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Quel bonheur de se laisser encore une fois emporter par la douce folie de cet auteur dont j'ai déjà apprécié "Soixante-neuf tiroirs", dont tout amoureux des livres ne peut que sortir enthousiaste, et "Le siège de l'église Saint-Sauveur" qui permet lui-aussi de s'envoler entre rêve et réalité sur fond historique.
Cet "Atlas des reflets célestes" est paru en 1993 et l'on y retrouve tous les ingrédients qui ont présidé à la naissance des deux suivants.
Goran Petrovic est un auteur qui vous emporte dans un tourbillon de trouvailles, qui ranime l'imagination et l'émerveillement de l'enfance.
Avec lui tout est possible, le quotidien devient extraordinaire, il fait entrer son lecteur en lévitation.

"De toutes parts, le Faubourg était emmitouflé dans la neige.Les flocons tombaient et tombaient si dru que du ciel semblaient se dévider par milliers de longues cordelettes blanches finement filées. Comme si quelqu'un là-haut était en train de mettre en pelotes les doux fils ouatés d'un gigantesque écheveau tendu entre le ciel et la terre, en nous invitant à tricoter une nouvelle fois nos chandails d'enfant, qui nous vont encore si bien même quand nous sommes devenus grands." p 223
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Atlas des reflets célestes n'est pas un livre pour tout le monde. Mais chacun devrait tester son aptitude à lire de quelque chose de différent, loin de tout réalisme dans un univers onirique et poétique. La référence évidente est Borges mais cela n'est qu'une indication, Goran Petrovic crée sa propre fantaisie qui ne connait comme seule limite celle de l'imagination. Tout commence avec l'idée saugrenue qu'a un petit groupe d'amis d'enlever le toit de leur maison et de vivre à ciel ouvert. Le genre d'initiative que le voisinage n'apprécie guère et qui donne lieu à quelques scènes cocasses. Peut-on qualifier Atlas des reflets célestes dans la catégorie des romans ? De la fiction en tous cas, compilation de récits hétéroclites, de songes éveillés (ou pas), où la magie met son grain de sel sans que cela n'émeuve les protagonistes du livre, bien au contraire puisqu'elle est leur façon de vivre. Eloge de la différence et du droit à rêver, loin de tout matérialisme avec un regard singulier sur l'amour, la mort et les étoiles. Entre autres choses. Composé de micro histoires, le roman suit sa route de façon débridée et joyeuse. Un livre inclassable qui détone totalement dans la rentrée littéraire (était-ce une bonne idée de le sortir à cette période où les sorties se bousculent ?). En fin de compte, un bon révélateur pour chaque lecteur qui au fil des pages pourra se demander s'il a conservé intact sa capacité d'émerveillement de son enfance.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Noir sur Blanc !

Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'ai adoré ce livre.

Mais en fait, ce n'est pas un livre.

Il en a bien l'aspect, rectangulaire, l'assemblage de feuilles semble cohérent, j'ai même vérifié la numérotation continue des pages. Mais ça s'arrête là.

En l'ouvrant, on ne sait pas quand on l'a commencé. Est-ce lors de la préface qui n'en porte pas le nom? Est-ce au moment du titre calligraphié? Est-ce à la lecture de la première planche? Est-ce ensuite dans l'index qu'étrangement on parcourt tant il regorge de mots délicieux et énigmatiques?
Je n'ai pas la réponse...

Mais il est certain que tous nos repères sont perdus. le voyageur des livres aguerri que je pensais être se trouve face à un choix. Abandonner ce livre et garder ses convictions? Redevenir un enfant et se laisser porter?

J'ai tenté la seconde route et j'ai accompli un voyage merveilleux. J'ai regardé dans le miroir du Nord qui raconte ce qui fut, ce qui est et ce qui sera. J'ai attendu Etta durant de longues années au pied de son ombre perdue. J'ai dormi sous le toit bleu de la maison. J'ai écouté, chaque jour, le crissement quasi érotique des graviers sous les pas de la jeune fille, sans savoir son nom.
Oui, tout cela je l'ai fait. Et bien plus encore!

Et si vous me croyez, vous aussi vous le ferez.
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Goran Petrovic est fou et c'est tant mieux ! Avec cet atlas des reflets célestes, il nous livre un ouvrage qui ne ressemble à nul autre, sorte de carnet de rêves, ancré dans la réalité, mais flottant dans l'imaginaire débridé et poétique de l'auteur serbe.
Au travers des aventures étranges, mystiques et rocambolesques d'un groupe d'amis, l'auteur nous parle de ses obsessions, de ses passions, des livres qu'il aime, de ses idées les plus folles. Ce livre se visite comme un cabinet de curiosité, passant d'une oeuvre à la suivante, avec une logique qui nous échappe parfois, qui nous amuse souvent, qui nous surprend toujours.
Ce monde poétique dans lequel vivent les personnages semble finalement si enviable et si attachant qu'une fois le livre refermé, la banalité de l'existence frappe par sa tristesse.
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Le roman est beaucoup moins loufoque que ce que ne laisse entendre la couverture. le livre commence par la destruction du toit. Les huit habitants (je ne suis pas sûre du chiffre car certains personnages arrivent au milieu du livre) décident d'enlever le toit de la maison où ils habitent ensemble. Comme c'est le début du livre, je me suis posée des questions sur la santé mentale des personnages mais j'ai apprécié la réponse qu'ils donnent à la question de leurs voisins sur l'absence d'un toit à leur habitation. En substance, cela donne « mais si, notre maison a un toit, il est bleu ». Une note explique le pourquoi de manière plus précise :

de l'obscurité cavicole et faîtière

Il est proprement incroyable que l'homme puisse de son plein gré accepter de passer le plus clair de sa courte existence entre deux obscurités. Se croyant naïvement protégé par la solidité du plancher et la charpente du toit, il ne songe même pas à la nocivité d'un tel mode de vie. Il est vrai qu'il lui arrive rarement de tomber dans l'obscurité de sa cave ou de recevoir celle du grenier sur la tête. La mort dite « Mangeuse d'âmes » a des souliers lents, une pèlerine toute de silence et un masque insidieux. En effet, les forces magnétiques sournoises, dont le règne s'étend aussi entre ces deux obscurités, provoquent l'attraction progressive mais inéluctable de ces dernières. Avec le temps, son confortable gîte devient pour l'homme un piège perpétuel. Alors, coincé dans sa petite boîte, il s'avise de la fatalité de son illusion, mais, le plus souvent, n'a pas assez de force pour s'en affranchir, si bien que, se débattant frénétiquement pour essayer d'arracher son âme aux chaines qui l'entravent, il voit périr son corps dans l'horrible souricière. (D'après l'encyclopédie Serpentiana, article « Manière commune de vivre et de mourir »)

Cette petite note m'amène à parler de la structure du livre et de l'encyclopédie Serpentiana.

Le livre est constitué en chapitres, qui se divisent eux-mêmes en trois parties : le « texte » lui-même, où l'auteur écrit l'histoire des huit personnages de la maison, des notes qui suivent le texte, un article encadré. Les notes sont en générales très longues, et aussi importantes que le texte. Elles expliquent le mécanisme physique, psychologique, morale … du monde, que créé Goran Petrović dans le texte. L'article encadré décrit un monde « réel » d'objets inventés, en rapport avec le texte précédent. Par exemple, l'auteur décrit des tableaux imaginés, des mythes inventés … Tout cela contribue à vous englober dans un autre monde.

L'encyclopédie Serpentiana fait partie de cet autre monde. C'est une encyclopédie sans début ni fin, qui s'ouvre automatiquement à la « bonne page », celle contenant la réponse à la question que l'on se pose, si on sait lui parler bien sûr.

Comme je l'ai dit, ce livre est une bouffée d'air frais dans ce monde où tout est grave et où on va tous mourir prochainement. Il invite à voir la vie avec un peu plus de hauteur mais aussi de logique, avec une dose de fantaisie et d'imagination. Goran Petrović écrit un livre remarquable et passionnant par le monde qu'il invente pour nous, par la vision de la vie qui sous-tend le livre, mais aussi par les trouvailles stylistiques, les images mises en place … C'est un livre dépaysant, qui nous aspire complètement. Finalement, je ne retiendrais pas sur le long terme l'histoire (la vie des huit habitants de la maison) mais plutôt les sentiments que j'ai pu éprouver tout au long de ma lecture, l'émerveillement ayant prédominé.

En conclusion, c'était ma première lecture de la rentrée littéraire et mon premier coup de coeur (et cela m'a mis dans de très bonnes dispositions en plus).
Lien : http://cecile.ch-baudry.com/..
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Il est des livres dans lesquels on se promène comme dans un rêve : oubliant la narration linéaire, mêlant différents genres littéraires, réinventant sans cesse leur propre matière fictionnelle, ils promènent les lecteurs comme en des labyrinthes de songes échevelés.
Atlas des reflets célestes fait partie de ces livres déroutants - au sens premier du terme : sortant des autoroutes balisées du roman, il s'invente à travers une constellation d'images où l'on croisera des personnages vivant à ciel ouvert, des fragments de commentaires de cartes ou d'ouvrages réinventés, des éclats sinueux de l'encyclopédie Serpentiana, des mythes sortis des ombres, des descriptions d'objets improbables, une cartographie merveilleuse de nos inconscients, un traité d'anatomie improbable, des possibilités de monde, des scénettes de vie quotidienne, un éloge du droit à rêver et à vivre en toute liberté, une certaine volonté de parcourir les dix mille chemins d'espoir qu'offre cet Univers qu'on façonne à son gré...
Texte-gigogne, atlas aux légendes dépourvues d'images, bizarrerie littéraire tissée de mélancolie et de gaieté irréelle : il serait bien vain de trouver la formule qui saurait le mieux qualifier ce texte qui joue avec l'indicible et l'invisible pour mieux charmer son lecteur.
Un beau texte, à mettre entre les mains de ceux qui aiment Borges, Calvino, Eco, Cortazar, Ende, Vian, Breton ou le Dictionnaire Khazar...

Merci à Babelio & aux éditions Notabilia pour la découverte !
Lien : http://www.delitteris.com/no..
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Déroutant au départ, avec une préface qui n'est pas très encourageante, cet atlas singulier, par son style très riche, son amour des mots et des métaphores, sa philosophie de vie empreinte de nostalgie enchantée, ses références culturelles disséminées avec goût, parvient petit à petit à nous étonner puis nous séduire. Beau, féerique et surréaliste. Un régal.
Lien : http://umac2.blogspot.fr/201..
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Huit personnes vivent dans une même maison. Un jour, ils décident d'avoir un toit bleu au-dessus de leur tête : ils enlèvent le toit pour voir le ciel.
Ainsi commence ce roman étrange, envoûtant, plein de poésie, de magie, de musique, de tendresse, d'amour, de sourires.
On y suit, par des chemins détournés, l'histoire de chacun des personnages, tous autant étranges les uns que les autres, comme Andrei qui se cache derrière le canapé, car il attend Etta, Lyslys qui essaie désespérément de grandir pour plaire à Sacha, Tania qui ne parle pas, mais qui chante, et sans oublier les miroirs dans lesquels apparait la tante Despina, les barrettes en croissant de lune, les pommes en haut des armoires et la recette extraordinaire permettant de fabriquer des amulettes très puissantes.
A la fin de chaque chapitre, on retrouve la description d'une oeuvre d'art (tableau, sculpture ou autre), aussi magique que le reste.
On ressort de cette lecture ébloui, enchanté, les yeux encore tout scintillants...Une véritable bouffée de bonheur !
Quel dommage que si peu de livres apportent un tel apaisement, une telle sensation de sérénité !
A lire absolument !

Seul reproche que je ferai à ce roman : la laideur de sa couverture. Si j'avais vu ce livre sur une table dans une librairie, jamais je ne l'aurais pris dans les mains tant il ressemble à un livre sévère et ennuyeux (c'est l'impression qu'il me donne). Heureusement que Babelio me l'a proposé dans le cadre de l'opération Masse Critique ! Je remercie d'ailleurs vivement Babelio et les éditions Notabila de m'avoir permis de découvrir cette petite merveille.
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"Comme la fantaisie était la denrée dont nous disposions en abondance, nous avons décidé de nous opposer au Vide avec la seule chose qui ne risquait pas de nous faire défaut."

Fantaisie, c'est effectivement le terme qui s'impose à la lecture de cet Atlas des reflets célestes. Goran Petrović ne s'interdit rien et déploie des trésors d'inventivité pour nous raconter cette histoire sans toit ni loi.

Une maison abritant une bande de huit colocataires un peu farfelus. Nos protagonistes décident que tout de même, un toit ce n'est pas pratique pour regarder le ciel. Alors, ni une ni deux, ils l'enlèvent. Ce qui n'est pas sans provoquer quelques désagréments, mais plus que l'eau du ciel, c'est plutôt la salive des voisins qui leur donne du fil à retordre. Voilà le fil de l'histoire, mais qui n'est guère qu'un fil parmi une toile beaucoup plus vaste, un tissage chatoyant, une tapisserie lunaire.

Composé de courts chapitres, agrémenté chacun de la description d'une œuvre d'art réelle ou fictive, il est agréable de se perdre dans cette géographie de l'imaginaire, même si le labyrinthe est parfois particulièrement ramifié. La liberté, l'extravagance, l'originalité de la forme, l'attention à ses personnages qui grandissent, apprennent, franchissent des caps séduisent et touchent le lecteur. Par ailleurs le travail de l'éditeur sur l'objet-livre est tout à fait séduisant, la beauté du papier crème, cette première page rouge, c'est vraiment du bel ouvrage. Une belle découverte donc, la tête dans les nuages.

Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Atlas des reflets célestes n'est pas du tout un livre qui s'accommode d'une lecture continue, où on va s'accrocher pour suivre l'histoire. Il y a une relative progression – encore que je ne la trouve pas si perceptible – et des personnages très identifiables, mais la forme est complètement éclatée. Chaque chapitre se compose comme suit : d'abord un fragment d'histoire, une anecdote liée aux personnages, souvent à caractère métaphorique ou poétique, ensuite des notes de fin de chapitre, qui développent des éléments d'information propres à l'univers. On découvre ainsi, au fil du livre, des notions d'anatomie, d'histoire, de philosophie.

Enfin, chaque chapitre se termine par un encadré comprenant un extrait, une légende d'une oeuvre fictive, qui propose souvent un écho historique ou onirique à l'histoire ou aux notes que l'on vient de lire. Ainsi, à la suite de la note d'Anatomie numéro III, on nous parle des Yeux de la reine Néfertiti, relief trouvé dans un palais égyptien. Toutes ces sources sont des inventions ou des re-créations, souvent appuyées par une érudition certaine – ce qui a amené plusieurs personnes avant moi à citer Borgès ou Umberto Eco parmi les influences de Goran Petrovic. Mais chez ce dernier, je trouve l'érudition moins perceptible, moins envahissante, peut-être ; elle est un outil pour perturber plus facilement nos repères entre réel et fiction, pour sourcer, appuyer les théories fantaisistes mais séduisantes dont le livre est plein. Mais au fond, elle est perceptible que si on s'attache à la voir. Pourquoi ne pourrait-on pas choisir d'y croire, tout simplement, comme le livre nous y invite, sans vouloir démêler le vrai du faux ? Pour parfaire l'illusion, l'auteur propose à la fin un bibliographie précise, mêlant sources réelles et fictives, où François Rabelais et Boris Vian côtoient Transports des malles renfermant la Légèreté et la Pesanteur élémentaire d'un certain Bogdan Ostojic et l'Almanach de la manufacture belgradoise des rêves. La préface, au contraire, appuie peut-être un peu trop sur la technicité du livre, et nous détourne un instant du rêve en tant que tel. Peut-être serait-il plus judicieux de la lire après avoir plongé, sans avertissement, dans l'univers de Petrovic…

Dans tous les cas, cela fait de ce livre quelque chose de très perturbant à lire. J'ai eu l'impression d'avoir un objet littéraire non identifié entre les mains qui partait dans tous les sens, selon sa fantaisie ou la logique des rêves. Sans doute aurais-je préféré un univers plus structuré, une construction plus perceptible (ce que j'avais trouvé dans Sous un ciel qui s'écaille, du même auteur). En revanche, j'ai trouvé certaines images plus qu'inspirantes, et j'y ai parfois puisé des idées d'écriture. L'ouvrage nous parle d'une encyclopédie un peu miraculeuse, reliée en peau de serpent, qui s'ouvre toujours à la page répondant, d'une façon ou d'une autre, à notre questionnement. J'ai l'impression qu'Atlas des reflets célestes, avec son langage cryptique, mais dont on devine, dont on sent toujours le lien avec le réel, pourrait presque jouer ce rôle. C'est un livre que l'on feuillète, un livre dans lequel on se perd, un livre qui nous invite par sa structure même à l'errance et à la rêverie, assurément pas un livre qu'on peut finir dans les temps.

En conclusion, une lecture déroutante, mais que je recommande. L'expérience, à rebours de tout ce que l'on connaît en littérature, en vaut la chandelle, et le texte est très poétique.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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