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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout est centré sur un quartier maudit de Detroit, une ville à l'histoire cahoteuse, qui subit de plein fouet les soubresauts de l'histoire, de la construction médiatisée, revendiquée par Mme Roosevelt, au démantèlement sans état d'âme dans les années 60. Les prétextes sont faciles, modernisation, nécessité de créer des voies de communication, gentrification ….

En filigrane, l'histoire d'une ville martyre, victime d'une catastrophe économique, emportant dans son torrent les hommes et femmes qui y avaient un instant posé leurs valises.

Et c'est au coeur de ce terreau instable, sans cesse bousculé par les mouvements sociaux, les violences comme mode de vie, que surgissent des graines de pépites qui feront la célébrité de la fameuse Motown.

A partir d'une enquête de Sarah, médecin légiste, fil rouge du roman, les voix se croisent et alimentent l'histoire, la petite et la grande, des années 20 à nos jours, à travers les regards de la communauté ballotée au gré des décisions politiques et économiques, entre solidarité et violence, du sordide au sublime.

Histoire romancée passionnante qui met en lumière la force et la détermination de ces américains méprisés, subissant sans droit de réponse les caprices de dirigeants déconnectés de la réalité.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Detroit, grandeur et décadence

En retraçant, de sa construction à sa démolition, la vie d'un quartier de Detroit, Judith Perrignon nous offre bien davantage qu'une tranche de vie américaine. Ici, le capitalisme triomphant se double d'une violence économique, les rêves d'émancipation se heurtent au racisme.

«Peut-être que cette ville n'est plus qu'une vieille histoire, un roman américain démodé, et je suis dedans, prêt à être écrasé quand on refermera. CLAC!» Nous sommes le 8 août 2013, le jour où les autorités lancent les travaux de démolition du Brewster Project, quartier emblématique de Detroit où ne logent plus que des animaux qui ont trouvé refuge dans les ruines. Quelquefois, les aigles sont dérangés par des intrus venus leur livrer un cadavre, comme celui de ce «Frat Boy», à qui la police essaie de donner une identité. Ira a grandi là, est devenu flic, et peut aujourd'hui raconter la ville de l'automobile, sa grandeur et sa décadence, jusqu'à la bankruptcy, la faillite.
Une histoire qui commence le 9 septembre 1935, lorsque Joséphine Gomon débarque du train présidentiel avec Eleanor Roosevelt. L'épouse du président et la responsable des constructions viennent annoncer le remplacement des taudis par un ensemble d'immeubles en dur, un projet destiné à concrétiser la promesse du président d'offrir un toit à tous, peu importe la couleur de peau.
C'est là que les ouvriers des usines automobiles vont pouvoir emménager avec leurs familles, c'est là que des générations vont pouvoir rêver à un avenir meilleur. C'est aussi là que, au début des années 1960, des talents musicaux vont éclore: The Miracles, Martha and the Vandellas, The Marvelettes, Mary Wells, The Contours, Marvin Gaye, The Supremes. Tous ou presque signeront dans l'usine à tubes qu'est la Motown de Berry Gordy. Un petit prodige aveugle attend son tour, Stevie Wonder. Au comptoir d'un Coney Island Patty Smith rencontre Fred Smith... Mais c'est sans aucun doute l'histoire de Diana Ross qui symbolise au mieux le drame de Détroit. Dès que la réussite pointe le bout du nez, on renie ses origines et ses amies Florence Ballard, Betty McGlown-Travis _ avec lesquelles elle avait formé son premier groupe, The Primettes et Mary Wilson ou encore Betty Travis, on efface autant que faire ses peut ses racines.
Ira connaît mieux que personne ce vieil eldorado. Il va être le témoin de l'histoire de ce quartier, va le voir se transformer au fil des ans et se dégrader «comme dans chaque rue de cette ville pleine d'ombres et de fantômes qui s'agitent sur les trottoirs aujourd'hui défoncés du passé».
Avec sa collègue Sarah, spécialisée dans la reconnaissance des corps, il va tenter de retrouver qui est ce Frat Boy et qui sont ses assassins. Une enquête que l'on peut voir comme un symbole que Judith Perrignon, en journaliste talentueuse, a pris soin de solidement documenter. Les remerciements à la fin du roman à Ira Todd et Sarah Krebs, membres de la police de Detroit, venant confirmer son travail très minutieux qui a sans doute commencé avec la lecture d'un fait divers relatant la mort du graffeur français connu sous le nom de Zoo Project.
Roman sur les rêves et les espoirs, Là où nous dansions est d'abord le roman de la violence économique, d'un combat inégal qui, à l'image des bulldozers qui ont rasé le Brewster Project, entend faire sombrer dans l'oubli des milliers d'âmes.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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La découverte d'un jeune homme, mort dans un improbable quartier de la ville de Détroit est le fil rouge qui raconte sur plusieurs décennies cette ville qui fut l'exemple du rêve américain et sa déchéance.
En 1935 , Eleanor Roosevelt vient à Détroit et annonce la construction du Brewster Project, une ville dans la ville où seront logés les ouvriers noirs de Ford et Chrysler.C'est de là que naîtront les futures vedettes de la Motown(diana Ross, les Supremes par ex )
Le temps passe , la crise économique, la drogue, la violence, l'appétit des promoteurs, ce quartier est rasé en 2013.
J.Perrignon remonte le temps, raconte des moments de vie,les souvenirs des uns et des autres , le tout avec beaucoup d'empathie pour Détroit et ses habitants qui ont vécu une vraie descente aux enfers. La ville s'est relevée depuis, mais la violence y est endémique.
Un bien beau roman.
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«  Une arnaque . La ville ne se laisse pas résumer , elle n'offre aucune ligne d'horizon, elle est trop décousue , faite de creux hantés et de pleins inhabités .Détroit : Septembre 2013 » ..
«  On a appris à ne plus être des esclaves et on a été punis pour ça » …
Archie Afro - Américain ….
Quelques extraits significatifs …
Misères , méandres d'une vie , Détroit , espoir , grandeur et décadence , ville déclarée en faillite en 2013 : quartiers en ruines , chômage, criminalité au plus haut , elle est devenue la ville la plus dangereuse des États - Unis .
Cité en pleine déréliction , elle était pourtant dotée d'un énergie intellectuelle et créatrice …..fière et musicale ….

La découverte d'un jeune homme , un Streat Artist , en 2013, mort dans un quartier improbable de la ville de Détroit un corps de plus—— sert incontestablement de fil rouge à l'auteure , journaliste et romancière .
Elle conte d'une façon remarquable, fouillée , précise , l'histoire de cette cité , sur plusieurs décennies : elle fut autrefois , celle du rêve américain à partir de 1935 , où la première dame E. R vient et annonce la création d'un complexe , une ville dans la ville où seront logés les ouvriers noirs de Ford et Chrysler.
C'est de là que naîtront les vedettes de la Motorn et les Suprêmes : Diane , Flo et Mary, puis progressivement abandonné et détruit après que la criminalité y explosa durant les années 60 et 70..
Plus un documentaire qu'un roman , l'auteure mêle les voix , très n'ombreuses , les époques , disparates , les souvenirs des uns et des autres .
Avec infiniment d'empathie et de savoir faire , elle enquête sur cette cité américaine, nous immerge au coeur de la capitale économique du Michigan en pleine déréliction : quartiers en ruines, rongés par la corruption , la ville et sa vieille arrogance , les gangs , la grandeur et les ambitions démesurées , une ville tentaculaire , autrefois marquée , ravagée par la drogue , les cahots de l'histoire , le racisme ' la violence économique , une très longue descente aux enfers pour les habitants .
Parmi les enquêteurs , Ira , flic , né et grandi ici , se remémore l'histoire de ce quartier , marqué jusqu'à l'implosion par la pauvreté et le racisme déjà évoqué plus haut , le chômage et l'abandon de ses habitants , le démantèlement de la ville l'avidité incroyable et mortifère des promoteurs : Packard a fermé en @958 .
Même les mots d'une première dame , on les a oubliés .
La gare monumentale est fermée depuis plus de vingt ans , un bâtiment fantôme .
L'histoire triste et sombre dans les couloirs défoncés du passé .
«  Un trou où l'humanité s'est dissoute , où l'on ne tue pas pour sauver ou gagner sa vie ,mais pour rien ,par désoeuvrement .
«  Une ville où s'effritent de vieilles réclames » .
Partant d'un fait divers réel, l'auteure compose un roman choral dense sur la déliquescence d'une ville martyre , victime d'une catastrophe économique sans fin , emportant tout sur son passage .
L'émotion est là , malgré la multiplicité des personnages , des époques et des regards .
Passionnant , émouvant , riche , instructif , dense , intéressant de bout en bout grâce à un gros travail de documentation .
J'avais lu en 2015 «  Victor Hugo vient de mourir …
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Détroit est l'héroïne de ce roman choral, son ombre se découpant dans le brouillard âcre de la fumée des usines, derrière les silhouettes sombres, noires, des protagonistes. Judith Perrignon alterne présent et passé, construit l'histoire de ses personnages en racontant leur enfance, et à travers elle, la naissance, l'existence et la mort du Brewtser Project, ensemble de barres d'immeubles où presque tous ont vécu. La musique pulse en eux, oncle, mère, fille et petit-fils, amie blanche, et emmène le lecteur plus profond dans cette ville fantôme où des spectres errent encore, privés d'amour parce que de notes (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/04/23/la-ou-nous-dansions-judith-perrignon/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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DETROIT est le coeur du roman, articulé autour de la vie de plusieurs personnages sur différentes périodes de l'histoire.
DETROIT - ville capitale du Michigan, que racisme et violence ont poussé à la déconstruction.

C'est un roman dense et puissant, politico-socio-historique.
Mélancolie et nostalgie transparaissent ainsi que des messages plus forts.
C'est l'ascension et la chute d'une ville américaine. « Les hommes se sont effondrés avec la ville ».

La ville raconte son histoire, du chaos au renouveau.
Evolution, crises et déclin.
« Etrange comme une simple maison, sans même qu'il soit nécessaire d'ouvrir sa porte, laisse entrevoir deux siècles écoulés ».

Lueurs d'espoir aux rythmes de la soul music et visages d'une Amérique désenchantée, désorientée.
« Detroit a le syndrome de l'abandon ».

Ancien fleuron de l'industrie automobile initiée par Henry Ford, la ville fut le symbole de l'Art Déco, le Detroit Institute of Arts et sa fresque peinte par Diego Rivera, le berceau de la musique soul – Diana Ross et les Supremes, Marvin Gaye, Aretha Franklin, Stevie Wonder, Chuck Berry et tant d'autres, et du label Motown.
La soul music a laissé place à un autre refrain qui résonne : « Bankrupcy » ; signifie-t' il la fin ou les prémices d'un renouveau ?

De capitale de l'industrie automobile Detroit devient capitale des villes en déclin « shrinking-cities ».
« On dit souvent qu'à Detroit le bruit de l'industrie a influencé la musique ».

Fondée en 1701 par un français, boom industriel première moitié du XXème avec la fameuse visite de la First Lady Eleanor Roosevelt – construction d'ensembles immobiliers tels que l'emblématique Brewster Douglass Project, l'autoroute… puis déclin économique, fermetures d'usines – fin d'un modèle.
L'épopée industrielle et fructueuse a laissé place au vide, à la décrépitude, et au vent.

Victime de la ségrégation raciale, économique, immobilière.
Scène d'embrasement, de rébellion des hommes, de combustion, de gens désoeuvrés.

En 2013, Detroit est une ville qui a coulé sous le poids de sa dette, aggravée par un contexte économique difficile, crise des subprimes, crise financière. Engluée dans une spirale infernale d'endettement, elle se déclare en faillite.
Ville en ruines, terrains vagues, usines désaffectées, repères de squatteurs – dealers – délinquance - prostitution - espaces architecturaux éventrés. « Ghost City ».
Avec un taux de criminalité en hausse de 500%, Detroit fut l'inspiratrice de productions hollywoodiennes, tant de films avec ses « flics de Detroit », « gang de Detroit ».
« Cet après-midi encore, je me suis assis en face d'un suspect, je lui ai demandé ce qu'il faisait pour gagner sa vie. Je tue. Voilà ce qu'il m'a dit ».

Aujourd'hui DETROIT tente de se construire un nouveau destin et essaie de renaître de ses cendres telles un phoenix. Combativité et résilience de ses habitants impulsent un esprit créatif de renouveau, de modernité.

Le Pygargue à tête blanche. Emblème des USA.
« S'il a laissé un nid dans le Project, il n'y sera plus à son retour. Pauvre rapace, devenu le symbole du racisme congénital de ce pays. Il s'en fout. Son royaume, c'est le ciel ».
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Un titre à la Richard Powers qui rappelle « du temps où nous chantions » la comparaison toutefois s'arrête là, les objectifs de narration des deux auteurs ne sont pas les mêmes et c'est peut-être là, sur la question de l'objectif que pêche le livre de Judith Perrignon malgré ses qualités certaines. « Là où nous dansions » se présente comme un roman et le titre trahit bien son intention première, le personnage principal n'est ni un homme ni une femme, ni une famille, même si les uns et les autres n'en sont pas absents. C'est Détroit qui tient la vedette, ville symbole du capitalisme industriel à son apogée autour des usines métallurgiques et de l'industrie automobile. Ville magnifiquement représentée par Diego Rivera sur la fresque murale qu'il réalise dans les années 30 au sein du Detroit Institute of Art, la commande vient de la famille Ford, il l'exécute dans une parodie de l'enfer de Dante, pour suggérer l'industrie qui écrase et piétine. Une fresque gigantesque au pouvoir évocateur tellement fort que les écrivains s'en saisissent, Judith Perrignon n'est pas la première à le faire, Richard Powers, (encore lui) fait démarrer son récit devant elle dans « trois fermiers s'en vont au bal »
du martyre suggéré dans la fresque à la réalité de la catastrophe, il suffira de deux décennies. Les usines ferment, la ville décline comme toutes les villes américaines les étapes inexorables de la désindustrialisation, de la paupérisation du centre-ville jusqu'à l'exclusion de ses habitants pauvres, noirs comme ils se doit, rejetés en marge pour que les terrains ressuscitent à prix d'or sans eux. Détroit vit ce scénario jusqu'à la banqueroute, elle vit désormais sous contrôle, la vie démocratique y est exsangue. Tout est symbole dans l'histoire de Détroit, à commencer par le Brewster Project, planifié au temps du New Deal et des bons sentiments. Les bons sentiments ont toujours leur revers, les logements simples et dignes du Project n'ont-ils que l'humanisme comme étoile ? et ceux qui emménagent dans ses tours se posent déjà la question tout en acclamant Mme Roosevelt ambassadrice du projet, les deux visages de l'Amérique en somme. le propos de Judith Perrignon est tout entier centré sur cet espoir des débuts du Project et l'inexorables descente aux enfers qui accompagne son histoire. Elle met en scène la violence des hommes, née de la violence du système : « Après le chaos du capitalisme, il y a encore le capitalisme, lâche Jeff, laconique » (p322). le récit de l'auteur remonte le temps, à partir de la carcasse vide du Project en 2013 et le cadavre de ce jeune homme qui y est alors découvert, jusqu'à ses heures de gloire. La gloire est toutefois relative, s'attachant surtout à la naissance des tours, prenant forme ensuite dans la force de vie de ses habitants, sensible et vibrante dans leurs talents de musiciens, de chanteurs. Judith Perrignon fait revivre le souvenir des Suprêmes, trois filles du Project, avec elle, Stevie Wonder et bien d'autres, les studios Motown, l'espoir prenait forme en musique. Les personnages du roman sont entièrement déterminés par ce passé qu'ils portent dans leur vie et leurs souvenirs, au fil de la narration, les temps d'espoir, les temps de lutte se mêlent, l'histoire de Détroit prend forme. Récit incontestablement attachant mais qui perd de sa force par sa volonté trop démonstrative, les personnages n'ont de vie que pour faire revivre le passé, ou s'il s'agit du présent de l'attacher fortement à hier. Les personnages perdent ainsi en vérité, en profondeur, l'histoire finit par les asphyxier un peu. Malgré cette réserve, la lecture est vivante et permet d'approcher outre l'histoire de Détroit, celle des noirs américains, des luttes, des années 30 aux émeutes raciales des années 60. le lecteur ne s'ennuie pas et apprend beaucoup.
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Dans son nouveau roman Là où nous dansions, Judith Perrignon raconte l'histoire des premiers logements sociaux pour les noirs aux États-Unis à partir de la vie de ses habitants. C'est l'occasion pour elle de questionner « le rêve américain » mais aussi ses démons avec la ségrégation raciale, la violence et les conditions de travail.
Lorsque le roman commence, le Brewter Project, cet ensemble d'immeubles ayant accueilli des noirs pour la première fois dans des logements de confort, est entrain d'être démoli. Un ancien habitant, Ira, un flic couvert de succès, y a vécu et commence à raconter ses souvenirs.
Le 9 septembre 1935, Éléonore Roosevelt arrive à Détroit avec le train présidentiel pour annoncer le financement d'un plan de logements publics pour les noirs de la ville. Elle parle à une petite fille, qui sera un des personnages récurrents de ce roman.
En 2013 est retrouvé un corps dans un des immeubles avec une balle sous l'oeil. Sarah, la légiste, cherche à lui donner une identité. Mais « Frat Boy », comme elle le surnomme, va garder encore longtemps ses mystères.
Le deuxième fil de ce roman, qui en compte plusieurs, est l'histoire de la musique américaine noire à travers la maison de disques Mottow de Berry Gordy qui a puisé ses chanteurs(es) au coeur du Brewter Project. Ainsi, il y a eu les Supremes, trois filles qui s'essayèrent à la chanson. On découvrira bien plus tard que l'une aura son heure de gloire solo dans les années 60.
Par petites touches, la petite histoire dans la grande
Chaque chapitre raconte un événement historique précis en suivant une galerie de personnages ayant tous un lien avec ces immeubles.
Des années cinquante jusqu'à la décennie 2010 en passant par les années 60, c'est ainsi toute l'histoire d'une ville qui est marquée par l'idéologie « donner à chacun un emploi, une voiture et une maison ». Sauf que pour la communauté noire, plus précaire déjà, plus stigmatisée aussi et même racialisée, le rêve les a laissé sur le côté.
En prenant la ville de Détroit comme personnage à part entière, Judith Perrignon raconte la violence économique, le ravage du profit et le racisme ordinaire. Ville typiquement américaine, elle est décrite avec les autoroutes omniprésentes, l'absence de transport en commun, les barres d'immeubles usées et délabrées et les espaces de maisons individuelles immenses, sans fin, comme une toile d'araignée qui ne semble ne s'arrêter jamais !
En tant que journaliste de talent, Judith Perrignon documente son roman d'une foule de détails historiques sans jamais lasser. Son écriture est fouillée et précise pour rendre compte de la complexité du sujet mais élargir à l'universel.
Et puis, ce livre est un poignant hommage à un artiste français du street-Art, ­Bilal Berreni. Mais là je préfère ne rien en dire !
Son roman est un voyage au coeur de sujets encore brulants d'actualité mais aussi au coeur d'une poésie humaniste au style accessible, visuel mais exigeant, malgré quelques longueurs.
En racontant les quatre saisons d'une année entière à chercher l'identité de « Frat boy », un jeune retrouvé assassiné dans les immeubles mythiques de Détroit, Judith Perrignon dresse une histoire du quotidien de la communauté noire des années 50 à presque nos jours. Cette ville est un modèle de l'histoire américaine si particulière qui est passée d'un modèle économique libéral flamboyant à une faillite inédite. Et Là où nous dansions en dresse un portrait complexe et fouillé. A recommander !
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/02/24/judith-perrignon-la-ou-nous-dansions/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Biographie de Detroit par le biais de ses figures emblématiques. Résumé comme cela, ce roman peut paraître rebutant. C'est tout le contraire.
Il y a dans cette oeuvre toute la force du romanesque et la justesse du documentaire. On y entend, dans une symphonie parfaitement orchestrée, l'euphorie des années glorieuses de l'industrie automobile, la vitalité débridée des tubes musicaux de la Motown, l'espoir portés par les luttes politiques, mais aussi la violence économique, les émeutes racistes pour finir par sombrer des suites d'une banqueroute collective. Alors, l'on voit arriver de nouveaux rapaces qui tentent de dépouiller ce qui peut l'être encore.
Tour à tour poétique et joyeux, âpre et dur comme de l'acier, «Là où nous dansions » est une oeuvre accomplie qui, par le foisonnement de sa forme, rend le plus bel des hommages à son sujet.
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▶️Detroit, 2013 ; la ville est en banqueroute, gangrenée par la misère, le racisme et la violence : “Un épais brouillard était tombé sur nous, ville noire, pauvre, criminelle et corrompue”.
▶️C'est Ira, flic d'exception, qui nous raconte l'histoire de sa ville et du Brewster Project, quartier où il a grandi et qui aujourd'hui, est en cours de démolition...
▶️1935, Eleanor Roosevelt, 1ère dame des États-Unis, annonce le lancement du Brewster Project, un programme ambitieux de logements sociaux à destination des familles pauvres, noires essentiellement et travaillant pour Ford, Chrysler et l'industrie lourde - après la crise de 29, Détroit est alors en plein essor économique...
▶️1960 ; le Brewster Project devient le berceau de la culture musicale afro-américaine d'où vont éclore les étoiles de la Motown, The Supremes, Diana Ross et le tout jeune Stevie Wonder, bien d'autres encore...
▶️Mais au fil des décennies, la cité radieuse devient un ghetto - prostitution, gangs criminels, trafic de drogue : "Ils nous ont parqués là pour qu'on aille pas ailleurs, les Roosevelt. Mais dis-toi bien que quand ils te sortent d'un taudis et t'installent dans une cité toute neuve, c'est le prochain taudis, et ça ne va pas prendre longtemps!"
▶️Un roman choral, musical, historique aussi ; au travers des destins individuels des personnages principaux et des stars en devenir de la Motown, c'est d'abord le récit d'un quartier "rongé par la misère qu'il était censé éradiquer" et au delà, de toute l'histoire de Détroit, hier porteuse d'espoirs, puis dévastée par la pauvreté, la violence et la ségrégation économique et immobilière...
▶️Un récit précis, fouillé, remarquablement documenté, qui alterne les voix de personnages cabossés par la vie, certains amers , d'autres idéalistes et résiliants - tous attachants - qui croise les époques et les regards pour dire les désillusions d'une cité rêvée et déchue - un roman immersif, musical et vibrant ; passionnant - coup de coeur !..

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