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Critique de migdal


Le roman de Marie de Régnier est une description passionnante de « l'entre soi » ou de la consanguinité du milieu culturel et littéraire à la Belle Epoque et dans les Années Folles.

Le poète José Maria de Hérédia, auteur des célèbres Trophées, et son épouse tiennent chaque samedi, à la fin du XIX° siècle, un salon littéraire qui attire les « parnassiens » inspirés par Stéphane Mallarmé et Leconte de Lisle ou aimantés par leurs trois ravissantes filles Hélène, Marie et Louise. André Gide, Edmond Jaloux, Paul Léautaud, Marcel Proust, Paul Valéry s'y croisent…

Parmi eux Henri de Régnier et Pierre Louÿs se disputent Marie. Duel inégal puisque Régnier est fort riche et la famille Hérédia au bord de la ruine car le poète est joueur et spéculateur malchanceux… Marie de Hérédia épouse donc, raison familiale oblige, le 15 octobre 1895 Henri de Régnier, (Ferdinand Brunetière est l'un des témoins) mais l'union n'est pas consommée et la jeune mariée noue une liaison avec Pierre Louÿs qui devient le « parrain » de Tigre (Pierre Régnier). le trouple partage généreusement son polyamour, Louÿs vit une passion torride avec Zohra bent Brahim pendant que Marie se rapproche de Jean de Tinan puis de Jean-Louis Vaudoyer avant de plonger dans quelques tribaderies avec Georgie Raoul-Duval (immortalisée en Rezi par Colette et Willy dans Claudine en ménage). Gabriele D'Annunzio, Henry Bernstein succombent à leur tour aux charmes de Marie qui croise Pierre Loti et Claude Farrère à Istanbul.

Le 9 février 1911 Henri de Régnier est élu à l'académie où il est reçu en janvier 1912 portant beau l'habit et l'épée de son beau-père décédé en 1905. Après sa mort en 1936, Marie est demandée en mariage par le banquier Horace Finaly, directeur général de la Banque de Paris et des Pays-Bas ; elle refuse « je préfère monter un cheval sur la plage d'Arcachon qu'une chimère aux Amériques ».

Le 22 juin 1899, Pierre Louÿs épouse Louise, la benjamine de Marie, mariage dénoué par un divorce en juillet 1913 ; Marie se remarie en juin 1915, par procuration, guerre oblige, avec l'écrivain Auguste Gilbert de Voisins (Grand prix de littérature de l'Académie française en 1926 pour l'ensemble de son oeuvre).

Le 27 juillet 1899, l'écrivain et entomologiste Maurice Maindron épouse Hélène, ainée de Marie et Louise. Les témoins du mariage sont Jules Breton et Alphonse Lemerre. ; après le décès en 1911 de son mari, Hélène se marie en 1912 avec René Doumic, académicien et secrétaire perpétuel de la vénérable institution.

La plus grande partie de l'oeuvre de Marie est signée du nom de plume Gérard d'Houville, du nom de jeune fille de sa grand-mère paternelle, issue d'une famille qui avait dû quitter l'ancienne colonie française de Saint-Domingue. Elle fut l'égale de Colette et d'Anna de Noailles. Elle fut la première femme en 1918 distinguée par le Grand prix de littérature de l'Académie française, pour l'ensemble de son oeuvre, et en 1958 reçut le Grand prix de poésie de l'Académie française, pour son oeuvre poétique.

Lilas Blancs et Roses noires est le testament littéraire de Michel Peyramaure décédé en mars 2023. Roman qui doit beaucoup aux travaux de Robert Fleury, ancien maire d'Arcachon, ville que les diverses branches de la famille Heredia ont fréquenté entre les deux guerres mondiales.
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