Ils ne sont pas très nombreux, les artistes qui se sont spécialisés dans la représentation d'animaux, un sujet qui me tient à coeur.
Rosa Bonheur est de ceux-là. Mais ce n'est pas la seule raison qui me pousse à l'aimer. Les femmes artistes très renommées ne sont pas légion non plus. Or,
Rosa Bonheur, non seulement a connu la gloire de son vivant, mais elle était également une femme de caractère. Bonne idée des éditions Faton, donc, de publier une bande dessinée à l'occasion du bicentenaire de sa naissance.
L'histoire commence « le 15 octobre 1889 », le jour où
Anna Klumpke arrive au château de By, la propriété de Rosa. Cette jeune femme est peintre et accompagne un admirateur américain en tant qu'interprète. Elle va rester dix ans, jusqu'à la mort de Rosa, brossera son portrait et rédigera sa biographie. Je suppose donc que c'est celle-ci qui a servi de base au scénariste. Il propose de retracer la vie de
Rosa Bonheur à travers le récit d'Anna qui recueille les confidences et les souvenirs de la peintre. J'ai trouvé ce récitatif un peu scolaire et appliqué. L'auteur reste également très évasif (pudibond?) en évoquant les relations de Rosa avec Nathalie Micas, d'abord, et
Anna Klumpke ensuite. Alors que Rosa évoque son manque d'attrait pour les hommes et a passé cinquante ans avec la première et la fin de sa vie avec la seconde.
Rosa est issue d'une famille d'artistes. Son père est lui-même peintre et professeur de dessin. On le découvre admirant le talent de sa fille, mais il a peur de la voir s'engager dans une carrière aussi hasardeuse. Pourtant, lui-même n'hésite pas à abandonner sa famille, puis à bénéficier du don de sa fille et à lui demander de signer de son nom à lui, puisqu'il n'a pas son génie.
Les pages de l'album montrent une Rosa qui, quel que soit son âge, reste sur ses positions et refuse de céder face aux revers de l'existence, aux moqueries des autres ou aux exigences paternelles.
On trouve, en fin de volume, un beau dossier dont les photos et reproductions sont de grande qualité et dans lequel on lit avec effarement que « pour pouvoir peindre plus facilement, elle obtient même un permis de travestissement délivré par la Préfecture de Paris pour porter un pantalon ». Quel changement en cent soixante ans !
Les couleurs de
Christelle Pécout sont fraîches et vives, ses portraits très ressemblants. Les toiles de
Rosa Bonheur ne sont qu'esquissées, mais on les reconnaît parfaitement. Il y a peu de décors, mais ceux qui sont choisis sont très réalistes : le château de By est magnifique et il y a, bien sûr, de nombreux animaux et une nature verte et fleurie.
Cet ouvrage m'a donné envie de visiter le musée
Rosa Bonheur. J'ai bien apprécié cette lecture.