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Un récit réjouissant mêlant habilement science-fiction, philosophie et crise existentielle. Martin – l'auteur et le personnage principal du roman - est écrivain, alors que Coline sa femme et son fils Cyrus partent en Suède pour les vacances, lui se retrouve hébergé à Paris chez un ami absent, Joachim, pour conclure un contrat d'écriture de scénario qui le mobilisera 10 jours. le roman c'est l'histoire de ces 10 jours, enfin de 5 jours !
Dans l'appartement de Joachim - sculpteur et excellent cuisinier végan - trône une oeuvre appelée « Machine à remonter le temps » laquelle s'ouvre sur un petit canapé. Un peu harassé par son quotidien avec l'autoritaire productrice qui l'a embauché, notre héro va s'y installer pour un bon somme. Il s'éveille dans un rêve qui l'a ramené 29 ans en arrière et face à lui-même à 12 ans. Il s'approche : « on se connait. » réponse : « je n'ai pas une très bonne mémoire des gens, désolé », c'est le premier contact. Il y en aura d'autres, à chaque fois que Martin ira piquer un somme dans la machine. Décider à aider le Jeune Martin sur le chemin que lui a déjà parcouru, il va découvrir que c'est l'enfant qui s'avère le plus juste et qui a le moins besoin d'aide. Accompagné de son jeune double, Martin se détache de ses blessures d'enfance, sort de la dimension tragique de la vie et finit par donner, à la productrice en mal de jeunesse, ce conseil qu'on ne saurait prendre à la légère « Soyez ridicule (…) c'est le seul régénérant existentiel. Vous voulez être jeune à nouveau ? Alors soyez vraiment jeune pas comme ces vieillards de 20 ans, mais comme les gamins de 12. Ils sont mal habillés, ils parlent sans se soucier de l'opinion générale, ils posent beaucoup de questions, ils ne pensent qu'à manger et à dormir, ils sont enthousiastes et ils n'ont qu'une vague idée du monde. Ils sont ridicules, mais magnifiquement ridicules. C'est un ridicule décapant et inspirant, profond et subversif ». Allez maintenant, on fait de l'archéologie et va retrouver notre double à 12 ans !
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Martin, la quarantaine, écrivain mineur, se rend à Paris pour scénariser un de ses romans avec un gros chèque à la clé.
Héberger chez un ami artiste, il se couche dans une oeuvre en cours (" la machine à remonter le temps") et se retrouve dans son sommeil, au contact du petit garçon de 12 ans qu'il a été.
Ces rencontres et ces échanges parcourent le livre en même temps que des réflexions fines et loufoques sur le fait de vieillir.
Une ode à la vie et l'émancipation, pas très loin d'un Marcel Aymé.
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Je poursuis ma découverte de l'oeuvre littéraire de Martin Page, après l'excellent Manuel d'écriture et de survie et le sympathique Comment je suis devenu stupide. Il s'agit cette fois d'un roman publié en 2016 et dont le titre L'art de revenir à la vie est une jolie promesse. le résumé lui aussi était prometteur :

Martin vient d'avoir 41 ans. Il se rend à Paris pour rencontrer une productrice qui souhaite adapter un de ses romans au cinéma. Logé chez un ami artiste, il découvre la dernière oeuvre de celui-ci, une curieuse « Machine à remonter le temps ». Il s'y glisse et s'y endort. le temps d'une nuit, le voilà revenu 29 ans plus tôt, face à un double de lui-même âgé de 12 ans.

Le lendemain, il retrouve la productrice pour discuter de l'adaptation de son roman. Mais très vite, tout déraille.

Chaque nuit que compte ce séjour parisien où rien ne se passe comme prévu, Martin et son jeune-moi poursuivent leur conversation. Tout en lui révélant une partie de son avenir, le quadragénaire cherche à donner des conseils à l'adolescent, il veut l'aider et lui éviter les expériences douloureuses. Mais la relation se complique : ce jeune double a l'esprit de contradiction et ses remarques poussent Martin à se remettre en question. Vie rêvée et vie réelle deviennent aussi déstabilisantes et excitantes l'une que l'autre.

À la fois décalé, drôle et profond, le nouveau roman de Martine Page est aussi une réplique au pessimisme et une défense de l'imagination comme arme existentielle.

J'ai retrouvé assez vite le style de Martin Page tel que j'avais pu le percevoir dans Comment je suis devenu stupide. L'humour est omniprésent, parfois subtil, parfois plus frontal ; mais derrière ces mots d'esprit et ces situations cocasses se cachent des réflexions plus profondes sur la société et la condition humaine.

Le héros est un écrivain qui vient de dépasser les quarante ans, ancien parisien exilé dans un village belge avec son compagne et son fils âgé de quelques mois. le narrateur est ici clairement un avatar de l'auteur. A l'occasion d'un séjour parisien pour travailler avec une productrice sur le scénario d'un film adapté d'un de ses romans, il s'installe quelques jours chez un ami artiste. Dans cet appartement, il découvre la dernière oeuvre de son ami : une sorte de canapé-sarcophage que l'artiste a nommé « Machine à remonter le temps ». Un soir, le narrateur s'installe dans cet étrange dispositif et se retrouve face à face avec lui-même, âgé de douze ans. C'est le prétexte pour que l'auteur et le narrateur s'interrogent sur sa vie, sur ses réussites et ses échecs.

Quand on arrive à l'âge de 40 ans, une question se pose, en tout cas c'est une question que mes amis et moi nous nous posons après quelques verres de vin : comment a-t-on fait pour s'en sortir ? On a échappé au suicide, aux accidents et à la maladie. On se sent comme un rescapé. Et, dans le même temps, on comprend qu'il faut vivre, travailler et aimer comme jamais. On est un survivant en sursis, et il n'y aura jamais rien de mieux que cet état de fragilité, parce que le contraire de la fragilité ce n'est pas la force, c'est la mort. C'est tout à la fois déprimant et exaltant.

Si les mésaventures parisiennes de Martin avec sa productrice de cinéma m'ont laissé de marbre malgré l'humour de certaines situations, la relation avec son double pré-adolescent m'a beaucoup plu. Au début, Martin adulte cherche à donner des conseils à son double enfantin pour l'aider à traverser les épreuves qui l'attendent et qu'il ait une vie plus facile. Mais la situation finit par s'inverser, avec l'enfant qui a aussi des leçons à donner à l'adulte qu'il est devenu. C'est une belle façon de mettre en lumière les différences entre l'enfance et l'âge adulte, sans idéaliser l'un ou l'autre.

Mon jeune-moi m'inspire. Il ne fait pas de concessions. Il ne flanche pas. Ce qui est magnifique dans la jeunesse et ce qui crée une nostalgie pour cette période, ce n'est pas l'innocence ou l'insouciance, toutes ces bêtises, ce ne sont pas non plus la peau souple et les énormes goûters au chocolat. C'est l'éthique. Certains adultes se plaignent des jeunes adolescents pour une seule raison : parce que ceux-ci ont souvent raison. Ils leur rappellent leurs compromissions actuelles, ce qu'ils nomment dans la novlangue caractéristique de l'âge adulte le « réalisme ». Les adultes renvoient les comportements adolescents à un définitif : « C'est les hormones », ça leur permet d'oublier qu'eux-mêmes se sont assagis et désensibilisés sous la pression non pas de la biologie, mais de la vie en société.

Je n'aime pas l'expression « leçon de vie » mais c'est tout de même celle qui m'a vient à l'expression pour décrire ce livre. Il n'est pas parfait, certains passages m'ont semblé dispensables, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et je l'ai trouvé très beau par ce qu'il raconte et les idées qu'il véhicule. Par rapport à Comment je suis devenu stupide mais était un livre intelligent mais qui finissait par lasser une fois l'idée de départ assimilée, celui-ci tient totalement ses promesses.

Je ne pense pas que je sois un héros comme le voulait mon double. J'en suis loin. Mais cette ambition est comme une luciole qui m'accompagne. Je n'aimerais pas être à la place de quelqu'un qui pense que les livres ne changent pas la vie. J'écris pour essayer de sauver les autres. Non, je rectifie : j'écris pour me sauver moi-même. Peut-être que ce n'est pas contradictoire. Une chose est sûre : c'est le signe d'une ambition démesurée, sans doute d'une certaine folie. Tant mieux. On est vivant pour ne surtout pas être raisonnable. J'ai toujours pensé qu'on sauvait par des gestes furtifs et des actes improuvables. Il s'agit de rendre les fantômes fiers de nous.

[...] J'ai 12 ans, et toute ma vie sera un combat pour défendre cet âge.
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Une belle découverte que ce roman-autobiographie-roman de science-fiction, qui questionne avec espièglerie et tendresse le "c'est quoi d'avoir 40 ans?"
Truffé d'idées.
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Je suis un écrivain qui a de quoi vivre, une femme superbe et un fils que j'aime.
Je suis donc trop malheureux.
Plein d'un spleen vague et morne alors que je vais à Paris pour rencontrer une réalisatrice qui veut un scénario.
Vraiment c'est morne tout ça.
Je m'ennuie je crois. Même quand je voyage dans le temps, je suis nul.
Meh !

Voilà le sentiment que je retire de ce roman : Meh !

Ce n'est pas mauvais, au contraire, l'écriture est fluide et plutôt agréable. On sent bien ce début d'été parisien, le manque de l'être aimé et l'envie de « faire quelque chose ». Mais était-il nécessaire de faire intervenir cette sculpture-machine à voyager dans le temps ? Pour ne rien apprendre finalement à son jeune « lui »… et finalement revenir avec l'idée qu'il s'est embourgeoisé, qu'il doit chercher « le ridicule ». C'est bien une idée triste ça !

Ça et qu'il faut TOUJOURS se méfier des sculpteurs ! (haha coucou madame Colin)
Que dire d'ailleurs de cette productrice richissime et glorieuse qui rêve de « ses années galère »? Elle qui veut changer de vie sans en avoir véritablement la force ni le courage, qui se sert des gens autour d'elle, les embauchant et les licenciant aussi facilement qu'on change de veste.
Pour une fois j'étais d'accord avec le narrateur : quelle enfant (de 50 ans) capricieuse !
L'auteur a cependant raison : l'adulte que nous devenons est trop souvent ce que le « nous » de 12 ans aurait méprisé. On rêve de révolution, de musique Rock ou de littérature et on s'assoit derrière un bureau. Peu à peu la vie érode nos rêves « parce qu'il faut bien payer ses factures ».

Peut-être, mais je ne veux pas y croire.
Je ne veux pas que ce soit une telle évidence, comme cette grisaille morale me blase.
En somme je n'ai pas adhéré, même si je reconnais une belle vision (panoramique) de la vacuité contemporaine.
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Ce roman sur l'expérience d'un écrivain qui doit adapter un de ses romans au cinéma pour pouvoir vivre et réparer sa maison est intéressante, l'écriture est fluide, certains détails interpellent sur la vie actuelle des "bobos"/"hipsters". Dans le même temps, l'auteur rêve qu'il déboule à son âge devant l'enfant de 12 ans qu'il a été. J'ai un peu de mal à comprendre comment ce livre peut être classé comme un roman de science-fiction. Les rêves autorisent beaucoup de choses et j'ai pris toute cette histoire comme une histoire vraie (rêves inclus). Dans l'ensemble, je ne me suis pas ennuyé (car la vie quotidienne des écrivains m'intéresse) mais j'aurais vite oublié ce petit livre.
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Une machine à remonter le temps qui permet de retrouver son propre moi, trente ans plus tôt…
Cette fable est surtout l'occasion de se poser les mêmes questions essentielles que le héros sur qui nous sommes, avons été et voulons devenir.
Un style agréable qui traite de questions essentielles avec sérieux et humour. Une belle découverte.
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Une histoire d'écrivain qui s'appelle Martin... tiens, encore un auteur qui se met en scène dans son propre roman, et qui brouille les pistes entre biographie et fiction : du jamais vu !
Martin découvre chez un ami artiste (Martin n'a que des amis Artistes) un divan à remonter le temps (du jamais vu encore...) qui le plonge 30 ans en arrière nez à nez avec un enfant de 12 ans qui se trouve être lui même. Il est bien décidé à lui prodiguer quelques conseils afin d'éviter certaines erreurs de parcours qu'il à commises. Dans le même temps, dans la vie réel, Martin connait pas mal de déboire entre ses tendances à l'hypocondrie et l'adaptation d'un de ses romans en films.

Un petit roman qui démarrait bien, l'atmosphère bohème/vie d'artistes dans laquelle évolue les personnages était bien rendu et l'écriture glissait bien mais très vite on s'aperçois que l'auteur n'a pas grand choses à dire. C'est même assez explicite, notamment dans les dialogues avec son double enfant ou très vite c'est l'enfant qui fait la leçon au plus grand, un peu comme dans toutes les publicités modernes. Encore une belle concession à l'esprit du temps Martin Page utilise l'écriture inclusive et il m'a fallu relire le passage plusieurs fois, pour comprendre qu'il était bien sérieux et qu'il n'y avait pas d'ironie (ou alors je suis non comprenant se qui est fort probable).
Un livre et un auteur à oublier au plus vite et qui confirme en fois de plus l'adage "les gens ne lisent plus, ils écrivent !"
Je ne peu résister à la tentation d'une petite citation final page 13 : «toute ses choses que nous voulons ne pas oublier» sic de la grande littérature en effet...
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Tout commence par une sombre histoire avec une productrice, sûre d'elle et de son pouvoir. Elle veut adapter un roman de Martin. le chèque est signé. La toiture est donc sauvée. Mais patatras, le projet capote. L'occasion pour notre narrateur de se laisser aller dans des voies inattendues. Et par là-même d'explorer son passé. Car finalement c'est tout l'enjeu du roman de Martin Page. L'auteur – devenu récemment père – en profite ici pour se livrer à une auto-analyse. Fine. Sans concession. Surtout toujours drôle. Il ne s'épargne pas les questions les plus pertinentes et donc gênantes. Et si sa situation d'auteur fauché n'était pas une fatalité ? Et si sa non-adaptation au monde était en fait une volonté farouche ? Et si, finalement, il se complaisait dans sa posture d'écrivain soi-disant maudit ?
Martin Page met en place un procédé littéraire mâtiné de science-fiction, intéressant et subtilement mené, pour se retrouver face à l'enfant qu'il était. Cela donne des scènes à la fois émouvantes et souriantes. L'auteur parvient même à échapper à tout nombrilisme. Souvent à la limite pourtant, il ne tombe jamais du côté obscur de la force ! Il touche même à l'universel : a-t-on tout fait pour accéder à ses rêves d'enfant ? A-t-on trahi ses convictions intimes ? A-t-on cédé aux sirènes du système ? C'est qu'il nous ferait douter ce narrateur histrion qui arrive à insuffler à son lecteur une belle énergie pour se remettre en question. Une énergie du désespoir, peut-être, mais même celle-ci permet d'avancer vers une meilleure acceptation de soi.

Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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Ici, l'auteur se met en scène lui-même dans une sorte d'autofiction. On retrouve en Martin des traits communs au protagoniste de Peut-être une histoire d'amour, comme l'hypocondrie, mais le lecteur a ici affaire à un personnage nettement plus humble et sympathique. J'ai d'ailleurs été étonnée de ne pas me trouver confrontée à un héros parisien riche et cool, mais à un homme expatrié en Belgique, fou de sa femme et de son fils, et prêt à accepter n'importe quel job pour que le toit au-dessus de leurs têtes n'ait plus de fuites. C'est une figure d'écrivain assez touchante, qui a refusé de faire des compromis dans son art mais accepte d'en faire partout ailleurs, jusqu'à se laisser humilier par une productrice sûre d'elle qui lui assène des vérités pas bonnes à dire.

L'art de revenir à la vie, c'est aussi en l'occurrence celui de se remettre à l'écriture d'un livre très personnel (sur son père) grâce à une digression parisienne qui prend la forme de deux rencontres marquantes : d'une part Sanaa, la productrice décidée à changer de vie qui fait de Martin à la fois son confident et son homme à tout faire, d'autre part Martin lui-même, à 12 ans. Grâce à une oeuvre d'art étrange, l'écrivain bascule dans le monde de sa jeunesse et le livre dans une dimension fantastique à taille humaine.

Le jeune Martin apporte au récit un mélange de fraîcheur et de gravité bienvenu. Alors que son double plus âgé veut à tout prix l'aider à affronter la vie, c'est lui qui, par ses remarques lucides mais non dénuées d'idéalisme, va lui montrer la voie de la résilience et d'une vie plus sereine et heureuse.

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