"- [...] les artistes [...] souffrent d'une maladie grave : ils mentent
"- Le silence ment bien plus que le mensonge
[...]
"-Je veux dire ceci : de même qu'en chaque nuit demeure une trace de jour (ne serait-ce que dans la mémoire gardée par les pierres de la chaleur du soleil), de même en chaque histoire fausse palpite toujours un peu de vérité. Alors que le silence, lui, n'a ni souvenir, ni futur et moins encore de fond. Et maintenant allez me chercher des menteurs.
« - Les accents, puisque vous ne le savez pas... La salle sursauta. Mme Jargonos parlait comme si elle voulait fouetter. C’était sa voix d’avant, avant l’amour et la gastronomie, sa voix de squelette. - Les accents sont des signes diacritiques. Pour les ignorants, je rappellerais que ce mot vient du grec diacritikos, “qui distingue”. Vous imaginez le brouhaha ! Ca grognait, ça pestait sur toutes les chaises, ça commençait à protester : “Qu’est-ce qu’elle raconte ?” “Tu y comprends quelque chose ?” - Le signe diacritique peut être placé sur, sous, dans, après, devant un graphème ou tout autour... »
Une histoire qu'on n'arrive pas à raconter ressemble à un amour qu'on n'ose pas s'avouer.
Je souffre d'une maladie grave : l'émotion ne me suffit pas pour être émue. Si je ne connais pas l'histoire de la personne que je rencontre ou du lieu dans lequel je me trouve, je n'éprouve rien. Anesthésie parfaite. Les sentiments n'entrent pas. Je les entends, je les sens sur ma peau, ils se promènent, ils grattent, ils cherchent l'ouverture. Sans succès. Ils resteront à l'extérieur. Tant que je n'aurai pas appris l'histoire. L'histoire est la porte, la seule porte qui permet de pénétrer chez moi, en moi.
Regarder, bien regarder, c'est aussi deviner.
[Les accents]. Leur absence éteignaient les mots. On aurait dit que notre langue française avait, soudain, perdu tout élan, tout éclat, toute lumière.
Ils nous réveillent, Jeanne, ils vont chercher en nous ce que nous avons de plus fort, ils accentuent nos vies. Comme leur nom l'indique, ils accentuent.
Qu'est-ce que tu déteste le plus : remercier ou avoir des raisons de remercier ?
Un souvenir, comme vous le savez, est souvent le père d'une idée.
Souvent, toucher, effleurer même, vaut mieux que parler.