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Citations sur La petite marchande de prose (158)

"La vie n'est pas un roman, je sais... je sais. Mais il n'y a que le romanesque pour la rendre vivable"
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La vie vaudrait-elle d’être vécue sans une bonne mise en scène ? Et l’art de la mise en scène, mesdames et messieurs, n’est-ce pas ce qui, parmi quelques milliards de détails, distingue l’homme de la bête ? Je suis censée tomber sur le cul en apprenant l’identité du prolifique J.L.B. ? Soit. Composons-nous donc le visage assoiffé de l’impatience.
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Je me demande si Flaubert aurait pondu la mère Bovary sans le couscous...
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Un écrivain anonyme, en somme, comme un alcoolique repenti. L'idée me plaît assez. Les couloirs des Editions du Talion sont encombrés de premières personnes du singulier qui n'écrivent que pour devenir des troisièmes personnes publiques. Leur plume se fane et leur encre sèche dans le temps qu'ils perdent à courir les critiques et les maquilleuses. Ils sont gendelettres dès le premier éclair du premier flash et chopent des tics à force de poser de trois quarts pour la postérité. Ceux-là n'écrivent pas pour écrire, mais pour avoir écrit - et qu'on se le dise. Alors, l'écriture anonyme de J.L.B., ma foi, et quel qu'en soit le résultat, ça me paraît honorable. Seulement voilà, le monde d'aujourd'hui est monde d'images, et toutes les études de marché disent clairement que les lecteurs de J.L.B. veulent la tête de J.L.B. Ils la veulent sur les rabats de couverture, ils la veulent sur les affiches de leur ville, dans les pages de leur hebdo et le cadre de leur télé, ils la veulent en eux, épinglée dans leur cœur. Ils veulent la tête de J.L.B., la voix de J.L.B., la signature de J.L.B., ils veulent se payer quinze heures de queue pour une dédicace de J.L.B., et qu'un petit mot tombe dans leur oreille, et qu'un sourire les conforte dans leur amour de lecteurs. Ils sont gens humbles et innombrables, Clara, Louna, Thérèse et quelques millions d'autres, non pas lecteurs précieux et avertis qui aiment à dire : "J'ai lu untel ..." mais lecteurs naïvement cubiques qui donneraient leur liquette pour pouvoir dire : "Je l'ai vu." Et s'ils ne voient pas J.L.B., s'ils ne l'entendent pas causer, si J.L.B. ne leur file pas son opinion télévisée sur la marche du monde et le destin de l'homme, alors, c'est simple, ils l'achèteront de moins en moins, et petit à petit J.L.B., pour n'avoir pas voulu devenir une image, cessera d'être une affaire, notre affaire.
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J'ai su que c'était fini aussi nettement que l'on sait, selon Bergson, l'instant où ça commence 
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Le traité de Versailles a fabriqué des Allemands brimés qui ont fabriqué des Juifs errants qui fabriquent des veuves errantes enceintes des vengeurs de demain...
(page 261 de l'édition Folio)
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il s'amène avec son sujet de conversation, comme on apporte son bifteck.
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Clara rosissante qui a mis les petits plats dans les gigantesques.
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-Mes enfants, le secret est le carburant du mythe. Tous ces messieurs de la finance qui décrivent les romans de J.L.B. se posent la même question: qui est-il? Qui donc les connaît si bien pour les décrire si juste? Cette émulation par la curiosité se répercute jusqu’aux couches du tout petit commerce et n’est pas pour rien dans notre chiffre de vente, croyez-moi!

Lequel chiffre claque, comme un étendard:

– Près de deux cents millions d’exemplaires vendus depuis 1972, Malaussène. Café?

– Volontiers.

– Gauthier, un café pour Malaussène, vous avez des pièces?

Petite cascade de pièces dans le ventre de la machine. Vapeur, glouglou, sucre en poudre.

– Malaussène, nous allons frapper un grand coup pour la sortie du prochain J.L.B.

– Un grand coup, Majesté?

– Nous allons dévoiler son identité!

Ne jamais contredire la patronne en état d’inspiration.

– Excellente idée. Et qui est-ce, J.L.B?

Un temps.

–Buvez votre café, Malaussène, le choc va être rude.

La vie vaudrait-elle d’être vécue sans une bonne mise en scène? Et l’art de la mise en scène, mesdames et messieurs, n’est-ce pas ce qui, parmi quelques milliards de détails, distingue l’homme de la bête? Je suis censé tomber sur le cul en apprenant l’identité du prolifique J.L.B.? Soit. Composons-nous donc le visage assoiffé de l’impatience. Ne pas s’ébouillanter la glotte, néanmoins. Siroter le café. Tout doux…Ils attendent sagement, autour de la table. Ils m’observent, et moi, je revois ma Clara, la pauvrette, il y a deux ou trois ans, lire en cachette un pavé de J.L.B. Alors que je tentais de l’initier à Gogol, Clara sursautant, planquant le livre, moi tout honteux de la surprendre, tout merdeux d’avoir engueulé Laurent et Louna, d’avoir joué l’intelligent, l’esprit fort…Mais lis donc ce que tu voudras, ma Clarinette, lis ce qui te tombe sous l’oeil, ne te soucie pas du grand frère, ce n’est pas à lui de faire le tri de tes plaisirs, c’est ta vie qui triera, le tamis bien serré de tes petites envies.

Voilà. Café bu.

– Alors, c’est qui, J.L.B?

Ils s’entre-regardent une dernière fois:

– C’est vous, Malaussène.
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Ecrire, c'est compter, monsieur Malaussène, avec un p comme pognon!
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