AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 168 notes
5
12 avis
4
17 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Dans ce gros roman de 600 pages et même plus _il faut bien ça pour parler de la Russie et de son histoire_ l'auteure croise la destinée de Nora une jeune femme indépendante et moderne, scénographe, et celui de sa grand-mère, une femme qui a dû renoncer à ses rêves de danseuse pour des raisons de santé, d'histoire, de mariage mais ne s'en est jamais vraiment consolée. Chacune d'elle a eu un fils, un seul : Heinrich Ossetski, né en 1916, fils de Marroussia et de Jacob Ossetski, Yourik fils "naturel" de Nora Ossetski. le père, Victor Tchepanovich, est un camarade de classe, autiste, semble-t-il, et n'a pas reconnu son fils. Les deux femmes finiront d'ailleurs par élever seules leur fils, par choix : Jacob a été accusé de traitrise à l'égard des Soviétiques ce qui lui vaut des exils successifs durant plus de six ans et son épouse fait prononcer le divorce par contumace. Nora quant à elle voit Victor quand elle le veut et le metteur en scène Tenguiz, l'homme qu'elle aime, quand il le veut.

Qu'advient-il de ces fils ? Milkhaïl trahit son père en témoignant contre lui devant le KGB, se marie et devient le père de Nora puis divorce. Yourik se passionne pour la musique, rejoint son père aux Etats-Unis, est rapatrié par Nora et Tenguiz qui le sauvent de la drogue et finit par devenir le père d'un nouveau petit Jacob Ossetski. "C'était le 10 janvier 2011. le jour de l'anniversaire de Maroussia. Un jour que Jacob Ossetski avait honoré toute sa vie. le centenaire d'une correspondance conservée dans une malle en osier."

Dans ce roman, une foule de personnages présentés avec beaucoup de réalisme créent l'illusion du réel. Beaucoup d'entre eux ont une culture très étendue. La réalité culturelle et historique sert de cadre à toute l'histoire qui s'étend de 1911 à 2011. Les pogroms, la première guerre mondiale, la Révolution d'octobre, l'avènement des Bolcheviks, Lénine, puis Staline, le travail forcé et les goulags, ... l'invasion de l'Afghanistan.

J'ai lu ce roman en traduction. Comme son héroïne, Nora qui a retrouvé la correspondance de sa grand-mère Maroussia, l'auteure, russe aussi, se fonde pour l'écrire sur la correspondance retrouvée de sa grand-mère, dit-elle dans l'épilogue.
Lien : http://www.lirelire.net/2019..
Commenter  J’apprécie          50
Lorsque Nora s'occupe de l'enterrement de sa grand-mère, elle découvre une malle contenant courriers et documents retraçant toute une vie à travers le XXe siècle mouvementé de la Russie. S'inspirant de sa propre famille, Ludmila Oulitskaïa (découverte il y a fort longtemps avec « Sonietchka » et « Médée et ses enfants ») nous retrace donc les aléas de cette famille d'artistes et d'intellectuels en mêlant intelligemment périodes et personnages au fil des chapitres. On y découvre principalement Nora bien sûr, décoratrice de théâtre, sa relation compliquée avec Tenguiz, un metteur en scène géorgien, et élevant seule une enfant surdoué et asocial, à la limite de l'autisme. Celui-ci, Yourik, connaîtra bien des déboires dans la Russie post-soviétique, ainsi qu'aux États-Unis et cela malgré un talent manifeste pour la musique. Il faut dire qu'il est le fils de Vitia (ou Viktor), un mathématicien de génie qui semble dénué de tous sentiments humains et premier mari presque involontaire de Nora. Celle-ci est la fille d'Heinrich, un ingénieur soviétique qui était lui-même un enfant difficile avant de subir indirectement les purges staliniennes. Marié dans un premier temps avec Amalya, la mère de Nora, partie filer le parfait amour avec Andreï à la campagne, il montre un certain égoïsme, à moins que ce soit une méthode d'autodéfense. Quant à Amalya, elle fut une mère/copine avant que les deux femmes ne s'éloignent au fil des ans. La grand-mère Maroussia et le grand-père Jacob (dont pourtant Nora n'avait jamais entendu parler avant de récupérer les documents) ont connu un amour fusionnel durant plus de 30 ans. Pourtant le couple ne fut pas réuni très souvent : le service militaire, la révolution de 17, la guerre civile qui s'ensuivit mais surtout les différentes condamnations de Jacob au fil des ans séparèrent souvent les amoureux. Condamnations d'un homme qui ne pouvait s'empêcher au fil des ans d'étudier, d'analyser, de critiquer et de réfléchir. Des actes hautement répréhensibles dans l'empire soviétique. Tous ces personnages, et bien d'autres encore vont nous faire découvrir un siècle de guerres, de révolutions, de violence et d'idéologies meurtrières. Et pourtant la vie ressort victorieuse de ce siècle tumultueux. Si la multiplication des personnages et la pagination importante peuvent effrayer, tout autant que la structure morcelée du récit, il n'en est rien. Une fois que les personnages nous sont présentés, nous les suivons avec plaisir dans le monde du théâtre, des mathématiques, de la génétique, de l'économie ou encore de la musique. Un roman fleuve en hommage à un pays continent ainsi qu'à une famille qui en a façonné certains contours.
Commenter  J’apprécie          40
A se libérer, c'était drôle à dire, de son absence

Avant d'aborder un épais livre, je fais l'hypothèse qu'un des sujets abordés sera le temps mais pas la météorologie. Je n'espère pas une nouvelle scène de bal et de remémoration, le temps retrouvé… mais une échappée aux rythmes lents ou rapides que l'autrice ou l'auteur construira par ses récits et ses silences.

Ce qui me frappe dans le roman de Ludmila Oulitskaïa c'est justement le jeu entre les temps, en particulier le temps de deux femmes, Maroussia et Nora.

La mise en scène et les références à ce que le théâtre a pu représenter pour l'une et l'autre se font écho. le livre débute sur un bébé, « une volupté suspecte et accessoire qui n'avait rien à voir avec le but de l'opération », la découverte du contenu d'une malle d'osier, « c'était un manuscrit ou un journal intime », le monde juif des premières années du XXe siècle à Kiev, les livres et leur lecture…

Des vies, des rencontres et des séparations, le monde soviétique des relégations, et de la criminalisation des opinions, les lectures et les connaissances, l'implication scientifique, le théâtre, les fils et les pères, les voyages, les effets stéréoscopiques, la féérie du monde, les maris et les amants, la correspondance amoureuse, les sauts au delà de l'atlantique, Jacob et Tenguiz, les générations et l'histoire de femmes…

Il convient donc de monter sans prudence sur cette échelle de Jacob. Un immense roman, et cela ne saurait se résumer au nombre de pages…
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          40
800 pages d'un texte que l'on sent touffu, il faut se jeter à l'eau. Quand la narration change d'époque selon les chapitres, sans forcément suivre l'ordre chronologique, on pourrait se dire qu'on va vite s'y perdre. En fin de compte, ce n'est pas le cas, on suit plusieurs générations d'une famille russe (voire ukrainienne, selon les époques). L'histoire de la Russie est en arrière-plan, évoquée non pas selon les grandes dates (révolution d'octobre, Stalingrad, chute de l'URSS…), mais vue par ce que ces changements ont comme répercussion pour les personnages, qui restent au coeur du roman. C'est brillant, dépasse parfois (voire souvent) notre intelligence, comme ces discussions philosophiques ou religieuses sur la place des ordinateurs, ou notre culture (le théâtre russe), mais sans que cela soit un frein à la lecture. Ludmila Oulistkaïa fait confiance aux lecteurs qui la suivent et ressortent de la lecteur un peu moins bêtes qu'avant.
Commenter  J’apprécie          30
L'échelle de Jacob est un roman dans la pure tradition russe ; énormément de personnages (un arbre généalogique en 1er page permet ne pas se perde), des alternances entre les générations et les époques.
Nous suivons Nora, ses parents et ses grand-parents avec des flash-back et également des lettres retrouvées dans une malle.
On retrouve la rigueur des hivers russe, la montée du Léninisme puis du Stalinisme. Ce roman passe même par New-York.
Il a quelques longueurs sur le fin mais c'est un roman qui se lit avec plaisir.
Commenter  J’apprécie          30
A chaque fois que je lis un livre d'Oulitskaia,je suis partagé entre l'attachement à ses personnages, son ambition dans le récit, son écriture attachante et, a contrario, une érudition permanente et pas souvent nécessaire qui nuit au plaisir de lecture. du coup, je m'accroche, parfois je lâche, et souvent, je suis rempli de ce sentiment qu'elle passe à côté du roman "parfait". C'est toute la différence, par exemple, entre ce livre, "L'échelle de Jacob", et celui, proche dans le ton et le nombre de pages du livre de Nino Haratischwili, "La huitième vie", que je n'ai jamais lâché.
Commenter  J’apprécie          31
Voici un roman d'une très grande qualité… mais pas fait pour moi… !
J'y ai aimé les magnifiques passages où Nora découvre et observe son enfant,
j'ai été transportée par les élans féministes de Nora et Maroussia,
pourtant je n'ai pas réussi à m'attacher à ces héroïnes… et la multitude de références culturelles et historiques m'a carrément noyée…
Commenter  J’apprécie          20
A la mort de sa grand-mère Maroussia, en 1975, Nora découvre chez elle une malle en osier pleine de lettres et de journaux intimes. Mais elle vient d'accoucher de Yourik et c'est seulement des années plus tard qu'elle prend le temps de se plonger dans ces documents.
Ils lui révèlent, au-delà de ce qu'elle pouvait déjà en connaître, ce que fut vraiment la vie de ses grands-parents, Maroussia et Jacob. le lecteur va la découvrir à son tour, ainsi que celle d'autres membres de sa famille, en même temps qu'il suit le parcours de Nora elle-même : le tout brosse une fresque familiale se déployant dans la Russie des années 1900 à nos jours …

On suit une constellation de personnages gravitant autour de l'histoire personnelle de Nora, présente ou passée, au sein de différentes lignes temporelles et en sautant de l'une à l'autre, ce qui donne une belle dynamique au récit. Aucun risque de s'y perdre car les chapitres indiquent précisément les lieux et dates et un arbre généalogique au début du roman permet de situer chacun. Pas non plus de côté mécanique ou frustrant dans la construction du récit, comme cela peut arriver dans certains romans, où on a envie de négliger un fil pour en retrouver un autre, car l'ensemble est fluide et on est curieux de tous, d'autant qu'on se demande quel sera sur chacun l'impact des événements dont on sait qu'ils vont arriver (révolution d'octobre 1917, première et seconde guerres mondiales, pour ne citer qu'eux). Et si tension narrative il y a, j'entends par là envie de poursuivre le voyage en compagnie de ceux qui le vivent, c'est la tension de la vie, c'est tout et c'est bien.

Le ton chaleureux du récit m'a immédiatement séduite, autant que son écriture enlevée et aucun des personnages ne m'a laissée indifférente. J'ai été touchée par les petites et grandes choses de leur quotidien (où les appartements sont souvent réduits à une seule pièce), émue par leurs passions (l'histoire d'amour entre Maroussia et Jacob, en particulier) et leurs tourments (Nora voulant éviter la conscription à Yourik pour qu'il ne participe pas aux guerres russes, par exemple).

Nora est scénographe, son existence est centrée sur le théâtre et le processus créatif aboutissant à la mise en scène, toujours novatrice car elle est foncièrement anticonformiste, des pièces dont elle se charge est à chaque fois décrit d'une manière piquant l'intérêt . Mais il faut dire que le roman tout entier se déploie dans un paysage où la culture, représentée avant tout par les livres, tient un rôle de premier plan pour les divers protagonistes, Jacob en premier lieu, dont la soif de connaissances et le besoin de les transmettre semble inextinguible. Et si la culture russe est au coeur des pages, il y aura aussi une incursion dans le New York underground des années 70.

« L'échelle de Jacob » est un roman, partiellement épistolaire, basé sur l'histoire de la famille de l'autrice, Ludmilla Oulitskaïa (c'est d'ailleurs une photo de Maroussia en danseuse dans la mouvance d'Isadora Duncan qui figure sur la couverture du livre) : comme Nora, elle a récupéré une importante quantité de documents la concernant, elle en utilise certains en les intégrant dans le livre et a comblé les blancs grâce à la fiction.
Au travers de tous les personnages et de ce qu'ils ont vécu et affronté, se heurtant parfois à l'histoire de leur propre pays, le roman pose la question de notre capacité à façonner le monde ou, à défaut, de nous adapter à ses contingences ou exigences, voire d'être forgé et/ou remanié par la société qui nous entoure. « L'échelle de Jacob » conte ainsi des histoires russes, échos de l'histoire de la Russie, mais peut aussi interpeller chacun de nous, susceptible d'y retrouver ses propres questionnements.

Lien : https://surmesbrizees.wordpr..
Commenter  J’apprécie          20
Lu à petites doses mais lecture passionnante

On alterne toute l Histoire du XX° soviétique & de sa société si composite; c est l odyssée de tous ces destins brisés par le système. C est aussi un roman sur le féminisme, la transmission familiale.



L auteur, est de formation scientifique que l on retrouve tout au long du livre
Commenter  J’apprécie          20
Avec ce roman, Ludmila Oulitskaïa nous offre une fresque familiale s'étendant sur quatre générations et couvrant les vicissitudes du XXe siècle.

L'héroïne, Nora, découvre, dans une malle dont elle a hérité à la mort de sa grand-mère, la correspondance de ses grands-parents, Jacob et Maroussia, couvrant près d'un demi-siècle de relation passionnée et tumultueuse. Elle y découvre une Maroussia féministe et communiste ardente et son grand-père, digne représentant de l'intelligentsia largement déçu par la révolution et incapable de s'adapter aux nouvelles donnes politiques, ce qui mènera des évènements tragiques. Nous suivons également la vie mouvementée de Nora dans le Moscou des années 1970-1980 où elle élève seule son fils et ses relations avec le monde qui l'entoure.

Largement emprunt d'éléments autobiographiques, le dernier roman de Ludmila Oulitskaïa est plaisant à lire en dépit de certaines longueurs. Les personnages sont bien définis, tous avec leur histoire propre, et les descriptions proposées par Oulitskaïa nous permettent de plonger tantôt dans le Kiev des années 1910, tantôt dans le Moscou des années 1970-1980 et le New York des années 1990. La force de ce roman réside dans le talent de l'auteure à nous faire passer d'époque en époque par le biais de flashbacks qui résonnent avec la vie de Nora.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (470) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}