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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je le dis d'emblée, alors que ma Pal dégouline de partout, le billet de Sandrine ( @Hundreddreams) m'a fait acheter de suite ce livre qui pourtant traite d'un sujet grave et triste et que normalement j'aurais préféré ne pas lire. Donc comment dénier le pouvoir des billets de mes amies (is) babeliotes. Ce n'est pas la première fois que je succombe à un billet et entame le livre de suite ( Peco, Bison et Cie peuvent en témoigner 😁) . Passé ce bavardage inutile revenons à l'essentiel , c'est à dire, ce livre.
Ce qui m'a séduite sans doute au première abord dans le sujet, c'est la location : le Japon dans la nature, un pays et une expérience qui m'ont toujours laissée de magnifiques souvenirs, ici de surcroît l'île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu'il faut gagner en bateau. Et puis la mer, source d'énergie infinie, pour moi ce qu'il y a de plus proche du paradis. Beaucoup moins séduisant le sujet , une femme de trente trois ans au seuil de la mort, qui se rend à cet endroit pour y passer ses derniers jours. Pourtant …..
L'institution s'appelle La Maison du Lion, Elle, Shizuku Umino.
Le temps d'une lecture, dans cette maison de fin de vie on va s'immiscer dans le délice suprême de la vie jusqu'à la dernière goutte, où la seule règle est d'être libre. On peut participer cependant , Seulement Si l'on veut, à des petits rituels comme un goûter servi tous les dimanches aux conditions particulières, et propositions succulentes pour qui a un bec sucré comme moi 😋.
Un goûter qui est au coeur de l'histoire, d'où le titre.


La plume de Ito Ogawa est magique, vaporeuse , j'en avais déjà fait l'expérience avec sa magnifique Papeterie Tsubaki et sa suite. Ici encore avec cette magie elle métamorphose un sujet lugubre en joie de vivre qu'elle plante dans un décor paradisiaque “Quand j'ai ouvert les yeux, la mer scintillait, illuminée par un incroyable sourire, et les feuilles des citronniers luisaient comme des vagues dans le paysage. Un soupçon de parfum d'agrumes flottait dans l'air….”
Et puis il y a Rokka un petit chien, que Shizuku aurait voulu tant avoir dans son enfance , mais jamais eu, donc mieux vaut tard que jamais 😊. Et enfin tout ces desserts sucrés qui ne sont que sensations et plaisir, d'une grâce et beauté infinie. Bref, de quoi mourir en beauté 😊.

La mort elle-même ne m'a jamais fait peur, mais c'est la décrépitude terrible qui le précède qui me terrifie, y étant témoin tour à tour à celle de mes proches. Ici le préambule de misère est largement amorcé par l'âge de la victime , l'endroit et les conditions paradisiaques que lui octroie la vie et bien sûr par la beauté, la grâce et la finesse de la plume de Ito Ogawa. J'espère bien partir comme Shizuku bien que j'ai largement dépassé son âge 😁 !
Lisez-le sans hésitation , c'est une magnifique lecture où votre âme sera réchauffée par le soleil et la mer, et le goût des desserts et pâtisseries japonaises dont perso je raffole ! Même si cela semble une fable, c'est une fable qui fait un bien fou ! Vive la littérature japonaise !

« Rien n'est jamais inutile. Tout a un sens…. »
« Vivre, c'est être la lumière de quelqu'un d'autre. »
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Atteinte d'un cancer à l'âge de trente-trois ans, Shizuku Umino ne veut pas terminer sa vie dans une chambre d'hôpital déshumanisée. C'est pour cela qu'elle se rend dans La Maison du Lion, un établissement de fin de vie situé sur l'île aux citrons dans la mer intérieure du Japon. Un endroit paradisiaque qui lui permettra de trouver la paix, loin des traitements agressifs standards visant à prolonger surtout la douleur…

En suivant les derniers pas de Shizuku Umino, le lecteur découvre tout d'abord un endroit aussi paisible que splendide, uniquement accessible en bateau, idéal pour profiter des derniers instants de la vie. Au fil des pages, il fera également la connaissance des autres pensionnaires de l'établissement et ne manquera pas de s'attacher à la chienne Rokka, adorable petite boule de poils qui se lie d'amitié avec cette jeune femme qui avait toujours rêvé d'avoir un chien et qui lui réchauffera le coeur jusqu'au derniers instants.

Malgré un sujet foncièrement triste, mais abordé avec beaucoup de douceur et de délicatesse, « le goûter du lion » se concentre surtout sur ces petits plaisirs de la vie dont il faut profiter, allant d'un brin de musique à une bonne tasse de café, en passant par ce rendez-vous hebdomadaire, organisé chaque dimanche à 15 heures, où le dessert préféré de l'un des pensionnaires est servi, accompagné d'une lettre qui invite à découvrir les souvenirs qu'il suscite chez la personne en question. Un petit rituel qui permet d'en apprendre plus sur les autres résidents tout en dégustant leur friandise préférée…

Si je suis généralement assez fan du style nippon et des ambiances contemplatives, j'ai visiblement du mal à accrocher pleinement aux romans d'Ito Ogawa. Je ne suis certes déjà pas grand amateur de desserts à la base, ce qui m'a peut-être empêché de savourer ce roman comme il se doit, mais j'avais déjà eu la même impression de « fadeur » en lisant « La Papeterie Tsubaki ». Je n'ai rien contre une bonne dose d'onirisme et de contemplation, mais tomber en admiration devant la beauté du sourire d'une banane est visiblement au-dessus de mes moyens…

Je retiendrai donc surtout le dépaysement offert par cette île aux citrons, l'amitié sans condition de cette adorable chienne, ainsi qu'un sujet douloureux abordé avec beaucoup de délicatesse.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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L'île de la consolation

L'île aux citrons. Une île aux paysages magnifiques lovée dans la mer intérieure du Japon. Île d'un ultime voyage pour Shizuku qui est atteinte d'un cancer avancé.
Elle s'installe dans la Maison du Lion, un établissement dans lequel les invités viennent passer leur derniers jours.
Tous les dimanches à 15 heures, les invités communient autour d'un goûter que Madonna tire au sort parmi leurs demandes.
Dans cette maison, où la règle est d'utiliser son temps comme bon lui semble, on partage à travers ce dessert plus qu'un moment de bonheur pour les papilles. On partage également un souvenir joyeux bien souvent lié à l'enfance. Une madeleine de Proust, réminiscence heureuse, qui laisse planer une agréable odeur de nostalgie.

Shizuku réapprend à vivre avec cette fin qu'elle sent approcher à grands pas. Trouver un équilibre entre le sucré et le salé. S'extasier devant la banalité de la vie représentée par une banane, fruit d'un arbre choisi par Bouddha pour nous rappeler le côté éphémère de la vie.
Accepter la mort tout en reconnaissant son envie de vivre.


Ce roman contemplatif, doux et délicat revêt la forme d'un immense haïku balisé de moments délicieux.
Shizuku est telle le soleil déclinant qui éclabousse la mer de sa lumière pour laisser place ,peu à peu, à la lueur d'espoir des étoiles aux confins d'un univers inconnu.






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Je vais vous parler d'un sujet grave, triste, traité cependant ici avec beaucoup de douceur, de délicatesse, mais aussi, - chose étonnante, avec gourmandise : la fin de vie. Gourmandise ? Je lis votre étonnement. Mais oui, j'ai bien dit gourmandise et ne voyez là aucune idée de vouloir choquer tant le sujet est chargé d'émotion. Écoutez un peu...
Nous sommes au Japon. Atteinte d'un cancer, la jeune Shizuku Umino âgée de trente-trois ans vient d'apprendre par son médecin qu'elle n'a plus que quelques semaines à vivre. La nouvelle lui a fait comme l'effet d'un séisme sous ses pieds. Nous sommes en décembre et probablement ne verra-t-elle pas fleurir les amandiers aux premiers jours du printemps.
Shizuku vit seule.
Le plus proche membre de sa famille est son père qu'elle n'a pas vu depuis cinq ans... Et puis elle ne veut pas l'inquiéter... Pour autant, elle ne veut pas finir ses jours dans la chambre d'un hôpital déshumanisé, recevant les derniers soins palliatifs dans une solitude accablante et anonyme, raccordée à des tuyaux branchés de partout.
Le hasard de la maladie l'amène à venir terminer ses jours sur l'île aux citrons, située en mer intérieure de Seto, dans la Maison du Lion. C'est bien sûr un établissement de soins palliatifs, mais au bord de la mer, sur une île, dans une maison entourée de vignes et de citronniers, on accompagne les derniers jours des personnes atteintes de maladies incurables en les aidant à emprunter d'autres chemins, loin des soins agressifs ou des traitements visant à prolonger la vie... Ici tout est fait pour apaiser les douleurs du corps et de l'âme.
La directrice de la Maison lui a écrit pour lui dire qu'on l'attendait, qu'une chambre était prête pour l'accueillir, mais plus qu'une chambre, c'est un lieu, une communauté d'invités comme elle, une île, qui l'attendent.
Son arrivée est prévue le 25 décembre, le jour de Noël. C'est la première fois depuis longtemps qu'on l'attend quelque part. La directrice, une certaine Madonna l'accueille au ponton du bateau. Bon pas la vraie Madonna quand même, je tiens à vous le préciser. Ici toutes les personnes ont droit de porter un surnom de leur choix, que ce soient le personnel de l'établissement ou bien les invités. Oui, les personnes qui viennent résider dans la Maison du Lion sont appelés des invités...
Dans ce récit écrit à la première personne, nous découvrons à travers les yeux, les gestes, les mots de Shizuku, un lieu et des personnes qui y vivent, qui viennent à sa rencontre. Nous découvrons ses premiers jours sur l'île aux citrons, ses étonnements, ses joies, ses révoltes, le désir de vie qui bat jusqu'au dernier souffle, la douceur qui vient non pas comme une résignation mais comme une apesanteur où le corps se dérobe, tandis que le coeur s'allège d'un fardeau.
L'île aux citrons, c'est un zeste de bonheur entouré d'océan.
Il y a la chienne Rokka qui se prend tout de suite d'amitié pour le jeune femme, ne la quitte plus...
Je me suis pris moi aussi d'affection pour cette chienne qui ressemble à une grosse boule de neige épaisse, qui va et vient, se frotte à sa nouvelle maîtresse, se niche dans le creux de ce corps frêle qui s'effrite, accompagnant d'une tendresse fidèle, celle qui va partir dans quelques jours vers on ne sait où... Peut-être que la chienne Rokka ressent ces choses-là, peut-être qu'elle est une passeuse à sa façon, s'est déjà pelotonnée contre un corps qui n'est plus, le fera encore longtemps après...
Et puis il y a ce rendez-vous hebdomadaire, le goûter du Lion, chaque dimanche à 15 heures, c'est comme un rituel... Chaque pensionnaire qui arrive est invité à exprimer sur une longue lettre un souhait, la commande d'un mets de son choix et à condition qu'il en écrive les raisons et l'attachement à un souvenir particulier. C'est un tirage au sort qui dicte le choix.
Le dimanche qui vient, le goûter qui va tâcher de reproduire le plus fidèlement possible ce mets, permet aux pensionnaires de le partager dans un moment convivial et touchant, en partager aussi le souvenir impérissable qui sera évoqué comme le vertige d'une madeleine de Proust. Peut-être que le bonheur d'être à la Maison du Lion tient dans cette impatience d'attendre chaque dimanche...
En dehors du goûter du dimanche, il y a d'autres gourmandises qui égrènent ce récit, le bol de douha pour accueillir le matin, l'okayu, des mochis, des cannelés, une tarte aux pommes, un thé de kombu...
« Nous savourons le délice suprême de la vie jusqu'à la dernière goutte », aime à dire la directrice du lieu.
Car ici il est question de saveurs, celle des derniers instants...
Parfois l'écriture délicate et très belle d'Ito Ogawa se fait onirique, traverse des paysages et des miroirs, convoque des personnages du passé, des voix, allument des bougies au seuil d'une porte...
Ce récit ne tombe jamais dans le pathos, même si on chemine le coeur serré vers les dernières pages, même si l'émotion nous étreint le coeur, parce que forcément la jeune Shizuku ressemble à quelqu'un de proche, qui n'est plus...
Ici, le sujet n'est pas le droit à mourir dans la dignité. C'est autre chose. Ici, les mots d'Ito Ogawa nous entraînent dans une maison où ceux qui vont mourir sont entourés, apaisés, les papilles éveillées au goût de l'instant présent. Accepter la mort, accepter son désir de vivre, accepter cela, l'accueillir comme on regarde la mer, comme on s'éprend de l'horizon, comme on respire le parfum du yuzu à pleins poumons.
En creux, Ito Ogawa ne dit-elle pas cette douceur qui manque à notre société, en particulier sur ce sujet ?
J'ai aimé pendant toutes ces pages douces, délicates, emplies de pudeur, accompagner à ma manière la jeune Shizuku, non pas dans sa dernière demeure, mais dans sa dernière île...
Je referme le livre, avec un sentiment apaisé en moi. Il y a encore cette bougie qui n'en finira pas de brûler dans ma mémoire, au seuil de la porte d'une chambre, tandis que la chienne Rokka apprivoise déjà les gestes d'un nouveau pensionnaire qui vient d'arriver...

Quelques jours après sa lecture, je me suis surpris à sentir en moi ce livre qui continuait de résonner comme le ressac d'une mer intérieure...
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De la littérature japonaise, je n'en lis que trop peu, alors que je ressors charmée par sa douceur à chaque fois. « le goûter du Lion » aborde un sujet pas des plus faciles, celui de la fin de vie, et pourtant c'est apaisée que je suis au sortir de cette lecture.

L'histoire se déroule sur une petite île du Japon, à la Maison du Lion plus particulièrement. Dirigée par Madonna (pas celle à laquelle vous pensez), cette maison accueille des malades en phase terminale voulant quitter notre monde en toute sérénité, sans traitements invasifs (et inutiles). Située au bord de la Mer Intérieure, elle offre à ces « invités » les conditions idéales pour y vivre leurs derniers jours. À leur arrivée, chacun d'eux remplit un petit formulaire leur permettant de choisir un dessert ou une gourmandise qu'il aimerait manger une dernière fois. Un tirage au sort a lieu une fois par semaine et c'est le dimanche qu'a lieu ce fameux goûter, attendu fébrilement par les résidents.

En ce 25 décembre, jour de Noël, Shizuku prend possession de sa chambre, son ultime lieu de vie. À 33 ans, elle est atteinte d'un cancer qui ne lui permettra pas de voir le prochain printemps. de fil en aiguille, elle s'habitue à sa nouvelle (courte) existence, fait de jolies rencontres, se lie avec Rokka et accepte peu à peu son état de santé qui se dégrade et son issue fatale...

Mis à part le sujet qui peut mettre mal à l'aise, je tiens également à prévenir que ce roman n'est absolument pas un livre d'action. Il n'y a d'ailleurs pas vraiment d'intrigue, il ne se passe rien (ou du moins pas grand chose). Tout est centré sur les réflexions et l'acceptation, qui ne nécessitent pas qu'on y ajoute une intrigue à proprement parler. Pas un livre d'action donc, mais un livre de contemplation, de concentration, de méditation, de réflexion, mais aussi de dégustation.

Si je n'avais pas eu le ventre noué par le dénouement qu'on sait inéluctable depuis le tout début, j'aurais pu prendre dix kilos rien qu'à goûter (par procuration) à toutes ces douceurs gastronomiques évoquées au fil des pages. Les balades sur la plage avec Rokka, l'adorable chienne de la Maison, auraient été les bienvenues pour éliminer bon nombre de calories. Shizuku, elle, ne s'en est pas privée et a bien eu raison : tous les petits plaisirs sont bons à prendre, et sont sans doute davantage appréciables quand on sait que ce sont les derniers... D'autant que sur cette île hors du temps, Shizuku se retrouve, ce qui l'aide à mieux accepter sa mort prochaine, à mieux savourer la vie pendant qu'elle la perd...

Malgré le thème difficile, la lecture se veut paisible et apaisante. Et la plume de l'autrice y est sans aucun doute pour quelque chose : tout en délicatesse et pudeur, elle nous entraîne dans une lecture toute de beauté et de bienveillance. C'est doux, tendre, quelque peu malaisant aussi, touchant, triste, parfois difficile, alors que beau et plein de petites gourmandises en même temps.

Je ne sais que rajouter de plus sur cette lecture émouvante. Je terminerai alors sur ce conseil : Profitez à fond de l'instant présent et des gens que vous aimez. Qui sait ce que nous réserve demain, et si on sera encore là pour le voir ?
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Ito Ogawa est une autrice qui m'émeut, me bouleverse, m'apaise, adoucit mes peines, me console. J'aime la délicatesse et la légèreté qui transparaissent dans son écriture, la pudeur et la générosité de ses personnages, la douce lumière qui transparaît dans ses thématiques pourtant difficiles.

Cette fois-ci, je dois avouer que, même si Ito Ogawa est une autrice qui me touche, j'ai hésité avant de lire son dernier roman. La lecture doit être un moment de détente, de relâchement et non une source de malaise, d'angoisse, ou de tristesse.
Le thème de son nouveau roman est celui de la fin de vie. Tout le monde a connu, dans sa vie, des moments difficiles, maladie, deuil, autant d'épreuves qui restent gravées dans la mémoire. C'est un sujet que j'évite en littérature, trop de mauvais souvenirs envahissent alors mes pensées et me perturbent.

*
La narratrice de ce roman, Shizuku, est une jeune femme de 33 ans. Atteinte d'une forme grave de cancer, elle choisit de passer les derniers jours de sa vie près de la mer, sur la magnifique île aux citrons, dans un établissement de fin de vie, la maison du Lion. Tout est fait pour répondre aux besoins des patients, leur apporter le plus de confort possible, soulager leurs douleurs et les aider à trouver la paix.

« L'île où je me rendais ressemblait à une colline en pente douce, aux allures de meringue, une meringue légère et aérienne. Les gens du coin la surnommaient l'île aux citrons, car c'était là qu'on cultivait autrefois la majeure partie des citrons du pays. »

Avec elle, nous rencontrons d'autres pensionnaires, jeunes et moins jeunes, qui deviennent pour quelques temps, une seconde famille.
Et puis il y a la chienne Rokka, adorable petite boule de poils, qui instinctivement, va se lier à la jeune femme et va être un précieux soutien, une belle source de joie et de réconfort.

*
Les plaisirs simples de la vie, la cuisine, les repas, les promenades sur la plage, la musique, les odeurs de café torréfié, la joie de vivre de Rokka, ont une place importante dans l'histoire.
J'ai aimé goûter la chaleur du soleil sur ma peau, sentir les embruns de la mer caresser mon visage, me promener avec Rokka. J'ai apprécié toutes les petites attentions quotidiennes du personnel, des petits riens qui sont de magnifiques cadeaux pour alléger la peur et la colère de la jeune femme.

*
J'ai particulièrement aimé le cérémonial du goûter qui permet de faire connaissance avec les autres pensionnaires : en effet, les résidents ont la possibilité de rédiger une demande de dessert, accompagné d'un petit texte permettant de le reproduire le plus fidèlement possible. A travers chaque texte, se dévoile tacitement, des souvenirs d'enfance, le passé et la personnalité de celui qui l'a écrit. Il ajoute une saveur supplémentaire à la friandise qui va être dégustée.

Chaque dimanche, un dessert est tiré au sort.

« Je me suis installée à ma table habituelle près de la cheminée et j'ai attendu le début du goûter. le douhua de Takeo, les cannelés de Patron, la tarte aux pommes de Momo, les mochis de Shima. Ces goûters étaient devenus une partie de mon corps, une partie de mon âme. »

Ce moment, très attendu, à la fois intime, chaleureux et apaisant, offre aux pensionnaires un moment de convivialité et de partage. Un moment qui mêle la gourmandise et la douceur de la vie, une part de soi et un souvenir qu'on laisse aux autres.
J'ai souri lorsque le cannelé a été choisi par un des pensionnaires.

« C'est dans un café, à Paris, que j'ai mangé le premier cannelé de ma vie. C'était un pur délice. C'était un goût que je n'avais jamais rencontré au Japon, un goût que l'on apprend à aimer une fois adulte. A cet instant, je me suis juré d'avoir un jour un café à moi, de devenir un expert en café, un maître en la matière, capable de préparer un café qui se marierait à la perfection aux cannelés. »

Je me suis forcément demandée quel gâteau j'aurais choisi à la place de Shizuku. Je suis très gourmande, mais je pense que j'aurais finalement choisi le Russe, qui comme son nom ne l'indique pas, est originaire du sud de la France, d'Oloron-Sainte-Marie plus exactement. C'est une pâtisserie très fine et légère, qui se compose de trois couches de biscuits moelleux, garnies d'une crème onctueuse au praliné, saupoudrée de sucre glace.

*
Le décor, planté au coeur de l'île de Seto, apporte également une ambiance paisible et contemplative, à l'image de la couverture du roman. Les paysages baignés de lumière, la mer et sa large palette de couleurs sont d'une beauté saisissante.

*
Ito Ogawa livre, dans un style empreint de poésie, de sobriété et de pudeur, une profonde réflexion sur la maladie, la souffrance et la mort. Il y a bien sûr des sentiments de colère, d'incompréhension, d'injustice, mais aussi des liens de confiance et d'estime qui se créent.
C'est une histoire qui parle également de la vie et de l'amour, de l'importance des relations humaines, du réconfort que procurent des plaisirs simples, de la famille et des souvenirs qui perdurent après la mort.

« le plus important, c'est de vivre l'instant présent. de le ressentir à travers son corps. Voir, toucher, sentir, goûter, avec ses yeux, ses mains, sa langue, et en être émue… »

On ressent la sensibilité d'Ito Ogawa dans ces beaux moments de paix, ces phrases lumineuses qui transcendent subtilement la douleur de la maladie, et l'acceptation progressive de la mort.

« Inspirez le malheur de toutes vos forces, transformez l'air que vous expirez en gratitude, et votre vie brillera bientôt. »

J'ai parfois craint que l'autrice tombe dans la mièvrerie, mais elle a habilement évité cet écueil.
Si un sentiment de tristesse et de nostalgie a assombri mes pensées pendant cette lecture, le ton calme, posé, réconfortant, sincère a déposé un voile d'apaisement sur mes émotions, m'invitant à apprécier pleinement chaque instant de ma vie avant qu'elle ne s'achève.

« Avant de faire la connaissance de Momo, j'avais les yeux rivés sur la mort, alors même que j'étais encore en vie. Je croyais que c'était cela, accepter de mourir. Mais elle m'a fait comprendre qu'accepter la mort, c'était aussi accepter son désir de vivre, de vivre le plus longtemps possible. Cela a été une véritable révélation pour moi. »

*
Pour conclure, « le goûter du lion » est un livre sombre mais lumineux, grave mais tendre, triste mais doux, pudique mais honnête, émouvant mais sans affectation outrancière. Dans ce roman, l'écriture d'Ito Ogawa explore des sujets douloureux et graves tout en déployant une nouvelle fois toutes les qualités que j'aime chez cette autrice, explorant le caractère dramatique de l'histoire avec simplicité, poésie, et finesse.
Tout cela fait de ce roman une ode à la vie, une histoire délicate et touchante que je vous invite à découvrir.
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Oh qu'il est triste ce roman !
Même si j'avais vu que l'histoire se passait sur une île où vont des personnes malades en fin de vie, je n'imaginais pas que ça serait aussi dur à lire.
La Maison du Lion est un lieu situé sur une île japonaise connue pour ses citrons, et c'est là que l'héroïne a choisi de venir finir ses jours, alors qu'elle n'a que 33 ans mais se meurt d'un cancer.
J'ai trouvé dommage qu'on en sache si peu sur elle, l'auteur nous raconte un peu sa vie familiale, mais rien sur sa vie sentimentale ni professionnelle.
On va faire la connaissance de plusieurs personnes résidant à la Maison du Lion et bien sûr, on va s'attacher à eux, et comme ils ne sont là que pour peu de temps, on va assister à la mort de plusieurs d'entre eux.
Ce roman a pour but évidement de nous montrer que la vie a des tas de choses à offrir et ce, jusqu'à la fin, mais les décès successifs des personnages sont quand même assez durs à vivre, et même si on aime l'idée que la vie réside dans plein de petits moments de bonheurs du quotidien, je suis ressortie de cette lecture davantage déprimée que reconnaissante.

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La charmante Ito Ogawa a encore frappé. Au coeur bien sûr. Je connaissais ses gourmandises, sa papeterie. Me voilà conquis par La Maison du Lion où j'aimerais finir mes jours. Ici tout est tendresse , compassion sans pathos, éloge du moment présent et de la prise en charge douce, éclectique et pertinente de la douleur.
Ito nous propose un très joli conte écolo - bouddhiste sur la fin de vie et les accompagnements possibles Avec toujours cette passion, affection pour la nourriture, essentielle dans la prise en charge. Dans l'air iodé chargé de l'odeur des agrumes j'ai appris qu'être heureux c'est faire sourire les autres. C'est lumineux, doux et élégamment triste. Ito Ogawa sait, en quelques phrases dénouées, lire un chemin de vie. C'est très beau, très japonais. Mais ça reste une sorte de livre thérapeutique. Bravo.
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Sur l'île aux citronniers existe une maison de fin de vie, dans laquelle on accompagne avec douceur et bienveillance des résidents en phase terminale vers leur dernière demeure.
Shizuko a tout juste passé la trentaine et se sait condamnée. Pour masquer la colère et le sentiment d'injustice qui l'accablent, la jeune femme choisit d'aller vivre ses derniers jours loin des siens afin de n'attirer ni pitié, ni compassion, et rejoint ainsi la Maison du lion.
Bien qu'elle soit persuadée de ne plus rien attendre de la vie, Shizuko va peut-être parvenir à s'ouvrir pour la première fois au monde et aux autres et ainsi trouver la sérénité et l'apaisement qui lui manquaient sur cette petite île où règne une véritable douceur de vivre…

Avec son nouveau roman et malgré un sujet difficile qui pourrait vite être déprimant, Ito Ogawa réussit le tour de force de nous offrir un texte tendre et lumineux pour parler de la fin de vie! Malgré un sort qui est déjà scellé, les résidents de la Maison du Lion vont découvrir que chaque minute compte, surtout quand on sait qu'elle peut être la dernière… Ce contexte particulier, propice au lâcher-prise, va justement être l'occasion pour l‘héroïne de faire de jolies rencontres, pleines de douceur, de simplicité et de sincérité.

Comme souvent chez les auteurs japonais, la nourriture et la cuisine sont au coeur de l'histoire. En plus de nous donner l'eau à la bouche, elles sont source de bonheur et de guérison de l'âme, mais aussi de partage et d'ouverture aux autres chez les différents personnages. le fameux goûter du lion, organisé chaque dimanche, est l'occasion pour chacun de se réunir et de faire découvrir aux autres l'un des plus beaux souvenirs gustatifs de son enfance. Un moment attendu avec impatience par les pensionnaires mais aussi par le lecteur! Miam miam!

En résumé, voilà un très joli roman, touchant, avec des personnages attachants, qui s'avère aussi riche en émotions qu'en saveurs! Un bon moment de lecture!
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J'ai entendu parler de cette auteure, de bonnes critiques sur son livre "La papeterie Tsubaki", donc la curiosité a été la plus forte.

Shizuko, a un cancer, stade 4. Elle en a marre des remèdes, des traitements qui lui font plus de mal que de bien. Elle est en colère contre les médecins, cette maladie que la vie lui impose.

Un jour, elle décide de tout arrêter et va se réfugier dans un palace 5 étoiles, situé sur l'île aux citrons, dans la mer intérieure du Japon. Une vue à couper le souffle.

La maison du Lion, est renommée pour aider les malades en fin de vie, éviter au maximum la souffrance, beaucoup de douceur, toujours quelqu'un à qui parler.

De la musicothérapie, de l'art thérapie, des massages, et surtout une très bonne cuisine. Les goûters du dimanche après-midi sont réputés. Chacun peut écrire un petit mot et demander son dessert préféré, un tirage au sort décide de l'élu(e).
D'où le titre du livre : le goûter du lion de Ito Ogawa.

Shizuko, n'a que 33 ans, ce lieu l'apaise, une petite chienne Rokka l'a prise en amitié, elle apprécie chaque petit bonheur, sa rencontre avec les autres patients, sa nouvelle famille, le temps de son séjour.

Un livre bien écrit, poétique, mais triste comme toute fin de vie.
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