Citations sur Je suis ton soleil (106)
C'est bizarre de vouloir quelque chose très fort, de l'obtenir un instant infime, de découvrir que c'est encore mieux que dans tou ses rêves, et puis paf, d'en être privé la seconde suivante
La vendeuse est défraîchie, ce qui m'arrange. Ses cheveux peroxydés ressemblent à un animal endormi sur sa tête étroite (un chien de prairie). Son top moulant dévoile un décolleté plongeant et une peau creusée de ravines et maculée de tâches, le tout agrémenté de bijoux fantaisies qui balancent du 10 000 watts.
Je reste plantée comme une carotte dans son potager.
La consigne officielle est 'cinq fruits et légumes par jour'. On devrait donner la même pour les amis. Nourrissez-vous uniquement de poireaux, et c'est la carence assurée. Côtoyez toujours les mêmes gens et vous finirez le moral en charpie. Avec Jamal et Victor, j'étudie, je ris, je parle de lectures et d'auteurs que j'aime. Avec Eloïse, je glande en petite culotte, les pieds au mur, je lui raconte mes rêves, même ceux où des nounours en guimauve veulent me sacrer Reine du monde et m'offrent des sabres-lasers en bouse de vache, je danse dans sa chambre, toujours en petite culotte, et elle arrive presque à me faire croire que ma cellulite me dessine un corps de femme. Jamal et Victor d'un côté, Eloïse de l'autre, complémentaires.
(p. 232-233)
La prof arrive et, comment dire... Je suis face à un hobbit affublé de jambières rose bonbon. Frodo avec une perruque et une tenue sportive moulax.
Et vas-y que je tends la jambe, que je la fais passer sous mon aisselle et ressortir sous le menton, que j'inspire hiiiiiiiiiiiiiiiiiiin, que j'expire pfffffffffffff. Et on enchaîne : la position du héron ventripotent, le mulot crucifié, le bouc unijambiste. Oui, c'est bien, ton mollet doit entrer en fusion avec ton esprit. C'est bon pour ton karma.
J'aime ma mère, j'essaie d'adopter un visage neutre, voire encourageant, mais la vérité est simple : le yoga, ce n'est pas pour moi.
Il a bien fallu y aller et traîner mes bottes-grenouilles jusqu’à la salle 234. J’ai beau lorgner les environs, rien de transcendant à l’horizon. Un ramassis de tresses, deux appareils dentaires, des touffes hirsutes, une casquette rouge. No sex-appeal. No petit nouveau tombé du ciel, genre v’là l’homme de ma vie. Du moyen, du con-con, du fadasse à foison.
Il faut que je l'accepte.
Dans ma vie, rien ne sera jamais parfait.
- Bonjour, ma chérie, ça va ?
- Ça va, mamie, et toi ?
- Ça va , ça va...
Kant, Descartes et Hegel n'ont qu'à bien se tenir. Niveau conversation, avec ma grand-mère, ils pourraient prendre cher.
Cependant, Mygale-man n'a pas dit son dernier mot .
- Je ne sais pas quoi vous parler , mais une chose est sûre : oui , je suis son petit amie. Quand ce magnifique chien aura terminé sa besogne, nous nous mettrons nus, elle et moi, nous nous roulerons par terre et nous ferons l'amour comme des bêtes en nous barbouillant de cacas.
- Qu’est-ce qui se passe ? Elle a oublié de réviser l’histoire ?
Je me résous à faire face à mes interlocuteurs et découvre Victor embusqué derrière Jamal. On crée un bouchon dans le hall et ça ronchonne sévère.
- C’est ça qui te met dans cet état ? demande Jamal sans se départir de son calme. Tu avais oublié le DST d’histoire ?
Je cache mon visage dans mes mains.
- Vous êtes débiles ou quoi ? les agresse Éloïse. Elle vient de surprendre son père en train de rouler une pelle à une nana !
Silence éloquent.
- Et j’ai oublié de réviser l’histoire... j’avoue alors que la sonnerie retentit.