AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 213 notes
5
24 avis
4
25 avis
3
12 avis
2
6 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans son nouveau roman, Judith Perrignon ausculte une ville et ses habitants. En reliant plusieurs moments de l'histoire commune de Detroit, la romancière capte les espoirs et les déceptions des individus et de la communauté. Elle parle autant du groupe, de ce mouvement uni qui promeut l'égalité et veut s'épanouir, que des êtres mus par une volonté intime. le groupe, ici, c'est la famille, c'est le parti politique. Par exemple, Eleanor Roosevelt, épouse du président démocrate américain, Franklin Delano Roosevelt, dont elle était aussi une parente, a un rôle marquant. Elle représente celle qui sort du groupe, de l'institution pour exprimer sa parole et défendre une opinion. Elle se détache de son rôle de femme de président pour esquisser celui d'un être déterminé à faire entendre sa vision du monde. Il y a également l'histoire d'un des premiers groupes féminins, The Supremes, qui rencontre le succès et atteint la gloire. Rapidement, une personne se détache, c'est Diana Ross. Judith Perrignon suit ces destins individuels marquants tout en notant les liens et les conséquences sur l'équilibre d'un groupe. L'union fait la force et l'individualisme bouleverse le mouvement collectif. On ne peut pas oublier les fragilités. L'autrice, par son écriture captivante et précise, écoute avec attention les aspirations. L'un des personnages de ce roman, Sarah, légiste de Detroit, tente de retrouver l'identité du corps d'un jeune homme. Cette quête intime exprime ici un besoin salvateur de réalité. Elle veut redonner un nom et par conséquent, une histoire et une humanité à des corps qu'il est facile de dissimuler. le roman déploie une sonorité enivrante, par son rythme et sa musique. Visuellement, le temps s'exprime grâce à l'organisation du roman en saison. Les couleurs changent, l'ambiance évolue et au coeur de celle-ci, nous passons d'une époque à l'autre. Nous sentons alors le regard des habitants évoluer sur leur propre ville et sur leur propre condition. Tout cela est symbolisé par cet ensemble d'immeubles, le Brewster Project, qui devait réparer des inégalités au début du XXe siècle et a fini par être détruit. Les espoirs étaient peut-être trop grands. La réalité est plus complexe, plus insaisissable et donc plus passionnante. Judith Perrignon n'éteint pas la force des êtres, celle de vouloir rétablir la vérité, d'apporter la lumière de leur conscience et de bien nommer les particularités du monde.
Lien : https://piao.fr/2021/03/la-o..
Commenter  J’apprécie          30
Pour une fois, ce n'est pas vraiment le destin d'un personnage ou d'un groupe de personnage que l'on suit.
Ici, c'est le destin d'une ville entière que l'on suit. Détroit.
La ville que tout collégien ou lycée a étudié en géographie comme étant l'exemple type de la ville en faillit et en crise après la grande période d'industrialisation. Elle fut d'ailleurs la première à se déclarer en faillite.

Personnellement, je n'avais jamais lu de livre parlant de cette ville. Et surtout pas un livre qui entre autant dans les détails, et qui à travers la ville parle du destin de ses habitants. C'est ça, en réalité, c'est à travers le destin d'une ville que l'auteure nous fait par de celui de ses habitants, et ce, sur plusieurs génération (environ quatre il me semble).

J'ai adoré ce livre, d'abord pour les sauts dans le temps entre chaque chapitre, mais aussi parce que on suit plusieurs personnages, plusieurs "familles". D'ailleurs, on peut d'un chapitre à l'autre se retrouver en présence d'un personnage, mais pas au même âge. Donc je dois avouer que une ou deux fois, j'ai dû réfléchir deux minutes pour me resituer : "alors, si lui a 6 ans, alors elle en a .... et lui il existe pas encore ...". C'est le seul bémol du roman. Au début il y a des dates au début de chaque chapitre, mais vers la fin il n'y en a plus ....

Bref. Hormis ce détail, j'ai adoré ce roman. Il tourne autour de plusieurs sujets importants, l'industrialisation (et sa chute évidemment), le racisme, la construction de tour qui deviendront des "cités", la musique (elle a une très grande place dans cette ville et donc dans ce roman), et aussi la criminalité... Tout un tas de sujets divers et variés qui permettent une immersion profonde dans cette ville, et à tout point de vue.
Le point de départ de ce livre est un homicide au "Project", d'un jeune garçon, d'un artiste vraisemblablement, cette enquête est aussi un genre de fil conducteur qui aide à nous montrer comment ce "Project" qui était révolutionnaire il y a plusieurs décennies est devenu le lieu d'atrocités pareilles.

Les personnages sont attachants, du début à la fin, et que ce soit en 1930, ou de nos jours. Sarah, Archie, Ira, Géraldine, Eleanor, Mary, Diane, Flo, Tim, Phyllis, Roselle.... Tous.

Je conseille fortement ce livre !
Commenter  J’apprécie          20
Une plongée passionnante dans un quartier de Détroit à travers le siècle dernier. Ce roman "investigation" est écrit comme un reportage, au présent, ce qui renforce la sensation d'être au plus près des personnages, attachants, comme Sarah et Ira, les investigateurs sur un meurtre et sur un passé qui sont bien plus liés qu'ils ne le pensent. Ou comment la destruction de l'âme d'une ville peut conduire des individus sans âme, ni avenir, tuer pour rien. J'aime beaucoup le style de Judith Perrignon qui m'avait déjà étonné avec son roman historique sur l'enterrement de Victor Hugo.
Commenter  J’apprécie          10
Une belle découverte, je ne connaissais pas cet auteure et le livre m'a été recommandé par une amie. On peut dire en effet Grandeur et décadence des grandes cités de l'automobile aux USA, mais vu de l'intérieur c'est totalement poignant...il y a ceux qui ont le pouvoir et l'argent et en face ceux qui en pâtissent, et c'est toujours d'actualité, c'est notre histoire de tous les jours. Je recommande.
Commenter  J’apprécie          10
« La musique, elle est à eux, c'est tout ce qui reste quand il n'y a plus rien. La musique ne blesse personne »
Le grand rêve industriel, symbole de la grande puissance américaine fait de Détroit une ville fière de ses chaînes de montage dans les années 30. Fière, certes mais un parasite reste une ombre au tableau…On a besoin de leur force de travail mais pour la belle image de cette ville, il va falloir trouver une solution, leur trouver un toit.
En 1935, Eleanor Roosevelt, au côté de Joséphine Gomon, descend du train présidentiel pour l'inauguration d'un quartier, le Brewster Project.
Il sera ce dortoir de l'usine Chrysler, ce lieu où les noirs américains seront parqués car on ne mélange pas les territoires.
En aout 2013, les travaux de démolition du Brewster Project, où ne logent plus que les aigles à tête blanche, sont lancés. Ses habitants seront relogés dans les Brewster Homes construits dans les années 90.
Ainsi le cours de leur vie ne cesse d'être délibéré…
« …il n'y a de douceur de vivre et de sécurité que dans la soumission.
Le chaos du capitalisme… »
Judith Perrignon dépeint avec minutie, sur trois générations, l'histoire de ce quartier.
Cette peinture sociale nous amène à la rencontre d'Ira, fils de Géraldine, neveu d'Archie et petit fils de Roselle. Flic et collègue de Sarah, il trouve, au détour de chez John King, deux livres. L'un d'entre eux porte sur l'histoire des Suprêmes.
Sarah, sa collègue, va enquêter sur l'identité d'une victime « Frat Boy » dont le corps a été retrouvé.
Vous l'aurez compris, de là démarre une gigantesque fresque musicale et artistique pour décrire ce quartier où ils dansaient, parler de l'abandon organisé, le fatalisme, le chômage, la pauvreté, les homicides, la délinquance, la corruption, le racisme, une communauté sacrifiée. On marche sur les traces de la Motown de Berry Gordy (Les Suprêmes, Diana Ross, Marvin Gaye, Steevie Wonder,…),de Diego Rivera et sa fresque à la gloire de l'Industrie, de Tyree Guyton, Zoo project…
Ce livre est d'une richesse incroyable et on ne peut s'empêcher de fredonner tous ces titres au fil des pages et de vouloir danser à leur côté.
Éditions Rivages
Lien : https://blogdelecturelepetit..
Commenter  J’apprécie          20
Livre dense, intense, profond et passionnant qui décrit la vie et la dérive de la ville de Détroit. Il est question ici de racisme, de pauvreté, de musique, de rejet des pauvres mais surtout ce roman nous parle d'humanité, d'espoir et de désespoir. Et à travers l'histoire de la ville de Détroit c'est l'histoire de l'Amérique qui nous est contée. Ce livre est remarquablement documentée et les personnages sont bien campés, attachants et nous accompagnent tout au long de l'histoire pour mieux comprendre ce que fut leur vie et ce qu'elle au moment où nous les rencontrons. Un livre à lire absolument !
Commenter  J’apprécie          10
Très beau livre sur la ville de Détroit et ses habitants d'hier et d'aujourd'hui.
On y croise Stevie Wonder, les Suprêmes et Diana Ross, Aretha Franklin et son père et des dizaines d'inconnus qui ont fait de Détroit cette ville industrielle, peuplée de noirs qui avaient espérés une vie meilleure loin du Mississipi.
Le fil conducteur de ce récit est la découverte d'un jeune blanc assassiné dans Brewster Douglass Project, une tour en cours de démolition voulue par madame Roosevelt pour y loger décemment les travailleurs noirs. de l'enquête menée par deux flics Sarah et Ira, on découvre le Détroit d'hier avec ses espérances, ses joies, les familles solidaires, les artistes connus aujourd'hui mais en herbe à cette époque et le Détroit d'aujourd'hui en banqueroute, en démolition où le crime est devenu légion et le remord absent.
Une belle écriture, de la poésie, du rythme font de ce roman un bel hommage à tous ceux qui ont vécu dans ce quartier aujourd'hui détruit.
Commenter  J’apprécie          92
Il est des villes qui vous fascinent, des villes entourées d'une aura aussi sombre que fascinante.
Detroit, inextricablement reliée à l'industrie automobile, connue à la fois pour sa Motown et sa faillite, Detroit est de celles-là.

Partant d'un fait réel s'étant déroulé en 2013, Judith Perrignon dresse un portrait contrasté de cette ville ayant abrité autant d'espoirs que de désillusions.

Sarah est une jeune policière qui travaille à la morgue, elle cherche à découvrir l'identité du jeune homme retrouvé mort dans les ruines du Brewster Project, par une chaude journée de juillet 2013, qu'elle a surnommé Frat Boy.
Ira est enquêteur, il remonte le cours de ses souvenirs et nous entraîne à sa suite dans l'histoire de Detroit.

Là où nous dansions raconte Eleanor Roosevelt, la naissance du Brewster Project, les Supremes et l'ombre de Mary Wilson, disparue le mois dernier, Stevie Wonder, la Motown, mais aussi Meg White, la construction d'une autoroute et par là, là destruction d'un quartier... Il raconte les habitants de Detroit, ceux qui aiment leur ville, comme ceux qui cherchent à la fuir, une tranche de vie américaine.

Rythmé par les saisons qui se suivent, ce récit est intense, vivant, à l'image de Detroit.
La plume de Judith Perrignon, travaillée et maîtrisée, nous prend par la main et nous emmène à sa suite, réhabilite cette ville malmenée.
Magnifique.

À la mémoire de Bilal Berreni
Commenter  J’apprécie          10
Judith Perrignon radiographie la ville américaine de Detroit, berceau de l'automobile où s'enchevêtrent l'histoire du label de la Motown et celle du racisme sur fond de déclin industriel. le livre débute avec la mort de Bilal Berreni, jeune graffeur français assassiné à Detroit en 2013, une mort réactivant le choc qui frappe l'auteure en découvrant la ville quelques années plus tôt pour un reportage. Un livre dur et fort qui a l'aspect d'un documentaire. Sa plume se veut d'une rare précision et excelle dans la formulation.
Commenter  J’apprécie          00
Ruine : (non féminin) Débris d'un édifice ancien ou écroulé. Débris d'une ville qui n'est plus le fantôme de ce qu'elle était. Détroit, habitée d'une âme et d'espoirs, qui se sont éteints peu à peu, pour laisser place à un simulacre de cité où le crime et la mort sévissent en maîtres incontestés.

Détroit. La ville qui a vu naître l'empire automobile d'Henry Ford, et par là même un certain essor économique. Qui a vu le célèbre peintre Rivera offrir une série de fresque sur l'industrie automobile. Qui a vu la première Dame Eleonore Roosevelt promettre envers et contre tous la réabilitaion de certain quartier de la ville, provoquant à la fois l'ire et la liesse, la grandeuer et la décadence de la ville.

Détroit. La ville qui a vu naître le célèbre label de musique Motown – contraction de Motor Town – ainsi que ses chanteurs mythiques qui lui ont permis de vivre, Diana Ross, The Suprems, Steevie Wonder. Ces enfants, ces jeunes issus du Brewster Project et qui faisaient la fierté de leurs ainés, de leur quartier, de leur ville.

Détroit. La ville qui s'est vue abandonner par ceux qui l'encensaient, qui s'est vue sombrer dans le crime et la délinquance, impuissante à se battre, impuissante à survivre face au marasme dans lequel elle a été plongée.Détroit, la ville que nous conte Judith Perrignon dans Là où nous dansions. « Detroit, 2013. Ira, flic d'élite, contemple les ruines du Brewster Douglass Project où s'est déroulée son enfance. Tant d'espoirs et de talents avaient germé entre ces murs qu'on démolit. Tout n'est plus que silence sous un ciel où planent les rapaces. Il y a quelques jours, on y a découvert un corps – un de plus. Pour trouver les coupables, on peut traverser la rue ou remonter le cours de l'Histoire. Quand a débuté le démantèlement de la ville, l'abandon de ses habitants ?«

Ira nous offre le passé de sa famille, celui de son oncle Archie, de sa mère Géraldine, de sa grand mère Roselle. de ce miroir aux alouettes qu'a été le Brewster Douglass Project, ce quartier sorti de terre dans les années 1930, promesse de jours meilleurs et d'un avenir radieux. Chimère au final que tous ces espoirs portés en vains. Ce quartier qui a vu peu à peu s'installer la pauvreté, les petits larcins et délits, et pour finir, comme irrémédiable et irrévocable le crime. Ira ou les espoirs déchus.

Sarah quant à elle nous offre la ville contemporaine, grevée de gravats et de débris. Jonchés de corps inanimés, anonymes oubliés, non réclamés par leur famille. Sans identité. Sans avenir, mais sans passé également. Sarah ou la résignation macabre.

Judith Perrignon nous offre avec Là où nous dansions une tranche de vie de Détroit, de celles de ses habitants qui l'ont vu péricliter. tomber dans le chaos, dans la banqueroute. le témoignage des ses voix du passé et du présent – Ira et Sarah – qui luttent pour ne pas perdre pied dans cette jungle urbaine gangrénée de crime, qui luttent pour que la justice puisse toujours exister. Qui luttent pour faire survivre l'espoir.

Belle lecture à vous !
Lien : https://lesjolismotsdeclem.c..
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (506) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1086 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}