Tant de choses deviennent belles quand on sait les regarder.
peut-être que vous pouvez vous permettre d'attendre. Peut-être que pour vous il y a un lendemain. Peut-être que pour vous il y en a mille, trois mille ou dix mille, tant que vous avez le luxe de vous y prélasser, de vous rouler dedans, de les laisser filer telles des pièces de monnaie entre vos doigts. Tellement de temps que vous pouvez le gâcher.
Mais pour certains d'entre nous, il n'y a qu'aujourd'hui.
Au moment où nous nous engageons dans la rue, je me fais la réflexion que la vie n’est peut-être pas si compliquée : la plupart du temps, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, on ignore comment et pourquoi les différents fils sont noués ensemble, et ça ne pose aucun problème. On accomplit une bonne action, qui est suivie d’une conséquence désastreuse. Une mauvaise, d’une conclusion heureuse. On reste les bras croisés et tout explose. Et très, très rarement – par un agencement de coïncidences miraculeuses –, on obtient une opportunité de changer le cours des choses.
Voilà ce que font les meilleures amies : elles vous retiennent quand vous vous approchez trop près du bord.
Tous les au revoir se réduisent sans doute à ça, à sauter d'une falaise. Franchir le pas est le plus dur. Une fois dans les airs, il n'y a plus rien à faire que s'abandonner.
Le passé que l'on s'efforce d'oublier est le pire des secrets.
C'est bizarre : on s'imaginerait que, lorsqu'un événement terrible survient, tout le reste disparaît, qu'on ne pense plus à aller aux toilettes, à manger ou à boire. Rien ne serait plus faux. Comme si l'âme et le corps ne faisaient pas qu'un, comme si ce traître de corps continuait imperturbablement à fonctionner, se fiant bêtement à ses instincts animaux, réclamant de l'eau, un sandwich ou un tour au petit coin alors que le monde s'écroule.
- J'ai lu quelque part que le simple battement d'ailes d'un papillon en Thaïlande peut provoquer un ouragan à New York.
- Ouais, et un de tes pets pourrait déclencher une panne de courant au Portugal, réplique Elody en lui jetant une frite à son tour.
- Ton haleine au réveil pourrait causer un raz-de-marrée en Afrique...
Quand on est petit, on rêve d'être grand et, plus tard, on regrette le passé.
C’est un enseignement que j’ai tirés de cette matinée : si vous franchissez une limite et que rien ne se produit, la limite perd de sa valeur. C’est comme l’histoire de l’arbre qui tombe dans la forêt : fait-il du bruit si personne ne l’entend ? On repousse la limite, de plus en plus loin, et on continue à la franchir. Voilà comment les gens finissent par se retrouver au bout de la Terre. Vous seriez surpris de constater combien il est facile de basculer, d’échapper à la gravité, d’atterir dans un endroit où personne ne peut vous toucher. Combien il est facile de se perdre… d’être perdu.