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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Beau roman sur Detroit, et les « carcasses d'une épopée industrielle où désormais le ciel et le vent s'engouffrent ».

Judith Perrignon fait des allers-retours entre la glorieuse Detroit des années 60, celle de la Motown et de l'industrie triomphante, et la shrinking city en banqueroute des années 2000. À travers les destins de plusieurs familles, elle retrace les bouleversements urbains au prisme du ghetto noir du Brewster Project qui revit sous sa plume. Nostalgique et émouvant, le roman rend toute leur dignité aux acteurs de cette épopée, aux « gens d'ici », aux fantômes de Detroit, entre espoir et colère et dessine à petites touches le portrait sensible et émouvant de cette ville meurtrie.
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La ville de Détroit, après les crises du début du 21e.
Je ne connaissais pas cette autrice et j'ai cru pendant un moment qu'elle était américaine, tellement elle connait bien l'histoire de cette ville, mais aussi les problématiques des afro-américains, des pauvres...
Le coeur de l'histoire est le Brewster Douglass Project, ensemble construit au moment au moment du New Deal pour les familles de travailleurs pauvres, afro-américaines. Ce complexe a été progressivement détruit à partir des années 90 à cause de la vétusté mais surtout de la criminalité.
L'autrice, Judith Perrignon reprend aussi de l'histoire réelle d'un jeune artiste français, mort assassiné au pied de ces tours en partie désaffectées en 2013.
On pourrait penser qu'il s'agit d'un roman policier car le personnage principal est un vieux flic. Mais l'enquête qui est résolue n'est pas l'essentiel du roman. J'aurais pu aussi rester sur le mystère de cet assassinat, cela aurait ajouté un peu plus de trouble et de noirceur à ce roman...
C'est vrai, il n'est pas très joyeux, à l'image de cette ville qui a connu son heure de gloire au temps de l'essor de l'industrie automobile, qui a été déclarée en faillite en 2013, qui a vu sa population chuter, ceux qui pouvaient partir la quittaient pour vivre mieux.
C'est la manière dont le récit est construit, avec un entrelacs des périodes, des personnages, on suit les débuts de Diana Ross née dans ces tours, on revient aux luttes des travailleurs, à l'enfance d'Ira, le policier, à la vie de sa mère, de sa grand-mère, à la place des noirs dans la société américaine, tout cela se croise avec ce présent si désespérant.
C'est un roman bien écrit, bien construit, qui m'a donné envie de mieux connaitre l'histoire de Detroit, de lire d'autres livres de cette autrice.
Une belle découverte, par hasard chez ma libraire... elle avait mis un petit commentaire laudateur et comme je pensais que c'était une autrice américaine.... je l'ai pris.
Bonne pioche !
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Texte choral très complet : Ce roman aux forts accents documentaires est une formidable immersion dans l'histoire ethno et socio de Détroit pimentée par une intrigue policière. Piquée par la curiosité, je suis sortie des lignes de Judith Perrigon et découvert sur le net des images de ce décor surréaliste mais pas que : à qui l'autrice dédicace-t-elle son texte ? Faites connaissance avec Bilal Berreni en visionnant le film d'Antoine Page "C'est assez bien d'être fou" en lien direct avec le roman. https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=278087.html
Et visitez aussi le site de Zoo Project : https://www.zoo-project.com/hommage/zoo-project/apercu-de-ses-oeuvres/
En lice pour le prix des Lecteurs du Var : je croise les doigts pour ce livre.
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Excellent !
Quand un roman mêle une enquête sur la mort d'un ado dans les ruines d'une cité désaffectée de Détroit en 2013 et l'histoire de cette ville dans les années 40, les sources de la Motown, de la musique de ces années là, dans cette époque où les droits civiques des Noirs sont à peine une question encore...
Savamment mêlées, les deux époques nourrissent l'histoire et construisent un personnage principal très attachant..

Une belle écriture et une plongée passionnante à l'origine de cette musique héritée du Blues...
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Roman lu dans le cadre du « Prix des lecteurs du Var ».

Il n'est plus vraiment nécessaire de présenter la ville de Détroit dans l'Etat du Michigan.

Des romanciers ont déjà raconté l'apogée et le déclin de cette ville. Mais Judith Perrignon a pris comme angle d'attaque l'histoire d'une cité : le Brewster Douglas Project, mettant en éclairage trois périodes.

Au milieu des années 30, elle est construite à l'initiative d'Eleanor Roosevelt alors Première Dame des Etats-Unis.

La ville connaissait à ce moment là un essor économique et il fallait loger les familles des ouvriers, principalement Afro-américains. Beaucoup venaient des Etats situés dans la Bible Belt et espéraient vivre plus libres dans le Michigan.

Dans les années 60, c'est l'essor de la Motown et de tous ses artistes, souvent issus du Brewster, qui rend la ville célèbre. Diana Ross y a grandi et a formé avec ses deux amies d'enfance le groupe Les Suprêmes.

Sans oublier bien sûr la prospérité économique des usines de voitures.

En 2013, Détroit a profondément souffert de la crise . Les usines ont fermé. le chômage et la violence ont ravagé la ville. le Brewster Douglas a été vidé de ses habitants et n'est plus qu'un lieu désert devenu terrain de jeu des gangs.

C'est là que le corps sans vie d'un jeune homme vient d'être trouvé sans aucun papier d'identité sur lui. La policière chargée de dessiner et diffuser son portrait robot, Sarah, va tout mettre en oeuvre pour retrouver qui est ce jeune homme, qui ressemble à un étudiant, et découvrir pourquoi il se trouvait là et pour quelle raison il a été assassiné.

Elle sera aidée dans son enquête par l'inspecteur Ira, issu de la communauté noire. Ce super flic est né et a grandi dans la cité du Brewster. Grâce à ses souvenirs, nous découvrons la vie quotidienne dans la cité.

J'ai beaucoup apprécié ce roman, à l'écriture puissante de Judith Perrignon que je découvrais.

» Je me dis qu'ils ont tout fait pour nous empêcher de prendre trop de place, trop d'importance. Ils ont rasé nos quartiers, nous ont obligés à nous recaser ailleurs, à laisser nos commerces derrière nous. Et après ils sont partis pour leurs banlieues chics, ils ont quitté la ville, ils nous l'ont laissée avec ses squelettes d'usines, ou plutôt ils nous ont mis en quarantaine en attendant je ne sais quoi, qu'on meure peut-être, qu'on s'entretue. Ils veulent revenir maintenant. C'est ça qu'ils veulent avec leur mise en faillite, leur manager. Ils veulent nous la reprendre. Ben, tu sais quoi ? Après tout ce temps, faut qu'ils sachent un truc. Cette ville est noire. Si noire que les écureuils aussi sont devenus noirs ! «

» le bus longe maintenant un ancien quartier blanc. Il y a de moins en moins de lumières aux fenêtres, des commerces au bord de la fermeture définitive, et plus de gamins dans les rues, ils s'en sont allés pour toujours avec leurs parents, leurs frères, leurs soeurs, dans une voiture chargée (…) Si l'on se repassait ces départs successifs en mode accéléré, on dirait qu'une tempête ou qu'une soucoupe volante menaçait de les emporter. Ils ne sont pas loin pourtant, dans des maisons neuves de la banlieue alentour où leurs familles se sont installées. Ce qu'on ne rafait pas en ville, des promoteurs le construisent à quelques miles, en laissant entendre que là-bas au moins les Blancs seront tranquilles. »
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Judith Perrignon a le talent magique de me transporter vers des sujets inattendus, les rendant passionnants à la fois humainement socialement et historiquement ! Tout est si habilement relié croisé entremêlé, un vrai petit bijou magnifiquement ciselé
Avec elle j'ai erré dans les ruines délabrées du Détroit de 2013,
j'ai été choquée par le meurtre sordide du jeune graffeur français,
j'ai admiré la ténacité d'Ira, de Sarah, de ces habitants qui encore aujourd'hui n'ont pas déserté leur ville,
mais j'ai aussi remonté le temps et arpenté le quartier noir du « Project » des années 50,
vibré avec ses habitants pour des rêves et des espoirs en dansant dans les pas des futures stars de la Motown.
Magique je vous dis !
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L'histoire : Detroit, aux Etats-Unis, a bien changé depuis l'époque où Eleanore Roosevelt inaugurait le Brewster Project, ce grand ensemble d'immeubles destinés à sortir les Noirs des ghettos. 2013, au même endroit, on a retrouvé un cadavre inconnu, et Sarah cherche qui il était. Elle a l'aide d'Ira, dont la famille vivait au Brewster. Entre retours en arrière, bonds en avant, récits passés et présents de tous temps, nous allons entrer dans la vie de ce quartier, dans la déchéance de Detroit, aussi.



Mon avis : un livre plein de vie sur l'ambiance, à échelle humaine, d'une ville en perdition. Alors que le Brewster était un rêve, un confort inespéré, pour de nombreuses familles, les luttes syndicales, la violence, l'usure, la prise de conscience que ça n'a fait que déplacer le ghetto, etc., vont le faire dériver. On parle aussi de Diane, Flo et Mary, qu'on entendait chanter dans la cage d'escalier, et qui deviendront Diana Ross et les Supremes, qui partiront en tournée avec Stevie Wonder et d'autres, tous enfants du quartier, tous sortis de ce Detroit des années où tous les rêves étaient permis. Et puis on parle d'Archie, jeune et vieux, de sa soeur Géraldine, jeune puis vieille, de leurs souvenirs. On parle aussi de Sarah, qui devient obcessionnelle pour trouver qui est celui qu'elle a surnommé Frat Boy à la morgue, ce jeune homme assassiné dans les ruines en 2013. Ira va l'aider, Ira, ce jeune policier noir pour qui être policier est une réussite, quand son oncle Archie ne voit pas les choses de la même manière... Les chapitres se succèdent, sans chronologie ni ordonnancement structuré, on s'y perd parfois dans les époques, dans les liens de parenté, dans les histoires, et ce meli-melo qui pourtant suit un fil participe comme une pensée à rendre l'ouvrage vivant, remuant, secouant.

Un très beau livre, agréable à lire, très instructif, doux aussi malgré le contexte qui ne s'y prête pas de prime abord, un peu amer aussi, et comme incrédule de cette amertume, par touches éparses.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Roman remarquable, magnifié par l'écriture de  Judith Perrignon, le lecteur y trouve un univers de bitume et de rythme and blues, un  tourbillon de vies entrecroisées, où le paradis d'hier côtoie l'enfer d'aujourd'hui.  
Un style puissant très documenté évoque la décadence de la ville de Détroit, véritable eldorado industriel , qui a vu naître tous les musiciens de la célèbre Motown.
Diana Ross, les Suprêmes, Aretha Franklin , Stevie Wonder:  vous vous en souvenez  ? " là, il y avait  de quoi faire danser l'Amérique ,peut être le monde entier, pour des siècles".
C'est  sur une tonalité nostalgique  que l' auteure  entrechoque les souvenirs, les espoirs, les désillusions des habitants de Détroit sur  plusieurs décennies. le tout pimenté par la découverte d'un jeune homme assassiné dans les décombres de la ville en 2013 et la longue enquête pour retrouver son identité.( personnage ayant existé lui aussi )
C'est justement à Detroit qu'en 1935 Eleanor Roosevelt annonce la construction d'un ensemble d'habitations et commerces  "le Brewster Project", où seront logés les ouvriers travaillant pour Ford et Chrysler, une population pauvre, surtout  Noire venant du Sud.
Dans les années 60 la ville produit autant d'usines que de groupes musicaux. Les concours de chant  fleurissent.
Vous connaîtrez Ira enfant du "Project" devenu un flic d'élite, Sarah, artiste médico-légale , Jeff son compagnon. Vous aimerez Géraldine, Archie, et toutes ces futures vedettes du showbiz des années 60/70.
Tous les espoirs étaient permis , mais  les trafics en tous genres :dealers, gangs, magouilles des promoteurs ont brisé la ville et les rêves de ses habitants bercés par trop de chansons et d'espoir. 
Tout sera démantelé pour éloigner cette population qui prenait trop d'importance. On a rasé les écoles, les commerces pour construire  une autoroute. Il n'y a plus que des "squelettes d'usines".
Pourtant la  musique de la Motown ne s'oubliera jamais ! C'était une des meilleures scènes du pays"
un roman passionnant à découvrir .
Autres citations  "La ville se noie dans ses colères et ses divisions, Detroit est en combustion lente" " une ville dépecée qui dépèce tout à son tour "
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J'ai été très touchée par ce livre, qui raconte, sur trois époques et cinq saisons (de l'été à l'été), la vie d'une famille de Detroit dans un quartier particulier, le Brewster Project, à savoir les premiers logements sociaux initiés par les Roosevelt pour les Afro-américains.
Les tours ont été détruites, mais leur souvenir persiste. Ces quartiers ont aussi vu naître des voix de la Motown, dont les Supremes, qui font également partie de l'histoire.
Il y a également une enquête sur le meurtre d'un jeune homme qui sert de fil conducteur à travers tout le roman.
Ça peut paraître compliqué comme ça, c'est foisonnant, mais la structure est absolument limpide et, quel que soit le prisme utilisé, le livre est toujours passionnant et pertinent, ce qui rend cette lecture extrêmement agréable.
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Juillet 2013. La ville de Detroit est déclarée en faillite. Un « manager » est nommé pour redresser ses finances. Il va raser des zones vétustes pour construire des immeubles chics destinés à accueillir la classe moyenne blanche exilée en banlieue. Parmi les victimes de cette gentrification, le Brewster Douglass Project dont la construction avait été inaugurée par Eleanor Roosevelt en 1935. le programme immobilier était destiné à loger des familles afro-américaines.
Dans les années 1960 où Judith Perrignon, journaliste-écrivaine, nous entraîne en flashbacks, le quartier déborde de dynamisme : musical avec, entre autres, le groupe « The Supremes », fleuron de la Motown et industriel avec le secteur automobile fournisseur
d'emplois à une main d'oeuvre pléthorique.
Cinquante ans plus tard, tout a changé : la population a fondu et la drogue, la violence, les assassinats sont le quotidien des habitants qui restent, trop pauvres pour partir ou encore attachés à ce qui devait être un paradis et qui le fut le temps de quelques années. Après avoir été le symbole de la réussite, la ville est devenue l'emblème de l'échec.
Héroïne du récit, Detroit est incarné par ses habitants parmi lesquels Ira, flic d'élite né en 1959 réputé pour ses méthodes douces. Il a grandi dans la cité entouré de sa mère, de son père et de son oncle Archie. Il y a aussi Sarah, une policière blanche chargée de croiser le fichier des disparus avec celui des cadavres non identifiés. Elle passe ses journées à la morgue, un endroit qui en dit beaucoup sur la misère humaine. Elle est obsédée par le cadavre d'un garçon qu'elle surnomme Frat Boy et que personne ne réclame.
Tous entretiennent un rapport d'amour-haine avec leur ville abandonnée, ghettoïsée mais qui bouge encore grâce à l'énergie de ceux qui l'habitent, derniers Indiens d'un territoire oublié, nostalgiques d'une époque révolue mais magnifiée et qui pourrait renaître.
Detroit, si puissament et justement évoquée par Judith Perrignon, est l'allégorie de l'échec du rêve américain et du capitalisme sauvage qui exploite l'humain et la nature mais dont la rédemption est possible. Comme un pied de nez à ceux qui l'ont rayée de la carte.
Le livre a été dédié à Bilal Berreni, street artiste français tué à Detroit en 2013. « Parce qu'il était sur notre territoire » ont expliqué ses quatre jeunes meurtriers. Glaçant...

EXTRAITS
- le point faible ici, c'est les pères.
- On dirait que la jeunesse écrase le vieux monde, ses pas de deux et ses codes raciaux, qu'elle résout tout en se trémoussant sur The Supremes.
- La ville est un immense circuit de production, elle ne répond à aucune esthétique, à aucune question, à aucun rêve humain.
- Il n'y a que des trous là où il y a eu leur vie.
- La ville a tout d'une vieille dame qui hésite entre l'effondrement et la résurrection.
- Les bulldozers ont bien travaillé. Raclé le sol, et peut-être aussi nos âmes.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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