Il y a des livres qui semblent vous attendre, ils sommeillent en vous, et en tournant la première page, c'est l'évidence: ils sont faits pour vous. Ils apaisent, adoucissent les peines, ensoleillent le coeur, vous ouvrent au monde!
C'est ce que j'ai ressenti en lisant ce roman.
Dès que j'ai poussé la porte de la boutique, à l'ombre protectrice du grand camelia ( tsubaki en japonais) , j'ai éprouvé du plaisir. Quel enchantement, un lieu où abondent papiers aux textures variées, cahiers , carnets ( j'en raffole!) , crayons! La jeune Hatoko vous accueille, discrète et attentionnée, en vous proposant un thé vert aux notes fumées.
Elle n'est pas que commerçante, elle exerce aussi le métier d'écrivain public, qui peut paraitre un peu désuet à l'ère informatique. Mais les japonais aiment les traditions. C'est sa grand-mère, l'Aînée, maintenant décédée, qui lui a appris l'art de la calligraphie.
Des demandes lui sont adressées: émouvantes, insolites parfois, savoureuses également. Et quelle belle idée de l'auteur de transcrire pour le lecteur les lettres écrites par Hatoko!
J'ai aimé m'introduire à pas feutrés dans la vie de ce personnage si attachant, au rythme de quatre saisons, découvrir toute la délicatesse et la poésie dont elle fait preuve dans les lettres pour lesquelles on la sollicite, le soin qu'elle y apporte, choisissant pour chacune le papier, le crayon adaptés. Elle ressemble à Rinco, qui veut aider les autres en cuisinant pour eux , dans "
le restaurant de l'amour retrouvé ".
J'ai aimé justement la suivre dans les petits restaurants de sa ville, où, gourmande, elle goûte de nombreux plats bien appétissants. Je l'ai accompagnée dans ses rituels au temple, j'ai deviné ses chagrins intimes, liés à l'Aînée, avec qui elle s'était fâchée à l'adolescence, repoussant son autorité qui l'étouffait, j'ai partagé ses joies, ses affections.
Mais je vous laisse, à votre tour, aller à la rencontre de ce beau personnage. Hatoko, tu resteras toujours blottie au fond de mon coeur...