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Une fois de plus j'ai appris , je me suis divertis, je me suis passionnée par cette histoire, j'ai voyagé dans le temps grâce à Michel Pastoureau. Une étude à travers les siècles, sur les tissus rayés, les animaux au pelage zébré , les symboles formés de raies, à la fois savante, ludique.
Porter des vêtements à rayures fut longtemps un signe distinctif souvent infamant, et puis, les modes , les moeurs changent les rayures deviennent à la mode, elles sont signe de modernité, d'originalité, de ralliement . Paradoxalement aussi les rayures peuvent être positives et négatives, protectrices et dangereuses.
Un cadeau de Noël fort apprécié !
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Comme toujours avec Michel Pastoureau, on apprend beaucoup. Dans ce livre c'est l'histoire des rayures qui est racontée, depuis leurs débuts péjoratifs puisqu'ils sont réservés aux personnes à part, les fous, les prostituées par exemple jusqu'à aujourd'hui où elle évoquent les loisirs et surtout le sport. Si le tigre est rayé, cela souligne sa méchanceté. Quant aux tissus tachetés ils évoquent des maladies de peau.
Je n'avais jamais remarqué par exemple que les dessous et les pyjamas étaient rayés parce que perçus ainsi comme plus hygiéniques. Cependant le livre date un peu, presque trente ans ce qui le rend un peu dépassé pour le présent.
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Passionnante plongée dans les représentations mentales des hommes du Moyen-Âge, avec pour guide Michel Pastoureau, dont j'ai déjà adoré l'histoire de la couleur bleue et celle du cochon. Et il est bien vrai que nous avons bien du mal à nous imaginer dotés de l'outillage intellectuel de cette période si rude, ou la pensée magique prenait souvent le pas sur la connaissance, le plus souvent lacunaire et surtout pour nous, paradoxale ... Un livre court et dense, très facile à lire malgré son érudition, qui intéressera autant les férus d'histoire des civilisations que les couturières.

Nous voici donc confrontés à l'histoire des rayures et des tissus rayés. Nous apprenons que les surfaces, au Moyen-Âge, sont signifiantes. On classifie ainsi l'uni, le rayé et le semis auxquels sont conférés des valeurs positives ou négatives spécifiques. Le semé par exemple (fleur de lis, hermines ...) est toujours valorisant, solennel, majestueux, sacré, signe de pouvoir, attribut marial, symbole de fécondité, de souveraineté. A l'opposé, le tacheté sous-entend pustuleux, scrofuleux, bubonique, lépreux, bref, l'antichambre de la mort ...

Le rayé, c'est le passage d'un état à un autre. Le terme "varietas" désigne à la fois la tromperie, la méchanceté, la lèpre. La rayure horizontale est infamante, elle signifie servilité, pare les prostituées, les personnes en marge et même, en héraldique, elle indique la bâtardise. Parfois, la rayure indique seulement l'ambivalence, l'ambiguïté : le vêtement rayé est attribué à Caïn, Judas, et même à Joseph car croire en la conception naturelle de Jésus est une hérésie. La rayure est donc considérée comme transgression de l'ordre social. Elle distingue le maître du valet, le bourreau des victimes, les fous des sains d'esprit, les damnés des élus.

Jusqu'à l'explosion de la mode des rayures au XVIIIème siècle. Buffon réhabilite alors le zébre comme "le quadrupède le plus élégamment vêtu" ... et les 13 colonies insurgées de l'Amérique donnent le ton avec leurs "stripes". Cela devient une folie, aussi bien dans le textile, la décoration, le vêtement. Le statut visuel et culturel de la rayure se transforme radicalement pour évoquer la liberté et les idées nouvelles. La jeunesse, l'esprit sportif, le bord de mer comme la rayure horizontale des tricots de marins, la rayure devient chic.

Sauf pour de notables exceptions qui forment autant de rémanences : si aujourd'hui le banquier et le malfrat portent tous deux des costumes à rayures, ce ne sont pas du tout les mêmes. Au XIXème siècle, le costume rayé des bagnards a pour origine les colonies pénitentiaires américaines, il sera repris comme marque d'infamie pour les déportés victimes du nazisme.

La rayure joue le rôle de trompe-l'oeil, de mise en garde. Elle montre et cache à la fois, elle filtre entre interdiction et perméabilité : en signalisation routière, elle signale une barrière que l'on peut éventuellement franchir mais avec précautions.

La rayure est donc une marque culturelle, si rarement présente dans la nature (à part le tigre et le zèbre). Michel Pastoureau nous en instille toutes les différentes interprétations ... Difficile de regarder désormais une surface rayée sans y penser. Et pour moi, une explication historique de ma préférence pour les étoffes à semis comme le Liberty !

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Essai de Michel Pastoureau. Lettre P de mon Challenge ABC critiques Babelio.

Du costume des jongleurs ou des bourreaux au tristement célèbre pyjama rayé des détenus concentrationnaires, du pelage du tigre au cuir lustré du zèbre, de la marinière à la livrée domestique, des chasubles sportives à l'uniforme militaire ou sportif, de l'héraldique des blasons aux drapeaux nationaux et jusqu'au code de la route, Michel Pastoureau épluche la rayure et les tissus rayés. Il retrace l'histoire culturelle de la rayure qui "n'est pas une forme, comme le besant, l'étoile ou la rouelle, c'est une structure." (p. 29)

Du "caractère dévalorisant, péjoratif ou nettement diabolique de la rayure vestimentaire" (p. 11), l'auteur démontre comment "la rayure médiévale était cause de désordre et de transgression" avant que "la rayure moderne et contemporaine [se soit] transformée en instrument de mise en ordre." (p. 15)

La notion culturelle qui prétend que les rayures verticales agrandissent l'espace et que les rayures horizontales le tassent n'est pas tout. La rayure véhicule des traditions d'exclusion, de mise à l'écart voire de mise à l'index et de disctinction. Les porteurs de tissus rayés furent tour à tour exclus, diabolisés, puis reconnus et consacrés.

La rayure n'est jamais neutre: aujourd'hui encore elle singularise et elle frappe les esprits. Les frères Dalton et leur casaque jaune et noire, Coluche et sa salopette ou Picasso dans sa marinière sont autant de représentants divers de la rayure.

Ce court essai est très bien écrit, même si je reproche à l'auteur d'être un tantinet trop assertif voire péremptoire dans ses affirmations. Mais il défend avec conviction et documents à l'appui des idées clairement exprimées et parfois originales.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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J'aime énormément Michel Pastoureau , l'homme est passionnant à écouter ( j'ai assisté à plusieurs débats où il intervenait , par exemple à Grignan) et son travail , magnifique d'érudition maîtrisée , sur les couleurs , les symboles ou ,ici, les tissus est remarquable. Il permet une lecture intelligente et précise des tableaux anciens (par exemple) en évitant les pièges de l'anachronisme ou du délire interprétatif. Un régal.
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Un livre d'une très grande érudition et pourtant d'une lecture extrêmement aisée. On le lit en savourant le verbe gourmand de l'auteur, comme si l'on assistait à une de ses conférences.
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...Ce petit livre est intéressant mais je trouve que le propos est plus survolé que traité. J'aurais aimé avoir un peu plus d'exemples et de détails, entrer un peu plus dans le contexte pour mieux comprendre des contradictions apparentes. Certes, un livre de poche d'un grosse centaine de pages ne peut pas tout aborder, le faible nombre d'illustrations est ce qui pénalise le plus ce livre qui parle de l'image.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Pastoureau est un médiéviste français dont l'oeuvre s'intéresse particulièrement aux couleurs, aux symboles, à l'héraldique et aux emblèmes présents au Moyen Âge. Depuis longtemps, j'étais tenté par ses ouvrages. C'est par ce bref essai que je m'ouvre à son univers. J'étais curieux de découvrir cette plongée dans la symbolique médiévale des tissus rayés et l'évolution de leur perception au cours de l'histoire. Je n'aurai pas été déçu même si, plus d'une fois, l'analyse repose sur une lecture hypothétique dont l'interprétation pourrait être contestée. Il faut, je crois, accepter le risque d'une possible dérive dans la thèse avancée à moins de n'en proposer aucune et de se dire incapable de se faire une représentation du cadre emblématique du passé. Je préfère apprécier les conjectures de l'auteur qu'elles soient savantes ou même ludiques et me laisser guider par ses soins de la rayure infamante des exclus à celle hygiénique des pyjamas en passant par sa déclinaison marine, celle qui s'inscrit dans les sports, ainsi que toutes les transgressions qu'elle peut receler.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Passionnant !
Etrange comme sujet d'étude que les rayures et tissus rayés à travers l'histoire. Mais au final j'ai dévoré ce livre dans la voiture, sur la route du retour de vacances provençales, entre Aigues-Mortes où je l'ai acheté dans la boutique du château et la maison. le travail d'enquête, d'analyse, les questionnements, les non-réponses... tout ce qui constitue la démarche scientifique d'un historien est relaté d'une façon très facile d'accès et surtout c'est passionnant ! L'auteur est chercheur au Centre des Hautes Etudes en Sciences Sociales; c'est donc du sérieux !
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Drôle de titre pour un ouvrage d'art. Drôle de titre pour un ouvrage d'histoire. Ce livre est pourtant l'un et l'autre. Michel Pastoureau s'empare-là d'un sujet surprenant, les rayures et les tissus rayés. Dans notre monde où l'image se capture d'un doigt, en appuyant compulsivement sur un bouton, savons-nous encore qu'elle se construit ? L'image est devenue évidence immédiate à nos esprits contemporains, alors qu'il n'en est rien, nous avons simplement désappris, à l'investir, à la décrypter et à la lire pour y mettre ou y trouver du sens. Au Moyen-Age, l'iconographie est construite, savamment, pour délivrer un message consistant et toujours important. Au coeur de l'image, la couleur parle, la couleur dit et affirme. Non pas une humeur ou un choix, « j'aime beaucoup le rouge », « l'orange me sied peu au teint ». La couleur signifie socialement et symboliquement. Ainsi est sera-t-il aussi de la rayure. Il est d'abord nécessaire de s'accorder sur ce qu'est la rayure. Michel Pastoureau, avec érudition, précision et clarté, précise. Naissant du découpage du plan en un certain nombre de raies ou de bandes, la rayure se distingue pour l'oeil et l'esprit médiéval des raies ou des bandes se superposant sur un plan uni, pair. Quand la bichromie est équilibrée, il n'y a qu'un plan pour l'oeil médiéval. En revanche, quand le nombre de bandes est impair, il y a, pour l'homme du Moyen-Age, deux plans, la couleur dominante étant celle du fond. Impair, disruptive, clivante, la rayure est infamante, transgressive, impie, elle habille le traître Judas ou Ganelon, la prostituée, les comédiens, comme elle signera plus tard le statut du bagnard – rappelez-vous les Dalton dans Lucky Luke. Comment est-elle devenue l'uniforme du marin ? La « couleur » des bébés au maillot ou des culottes de coton des petites filles ? Michel Pastoureau suit, avec le flair du limier, l'évolution des moeurs, pour nous apprendre à voir, ce que nous ne voyons plus. Alors un zébre est-il blanc rayé de noir ou noir rayé de blanc ?
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