elle sait se ménager un petit territoire personnel. Bonheur bien ordonné commence par soi-même
Un rythme lent ou chaque chose est posée et estimée à sa juste valeur
Chaque situation est appréciée: le moment du thé, le moment de cuisiner, la promenade, les courses, les moment de spiritualité au temple.
Chaque chose est contemplée et évaluée, le théier, les jeunes pousses de thé à couper, le bento, la boulette de riz, les kanjis, un manteau.
Chaque temple est visité et chaque dieu est honoré justement.
Toutefois derrière ce bonheur il y a une certaine candeur qui frise l'affectation, la mièvrerie qui parfois devient gênante car tout est idyllique, trop même, Hatoko frôle l'extase dans certaines situations somme toute banales ce qui ne manque pas d'irriter: les onigiris, le tofu, les thés sont succulents même « les pains qui sourient »...Toujours . Elle tombe amoureuse x fois de son mari alors qu'on ne voit pas bien le stimuli déclencheur, elle adore sa belle famille vue une fois, se prend d'amitié avec l'ex épouse décédée de son mari: Hatoko selon nos critères est une sainte, une mère Theresa japonaise
Rien de moche que du beau, du nanan sirupeux! le monde d'Hatoko est une cruche remplie de miel : un nirvana.
« Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » aurait dit
Jean YanneIto Ogawa insiste un peu trop sur cet aspect illuminé de la vie d'Hatoko et sur un comportement artificiel et convenu qui suit les codes de la société japonaise sans un chouia de réserve. Insistance qui se traduit par un délayage de la narration quelque peu pénible.
le second niveau nous parle de calligraphie, de kanjis et de clients qui viennent se faire écrire une lettre. Celui-ci est très parlant car Hatoko rencontre des personnages et des situations pathétiques et nous livre une vision de la pensée japonaise qui semble à mille lieues de la notre. le travail d'écrivain public n' est pas une sinécure. Il demande beaucoup de tact, de raison et d'empathie pour le client. Ensuite
Ogawa nous initie sommairement aux caractères japonais et à la graphie des lettres et c'est un art très difficile. C'est très intéressant.
Enfin le troisième et non le moindre nous parle de cuisine. Tout au long de la narration nous faisons connaissance avec une multitudes de plats. du simple repas familial accommodé des restes au repas de fête et au repas confectionné pour une dégustation nous en apprenons beaucoup. de même pour les boissons : les différents thés à la limonade chaude. Une véritable leçon de cuisine. Là encore
Ito Ogawa fait durer le sujet mais comme c'est très agréable et on lui pardonne volontiers.
Une écrivain qui comme sa prédécesseure japonaise
Ogawa Yoko a su créer une atmosphère personnelle dans ses romans une atmosphère féminine typiquement japonaise, dépaysante et apaisante
Quel contraste avec la littérature américaine, du moins celle lue dernièrement, ou chaque auteur essaye de rendre son livre plus noir, plus choquant plus triste avec des personnages très malheureux, une surenchère dans le « mal » Ici c'est le contraire et c'est très reposant un nirvana littéraire, un havre de paix et c'est très bien
Il va falloir aller faire un tour à
la papeterie Tsubaki
Il y a mille sirènes de joie
Sur ton chemin
Qui résonnent et c'est très bien
(J. Clerc)