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Citations sur Poésies d'Alvaro de Campos - Le Gardeur de troupeau, au.. (158)

Nous avons tous deux vies :
la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard ;
la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres,
qui est la pratique, l'utile,
celle où l'on finit par nous mettre au cercueil.
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LE GARDEUR DE TROUPEAUX

XIX

Le clair de lune, lorsqu'il frappe le gazon,
je ne sais ce qu'il me rappelle...
Il me rappelle la voix de la vieille servante
qui me disait des contes de fées.
Et comment Notre-Dame en robe de mendiante
allait la nuit sur les chemins
au secours des enfants maltraités.

Si je ne puis plus croire que tout cela soit vrai,
pourquoi le clair de lune frappe-t-il le gazon ?
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Comme un énorme bourbouillis de flamme
le soleil couchant s'attarde dans les nues figées.
Il vient de loin un vague sifflement dans le soir très calme.
Ce doit être celui d'un train au loin.

En ce moment il me vient une vague mélancolie
et un vague désir paisible
qui paraît et disparaît.

Parfois aussi, au fil des ruisseaux,
il se forme sur l'eau des bulles
qui naissent et se défont -
et elles n'ont d'autre sens
que d'être des bulles d'eau
qui naissent et se défont.
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Poèmes désassemblés II / H
  
  
  
  
Lorsque l’herbe poussera au-dessus de ma tombe,
que ce soit là le signal pour qu’on m’oublie tout à fait.
La Nature jamais ne se souvient, et c’est par là qu’elle est belle.
Et si l’on éprouve le besoin maladif d’« interpréter » l’herbe
   verte sur ma tombe,
qu’on dise que je continue à verdoyer et à être naturel.

J’accepte les destinées de la vie parce qu’elles sont le destin,
comme j’accepte le froid excessif au plus fort de l’hiver –
calmement, sans me plaindre, en homme qui accepte purement
   et simplement
et qui trouve sa joie dans le fait d’accepter –
dans le fait sublimement scientifique et difficile d’accepter le
   naturel inévitable.



/ Traduit du portugais par Armand Guibert
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Poèmes désassemblés II / D
  
  
  
  
Lorsque viendra le printemps,
si je suis déjà mort,
les fleurs fleuriront de la même manière
et les arbres ne seront pas moins verts qu’au printemps passé.
La réalité n’a pas besoin de moi.

J’éprouve une joie énorme
à la pensée que ma mort n’a aucune importance.

Si je savais que demain je dois mourir
et que le printemps est pour après-demain,
je serais content de ce qu’il soit pour après-demain.
Si c’est là son temps quand viendrait-il sinon en son temps ?
J’aime que tout soit réel et que tout soit précis ;
et je l’aime parce qu’il en serait ainsi, même si je ne l’aimais pas.
C’est pourquoi, si je meurs sur-le-champ, je meurs content,
parce que tout est réel et tout est précis.

On peut, si l’on veut, prier en latin sur mon cercueil.
On peut, si l’on veut, danser et chanter tout autour
Je n’ai pas de préférence pour un temps où je pourrai plus avoir
   de préférences.
Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est.



/ Traduit du portugais par Armand Guibert
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Poèmes désassemblés (I)



extrait 6

Nuit de la Saint-Jean par-delà le mur de mon jardin.
De ce côté-ci, moi sans nuit de la Saint-Jean –
parce qu’il n’est de Saint-Jean que là où on le fête.
Pour moi il y a l’ombre d’un feu de bûcher dans la nuit,
un bruit d’éclat de rires, le choc sourd des sauts qui
retombent.
Et le cri accidentel de quelqu’un qui ne sait pas que j’existe.



Traduit du portugais par Armand Guibert
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Un jour de pluie est aussi beau qu un jour de soleil,
ils existent tous deux, chacun à sa façon.
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Le Gardeur de troupeau IV


Ah, comme les plus simples des hommes
sont malades et stupides et confus
auprès de la claire simplicité
et de la toute saine existence
des arbres et des plantes !

p.44

Fernando PESSOA est né le 13/06/1888


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On peut, si l’on veut, prier en latin sur mon cercueil.
On peut, si l’on veut, danser et chanter tout autour.
Je n’ai pas de préférences pour un temps où je ne pourrai plus avoir de préférences.
Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est.
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Poésies d'Alvaro de campos
4 octobre 1930

Je n'ai pas pris de billet pour la vie,
j'ai raté la porte du sentiment,
il n'y a eu envie ou occasion que je n'aie manquée,
il me reste aujourd'hui, à la veille du voyage,
la valise ouverte dans l'attente des rangements toujours différés,
assis sur la chaise en compagnie des chemises qui ne tiennent pas à l'intérieur,
il ne me reste aujourd'hui (à part la gêne d'être assis de la sorte)
que de savoir cela :
grands sont les déserts, et tout est désert.
Grande est la vie, et il ne vaut pas la peine que la vie soit.

J'allume ma cigarette pour ajourner le voyage,
pour ajourner tous les voyages,
pour ajourner l'univers entier.

Repasse demain réalité !
Assez pour aujourd'hui, braves gens !
Ajourne- toi, présent absolu !
Mieux vaut n'être pas que d'être ainsi.

p.221-222
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