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Automne 1989, alors que La Havane se prépare tant bien que mal à subir un cyclone, l'inspecteur Mario Condé n'a pas le moral, il pense même que l'heure est pour lui d'aller voir ailleurs, mais un assassinat particulièrement sordide d'un ancien camarade l'oblige à laisser ces états d'âme de côté et ces projets de démission à plus tard.
Padura signe une nouvelle fois, un polar atypique, ou l'enquête sert de prétexte pour mettre en lumière un pays écrasé par la dictature ou corruption, magouilles, et violences sont monnaie courante. Dans ce pessimisme ambiant, électrisé par l'arrivée du cyclone, Condé est un flic qui ne croit plus en grand-chose, une forme de fatalisme même si Condé se persuade que cette catastrophe climatique pourrait bien emporter avec lui tous les maux qui gangrène son ile. C'est aussi pour Mario et ses amis la fin d'une période, celle des utopies car malgré la chute du communisme en Europe, Castro (et les siens) tient toujours de sa poigne de fer un pays abandonné à son dictateur.
Un roman empreint de nostalgie, de désirs déçus avec des personnages formidablement attachants à l'image de Condé bien sur mais aussi de Joséfina et de son fils paralysé El Flaco. Quand les illusions sont perdues, reste plus qu'à faire couler le rhum. A votre santé les amis.
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Mario Conde est un flic cubain désabusé. L'après "revolucion" n'offre rien à cette génération de trentenaires dans les années 1990 sinon une longue plainte ou de la résignation face aux privations, aux tickets de rationnements et à la corruption.
Le rhum coule à flot. C'est bien la seule chose qui marche à Cuba.

Ce livre n'est donc pas seulement un bon policier. Il y a un contexte bien vu. le sujet de la génération sacrifiée et désenchantée - comme dirait Mylène- ressort à chaque page.

Tout aurait pu me plaire sans le personnage principal. Son portrait a tout d'un beauf: une vision des femmes limitée à leur cul(-bas), un questionnement récurrent sur la taille et l'état de son membre, le ménage c'est pas pour lui, etc: le gros beauf!. Ma déception ne vient donc que du très peu de profondeur que Padura a donné à son personnage.

Bukowski m'a semblé plus fin!


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J'aime bien plonger avec Leonardo Padura dans "son" Cuba. Avant lui, je n'avais lu aucun témoignage de ce que pouvait être la vie des cubains restés au pays. de cette "chape de plomb" au-dessus de leurs têtes, comme une menace permanente... le Cuba de Fidel. Ils ont appris à vivre avec "le manque". Manque de quoi ? Manque de tout ! Ils se sont construit une philosophie particulière, qui leur est propre. Dans les romans de Padura, l'intrigue policière n'est qu'un prétexte, c'est bien de la vie des Cubains de la Havane dont il est question.
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Mario Conde a démissionné de la police. Son supérieur, en qui il avait toute confiance, a été évincé de la police, pour ne pas dire qu'il a été mis en examen, soupçonné de corruption. Il n'est pas le seul à être soupçonné de corruption, et les rangs de la police semblent de plus en plus clairsemés. Mais à Cuba, on ne démissionne pas comme cela, et la démission du Conde ne sera accepté que s'il résout une dernière enquête. Il a trois jours pour trouver qui a tué un ancien homme politique, revenu au pays depuis peu.
Ce n'est pas tant l'enquête policière qui est importante, que Mario Conde et Cuba. A l'aube de ses trente-six ans, Conde se livre à un bilan de sa vie, de ses rêves et de ses espoirs déçus. S'il se souvient des raisons qui ont fait de lui un policier, c'est bien qu'il n'ait pas oublié ce qui l'a contraint à arrêter ses études et à entrer dans la police. Ses rêves, c'était également les rêves de tout un peuple, le rêve d'un avenir meilleur, un avenir promis par leurs dirigeants, leurs hommes politiques qui avaient tout planfié scrupuleusement. Ceux-ci sont aujourd'hui en prison, au placard, ou à l'étranger – l'Espagne ou les États-Unis, c'est selon les opportunités et le degré de courage.

Mario est toujours entouré de ses amis, qui semblent toujours en sursis comme El Flaco, qu'une guerre qui n'était pas la sienne a envoyé dans un fauteuil roulant, ou El Rojo, qui cherche encore sa voie religieuse et pense l'avoir trouvée. Il est encore des gens de bien à Cuba, comme ce critique d'art, qui a été placardisé et a continué à travailler dans le seul poste qu'on lui a permis d'obtenir, et qui a rempli ce poste (que d'aucuns auraient jugé minable) avec la même honnêteté que lorsqu'il était au sommet de son art. Je compte aussi le père de la victime, botaniste de son état, qui assiste impuissant à tout ce qui se passe, de l'assassinat de son fils à la destruction future de son jardin par ce cyclone qui menace La Havane.
Le meurtre sera résolu. Ce n'est pas pour autant que Mario Conde sera satisfait.
L'automne à Cuba – un roman qui porte très bien son titre.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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L'automne, c'est la saison des cyclones dans les Caraïbes. le cyclone Félix « potentiellement catastrophique » se dirige vers Cuba. Ce n'est pas la seule menace qui plombe l'ambiance. Mario Condé lui-même, policier désabusé, a décidé de raccrocher suite au limogeage de son chef. Comble de malchance au même moment un exilé cubain, ancien haut-fonctionnaire revenu à Cuba après 11 ans d'absence, vient d'être assassiné. Et, denier point et non le moindre, les amis de Mario mettent un point d'honneur à lui fêter ses 36 ans !
Le compte à rebours est lancé. Il reste trois jours pour résoudre le meurtre, affronter les éléments déchainés de Félix le Dévastateur et changer de vie.
L'auteur s'adonne avec délectation au mélange les genres. Des diatribes politiques contre le régime cubain à une enquête digne de Sam Spade et du Faucon maltais, de bulletins météorologiques sur l'épisode cyclonique aux charmes de l'architecture passée de la Havane ou du pouvoir des plantes, bref on avance en crabe dans l'enquête.
J'ai découvert Leonardo Padura avec la lecture d « L'homme qui aimait les chiens », un excellent roman historique. Bien avant cette publication l'auteur avait gagné ses galons avec les aventures du policier Mario Condé. Les talents d'écrivain étaient déjà là. Ce Condé, ce policier qui veut se reconvertir à l'écriture, c'est aussi l'auteur que l'on retrouve, celui qui était Ivan dans son plus récent roman. Un élément qui donne une épaisseur à ce roman noir. On sent le vécu.
La verve de Padura puise sa force dans les rations de rhum absorbées par Mario Condé. Elles le soutiennent face à « des images d'échec, et de frustration et d'erreur et de douleur ». Une génération usée qui n'en peut mais. L'auteur déroule sa rancoeur sans entraves. Un regard sans concession.
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C'est avec le plus grand plaisir que j'ai retrouvé Mario Conde ce flic cubain si attachant mais tellement désabusé. Avec lui j'ai attendu le cyclone en arpentant les rues de la Havane, cette ville au bord de l'effondrement qui va, une fois encore, devoir supporter un nouveau cataclysme.
Je dois avouer que je suis une inconditionnelle de Leonardo Padura. C'est avec plusieurs de ses romans que j'ai passé 2 semaines à Cuba, il y a quelques années. Il m'a fait comprendre d'une manière bien agréable une partie de l'histoire et de la psychologie des cubains. Mais ce dernier opus de la série Les Quatre Saisons m'a déçue. L'atmosphère est toujours là mais l'intrigue policière est assez mince et le récit est surtout centré sur les états d'âme de Mario. Surtout ne pas commencer Padura avec celui-ci, tous ses autres romans sont beaucoup mieux et comme guide de voyage il est parfait!
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Quand un cubain vit à La Havane .. Il rêve de partir pour Miami.
Quand un cubain vit à Miami, il essaie de retrouver son pays à la calle 8 ... et il rêve de son pays.

On fume ...
Un cigare ... un cohiba ... ("Le nom a pour origine le mot utilisé par les indiens Tainos pour désigner le tabac. Les Cohibas cubains utilisent un tabac de grande qualité ayant subi un processus de triple fermentation propre à cette marque") ... un cohiba Lanceros ...("Le cigare cubain par excellence. Historiquement, ce fut le cigare que le gouvernement cubain offrait à ses invités, politiciens en gage de respect. C'est aussi le 1er module créé par la grande maison Cohiba. Doté d'une longue et fine silhouette, il est enveloppé d'une belle cape douce et soyeuse. A cru, il offre des senteurs de cèdre et de sous-bois. Les premières bouffées sont plutôt végétales, mais douces et dotées de légères touches miellées. Il faut un peu de temps pour gagner le 2e tiers, qui se montre quant à lui un peu plus animal, envahissant le palais de notes de cuir et de poivre noir. le dernier tiers se montrera plus puissant, sans être trop agressif. Il faut compter environ 2h pour déguster ce cigare mythique").

On boit ...
Du rhum Brugal .... marque emblématique de la République dominicaine ... ("Fondée par Andrés Brugal Montaner en 1888, cette distillerie doit beaucoup à Cuba dans l'apprentissage des techniques de fabrication du rhum : de l'élaboration du sucre de canne à l'assemblage jusqu'à la fermentation, tout a été appris dans cette île, immortalisée par la célèbre marque Havana Club") ... un rhum Anejo ... (le plus courant de la gamme Brugal, sa robe est d'un bel ambré, lumineux et clair, son nez est délicatement boisé, chaleureux, presque réconfortant, en bouche, c'est un rhum peu complexe, agrémenté d'un léger boisé tendant vers de subtiles notes de chocolat, beurrées et caramélisées avec une belle rondeur, sa finale présente une belle longueur, agréable).

On mange ...
Dans l'un des restaurants les plus célèbres de la ville, l'ancien restaurant Los Dos Hermanos (Les Deux Frères) où on servait des crustacés, du poisson, des ragoûts et du bon vin ... situé dans la zone du port de la Havane, un bon point de départ pour ceux qui choisissent de marcher le long de la promenade bordée d'arbres Alameda de Paula ou de découvrir l'artisanat cubain ... côté nourriture, il y a un choix de sandwichs, ainsi qu'un ragoût cubain, de la crème et du poulet malanga, des salades de thon et de crustacés, ainsi qu'une combinaison de poulet, de porc, de jambon, de crevettes, de homard, de poisson et de longe ... enfin quand il y en a ... car les cartes sont très longues mais ce qui est proposé au jour le jour dépend de l'approvisionnement aléatoire !

On apprend tout sur un cyclone ... un phénomène atmosphérique banal ... "le dieu le plus craint des premiers hommes, qui le considéraient comme le Père des Vents et lui attribuaient des capacités d'intelligence, de volonté, de puissance et de perversité." ... phénomène avec des effets dévastateurs tout comme une certaine révolution qui amena ...

Nous sommes plongés dans un drôle de pays où des bouts de manioc attendent tranquillement dans le frigo que l'huile arrive ....
Je vous rassure ... l'huile est arrivé ... le cyclone aussi ... les arbres qui devaient tomber, sont tombés ... Mario Conde a quitté la police .... Mario Conde s'est mis à écrire .... "la fin du monde était proche mais toujours pas là : il restait la mémoire."
Le bonheur de retrouver Cuba.
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Leonardo Padura Fuentes, né en 1955 à La Havane (Cuba), et licencié en philologie, est auteur de romans policiers, scénariste, journaliste et critique littéraire, auteur d'essais et de livres de contes. Il amorce sa carrière de romancier en 1991 et devient l'auteur d'une série de romans policiers ayant pour héros le lieutenant-enquêteur Mario Conde. L'Automne à Cuba (1999) est le dernier volet de la tétralogie Les Quatre saisons (Passé parfait, Vents de carême, Electre à La Havane), tous ces romans chroniqués ici.
Alors que Cuba se prépare à recevoir Félix le cyclone, Mario Conde est désespéré, le commissariat vient d'être épuré de ses éléments corrompus et le Vieux, son boss, mis à la retraite anticipée. Super Mario remet sa démission à son nouveau patron qui la refuse, sauf si l'inspecteur réussit un élucider en moins de trois jours, un meurtre impliquant des détenteurs de passeports américains. Une course contre la montre s'engage…
Concernant l'intrigue policière, il y a le cadavre émasculé d'un Cubain, exilé aux Etats-Unis mais revenu depuis peu sur l'île pour une raison inconnue. Son passé le rattache aux vagues d'expropriations et à la fuite de la bourgeoisie cubaine en 1959, au moment où Castro renverse Batista ; un trafic d'oeuvres d'art de très grandes valeur…
Avant de rédiger ce billet, j'ai relu ceux écrits précédemment sur les autres romans de l'écrivain et force est de constater que je vais devoir me répéter ; ça me chagrine mais je me console en me disant que si même vous les avez lus vous aussi, vous ne les avez pas mémorisées comme les saintes écritures !
Donc, pour ceux qui ne connaitraient pas cet écrivain, sachez que Leonardo Padura n'est pas un auteur de polars, mais un écrivain rédigeant des romans dont le héros est un policier. Ca n'a rien de péjoratif pour les auteurs de polars, mais ici l'écriture, le style, le fond, passent avant l'intrigue proprement dite. le meilleur n'est pas dans l'enquête et la résolution du meurtre, il est dans les pages où Mario Conde est avec ses amis, sa bande habituelle (Flaco Carlos dans son fauteuil roulant, El Conejo « qui pouvait à peine dissimuler ses dents hors du commun derrière sa lèvre supérieure », Andrès le médecin ou Josephina qui leur mitonne à tous de délicieux repas, sans que j'ai encore compris où elle se procurait ses produits puisqu'il y a des cartes de rationnement). On se régalera aussi de très belles pages où notre héros évoque les souvenirs de sa mère ou fait le constat, bilan de sa vie, lui le flic macho et carrément homophobe, avant d'être profondément émus lors d'un entretien final entre le Conde et le Vieux.
Comme dans ses précédents romans, Padura tisse en arrière-plan la situation de son pays, lâchant quelques piques politiques (« des plans quinquennaux importés des plaines asiatiques peuplées d'efficaces kolkhozes et sovkhozes – ni le Conde ni le major n'avaient souvenir de la différence entre les deux ») ou sociales (« elle va te donner un cabas et le carnet de rationnement »).
Certains pourront évoquer des longueurs et je serais en peine de les contredire, en particulier quand l'écrivain sur plusieurs pages traitera de l'historique des relations commerciales entre l'Asie et l'Espagne, via Cuba… mais c'est aussi très instructif, comme quand il sera question de peinture avec Matisse et l'impressionnisme.
Conclusion, encore un bon roman de Leonardo Padura, mais comme désormais je connais assez bien le cycle Mario Conde, il serait bon que j'aille jeter un oeil sur ses autres livres ?
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Leonardo Padura par la voix de son personnage fétiche Mario Conde nous conte inlassablement son pays. À travers une savoureuse galerie de personnages on découvre un Cuba loin des cartes postales occidentales. Une intrigue bien menée, une écriture savoureuse,un cyclone, et les songes charnels de notre héros font de ce roman policier une réussite.
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Sur fond d'intrigue policière, Leonardo Padura nous présente avec brio, la désillusion et l'inanité de la révolution cubaine. Très bon moment de lecture.
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