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Voilà une initiative courageuse d'Erik Orsenna... suivre la route du coton. La route temporelle et spatiale du coton.

On voyage beaucoup dans l'essai d'Orsenna. On passe de l'Afrique à l'Amérique du Nord. Puis, direction le Brésil, l'Ouzbékistan, l'Egypte, la Chine, la France. Non, ce n'est pas un jeu où il faut chercher l'erreur...

Je dis "initiative courageuse", car à première vue son combat est has been. Interroger la mondialisation en prenant comme exemple la production et le commerce du coton, c'est un peu comme si vous vouliez regarder l'éthique télévisuelle en regardant les Marseillais à Malibu. le coton, ce sont des subventions, des barrières commerciales, des inégalités socio-économiques, des destructions environnementales (déforestation amazonienne), des gabegies hydrologiques (pensons à la Mer d'Aral)...

Erik Orsenna montre particulièrement bien que de l'économie planifiée post-russe ouzbèque au faux libérallisme made in USA, en passant par le capitalisme chinois déguisé en communisme... le jeu est faussé, les dés sont pipés, les règles floues, changeantes. le gogo de l'histoire... le paysan et le consommateur à qui on vend n'importe quoi. A qui on ment.

La démarche d'Erik Orsenna est faussement naïve. Il est loin d'être dupe et quand il s'étonne d'être expulsé de la capitale chinoise de la chaussette pour avoir filmé sans autorisation, on sait qu'Orsenna le pressentait. Il joue les aiguillons, les trublions... comme quand il parle des subventions à un gros propriétaires américain... Fin de la conversation. "Je ne parle pas politique avec un Français..."

C'est le fil rouge de l'enquête d'Erik Orsenna... le secret sur le coton. Secret d'Etat principalement. On ne dévoile pas les secrets du coton, quel que soit le régime politique du pays. Et on ne parle que du coton... pas du pétrole, du blé, du gaz...

Un des points forts de cet essai réside dans son humanisme. Erik Orsenna va à la rencontre de personnes, et il est confronté à des systèmes. Il faut bien s'en rendre compte. Il veut parler à des gens, voir leurs vies, et on lui explique des mécanismes. Il veut dialoguer et on lui oppose des processus. La mondialisation, c'est sans doute cela: dépersonnaliser les échanges. Déresponsabiliser. Décérébrer. Empêcher de voir "the whole picture" comme on dit en anglais. Et c'est ce qu'Erik Orsenna veut faire.

Le tout est magnifiquement mis en mots. C'est caustique, on devine la bonne bouille rigolarde d'Eric Orsenna, ce côté ado décalé bien assumé. L'écriture est fine, finaude, raffinée, érudite, comme on peut s'y attendre de l'auteur. On apprend plein de choses. On est bousculé, questionné, titillé. C'est ce que je demande à un livre.
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Voyage aux pays du coton en passant par le Mali et ses petits agriculteurs, les USA et leurs grandes fermes motorisées, le Brésil et sa course après le futur, l'Ouzbékistan et ses coopératives, la Chine et son capitalisme communiste et enfin la France et ses PME textiles.

C'est un livre qui survole une filière captivante et qui donne envie d'approfondir les sujets traîtés.
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Après un chapitre d'histoire générale du coton d'Alexandre le grand à nos jours, Erik Orsenna entre dans le vif du sujet : L'organisation mondiale du coton en 2005.
En sept parties, l'essai d'Erik Orsenna permet de se rendre compte dans un essai clair et accessible de la complexité de ce marché qualifié par beaucoup d' « or blanc ».

Mali : Les dogons vivent du « tourisme et de la culture des oignons » et de la récolte du coton qui ne reste plus au village comme dans les années 70 mais part dans des camionnettes…
La situation apparaît en Afrique dans tout sa complexité : une entreprise nationale au Mali qui dépend des cours mondiaux mais qui garantit un prix à ses producteurs pour qu'ils ne meurent pas de faim ; coopératives plus souples au Burkina Faso mais pour combien de temps ?

Après l'Afrique, Erik Orsenna enquête aux États Unis : Washington, Memphis…
Le discours qu'il entend est double : d'un côté, les lobbyistes défendent le libéralisme et de l'autre les entreprises américaines sont « subventionnées « pour leur coton (« les USA représentent 40% de la production mondiale mais n'influent pas les cours » - je cite non pas Erik Orsenna mais une des personnes qu'il interroge) et puis « l'UE fait la même chose pour l'Espagne et la Grèce » (je re-cite)

Après ce périple états-unien, direction le Brésil et ses fermes géantes : quel contraste avec les plantations de quelques hectares au Mali.

Pour la quatrième partie, nous partons en Égypte : La culture du coton en Égypte a démarré pendant la guerre de sécession pour approvisionner les filatures anglaises en mal de matière première… »L'Egypte produit le meilleur coton du monde » (je re-cite)

Sa visite en Ouzbékistan nous montre un pays de l'ex Union soviétique qui a du mal à sortir de son rôle de satellite de Moscou mais « produit le meilleur coton au monde »....en réquisitionnant sa population.

La Chine, quant à elle, exploite ce coton et fabrique, fabrique, fabrique.. (ici des chaussettes dans l'essai…)

Ce tour mondial finit en France dans les Vosges avec l'avis des quelques directeurs d'usine qui continuent envers et contre tous : l'avenir sera à la « chaussette de qualité »

Un essai documenté que j'ai beaucoup apprécié grâce aux faits portés par l'éloquence et l'ironie de l'auteur ainsi que des images frappantes : en particulier la récolte du coton dans les fermes géantes au Brésil (j'avoue ma dernière vision de la récolte du coton date du visionnage d'Autant en emporte le vent;-) … honte à moi….
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Le sous-titre de cet excellent livre d'Eric Orsenna: "petit précis de mondialisation"..On suit les chemins pris par la production du coton au fil des siècles, de l'agriculture à l'industrie textile, en passant par la biochimie.. Captivant..
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Une étude historique de la production de coton. Intéressant mais pas indispensable.
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J'aime bien cette façon de visiter un pays en l'abordant sur un thème. Ici, la folie cotonnière d'Erik Orsenna nous fait voyager aux pays du coton. On découvre la culture du Gossypium chez 6 grands producteurs : le Mali, les États-Unis, le Brésil, l'Égypte, l'Ouzbékistan et la Chine. Pays tous très différents, gros écart entre la culture familiale du Mali et les laborantines futuristes du Brésil, mais presque tous pour une culture d’état ou subventionnée !

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Intriguée par la série au moment où j'ai emprunté ce livre, il faisait si chaud quand j'ai commencé à le lire que je l'ai presque abandonné.
Cependant, le livre était extrêmement informatif, éclairant et même souvent passionnant, socialement et humainement. Je ne regrette pas un instant de l'avoir emprunté et ai très envie de poursuivre cette série sur la mondialisation.
Seul bémol, les différences d'opinions entre l'auteur et moi : Pascal Lamy n'est pas mon ami et encore moins une référence valable en ce qui me concerne ! Les conclusion d'Orsenna diffèrent donc des miennes.
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Si vous voulez tout savoir sur le coton sans vous en rendre compte, vous avez ouvert le bon livre.
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Ne vous attendez ni à un livre théorique où vous comprendrez tout de la mondialisation, ni à des errances sans but et sans lien. Voyage aux pays du coton est une façon de nous présenter différents mondes, par le biais de différentes personnes à travers la planète. Et on en apprend énormément tout en voguant avec l'auteur dans le train qui relie le Caire à Alexandrie, ou dans des villes mobiles des Etats-Unis.

Plus encore que le but premier de ce livre, c'est toujours la plume et les voyages qui me charment chez Erik Orsenna. Je suis désormais curieuse de poursuivre ma découverte, à la fois d'un roman écrit par lui, ou encore d'un nouveau documentaire livresque. Je pense que j'ai trouvé en lui une valeur sûre pour une utilisation des mots poétique, peu importe le contexte.
Lien : https://juliejuz.wordpress.c..
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Comme un livre de voyage, on ne cesse de se balader d'un lieu de production à un autre et de découvrir les diverses logiques qui s'opposent… Entre les cultures traditionnelles qui emploient des villages entiers et les fermes ultra mécanisées des USA, entre les dégâts écologiques, la consommation pléthorique d'eau, les enjeux industriels, les souhaits des actionnaires qui vont à l'encontre des petits producteurs, le déboisement à vitesse grand V du Brésil, l'empire chinois de la chaussette, Erik Orsenna restitue son cheminement de manière passionnante et rend compte au lecteur avec humour de la situation actuelle.
Suite ici :
http://www.urbanbike.com/index.php/site/voyage-aux-pays-du-coton-erik-orsenna/
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