Merci.
Il y a peu de livres qui permettent de faire un pas de coté, qui incitent à penser différemment et dont vous ressortez avec de petites, toutes petites étincelles dans le regard.
Alors Merci pour ce cadeau rare et forcément précieux.
Jean Onimus est injustement méconnu sur Babelio. So
n oeuvre est importante et les éditions POESIS ont eu l'excellente idée de publier cet essai posthume écrit probablement avant le XXIe siècle .
J'ai pris le temps de lire et relire
Qu'est-ce que le poétique pour qu'il continue de m'imprégner au quotidien. Et c'est bien l'intention de l'auteur !
Jean (je vais l'appeler par son prénom, nous sommes un peu intimes maintenant), spécialiste de Péguy et de Teilhard de Chardin, considère la prose comme le châtiment d'une transgression originelle. Il n'aime pas beaucoup ça et il aurait détesté Chat GPT4 :
"On ne peut vivre humainement qu'en poète".
Après un chapitre d'injonctions édifiantes à se défaire de la prose (il parle d'aliénation culturelle, de barbarie savante) il nous entraine, via la révolte (la révolution personnelle plutôt), sur les chemins de la poétisation.
Et là, waou, ça dépote.
Il convie
Le Clèzio, Jacottet, Char et bien d'autres pour nous entrainer sur les chemins de travers de:
- l'Attention
"Simplement,
Voir..."
"L'eau que tu bois
A connu la mer..."
-la Joie
"Entendre chanter les choses.."
-du Concret
"Nous ne sommes réels que dans la rencontre du présent: là où la proue fend l'eau"
"Ne regardez qu'une fois la vague jeter l'ancre dans la mer"
-du
Haïku
"Je rentrais
Furieux, offensé
Le saule dans le jardin"
Jean nous pousse tendrement du coté de la transcendance (chapitre merveilleux sur "L'arriéré-pays") que j'ai lu et relu pour comprendre enfin que cela correspond à la notion de Résonance dépliée par le philosophe allemand Harmut Rosa (que j'aime beaucoup).
Poésie des ruines, de l'inachevé, du sacré où Jean serre Claudel et
Giono dans ses bras puis les mets à ses cotés pour nous embrasser, à notre tour, nous l'avons bien mérité...
Plus loin il va traquer le poétique dans la musique, la photographie, la danse etc...
"Un poète modernes n'a pas grand-chose à dire (tout à été dit), mais il a tout à suggérer"
Et là je pense au spectacle éblouissant, vu la semaine dernière ou peut-être avant, je ne sais plus, à la Maison de la Danse. Hofesh Shechter chorégraphiait "Clown" et "Fix". Je crois avoir pleuré et puis ri et puis applaudi beaucoup, beaucoup, en à avoir mal aux mains.
Et puis Jean nous invite.
Chez lui, chez chacun d'entre nous.
Pour marteler le quotidien de petites touches bleutées, de chants de chardonneret, d'autels païens et de nuits à la belle étoile.
Le poétique est un phénomène festif qui s'incarne ainsi au quotidien.
Je crois que j'avais besoin de le lire, de l'entendre.
On en a tous besoin, non?
Je garde pour moi cette exemplaire annoté.
C'est un très,trés beau cadeau, à recevoir bien sur, mais aussi à offrir. Par les temps qui courent...