AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 328 notes
5
38 avis
4
26 avis
3
11 avis
2
0 avis
1
2 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cette chose étrange en moi, quelle est-elle ? Cette chose qui nous pousse à rêver d'autre chose, vouloir autre chose et amène parfois de grands bouleversements comme des révolutions ?

Ohran Pamuk tente de répondre à cette question bien périlleuse. Et non content de se lancer un tel défi, il se rajoute d'autres difficultés encore : une période historique très mouvementée, et il utilise la polyphonie. de quoi être sûr que la réponse ne sera pas bâclée.

Mais on se rend vite compte que tous ces personnages ne sont qu'un prétexte, comme dans la communauté tribale, ils servent un bien, une cause plus grande qu'eux. En réalité, le véritable sujet du livre de Pamuk, une fois de plus n'est autre qu'Istanbul. C'est une histoire où les petits personnages de mettent au service des grands idéaux politiques et réformes politico-sociales qui ont secoué la Turquie pendant la seconde moitié du XXeme siècle. Et la somme de toutes ces petites histoires qu'il tissé minutieusement dresse le tableau d'une grande fresque de l'Histoire.

Il y avait longtemps que j'avais envie de retrouver ce style particulier, roman au charme désuet du passé et à des analyses très fines et pertinentes sur le présent sur un rythme très ottoman, pas très pressé.
Certes j'ai aimé dans l'ensemble, mais le charme n'a pas opéré aussi bien que les fois précédentes. En partie car je me suis moins attachée aux personnages.
Peut-être faut-il que je laisse cette histoire de décanter dans mon esprit pour pouvoir l'apprécier mieux.
?... je reste tout de même sur l'idée que ce n'est pas le meilleur de Pamuk.

Je remercie donc Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir permis de retrouver cette ville magique qu'est Istanbul avec en prime un voyage dans le temps.
Commenter  J’apprécie          223
Orhan Pamuk s'efforce d'écrire ses livres pour que chacun d'eux ne ressemble pas aux précédents. "Cette chose étrange en moi" est une tentative de créer un panorama historique d'Istanbul méticuleusement détaillé sur la base d'un matériel accumulé au cours des cinquante dernières années. de plus, cette fois, l'écrivain plonge dans un environnement inhabituel pour lui, celui des pauvres de passage, au bas de l'échelle de la société, s'assimilant peu à peu à la ville.

L'intrigue du roman est quelque chose de secondaire, bien qu'elle soit présentée avec des détails extraordinaires. Derrière tous ces innombrables détails, on ne peut plus distinguer la fiction qui est au coeur de tout bon roman. le documentaire fait prendre un ton sec à l'auteur, déversant littéralement beaucoup de faits, de dates, de signes du temps sur un lecteur non préparé. Tout cela manquait dans les précédents romans de Pamuk qui semble avoir décidé de se venger de toutes ces années où il a laissé le processus historique en dehors des parenthèses.

Il semble que Pamuk se soit épuisé sur les choses principales qu'il avait à dire sur la mélancolie, sur l'amour, sur le destin avec son meilleur roman "Le musée de l'innocence". Et depuis lors, bouche cousue. A quoi bon se répéter ? "Le livre noir", "Le musée de l'innocence", "Maison du silence" et même "Neige" sont de beaux contes de fées, un jeu d'imagination, des caprices de la mémoire, dans lesquels les amoureux vivent pendant des années comme sur une carte postale nostalgique ou dans un rêve. Dans "Cette chose étrange en moi" Pamuk s'est tourné vers la "vérité de la vie", aussi absurde que cela puisse paraître.

Oui, "Cette chose étrange en moi" est un roman historique. Et Pamuk n'aurait pas été Pamuk s'il n'y avait pas poussé à la fin cette note perçante qui rappelle ses créations précédentes.

Tout le reste est très banal, narration ordinaire et presque journalistique. Pourtant nous aimons Pamuk pour autre chose peut-être...
Commenter  J’apprécie          110
Un livre de déambulation avec Melvut, vendeur de Boza dans les rues d'Istanbul, la ville dans laquelle il a émigré, jeune adolescent, pour y aider son père. En parallèle de son histoire personnelle et de sa famille , c'est l'évolution de la ville que l'on suit, des bidonvilles qui se transforment en véritables nouveaux quartiers d'habitations pour y attirer toujours plus de population. La ville grossit, grossit et se modifie au fil de l'évolution politique du pays, de la ville et des ambitions de ses gouvernants
Commenter  J’apprécie          40
À travers la destinée de Mevlut, l'auteur nous raconte la transformation d'Istanbul en mégapole au cours du vingtième siècle et nous plonge au coeur de la société turque. le récit de l'exil et de l'extension tentaculaire d'Istanbul touche à l'universel. L'écriture fluide et la narration polyphonique entraînent le lecteur sur les traces de Mevlut, du coeur d'Istanbul aux confins de l'Anatolie. Cette fresque, c'est aussi un chant d'amour à Istanbul.
Commenter  J’apprécie          40
Ce n'est pas aussi bon que "Le musée de l'innocence", que j'avais trouvé si authentique, presque réel.
Ici, la plume de l'auteur est toujours aussi excellente. Les descriptions sont très réalistes et le récit de cette vie coule de source, avec toutefois quelques longueurs.
Un pessimisme a accompagné la quasi-totalité de ma lecture - c'est ce que je regrette le plus - et la fin a pris des tournures dramatiques si forcées que je n'ai pas pu m'empêcher de lever les yeux au ciel.
C'est un livre un peu amer - comme le boza ahah- , avec une première partie bien meilleure que la seconde.
Mais la dernière phrase en a valu la peine.
Commenter  J’apprécie          30
Je lis Pamuk avec un grand intérêt parce qu'un lien familial récent nous a rapproché de la Turquie. C'est un grand conteur d'histoires et l'âme d'Istanbul m'est maintenant moins étrangère. En suivant la saga de la famille de Mevlut, immigré d'Anatolie arrivé avec son père dans les années 80 pour y vendre de la boza, Pamuk nous entraine dans une tranche de population qui n'est pas la sienne -celle de la bourgeoisie occidentalisée stambouliote-, mais au contraire dans l'univers d'une famille rurale plus traditionnelle, sans être arriérée, représentative de l'émigration interne massive qui va faire exploser l'urbanisme de la ville occidentale.
Facile à lire, intéressant sociologiquement pour mieux appréhender la conception de l'amour et du mariage (dans quel ordre doivent-ils arriver?), mais aussi l'ancrage des tribus familiales transplantées de la campagne àla ville. A la périphérie, on y trouvera quelques anecdoctes concernant par exemple les petits enrichissements personnels, la violence des institutions militaires et policières.
La religion rode en fond, la politique encore moins, Pamuk ne se risque pas sur ce terrain glissant depuis le dernier coup d'état.
Agréable donc, mais loin d'être un chef-d'oeuvre, ce livre laisse l'impression d'un auteur en attente, qui n'a plus rien à prouver, mais qui ne peut s'empecher de nous raconter encore et toujours sa ville.


Commenter  J’apprécie          31
Que dire de ce livre, de cette somme foisonnante de vie ?
« Cette chose étrange en moi » est un peu ce que tout un chacun peut porter en soi : le mystère d'un lieu, de son lieu, de celui d'où l'on vient, de celui où l'on vit, grandit, mûrit.
Orhan Pamuk s'est lancé dans ce qu'on pourrait appeler soit une fresque soit un roman chorale soit un genre un peu particulier qui tiendrait des deux à la fois dans la mesure où il passe par l'un, le roman chorale mêlant un grand nombre de personnages et un grand nombre de voix, pour mieux construire le second, l'histoire d'une ville, Istanbul, aux mille facettes, tour à tour virevoltante, angoissante, turbulente, dangereuse, épanouissante, truculente, triste, joyeuse, expansive ou introvertie.
Sous la plume d'Orhan Pamuk, Istanbul devient le miroir de la vie, la scène sur laquelle celle-ci se développe, et ses habitants en sont alors tout naturellement les acteurs et le lecteur devient spectateur et témoin.
A partir d'un personnage central, Mevlut, vendeur ambulant de yaourts et de boza (boisson alcoolisée typiquement stambouliote), Orhan Pamuk retrace la vie d'une famille et l'histoire de la construction d'une Istanbul contemporaine des années 1960 à nos jours. Les deux récits s'entremêlent et c'est tout naturellement que Mevlut est emmener dans le tourbillon stambouliote même si lui-même, et le récit d'Orhan Pamuk en est un fidèle reflet, s'inscrit dans un temps plus long, plus lent. le tempo de Mevlut n'est pas le même que la bouillonnante citée turque et le récit d'Orhan Pamuk prend son temps pour planter son décor et ses personnages, surtout ses personnages.
Le récit commence ainsi par l'enlèvement, par Mevlut, de sa future épouse pour mieux ensuite repartir de sa jeunesse et égrainer sa vie pour revenir, au bout de plus de 200 pages, à cet enlèvement. Cette partie, sorte d'introduction lancinante, peut paraitre déroutante tant elle s'attache aux personnages qui fondent l'histoire d'Orhan Pamuk. Mais l'auteur turc en a besoin pour que son livre maison prennent possession du lecteur, tout comme Mevlut et son père, et tant d'autres avec eux, ont pris possession des terrains autour d'Istanbul, y installant leur maison en une nuit pour ne plus pouvoir être délogé. le livre d'Orhan Pamuk demande un peu plus d'une nuit pour prendre possession de son lecteur.
Orhan Pamuk dresse un portrait de ville à travers celui d'un personnage sous forme de procès d'intention et dont la voix du narrateur serait l'avocat ou le porte-parole, entrecoupée de témoignages plus ou moins directs de la famille de Mevlut, de ses amis, de personnes qui auraient pu gravité dans sa sphère intime. La structure du livre se veut ainsi créer une dynamique entre un récit à la troisième personne, celui du narrateur parlant de Mevlut et donc d'Istanbul, et des coupures, toujours assez courtes, exprimées par les intéressés directement à la première personne.
Mais le style d'Orhan Pamuk, pour autant qu'il justifie le prix Nobel reçu, n'est pas d'une lecture fluide. Est-ce propre à son style ? Est-ce lié au côté gargantuesque de son récit aux multiples événements et personnages ? Toujours est-il que cette petite difficulté fait toute la différence entre un livre passionnant qu'on dévore et un livre particulièrement intéressant et instructif mais qui nécessite une attention de tous les mots.
Ce livre est donc exigeant mais mérite, pour ceux qui s'intéressent à l'histoire récente d'Istanbul, la ballade à entreprendre dans ses rues en compagnie de Mevlut, de ses cousins, de ses amis, de sa famille car après tout, ce n'est pas le but qui importe mais le chemin emprunté pour y arriver et Dieu que les rues et ruelles d'Istanbul recèlent de tours et détours.
Commenter  J’apprécie          30
Après "Cevdet Bey et fils", " Neige" et "Le Musée de l'innocence " on retrouve la Turquie de Pamuk tout particulièrement la ville d'Istanbul qu'il sait si bien conter. Une lecture captivante , drôle, réaliste , et une plongée dans l'univers politique tourmenté des années 70, des nouveaux riches , des laïcs vs conservateurs, et surtout de la Turquie rurale symbolisé par Mevlut vendeur de yaourt ambulant , débarqué de sa campagne, qui fait une sorte de résistance aux chamboulements culturels et socio- politiques de son pays. On suit les pas de Mevlut dans les dédales de la ville , dans ses porches d'immeubles, dans ses cafés, dans ses cours, on croise de drôles de personnages : des matronnes , des barbiers , des voleurs , des ivgrones , des prostituées, des mères au foyer , des clinquants parvenus. Il est résigné, presque têtu, poursuivant un idéal qui n'existe plus. Et tandis que ses amis font fortune et changent de vie , lui s'y refuse avec force et s'obstine à vendre son fromage blanc et sa boza bien que ça ne lui rapporte rien et que les clients préfèrent désormais les supermarchés.
l'histoire écrite à la première personne (comme souvent avec Pamuk), est néanmoins ponctuée par les témoignages des amis et famille de Mevlut , chacun donnant son avis et son point de vu sur un événement politique ou familial marquant. "Cette chose étrange en moi" nous donne une très bonne idée de ce qu'a été la Turquie du début des années 50 jusqu'à nos jours.
Commenter  J’apprécie          30
L'écriture est belle, on y sent l'amour pour cette ville tentaculaire que devint Istanbul. C'est par les yeux de Mevlut, jeune garçon qui quitte le village et rejoint son père à la ville pour finir ses études et pour l'aider à la vente ambulante de yaourt et de "boza" (une boisson traditionnelle légèrement alcoolisée), que nous découvrons la vie dans les bidonvilles d'Istanbul et dans les quartiers populaires. Nous sommes en 1969. le roman s'achève en 2012, Mevlut a 55 ans et s'est remarié avec Samiha, la soeur de sa défunte et tant aimée épouse Rayiha.
Entre temps, Istanbul a grandit, des immeubles ont remplacé les Gecekondu, Mevlut a exercé divers métiers en plus de la vente ambulante de Boza qu'il a toujours souhaité continuer. Peut-être parce que cela lui permet de déambuler dans les rues d'Istanbul et ainsi de conserver ses yeux d'enfant émerveillé.
J'ai eu du mal à rentrer dans le roman, la première partie alors que Mevlut est encore célibataire m'a quelque peu ennuyée. Mais peut-être était-elle nécessaire pour apprécier la suite et se plonger dans l'ambiance de se roman colorée, empli d'amour pour Istanbul et ses habitants.
Commenter  J’apprécie          20
Fin des années 1970, âgé d'une douzaine d'années, Mevlut Karatas quitte sa mère, ses soeurs, son village natal pour aller rejoindre son père à Istanbul pour, d'une part, continuer ses études et, d'autre part, vendre en soirée de la boza (boisson peu alcoolisée) ou du yaourt avec son père, vendeur ambulant, à l'aide d'une perche posée sur leurs épaules. Et pendant un demi-siècle, on découvre sa vie et celle de sa famille avec leurs joies et leurs peines ainsi que la transformation d'Istanbul qui s'agrandit, s'industrialise, se modernise.
Je dois l'avouer la lecture de ce roman polyphonique a été périlleuse. Souvent pris et posé, j'ai eu du mal à rester concentrée dessus pour que finalement une certaine lassitude des personnages et du récit me gagne, il m'a manqué un petit je ne sais quoi pour apprécier pleinement ce livre. Et d'ailleurs fréquemment, O. Pamuk m'a perdue dans les quartiers d'Istanbul !
Par contre, l'auteur qui raconte cette histoire et les protagonistes de cette même histoire rajoutant un élément enrichissant pour le récit, j'ai trouvé l'idée vraiment sympa. Et puis, j'ai découvert une chronique sociale, politique et culturelle très riche avec moult détails sur la ville d'Istanbul, son évolution, ses gens et leur mode de vie et c'est toujours intéressant de découvrir une autre culture que la sienne.
Je remercie donc la masse critique de Babélio et les éditions Gallimard pour cette découverte de cet auteur qui a tout de même reçu un prix Nobel de littérature.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (844) Voir plus



Quiz Voir plus

Tête de Turc !

De quelle pièce de Molière cette réplique est-elle extraite ? Que diable allait-il faire dans cette galère ? Ah maudite galère ! Traître de Turc à tous les diables !

Le bourgeois gentilhomme
Monsieur de Pourceaugnac
Les Fourberies de Scapin
La jalousie du barbouillé

10 questions
61 lecteurs ont répondu
Thèmes : turquie , turc , littérature , cinema , humour , Appréciation , évocationCréer un quiz sur ce livre

{* *}