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EAN : 978B0000DLUVA
(30/11/-1)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Dans Cataracte, Mykhaylo Ossadchy raconte son arrestation (la première), l'instruction de son procès, qui dura plusieurs mois, le jugement à huis clos, enfin ses deux années de détention. Son récit constitue donc un témoignage de première main sur un aspect de la répression en U.R.S.S.: la répression du nationalisme dans les républiques fédérées _ en l'occurence l'Ukraine. Mais ce livre n'est pas qu'un document _ certes précieux. C'est aussi _ et avant tout _ un liv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Depuis quelques années, j'ai lu un certain nombre de récits décrivant les horreurs du goulag, ces fameux camps de prisonniers russes. Cataracte, de l'auteur Mykhaylo Ossadchy, s'inscrit dans la même veine. Toutefois, il ne jouit pas d'autant de popularité que d'autres dans le même genre (comme Une journée d'Ivan Denissovitch, le premier cercle, ou encore Récits de la Kolyma). Même si ce roman autobiographique se lit bien et rapidement, j'ai trouvé l'écriture plutôt ordinaire. Donc, avec une histoire plusieurs fois racontées, il est normal que celui-ci ne m'ait pas marqué du tout. Ceci étant dit, deux éléments le distinguent quand même. D'abord, par l'histoire de sa rédaction et de sa publication. C'est une des rares oeuvres ukrainiennes racontant les horreurs du goulag, celles s'étant démarqué à l'international étant surtout russes. Ossadchy a dû le faire passer clandestinement à l'étranger pour le faire publier (sous un autre nom). L'autre particularité, c'est qu'il s'agit d'une rare oeuvre racontant « l'avant », tout ce qui précède le passage au goulag. En d'autres mots, comment vivait l'auteur-narrateur avant. Sa vie d'intellectuel, l'arrestation, sous prétexte de propagande ukrainienne et anti-soviétique. Ossadchy est une des nombreuses victimes d'une vague de répression qui touche son milieu dans les années 60. S'ensuit le simulacre de procès, où les témoins sont achetés sinon menacés, quand il ne s'agit tout simplement pas d'inconnus inventant des histoires de toutes sortes, inventées, pleines de trous, pas même crues par les juges corrompus. Ceux qui n'aiment pas les injustices : abstenez-vous. Puis vient le goulag. Ici, on est moins dans le réalisme, étant entrainé dans les rêves et les fantasmes du narrateur. Et sa folie? Cela surprend, alors que les autres romans mentionnés plus haut présentaient des narrateurs plutôt optimistes, continuant à envisager la libération. le titre un peu énigmatique peut faire référence à plusieurs choses (la société qui est aveugle ou bien le narrateur qui refuse de voir le sérieux de sa situation). Bref, une lecture intéressante (j'ai appris plusieurs choses) mais dont je ne garderai pas un grand souvenir longtemps.
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Intéressant témoignage sur la répression par le régime soviétique des intellectuels et artistes ukrainiens dans les années 1960

Tôt le matin, on sonne à la porte de manière insistante chez Mykhaylo Ossadchy, poète, professeur à l'université de Lviv, son appartement est fouillé; tous ses livres sont examinés, on ne lui donne aucune explication et il est emmené et interrogé, il apprend être soupçonné de diffusion de textes nationalistes anti soviétiques. Persuadé à tort d'être rapidement de retour chez lui; il est au contraire mis en prison, puis condamné à deux ans de camp de régime sévère en Mordavie.
Ossadchy relate son arrestation, sa détention préventive; son procès et la vie dans le camp.
C'est un apport important sur la méfiance du régime soviétique envers les élites intellectuelles de l'Ukraine qui oeuvraient pour une certaine autonomie de leur pays. En défendre la langue et la culture menaçait le mythe d'une URSS où aucun problème de nationalité n'existe ni, bien entendu, où aucune minorité n'est oppressée.
L'auteur, communiste, membre du comité régional du Parti, vivait mieux que ses compatriotes et en ressentait parfois de la gêne - « Pourquoi, nous les communistes; qui prônons l'austérité de Lénine; ne suivons-nous pas son exemple ? Dans les pires moments de disette, il refusait les moindres cadeaux - sucre, vêtements - et les faisait redistribuer aux jardins d'enfants. Tandis que nous en voiture, les mains pleines de victuailles... ».
Dans le camp, il est entouré .d'autres intellectuels, professeurs, écrivains, artistes, il y a aussi beaucoup de références à d'autres intellectuels ayant subi le même sort, d'où énormément de noms sont cités, qui me sont totalement inconnus, me faisant ainsi consulter sans cesse les notes en fin d'ouvrage .
Policiers, le major qui l'interroge, le juge, les gardiens du camp l'insultent, le menacent.
Il nous décrit comment il occupe ses heures durant sa détention; du jeu de Mikado avec des allumettes à la culture d'un oignon en cellule, nous parle d'un mouchard placé dans la même cellule pour le confondre. Des marques d'humour sont présentes, souvent dues à certains comportements ridicules de ses tortionnaires : « A pris chez Bohdan Horyn de la littérature anti soviétique, à savoir : Traité entre Bohdan Khmelnystsky et le Tsar Alexis Mykhaylovytch de 1654... « 

La condition des prisonniers, les « zeks » , leur nourriture, les brimades et insultes qui pleuvent sur eux, l'auteur nous relate tout.
Nous constatons à la lecture de ce témoignage l'antagonisme des Russes envers les Ukrainiens : « D'ailleurs, vous savez, ces Ukrainiens n'ont jamais été vraiment nationalistes. Ce sont des chauvins exacerbés qui ont le front de ne pas même s'en cacher. Seulement, on doit les arrêter pour nationalisme, car le crime de chauvinisme n'est pas encore prévu parle Code pénal. Mais ça viendra... »

C'est un témoignage mais c'est aussi une oeuvre littéraire. J'en ai beaucoup appris et j'ai aimé.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Si tu savais la comédie chez nous, à l’université ! Au cours d’histoire du Parti communiste, les étudiants demandent au professeur de leur parler des arrestations de l’année 65, à Lviv , “On les a arrêtés et l’on a bien fait : ils voulaient séparer l’Ukraine de l’U.R.S.S.” On passe ensuite à l’étude de la Constitution de l’Union soviétique. Pour arriver à l’article 17, selon lequel “chaque République a le droit de se détacher de l’Union”. Les étudiants éclatent de rire, le professeur roule des yeux affolés, sans comprendre...
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Le zek Atrouniantz est jeune encore ; il n’en est qu’à sa cinquième année. Il écrit à la direction du camp : “Étant donné que les chiens sont mieux nourris que les prisonniers, je demande à être muté au chenil. Je m’engage à porter une muselière et à aboyer de façon convenable. Je vous prie instamment de ne pas refuser ma dernière prière d’être humain.”
Mais les chiens ne sont pas tendres pour le zek Atrouniantz. Réponse : “Votre requête dénotant un état d’esprit anti soviétique, elle ne sera pas prise en considération.”
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Les perspectives que l’offre une vie déjà brisée ne me tourmentent guère. Même si, dans le domaine littéraire qui m’est cher, je ne puis hélas ! rien léguer à mon peuple, il suffira que le récit de mes souffrances apporte à quelque ami inconnu un peu de rêve et de réconfort pour que ma vie ait un sens.
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D’ailleurs, vous savez, ces Ukrainiens n’ont jamais été vraiment nationalistes. Ce sont des chauvins exacerbés qui ont le front de ne pas même s’en cacher. Seulement, on doit les arrêter pour nationalisme, car le crime de chauvinisme n’est pas encore prévu par le Code pénal. Mais ça viendra...
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