La première scène de crime dans l'espace à bord de la station spatiale internationale, ça vous intéresse ?
Fabrice nous embarque dans une enquête de toute beauté. J'ai été ravie de retrouver Louise Vernay, commissaire stagiaire à la Brigade Criminelle de Lyon. Bon, j'ai inversé les romans, puisque «
Alienés » se déroule avant « La conjuration de
Dante », que j'ai lu en début de mois. Mais franchement, je n'ai pas du tout été gênée.
Le meurtre dans l'ISS vaut son pesant d'or. le cosmonaute qui est passé de vie à trépas à 400 km d'altitude a été éviscéré. Avec l'apesanteur, je vous laisse le soin d'imaginer la scène… tripes et boyaux flottant dans le module et se collant aux grilles d'aération. J'espère que vous n'êtes pas en train de manger pendant que vous lisez ma chronique, lol. En plus, question partico-pratique, qui est chargé d'enquêter à bord de l'ISS ? Vous le savez, vous ?
« C'est un module immatriculé par l'Agence spatiale européenne. Or, comme le prévoit le traité de l'espace extra-atmosphérique de 1967, c'est l'État qui a immatriculé le module dans lequel a lieu un crime ou un délit qui a juridiction. Donc formellement, c'est à l'Europe de mener l'enquête. Pas à vous. »
Au même moment, Louise découvre une scène de crime tout autant insolite : un homme éviscéré, lui aussi, dans les souterrains de Lyon, les fameuses « Arêtes de poisson ». Coïncidence ? Louise va vite faire le lien entre ces deux meurtres.
Je vous préviens, il va falloir vous accrocher. Entre l'espace et les souterrains lyonnais, la France, les États-Unis et l'Angleterre, la NASA, les laboratoires de type P4 et la Grande Muette, vous n'allez pas vous ennuyez !
Des illustrations parsèment le récit afin de nous expliquer les choses de manière simple et pour nous aider à comprendre concrètement ce qui nous est détaillé.
Le rythme est affolant, la plume de Fabrice nette, riche et fluide. Les chapitres s'enchainent, un réel page-turner absolument impossible à lâcher.
Les personnages sont complexes et nuancés. Chacun possède ses propres motivations et secrets. A charge au lecteur de les découvrir. On retrouve même des personnes réelles, en effet,
Elon Musk ou encore des membres de la famille royale d'Angleterre prennent possession des pages. Louise, quant à elle, est totalement déjantée. Adepte de la fumette, ne mâchant pas ses mots, elle m'a fait rire à plusieurs reprises. Son côté borderline indomptable monte crescendo au cours du récit, à certains moments je me suis demandée comment c'était possible, pour moi ça devenait trop, mais ne vous inquiétez pas : à la fin, tout s'explique ! Son équipier, Ahmed Tahiri, n'est pas en reste. Et que dire de l'astronaute Ethan Miller, avec qui Louise va enquêter ? Quel duo ! Ils m'ont bien fait rire tous les deux !
Fabrice instille beaucoup d'humour dans son texte, ce qui rend l'affaire plus légère. Et ça fait du bien. Parce que les sujets qu'il développe font froid dans le dos. Fabrice explore les implications potentiellement dangereuses des avancées de notre société. Et cela interroge. A plusieurs reprises j'ai abandonné «
Alienés » pour fouiner sur internet et creuser un peu plus le sujet évoqué. Cela me permettait également de faire une pause, car j'ai passé une bonne partie de ma lecture en apnée.
Aux côtés des personnages, on apprend une foule de choses sur des thématiques vastes et variées, astrophysique, biologie, numérique, xénobiologie, ésotérisme, on trouve de tout dans «
Alienés ». La lecture s'est révélée passionnante, je me suis régalée, même si j'ai relevé quelques longueurs dans le dernier tiers du roman, mais cela ne m'a pas plus gênée que cela. Fabrice maîtrise tous ces sujets et ne laisse rien au hasard. Il incorpore les éléments scientifiques à son intrigue de façon précise et accessible. le travail de recherches a été approfondi et minutieux.
Le dénouement m'a mise extrêmement mal à l'aise. On ne peut que douter, se dire « Et si c'était vrai ? ».
Je vous conseille cette lecture, qui mise à fond sur l'originalité, mais attention tout de même : à lire au calme pour bien en comprendre les finalités.
« Voler à bord de la Station spatiale internationale, c'était vivre une expérience unique, certes, mais c'était surtout s'ennuyer ferme en côtoyant pendant des mois les cinq mêmes tronches. Pisser dans des poches, stocker sa merde dans des compartiments, bouffer des mets insipides, sentir des relents d'ordure – parce que l'air se purifiait mal – et passer des heures à courir sur un tapis de course pour maintenir sa masse musculaire et ne pas finir comme un poulpe anémique. »
Je remercie les Éditions Points pour cette lecture.
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