AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 214 notes
5
14 avis
4
4 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai lu ce livre d'une traite. Impossible de m'arrêter. Que faire face à la mort annoncée d'un être cher ? Lui dire ou lui cacher ? Comment survivre à sa disparition ? Comment pouvoir revivre ? Comment accepter que tout continue alors que l'on voudrait tout voir s'arrêter ? Ce livre a beaucoup résonné en moi, même si la narratrice évoque la mort de son époux, et non de son père. Beaucoup d'émotion véhiculée par un style simple mais beau.
Commenter  J’apprécie          10
N°1664 - Août 2022

Le temps d'un soupirAnne Philipe – Juillard.

Je viens de lire « Le dernier hiver du Cid », un émouvant hommage de Jérôme Garcin à Gérard Philipe (1922- 1959).
La lecture de ce témoignage, celui d'Anne, son épouse, s'est imposé de lui-même. Ce livre, publié en 1963, quelques années après cette disparition qui étonna le monde entier parce qu'elle frappait un homme jeune beau et plein d'un bel avenir, est une longue méditation sur l'amour, le bonheur et la mort servie par une écriture sobre . le texte évoque brièvement sa vie à elle, les souvenirs qu'ils avaient en commun et avec leurs enfants mais surtout abandonne à la page blanche devenue confidente les derniers jours de son mari, entre douleurs, les fols espoirs de survie, le retour à la maison, les rues de Paris, les projets incertains pour un avenir lointain. Elle y exprime sa volonté de le voir revivre mais face à la souffrance insupportable et à la fin inévitable, souhaite sa mort, se laisse aller à supplier les médecins de laisser partir la vie, et se heurte à un refus … Elle va donc devoir, face à une mort annoncée, endosser ce rôle de mensonge en lui cachant son état et devenir cette comédienne tragique face à cet immense comédien,  malgré la trahison du miroir, les vêtements soudain devenus trop grands, malgré les jours gagnés sur la vie dont on égrène le triste décompte ! Elle se prépare à affronter le malheur comme jadis elle vivait le bonheur avec lui, joue pour lui la comédie de la vie alors que la mort est en embuscade, se force à s'habituer à la solitude.
Désormais sa place est vide et elle évoque le quotidien, les folies et les phobies, les souvenir faits de mer, de soleil et du chant des cigales qui ont émaillé leur vie commune mais maintenant qu'il a quitté ce monde, qu'il n'est plus pour elle qu'une ombre vivante , à la fois douce et floue,  elle vit toujours avec lui. C'est comme s'il devait surgir de la foule, dire que tout cela, la souffrance et surtout la mort n'ont pas existé, que tout cela n'a été qu'un rôle, qu'un mauvais rêve et qu'il faut se réveiller. Les pensées se bousculent dans sa tête et elle repense sans doute à ce vers de Paul Eluard « Nous ne vieillirons pas ensemble, voici le jour en trop, le temps déborde... ».
Il y aura les hommages officiels venus du monde entier, ceux de la profession pour laquelle il s'est tant battu, celui de la « culture » mais c'est dans de petit cimetière de Ramatuelle qu'il repose, après trente six ans d'une courte vie, revêtu de ce costume du Cid qu'il incarna, accompagné par tous les habitants du village, comme on dit adieu à un ami, à un parent...
Des mots écrits à la main puis imprimés dans un livre, seize courts chapitres, la présence de leurs enfants, des gestes dérisoires et répétés, des comportements artificiels et de circonstance pour exorciser la douleur et l'absence, comme la veuve du poète Paul Baudenon, Claire, qui signait ses lettres de son prénom et de celui de son mari alors que ce dernier était mort depuis des années, ou cette femme anonyme qui après le décès de son cher époux, mettait chaque jour son couvert... C'est un baume bien fragile face à la fatalité et à la mort qui est notre lot à tous.
Elle lui survivra jusqu'en 1990, ne le rejoindra dans le néant qu'à l'âge de 72 ans après avoir passé le reste de sa vie à honorer sa mémoire, à faire survivre cette image définitive de l'éternel jeune homme qui s'est inscrite dans la mémoire collective. L'écriture l'y aida sans doute parce qu'elle a cet extraordinaire pouvoir cathartique et l'ombre de cet homme ne la quitta jamais.



Commenter  J’apprécie          150
Tout est dit avec tendresse et lucidité, Anne Philipe remémore des instants de bonheur fugitifs jusqu'à la mort prématurée de son époux atteint d'un cancer. Gérard Philipe fût un immense acteur du théâtre TNP à Avignon. Il connaîtra une renommée internationale grâce au cinéma français des années 1950, le révélant complètement au grand public avec Fanfan la Tulipe. La mort d'un proche est souvent vécue dans la plus grande des solitudes. Aider un mourant au passage de vie à trépas est la plus douloureuse expérience pour laquelle personne n'a été préparé. On compose avec des moyens dérisoires pour lesquels nous n'y pouvons plus rien. Et chaque décès est différent d'un sujet à un autre, cela demande une grande humilité, un dévouement sans borne, une concentration énorme sur la qualité des soins palliatifs de la fin de vie. J'ai compris depuis des années qu'il fallait être là à cet instant ultime de la dernière heure. Ce livre est toujours présent sur mes tables de chevet, pour y puiser des forces nouvelles au moment venu. Merci à Anne Philipe pour qui son oeuvre d'écrivain ne s'est pas arrêter à sa douloureuse expérience personnelle.
Commenter  J’apprécie          70
J'avais lu ce livre, j'étais encore adolescente.
Depuis la vie s'écoule avec le souvenir très fort de ce livre qui était pour moi un hymne à l'amour.
Je l'ai donc relu avec un peu d'appréhension. Je le trouve toujours aussi fort. Savoir traduire avec des mots la douleur d'un amour perdu à cause de la mort n'est pas donné à tout le monde.
Commenter  J’apprécie          60
Chronique intimiste d'une mort annoncée, celle de Gérard Philipe, écrite par son épouse, Anne. Une mort annoncée 20 jours avant l'échéance fatale, par ses médecins, après une vaine tentative d'opération .
Anne situe son récit à diverses périodes, celle du bonheur, celle de la maladie, celle du deuil, et une période plus récente où la sérénité s'installe peu à peu, difficilement :
"Le travail de la vie continue cependant à se faire en moi. je le sais, je le veux, mais ce que je perçois le plus clairement c'est la grisaille des jours et l'effort pour adhérer au monde alors que souvent le coeur choisit de se mettre en retrait."
Le temps d'un soupir est une magnifique lettre ouverte à l'être aimé, au couple fusionnel que formaient Anne et Gérard, une ode au bonheur perdu et à la nature, avec, notamment ce très beau passage, à la fin du livre, décrivant la tombe de l'acteur, à Ramatuelle.
Que de vérité, que d'émotion dans ce petit ouvrage où Anne Philipe , elle qui était une amoureuse de la vie, voit la mort, brutale et injuste, l'emmener au bord de la fracture :
"Faut-il accepter un futur dont tu es absent ?", s'interroge celle qui choisira la vie, malgré l'absence insoutenable, et malgré les moments de désespoir.
Un livre très humain, au message universel , sur le deuil et sur la résilience.
Commenter  J’apprécie          144
Le temps d'un soupir écrit par Anne Philipe son épouse, est d'une intimité et d'une délicatesse rare.
Je vais le relire... et je conseille vivement cette lecture à ceux qui ne le connaissent pas.

Gérard Philipe est un homme qui a marqué sa génération.
C'était un excellent acteur, un homme engagé qui auprès de Jean Vilar a essayé de rendre le théâtre populaire et accessible à tous...
Dommage, Jean Vilar ne voulait pas faire de captage, aujourd'hui il ne reste que sa filmographie.

Le prince d'Avignon, comme on le surnommait, nous a quitté bien trop tôt.
Commenter  J’apprécie          62
« Avec son livre, « Le Dernier Hiver du Cid », Jérôme Garcin prolonge le si déchirant témoignage d’Anne Philipe, « Le Temps d’un soupir ». L’auteur a épousé Anne Marie, la fille de Gérard et d’Anne Philipe. Il nous parle avec délicatesse et pudeur des derniers jours de l’immense acteur de théâtre et de cinéma qu’était Gérard Philipe. Il nous dévoile aussi, par bribes, sa jeunesse et plus tard sa carrière, mais aussi la grande humanité de cet homme très proche de ses enfants et de son épouse, de ses amis Jean Vilar du TNP, de l’écrivain Georges Perros et des gens tout simplement. Le bonheur était là, la tragédie arrivait….
J’ai beaucoup aimé redécouvrir cet acteur connu dans le monde entier et dont mes parents me parlaient avec fierté. Gérard Philipe aurait mérité un bel hommage pour les 60 ans de la disparition en 2019. Sa beauté, une vie brève et une carrière incroyable n’empêchent pas l’oubli dans ce monde d’aujourd’hui mais une étoile telle que Gérard Philipe n’a sans doute pas besoin de reconnaissance… Je suis entrée avec bonheur et curiosité dans l’univers « cinéma et théâtre des années 50 », j’ai été très émue par la détresse d’Anne son épouse, si digne dans son immense douleur.. A lire pour (re) découvrir ce grand comédien..
Commenter  J’apprécie          282
Page Facebook: Pascale Bookine
Blog: pascalebookine.eklablog.com

"Le printemps fait mal. Je voudrais lui demander grâce. < …> La douceur de l'air me fait rêver, à ce qui fut et à ce qui serait si tu étais là. Je sais que cette rêverie n'est qu'une inaptitude à vivre le présent. Je me laisse entraîner par ce courant sans regarder trop loin ou trop profondément. J'attends le moment où je retrouverai la force. Il viendra. Je sais que la vie me passionne encore. Je veux me sauver, non me délivrer de toi. " *****

Les livres qui ont le pouvoir de bouleverser un même lecteur à trente ans d'intervalle ne sont sans doute pas légion et je n'étais pas sûre de ce qui m'attendait en reprenant «Le temps d'un soupir», lu pour la première fois à l'âge de dix-sept ans dans le cadre du cours de français. Il ne m'a fallu que quelques lignes pour comprendre que l'impact de ce magnifique message d'amour conservait toute sa puissance à travers les décennies… et que je devais garder un paquet de Kleenex à portée de main.

«Notre vie entière, qu'était-elle dans le cours du monde ? A peine le temps d'un soupir.» le comédien Gérard Philipe n'a que trente-sept ans lorsqu'il est emporté par un cancer, laissant sa veuve, Anne, seule avec le souvenir du bonheur et le vide absolu de l'absence. Au fil de ces pages empreintes d'amour et de douleur, Anne Philipe tisse une oeuvre aussi courte qu'intense, décrivant toutes les nuances du chagrin avec beaucoup de finesse : le courage de cacher à l'être aimé qu'il va mourir, dans un ultime geste d'amour, l'accompagnement des derniers jours, la solitude brutale quand la mort surgit quelques semaines seulement après le verdict, la nécessité de continuer à vivre.

«Le temps d'un soupir» est un récit bouleversant dans lequel chacun ne peut manquer de se reconnaître pour peu qu'il ait été confronté à un deuil douloureux. Anne Philipe écrit merveilleusement bien, les images et phrases utilisées traduisant les sentiments avec beaucoup de justesse et de subtilité : «Je vivais mon exécution, mais celui qui allait mourir dormait à quelques mètres» ou encore «L'ouragan est là, il sommeillait, prêt à m'assaillir au premier ciel tendre, aux premières pousses vertes qui dessinent un halo fragile autour des arbres».

Si le récit est empreint de poésie, l'auteure porte cependant sur la mort un regard sans concession, refusant de l'enjoliver ou de se voiler la face puisqu'elle ne croit pas à l'au-delà : «J'ai cru longtemps à la paix des cimetières Mais ce jour-là, en face de toi, le ciel bleu, les cyprès presque noirs, la brise délicate n'étaient qu'un décor. Mon regard allait aux choses cachées, à la vie souterraine, inhumaine où chacun pourrissait seul, toi comme les autres, à un mètre de moi.»

Un roman à lire absolument, à méditer aussi, qui rappelle par la gravité du sujet évoqué que le bonheur est d'autant plus fragile lorsqu'il semble aller de soi.

Lien : http://pascalebookine.eklabl..
Commenter  J’apprécie          40
Peu d'entre nous l'ont connu….Gérard Philipe, immense acteur emporté beaucoup trop tôt, par la maladie, a quitté notre monde en 1956.
Un livre de souvenirs, écrit par son épouse, sur ces quelques semaines séparant l'annonce de sa maladie de son décès, un livre sur le manque, sur l'absence de l'homme aimé
Une longue et belle lettre d'amour de cette épouse à cet homme.
Tout est dit dans le titre
Émouvant et beau
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          170
J'avais juste 17 ans lorsque le professeur de notre classe nous a demandé d'étudier ce livre. Pour moi ce fut une révélation. Je découvrais qu'il etait possible avec des mots d'exprimer l'intensité de sentiments parfois impossible d'expliquer à l'oral avec des mots,' mots qui lorsqu'ils sont assemblés sur le papier prennent toute leur importance. Je me rappelle avoir eu la gorge nouée et les yeux embrumés. Pas facile de lire ce poignant témoignage par moment. Ma mère aussi se mourait d'un cancer à cette époque c'est peut-être aussi ce contexte qui m'a permis de si bien ressentir ce que Anne décrit dans ce livre.
Commenter  J’apprécie          260




Lecteurs (645) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1722 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}