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sur 288 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a peu, je découvrais Laurent Petitmangin avec son premier roman, Ce qu'il faut de nuit, qui m'avait beaucoup touchée. J'avais beaucoup aimé sa plume à la fois poétique, sensible et réaliste. J'avais donc très envie de continuer à le lire, et quoi de mieux que ce nouveau roman pour le faire. C'est le titre et le résumé qui m'ont tout de suite attirée. le résumé présage une histoire plutôt postapocalyptique, et avec ce que l'on vit en ce moment au niveau écologie, j'avais envie de voir comment l'auteur allait traiter le sujet. 

Ce roman se passe quelque part en France à une certaine date, tout est flou de ce coté là, et c'est plutôt pas mal pensé, chaque lecteur peut imaginer un lieu qu'il connaît ou pas. On sait juste dans les descriptions faites par l'auteur qu'il y a des forêts, des montagnes. C'était un endroit tranquille avec ses petites villes, ses villages, ses petits commerces, sauf qu'il y avait une centrale nucléaire aussi. Tout était paisible jusqu'au jour où il y a eu un accident à cette centrale, on ne sait pas quoi exactement, juste que c'est assez grave pour évacuer la zone à cause des radiations. Seul un groupe de jeunes, 2 couples et un garçon célibataire ont décidé de rester là. Sarah et Fred ne veulent pas quitter la terre où est enterrée leur petite Vic, donc ils sont restés avec Lorna et Marc et avec Alessandro. La zone est sous surveillance de drones, ils ont assez de vivres pour trois années, après, ils ne savent pas. Mais ils n'y pensent pas et vivent au jour le jour. Leur amitié est leur ciment, ils sortent en combinaison et protection, mais ça ne les empêche pas d'essayer de mener une vie "normale". Jusqu'au jour, où, un évènement inattendu va venir remettre tout en question.

Je ne dirais pas quel est cet événement même s'il vous est révélé dans le résumé. J'aurais aimé ne pas le savoir, même si je m'en doutais un peu au fil des pages. Je me suis très vite attachée aux personnages et je suis très vite rentrée dans l'histoire qui est très immersive. Il y a une double narration, le roman est divisé en quatre parties, chacune d'elles alterne entre Fred et Sarah comme narrateurs. J'ai bien aimé cette construction car elle m'a permis d'avoir plusieurs opinions sur la situation. On commence avec Fred, qui raconte tout ce qu'il s'est passé, comment ils ont survécu, comment ils vivent, il raconte l'arrivée aussi d'autres personnes étrangères qui vont habiter un peu plus loin. Il nous parle aussi des autres, de ses amis, de leurs relations. Chacun a un rôle dans la communauté, Marc est plutôt le réparateur, Sarah est l'infirmière, elle était sage-femme avant, Lorna est celle qui s'occupe des jardins et des plantations. Ils communiquent très rarement avec l'extérieur, sauf lorsqu'il faut évacuer un blessé ou un malade, mais ils savent que ceux qui sortent ne reviennent jamais. Peut-être aurais-je aimé aussi avoir des chapitres où c'est Marc et Lorna qui parlent et nous donnent leur ressenti, car ils ont des rôles importants aussi. 

Psychologiquement, ils sont tous très marqués par les évènements. Ils essaient de faire comme si tout était normal, mais au fond d'eux, ils savent que leur situation ne peut pas durer. Des liens différents se nouent entre eux, pouvant créer des jalousies. Mais j'ai trouvé qu'ils s'en sortaient plutôt bien, ils ont l'intelligence de toujours relativiser. L'évènement inattendu va les perturber et leur faire demander s'ils ne se trompent pas, s'ils ne devraient pas partir. Il va tout transformer. Et ça se comprend. Même s'ils essaient de vivre comme avant, ils ont ce sentiment d'urgence qui les domine, ils savent que leur situation ne pourra pas durer éternellement, ils ont comme une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Ils en sont conscients mais veulent garder tout de même une part d'insouciance. Cette urgence de vivre va les bouffer de l'intérieur, leur faire faire des choses qu'ils n'auraient pas fait avant. Ils ont beaucoup d'empathie les uns pour les autres, mais plus les difficultés arrivent et plus ils se rendent compte qu'il faut aussi qu'ils pensent à eux. 

La psychologie des personnages est très bien travaillée par l'auteur. Bien souvent, je me suis demandé pourquoi ils s'obstinaient à rester sur ces terres animales, alors qu'ils auraient pu vivre à l'extérieur. Je comprends la volonté du couple Fred et Sarah de rester parce qu'ils ne veulent pas quitter cette terre où est enterrée leur petite fille. Par contre, ce fait de rester a créé une profonde solidarité entre les personnes, c'est un lien très fort qui se tisse entre eux. Leur unité est pour eux la chose la plus importante. Ensemble, ils se sentent plus forts, prêts à braver le danger, l'interdit. Cette union peut cependant être mise à rude épreuve lorsque ce petit grain de sable vient enrayer la machine qu'ils pensaient parfaitement huilée. Là, l'individualisme reprend le dessus, le désir de protection aussi, et alors chacun se pose la question ultime, pourquoi rester ici ? C'est comme s'ils se réveillaient tous d'un rêve, et qu'ils se rendaient compte de là où ils sont, et de l'avenir qu'ils vont avoir. Cet événement les replonge très abruptement dans la réalité. 

J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur a travaillé son sujet, ses personnages, son thème. Il l'a fait avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, et en même temps avec beaucoup de franchise et de réalisme. J'ai vraiment eu l'impression que ces jeunes existaient. Et c'est vrai qu'on n'est pas à l'abri d'une catastrophe telle que le livre, et je me dis que les personnages s'en sont encore bien sortis, ils sont encore vivants, même si leur terre est ravagée, même s'ils ne peuvent rien y faire pousser. L'auteur a vraiment été très pointu dans ses descriptions, sans jamais apporter de lourdeurs au texte, j'ai parfaitement réussi à visualiser chaque endroit, chaque personnage. Bien qu'on n'ait jamais vécu cette situation, l'auteur arrive à très bien dépeindre une réalité qui pourrait exister. Et c'en est bluffant. Comme c'est une narration, l'utilisation de la première personne fait se sentir le lecteur au plus près des personnages. J'ai très bien réussi à me mettre dans la peau de Fred ou de Sarah et vivre à travers eux leurs situations. D'ailleurs l'auteur a aussi parfaitement su se mettre dans la peau d'un homme et ensuite d'une femme, il a changé son style, sa sensibilité, et je trouve ça toujours épatant. 

Le style de l'auteur est toujours aussi bon, totalement immersif. Il y a des livres de 250 pages que je lis lentement, par contre celui-ci, je l'ai lu sur un après-midi. Je suis rentrée dedans dès les premiers mots, et je n'ai pas réussi à le quitter avant la fin, très belle d'ailleurs, porteuse d'espoir et de lumière. Car tout n'est pas sombre dans ce livre, l'amitié entre les personnages, l'amour, l'espoir, la solidarité, l'empathie apportent au tout un éclat lumineux. J'ai beaucoup aimé être ainsi emportée par ma lecture, à oublier tout ce qui se passe autour de moi. C'est une histoire très forte, pleine de messages et de valeurs importants. Il règne une sorte de suspense, à chaque page, je me demandais ce qui allait arriver aux personnages, et ça m'a tenue en haleine tout le long. Ce final est très beau d'ailleurs, à la hauteur du reste du livre. 

Je ne peux que vous conseiller ce roman, pour tout ce qu'il véhicule sur la vie. Ne lisez pas le résumé, laissez vous surprendre, car l'événement relaté n'arrive qu'au milieu du livre. Bon, je l'ai fait, et ça ne m'a pas empêchée de me régaler. C'est le troisième roman qu'écrit Laurent Petitmangin, c'est le second que je lis de lui, je le lirai à nouveau, car j'aime la façon dont il m'emmène à chaque fois dans son histoire. C'est une sensation de lecture qui est très marquante. Je ne manquerai pas de lui dire lorsque je le rencontrerai au salon Du Livre dans la Boucle à Besançon, j'ai très hâte de parler avec lui de ses personnages et de son histoire, j'aimerais en apprendre plus sur sa genèse. 
Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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C'est toujours un plaisir de retrouver Laurent Petitmangin et son style reconnaissable immédiatement. Epuré, sans fioritures, élégant. Et ses personnages humains, terriblement humains, douloureusement humains. Parce qu'il est question ici de douleurs. Celle d'un couple, celle d'une vallée, celle d'un monde. Mais il est aussi question d'amour. dans un couple, entre amis et pour un monde.

Il y a eu un accident. Fukushima fois 10, disent-ils. Une vallée effroyablement contaminée, à haute dose. Alors, population évacuée, en attendant. En attendant quoi ? Un improbable retour. Dans un millier d'années.... Sauf qu'ils sont quelques uns, irréductibles, à avoir refusé. A s'accrocher à leur terre, celle sous laquelle repose Vic, la fille de Fred et Sarah. Et puis, il y a Marc le charpentier et sa compagne Lorna l'aristo en rupture de ban, et les Ouzbeks (oui, vous avez bien lu), et quelques vieux, et un docteur très très âgé. Ils sont là, ils savent qu'ils vont le payer de leur vie, plus tard, pas si tard mais ils ne s'en occupent pas. Parce qu'autour d'eux la vie foisonne. La nature s'en fout de Fukushima, de la radioactivité. La terre est animale, elle regorge de bêtes et de végétation depuis que les hommes sont partis. Et les humains qui restent sont parqués, surveillés, empêchés de fuir maintenant. S'il y a un départ un jour, ce sera à leurs conditions, ceux de l'extérieur, et sans retour. Alors Fred et Sarah racontent leur vie avec Alessandro et les autres. Et puis, au milieu de leurs certitudes (?) arrive l'inattendu. Une naissance. L'équilibre est rompu.

Laurent Petitmangin explore alternativement l'esprit de Fred et de Sarah qui racontent tour à tour, qui se racontent, qui racontent les autres, leur étrange relation à 4... et Sarah qui "pète un plomb"... et la mort jamais loin... et Vic... et Adèle...

Parabole sur notre monde, un avenir possible. Fable sur la vie qui triomphe toujours, sur la Terre qui nous ignore et qui vit mieux sans nous. Et l'amour, celui qui fait tolérer l'intolérable, celui qui tue et celui qui sauve. Il y a beaucoup plus de choses qu'on ne croit à la première lecture de ce texte qui va désarçonner certains. J'ai relu des passages et vu des choses que je n'avais pas comprises la première fois dans ce roman épuré aux chapitres courts. On n'est ni dans de la science-fiction ni même dans une uchronie, mais dans un futur possible dès demain. Gérer les stocks, survivre, en sachant qu'on va le payer. Partir ? Rester ? Et la vie, animale dans le sens premier du terme, brute, viscérale. Anima, l'âme en latin. Celle de la Nature et de la Terre qui nous survivra... qu'on la protège où non, qu'on la veille ou qu'elle nous chasse...

Laurent Petitmangin pose aussi la question de l'amour maternel mais aussi celui d'un père, de la douleur de la perte d'un enfant. Condamner un nouveau-né ou lui offrir le monde ? Mourir avec lui ou le sauver en se sauvant soi-même ? le choix sera douloureux...
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com
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Les Terres animales, ce sont des terres que l'on a blessées jusqu'à ce qu'elles tuent en retour.
Je m'imagine dans un an, dans cinq ans, dans mon village entre deux rivières, vivre l'apocalypse banalisée tchernobylienne. J'imagine les injonctions gouvernementales à m'arracher de la maison où mes enfants ont ri, à mes murs garnis de livres, aux tournesols qui longent le chemin au fond de mon jardin, est-ce que je partirais ?
Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred ont choisi de rester entre leurs montagnes.
Malgré les radiations.
Malgré le poison dans l'eau. Dans le sol nourricier.
Ils ont choisi d'être ensemble pour un temps défini, déterminés dans leur fatalisme. Laurent Petitmangin les observe, caressant les liens humains précieux, l'amitié, le partage. Il les écrit si bien. Mais quand l'enfant arrivera, quid de la nature propre à chacun dans ce huis-clos hostile ?
L'auteur nous propose une réflexion sensible dans un récit plein d'humanité, il a le talent des mots qui nous prennent par la main dès les premières lignes pour entrer dans son univers, quel qu'il soit, et c'est délicieux.
Lien : http://www.aupouvoirdesmots...
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D'abord merci aux éditions de "La manufacture de livres" pour l'envoi de ce troisième roman de Laurent Petitmangin, à paraitre le 24 août.
L'auteur de : "Ce qu'il faut de nuit", une lecture remarquable, de celle qu'on n'oublie pas.
Dans cette nouvelle fiction : "Les terres animales", on retrouve encore une fois une écriture limpide, fluide, faite des petits riens de la vie de l'humanité.
Après une catastrophe nucléaire, la population est évacuée pour fuir des terres irradiées, mortes et polluées pour un long temps incertain.
Cinq personnages inséparables, Fred, Sarah, Marc, Lorna et Alessandro, une communauté qui décide de rester sur un lopin de terre, avec des protocoles sanitaires de survie dans une zone contaminée au coeur d'une nature qui contrairement aux organismes humains, résiste et est toujours belle, forte, verte, renaissante malgré l'empoisonnement, la maltraitance et
la bêtise des hommes qui ont merdé.
Lecture uppercut.
Une aventure humaine, un avenir qui nous pend au nez, on peut même dire que c'est du concret.....futur.
On peut se rappeler, avec recul et ironie, les premiers livres de "Science-fiction" si décriés à l'époque, ceux de P.K.Dick, de R.Matheson, de Barjavel, la liste est longue, je pense aussi au roman de Robert Merle, "Malevil" paru en 1972 et qui relate un cataclysme nucléaire.
Ces romans, on les lisait pour s'évader vers d'autres mondes, d'autres horizons, très loin de nos préoccupations de l'époque.
"Les terres animales" m'a remis en mémoire ces lectures d'un autre temps.
L.Petitmangin ne donne aucune leçon ni solution.
En le lisant, on est sous tension, accompagné par des personnages solidaires, attachants, des hommes et des femmes accessibles et crédibles comme dans toute les lectures qu'on ne peut lâcher.






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Un roman poignant, percutant, qui interpelle sur une anticipation pourtant déjà à nos portes, qui peut nous sauter au visage n'importe quand.
Des personnages si humains, avec leurs forces, leur résilience, leur déni, leurs faiblesses. Certains comportements peuvent être dérangeants mais l'empathie est là car, au bout du compte, persiste cette question à chaque page : et moi... que ferais-je à leur place ? Un énorme coup de coeur.
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Récit écrit avec de la légèreté et des sentiments propres à leur temps comme des bouffé d oxygène. On suit la narration de deux personnage du roman qui n est pas écrit par chapitre je trouve ça intéressant car cela nous donne envie de continuer l histoire sans être arrêté par les page où seul le numéro du chapitre est présent, le livre se lit très bien, que du bonheur dans l écriture et l inventivité. Merci à Laurent Petimangin
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Fiction, dystopie… dans les terres animalesLaurent Petitmangin imagine une explosion de centrale nucléaire en France, une zone proche de l'accident évacuée et un groupe d'irréductibles qui refuse de quitter la zone.
A travers le récit croisé d'un couple qui fait partie de ces résistants nous suivons les réflexes, la mise en place d'une routine dans cette vie en sursis, les relations qui évoluent entre les protagonistes , les questions sur la valeur de cette vie et cette décision de rester ici.
Sans dévoiler les péripéties du roman on peut dire que Laurent Petitmangin excelle dans son écriture resserrée, concise et tellement puissante.
On sort de ce roman essoufflé, questionné, essoré,
C'est superbe.
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Contrairement au précédent titre de Laurent Petitmangin, Les terres animales peut aisément se lire d'une traite, tant il est à la fois poignant et accessible.
Si de plus en plus de romans décrivent une survie post catastrophe - et comment pourrait-il en être autrement ? - celui-ci évite la dystopie vue et revue, et l'aspect trop matériel des choses (le pillage de maison, par exemple, est à peine évoqué). Non, ici, les vivres, le logement, même l'eau courante ne manquent pas, ce qui permet de se focaliser sur les liens entre les personnages. Et sur la radioactivité, évidemment.
Le tout est terriblement crédible, la zone évacuée, puis fermée, seulement survolée par des drones. Et cette poignée d'hommes et de femmes que rien ne saura arracher à cette terre... jusqu'à l'événement qui chamboule leur bel équilibre.
Un livre plein d'humanité et de résilience.
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Voilà longtemps que je n'avais pas dévoré un livre avec autant d'appétence.
L'explosion d'une centrale nucléaire,la plupart ont fui, quelques uns restent....Parmi eux,cinq amis. Alessandro et deux couples. Une histoire de survie après la grande catastrophe mais surtout une histoire d'amour et d'amitié. Une écriture délicate,de belles descriptions de la nature. Un livre à lire, sans attendre
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