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En 1653, le patriarche Nikon réforme la liturgie de l'Eglise orthodoxe. Les partisans de l'ancienne liturgie qui refusent de se soumettre à la nouvelle sont contraints à l'éloignement. En 1945, au terme de fuites incessantes contre les autorités civiles et/ou religieuses, Karl Ossipovitch (alors considéré comme déserteur) et sa famille, vieux croyants, se mettent à l'écart du monde dans la taïga sibérienne.
Plus de trente-cinq ans plus tard, des géologues trouvent par hasard cette famille. L'auteur raconte comment ils ont survécu, ainsi que la rencontre entre des êtres humains séparés par leurs rapports au temps et à la vie. Il nous fait partager ses sentiments contrastés face à ces personnes : un mélange d'admiration et d'incrédulité à l'égard de principes qu'ils s'imposent sans motifs rationnels. le journaliste ne se cantonne pas à cet aspect affectif et nous explique de manière très agréable sa compréhension de ces individus si originaux et attachants.
Un récit captivant que je lis pour la 2ème fois avec le même plaisir, et que je conseille à tous.
A découvrir : "Des nouvelles d'Agafia" (la suite).
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Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Ce qui fait la grande qualité de ce livre c'est la bienveillance de l'auteur qui ne juge jamais les Lykov, leur ultra intégrisme religieux, qui a déterminé tous leurs choix de vie et tous leurs sacrifices, est humblement respecté. Il laisse le lecteur se faire sa propre opinion. La destinée d'Agafia me touche au coeur, elle m'apparaît comme une étrange créature digne d'admiration, de pitié et de respect; et je m'interroge: quel dieu mérite un renoncement aussi total ?
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Génial !
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surprenant, excellent, comment au 20è siècle, certains vivent encore comme dans le passé.....lointain. ( Je l'ai lu il y a plusieurs années)
Mais, hélas ou tant mieux, je ne sais pas, ils se sont laissés rattraper par le présent.

De toute façon une lecture passionnante
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Vassili Peskov nous fait découvrir dans Ermites dans la taïga l'incroyable épopée d'une famille russe, les Lykov. « le fond de l'histoire était que dans les montagnes du Khakaze, sur le versant nord, impénétrable, du Saïan ocidental, des géologues avaient découvert des hommes qui vivaient depuis plus de quarante ans totalement coupés du monde. » Comment en sont-ils venus à vivre ainsi ? En quoi consistait leur vie ? Comment se nourrissaient-ils ? Autant de questions auxquelles le livre de Peskov nous donne des réponses.

Vassili Peskov était un journaliste russe pour la revue Komsomolska Pravda, ainsi qu'un présentateur d'une émission de télévision consacrée aux animaux. Prévenu de la découverte par hazard de la famille Lykov en 1978, il se rend sur place à partir de 1982. C'est le début de nombreux séjours dans la forêt, qu'il relatera dans le journal, mais aussi dans ce livre, qui eut un très grand succès. C'est également le début d'une véritable amitié, notamment avec Agafia, la dernière survivante de la famille qui vit encore aujourd'hui dans la forêt sibérienne.

Revenons tout d'abord sur les raisons qui ont poussé la famille à s'isoler. A l'origine, un schisme est né, dû à la révision de la liturgie en Russie au 17ème siècle. Une partie de ce qu'on appellera désormais les « Vieux Croyants » ira se réfugier dans des villages pour continuer à exercer leur culte. C'est le cas des ancêtres des Lykov. Plus récemment, durant les années 30, la famille finira par quitter son village avant de s'exiler définitivement en 1945 dans la forêt, sans contact humain extérieur jusqu'en 1978, date de la découverte fortuite par des géologues survolant la région en hélicoptère.

On fait donc ainsi connaissance avec le patriarche, Karp Lykov, un chef né qui dirige la famille. Son épouse est décédée en 1961, des suites d'une disette provoquée par un hiver très rigoureux. le personnage central du récit est Agafia, la fille cadette des Lykov, née en 1945. Trois des cinq enfants, une fille et deux fils, sont morts entre 1978 et 1982.

L'une des choses qui marque profondément le lecteur est l'importance de la foi, une « foi frénétique », comme la décrira Peskov, qui leur permet de supporter toutes ces conditions (mais qui est aussi à l'origine de cette vie de privations). Agafia prie 4 à 5 heures par jour et remet son destin à Dieu.

Les conditions étaient extrêmement difficiles dans cette partie du pays où la neige et le froid prédominent, où la belle saison ne dure que quelques mois.

Les Lykov ont accepté la venue des hommes ; ils avaient besoin de ce contact. Ils ont bénéficié des cadeaux : des biens de première nécessité dont ils avaient cruellement besoin, même s'ils ne voulaient accepter le pain, la viande, le poisson, le sucre…, tout aliment « de ce siècle » pour des raisons religieuses. L'auteur décrit les détails de leur vie quotidienne : cultiver son jardin (les pommes de terre sont une denrée de base), faire du feu, raccommoder des habits (l'aiguille est un véritable trésor), confectionner des sabots ou de la vaisselle à partir d'écorce de bouleau, mais aussi des aspects moins évidents comme consigner le temps (à noter que les années étaient comptées selon le calendrier byzantin d'avant Pierre le Grand).

Vassili Peskov fait preuve d'une grande bienveillance, empathie envers la famille, il se met en retrait pour nous offrir de si beaux portraits. Une histoire d'amitié se développe. Il en sera de même avec l'un des géologues, Erofei, qui n'hésitera pas à renoncer à un avancement pour rester près des Lykov et les aider ; un hiver, c'est lui qui arrivera juste à temps pour sauver la famille, presque gelée dans son isba. Les russes auront l'occasion de suivre les récits sur la famille et des dons s'organiseront pour les aider.

Le personnage central d'Agafia est très attachant. Elle est d'une grande curiosité, possède un vrai sens de l'humour. A l'instar des autres membres de la famille, c'est une force de la nature, comme l'atteste cet extrait, où elle fera plus de 30 allers-retours (20 km au total à chaque fois) à pied dans la forêt de leur ancienne à leur nouvelle isba.

N'ayant pas reçu la bénédiction de son père pour quitter la forêt et retourner parmi la civilisation, elle y restera seule, mais entreprendra plusieurs voyages (en train, en hélicoptère, en avion !) pour rendre visite à des membres de sa famille.

A noter qu'une suite de ce livre, parue en 2009, existe dans la même collection. Elle s'intitule « Des nouvelles d'Agafia ».

Au final, je vous conseille sans hésiter la lecture de ce très beau livre !

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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Entre récit ethnographique et biographie, voici une famille découverte en 1978, qui du fait de l'histoire (religieuse essentiellement) s'est "exilée" dans un coin perdu de la taïga, générations après générations. Loin de l'histoire de l'humanité, elle vit comme au 18ème siècle. le contact avec des géologues les enrichira mais ne les détournera pas de leur destin.
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La vie surprenante d'une famille de vieux-croyants, les Lykov, vivant complètement coupée du monde dans la taïga sibérienne. Elle fut découverte par des géologues par hasard alors qu'ils établissaient une base non loin de là. L'histoire de cette famille, rapportée par le journaliste Vassili Peskov, est par certains côtés un documentaire captivant qui nous apprend l'existence de personnes dans des conditions de vie totalement improbables. On apprend pourquoi certains vieux-croyants se sont retrouvés dans cette situation, «loin du siècle» selon leurs termes, et comment ils acceptent leur sort comment celui voulu par Dieu.
J'ai découvert, étonnée, leur maison, leurs prières, leurs ustensiles, leurs plantations, leur vision du monde… Quelques photos permettent de se faire une idée de leur manière de vivre. On suit l'évolution de ces personnes avec l'arrivée des géologues qui vont leur apporter un peu de civilisation. du moins, la part qu'ils acceptent, celle qui leur est « autorisée ». Je suis restée happée par leur histoire, essayant parfois d'imaginer certaines situations… A lire absolument.
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Ce reportage nous conduit dans un monde qu'on a du mal a imaginer, celui d'une famille de « vieux croyants » qui debut des annees 40 a decide de vivre dans l'isolement total dans une isba accrochee a pres de 2000m d'altitude. A quelques kilometres de l'impetueux fleuve « Abakan », a plus de 200km de la ville la plus proche, avec pour seule compagnie des ours, des loups et la nature hostile mais nourriciere. Cette famille de 6 personnes (plusieurs des 4 enfants sont nes au debut de cette retraite) a vecu pres de 40 ans recluse dans cet ermitage loin du monde et de la civilisation pour des raisons theologiques. Leur integrisme religieux est tel qu'ils refusent tout ce que l'homme a invente depuis le pratriarche Nikon en 1653.Leur quotidien est fait de prieres, de cueillettes, de culture et de travail pour assurer leur subsistance.

C'est vers 1945 que l'administration russe a perdu la trace de cette famille (les « Lykov ») et c'est seulement en 1977 que des geologues en prospections decouvrent lors d'un vol en helicoptere qu'il y a dans cette region reculee de la taiga, une isba apparement habitee mais absente de toute carte. C'est suite a cette decuverte et a la vistite des geologues que les Lykov retrouvent le contact avec la civilisation dont ils se sont isoles tant d'annees. Pour certains des enfants, c'est la premiere rencontre avec des humains qui ne soient pas de leur famille. Autant dire que le choc est grand. le recit de Vassili Peskov commence quelques annees plus tard (1982) quand il a pour la premiere fois vent de cette histoire et qu'il effectue une visite dans cette famille (malheureusement, a ce moment seuls le pere, Karp, et l'une des filles, Agafia, sont encore vivants). Ensuite chaque annee, Vassili vient visiter les Lykov et c'est chacune de ses visites qu'il retrace dans ce livre. Un recit simple, sans voyeurisme. Un texte qui rend compte avec respect de la curiosite mutuelle des ermites avec les « gens du siecles ». Un temoignage qui rend compte aussi de l'affection portee a ces gens hors du communs conduits a une vie extreme par leur foi (surtout celle du pere de famille) … foi qui a aussi conduit a leur survie.

J'ai donc beaucoup aime ce livre globalement tres interessant. Parfois quelques longueurs ou repetitions (Pesskov est journaliste et a repris des textes qu'il avait originellement publies dans son journal) mais un recit neanmoins assez prenant: un depaysement total, et une grande humanite dans ces personnages attachant et leur entourage.
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Ce récit fait figure de documentaire accompagné de cartes et de photographies, son histoire n'en est pas moins des plus extraordinaires..
Le plus frappant dans ce récit a été pour moi la vie quotidienne de la famille Lykov hors de toute progression technologique; leur rencontre avec les autres hommes, ce qui, pour deux membres de la famille était une première. Cette rencontre devint pour les géologues (premier à découvrir leur isba) l'équivalent d'un voyage temporelle dans l'ancienne Russie. Les Lykov lisent de l'ancien russe, n'ont jamais gouté de lait et encore moins vu de vache, ne savent rien de la seconde guerre mondiale qu'ils ont traversée loin de tout. Leur condition de vie est très pauvre, on meurt pour si peu dans la taïga, victimes des caprices d'une nature souvent hostile mais pourtant très prolifique. Une histoire qui a pris beaucoup d'ampleur en Russie et qui a d'ailleurs permis à la dernière représentante des Lykov: Agafia, de survivre.
Lien : http://ranatoad.blogspot.com
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Voici un récit qui m ' a vraiment passionnée ! le journaliste russe Vassili PESKOV a relaté la " découverte" en 1978 par des géologues effectuant des relevés au fin fond de la Sibérie, d' une famille de vieux croyants orthodoxes réfugiés depuis 1938 dans la solitude de la taïga. Ce récit " Ermites dans la taïga " est paru en 1992. La description de l' existence de cette famille russe et de leur manière de subsister dans un dénuement héroïque force l ' admiration, avant comme après que les détails de cette vie de tous les dangers dans les bois, entre bêtes sauvages, froid sibérien ,et manque de tout ont été révélés à la population russe . La dernière survivante de la famille, Agafia, est incroyable- comme ses parents, ses frères et sa soeur - de bravoure et de détermination. Les vieux croyants orthodoxes ont subi au 17ème siècle la répression du tsar, puis dans les annees 1920- 1930, la persécution bolchevique, ce qui a conduit nombre des leurs à s ' exiler dans les profondeurs du pays.Il y a encore en Rusie environ 1 million de personnes de cette religion.Le récit de Peskov est d ' une bienveillance incroyable.Il a su publier cette histoire tout en préservant la dignité et l' indépendance de la famille et de leurs croyances C ' est totalement respectueux, passionné et attachant.Un trés grand documentaire humain.Ce livre a une suite : "Des nouvelles d' Agafia" que je vais me procurer.Les deux livres sont en poche chez Actes Sud. Une magnifique découverte !
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