Citations sur Les jours brûlants (75)
La maternité est le berceau de la peur (...). Toute notre vie on a peur de faire du mal à ses propres enfants. Voilà notre plus grande peur, le jour où on les met au monde, mais on ne le sait pas encore. C'est étrange, ce bonheur qu'on a ce jour-là à entrer dans la peur.
[ les gens autour ne savaient pas qu’elle s’imaginait comme une maison en travaux. Les murs extérieurs bien scellés dans leurs fondations, le crépi frais. Les murs intérieurs abattus. Joanne tentait de les rebâtir , brique après brique , les recouvrant d’une nouvelle peinture ]
- La douleur, pour les hommes, c'est autre chose. C'est celle de ne pas être à la hauteur, avait murmuré son mari. - Dans la voiture, tu veux dire ? avait-elle plaisanté.
- Dans la voiture, au lit, partout. (Il avait ri doucement.) Non, la douleur, c'est de ne pas comprendre, de ne pas être à l'écoute. De ne pas savoir faire, avec toi, avec cette petite fille. De ne pas pouvoir être à ta place. »
Joanne piqua le rôti dans le four. Simple épouse. À elle, ce cliché puéril convenait tout à fait. Et ce n'était pas sa fille, pour qui elle avait sacrifié ses propres études- pour faire quoi ? Du secrétariat, de la vente? Elle n'en avait plus la moindre idée , qui allait remettre ses choix en cause. Tout ce qu'elle lui souhaitait à cette splendide gamine aux cheveux longs pas coiffés, aux tee-shirts décomplexés sur sa poitrine de garçon, c'était de trouver un homme qu'elle aimerait suffisamment pour ne pas passer toute sa vie en colère.
Que se passe-t-il quand les gens disparaissent ? Espèrent-ils au fond d'eux qu'on les cherche encore, qu'on les aime toujours, qu'on ne puisse se passer d'eux ?
On a peur dès le premier jour. On a peur de se réveiller un matin et que le bébé ne soit plus qu'un petit corps sans vie. On a peur des maladies qui pourraient emporter l'enfant. De la voiture qui pourrait le renverser. On a peur quand l'adolescent ne rentre pas le soir; On a peur que quelqu'un lui fasse du mal. On a peur qu'il s'en fasse à lui-même. Et puis un jour, cela arrive, et toute cette peur n'a servi à rien, parce qu'on n'était pas là. Alors, on n'a plus qu'à se taire.
Le flic l'observa de nouveau sans rien dire. Des femmes comma ça, entre deux âges, larguées, venues noyer leur chagrin à Vegas,il en voyait beaucoup. elles buvaient, elles jouaient, elles étaient faciles. Ces femmes là étaient un paragraphe dans le modèle économique de la ville.
Thomas lui avait fait promettre de sortir. " J'irai faire des courses ", avait-elle osé. Pleurer dans les bras de son mari, hier soir, lui avait fait du bien. Peut-être que les larmes si longtemps retenues avaient entrepris le grand nettoyage des pensées fangeuses.
« Franchement, Maman, t’en as pas marre ?
— Chérie ?
— Partout en Amérique les femmes se battent pour l’égalité et toi tu t’excites à la simple idée de servir des cocktails à des types en retard d’un siècle et à leurs simples épouses. »
Joanne se contenta de tendre son assiette à sa fille. Ce n’était pas la première fois que Brianna se lançait dans un discours féministe, mais jusqu’ici elle avait prudemment épargné sa mère.
(…) je trouve égoïste de se délivrer d'un fardeau sur le dos de quelqu'un, sous prétexte d'honnêteté.