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4,03

sur 247 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un petit roman qui sentait bon le Sud, qu'il soit de l'Italie, de Sicile ou de Corse…

Le déroulement de ce récit pourrait se passer dans l'une où l'autre de ces contrées, bien que puisque l'on parle de mafia, je le situerai plus dans l'Italie du Sud ou en Sicile, celles des montagnes et des petits villages perdus où il n'y a même pas de médecin.

N'espérez pas vous la couler douce, dans ce roman, ni rester alangui sur une chaise longue, car nous sommes dans un drame et l'on va encore crapahuter dans les montagnes (on m'en veut, ces derniers temps !!!).

À Ogliano, c'est calme, le baron vient durant les vacances d'été, il est riche, blindé du fric de ses métayers et de celui que ses ancêtres ont amassé au fil des années. On se doit de le saluer, de courber l'échine, comme au temps des seigneurs médiévaux.

Le récit commence par un enterrement, celui d'un salopard, avec tout le village qui vient rendre hommage ou alors, qui vient vérifier qu'il est bien crevé, allez savoir. La bigoterie est de mise, on se doit d'aller à l'église. le baron arrive, donne une fête pour le baccalauréat de son fils…

Bref, le récit commence gentiment, lentement. L'écriture de l'autrice était éloquente et puissante. On se doutait que sous ces belles phrases, couvait un futur drame. Un drame dont nous ne savions pas encore la teneur, mais qui, comme les secrets gardés par les villageois, la fameuse omerta, n'allait pas tarder à tonner, tel un coup de feu.

Oui, le récit commençait gentiment, avant de prendre un tour inattendu et de nous entraîner dans les montagnes, puis d'y subir un orage et un coup de foudre… Oui, j'ai adoré ce roman, j'ai eu le coup de foudre, le coup au coeur.

Il n'y a pas que l'écriture qui est travaillée, ciselée, dans ce roman. Les différents portraits sont passés sur l'établi de l'orfèvre, ils ont été tordus, afin de nous donner des personnages réalistes, non manichéens, torturés, se posant des questions ou enviant l'autre de ce qu'il possède (et pas toujours au niveau matériel, juste parce que l'un a un père et pas l'autre).

Chacun a son secret, ses doutes, ses blessures et elles nous seront racontées par ces personnages mêmes, dans ces chapitres qui seront consacrés à leur confession. Grâce à eux, on comprendra mieux leur psychologie, leurs regrets, leurs envies, leurs secrets, ce qu'ils ont tus et cela donnera des nuances de gris à ceux que l'on aurait bien jugé tout noirs ou tout blancs. Mais il n'en est rien…

Antigone, le roman de Sophocle, est en arrière-fond, mais il n'y joue pas un rôle de figurant, il est important dans ce récit, et c'est au fil de l'histoire que l'on comprendra ce qui lie les personnages avec ceux de celui de Sophocle.

L'épisode dans la montagne, dans l'Argentu, sera le point culminant de ce roman, m'apportant moult émotions différentes, me faisant passer de la peur ou bonheur, de l'angoisse à l'espoir, de la haine aux questionnements : et moi, qu'aurais-je fait ? Comment aurais-je réagi ? Et dans ce village, est-ce que moi aussi j'aurais fermé ma gueule contre de l'argent ? Bonnes questions…

Si Libero, jeune homme de 18 ans, personnage principal, est un personnage réaliste et sympathique, l'on ne peut qu'aimer Rafael, le fils du baron, qui n'a rien de son père, qui parle de pardon et qui est tout aussi tourmenté que son ami d'enfance. Ils m'ont donné bien des émotions, ces deux gamins, et des plus belles.

Ce roman, je pense que je l'avais acheté à cause d'une chronique publiée sur le blog "Black Novel" (merci, Pierre !) et puis, je l'avais oublié. Quelle imbécile j'ai été de ne pas le sortir plus tôt, moi qui cherchais des coups de coeur, j'en avais un à portée de main.

Un roman magnifique, des personnages marquants, avec qui l'on aurait aimé se promener en montagne, juste pour le plaisir de passer du temps avec eux. Hélas, j'ai dû les laisser, le coeur brisé de devoir refermer ce roman lumineux et sombre à la fois, mais où la lumière est plus forte que l'ombre.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le jeune Libero voit dans la mort du tyran du village d'Ogliano un élan de liberté pour la contrée et un apaisement pour son ami qui vivait sous le joug de cet homme terrible. Malheureusement ce n'est que le début d'événements qui vont faire basculer notre jeune héros dans la vie d'adulte et des compromis.
Alors qu'il rejoint la fête du Baron en l'honneur de son fils Raffaele, Libero n'a yeux que pour Tessa la jeune épouse du Baron. L'enlèvement du fils va bousculer la vie de Libero et va le confronter au secret de sa famille.
Une réflexion sur la justice, sur l'inégalité sociale et sur la place du bon et du mauvais vu par deux adolescent est présente tout au long du roman.
Agréable à lire, le roman est coupé par quelques lettres des personnages fort du récit qui dévoilent leur point de vue et leur vie.
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Il y a des silences qui sont des coups de couteau, qui étreignent à vous étouffer. Des épines, des griffes qui laissent d'invisibles écorchures. Et puis il y en a d'autres dont l'existence même est un chant: d'espoir, d'amour et de lumière. Les silences font et défont les vies, pesant dans la balance autant que les mots: Libero le sait, le ressent, l'expérimente dans ce magnifique roman qu'est "Les Silences d'Ogliano" qui vient de me cueillir et même de me brûler. C'est que le soleil qui caresse, qui cogne et qui brutalise dans le texte d'Elena Piacentini est au moins aussi implacable que celui des Scorta ou de "L'Etranger", implacable mais adouci par une nuance, un rien, un rayon de celui qui baigne "Appelle-moi par ton nom".
le désir sous la violence, la douceur sous le brasier.
Et le silence, toujours.

"Les Silences d'Ogliano", c'est un Sud imaginaire, ça pourrait être la Corse ou l'Italie- Campanie, Sardaigne, Sicile- et un village écrasé par la chaleur, les traditions, pourri par le déterminisme. le récit s'ouvre sur un enterrement: celui du salopard local, du mafieux, du pourri, de cet homme qui battait les chiens à mort, et les enfants aussi. Il se poursuit avec une fête: à la Villa Rose, féérie blanche et bleue dominant le village de montagne, le baron Delezio célèbre la fin des brillantes études de son fils: Raffaele. Jusqu'au drame, point de départ et de non-retour surtout puisque après les funérailles et le bal, tout va s'enchaîner, les secrets vont voler en éclats et leurs brisures blesseront chacun des protagonistes de cette histoire qui ressemble à s'y méprendre à une tragédie antique. Une histoire sur laquelle semble veiller Antigone, fière et chétive, si forte et si fragile à la fois dans laquelle les voix se croisent et se superposent, révélant progressivement, parcimonieusement ce qu'elles ont toujours tu quand Libero, tout à la fois héros et choeur antique, garde le silence.
Libero, c'est l'enfant sans père. le fils de l'institutrice, le petit-fils du berger, si libre que même les contours de ses montagnes ne l'emprisonnaient pas. Libero qui s'interroge sur la marche du monde et qui souffre de ne pas être né du bon côté. "Les Silences d'Ogliano", c'est son histoire, à la fois roman d'aventure et récit d'initiation, fresque engagée et poignant drame intime, texte fort sur la filiation, la transmission et sur la peur et l'omerta qui parent trop souvent encore un Sud soumis aux exactions de tous les Carboni du monde.
C'est l'histoire de Libero et celle de la si belle et troublante Tessa, mariée trop jeune à son barbon de baron; c'est celle de Raffaele pâle et victorien, fiévreux et volontaire. Celle de Gianni et de Fiorella, celle de la vieille Herminia rongée par la folie et la solitude, celle d'Argentu Solimane dont le fantôme plane, celle de César, de Dario...
C'est l'histoire des choix qu'on n'a pas, de l'amertume qui mène au désespoir, de la force qu'il faut avoir en soi pour vouloir changer le monde et réparer les injustices. C'est la folie des hommes, le poids des origines, celui de la fatalité -les dieux d'autrefois-. le soleil, les cimetières, la grandeur des hauts plateaux, le mystère quasi-mystique des grottes, l'intensité du désir, le soleil et les montagnes convoqués par une écriture pure et ciselée, pétrie de lumière et de parfums, d'une poésie sensuelle, d'une clairvoyance presque cruelle.
Sublime.


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C'est bon de se faire embarquer dans une histoire, de s'immerger dans un univers imaginaire dont certaines bribes vous rappellent ici un décor, là des situations mais en prenant bien soin de s'en tenir à distance raisonnable. Juste ce qu'il faut pour renouer avec le plaisir de la découverte. Un roman d'aventures. le décor a beau être imaginaire, ce sud évoque la méditerranée, l'Italie ou les îles proches. Mais peu importe car très vite il acquiert une existence propre dans l'esprit du lecteur invité à en explorer les pentes, les collines, les grottes et surtout les silences. Car à Ogliano, les secrets sont partout. Il suffira d'une soirée, à la Villa Rose, fief du baron Delezio pour que tout l'équilibre du village bâti sur les silences soit soudain mis en péril.

Elena Piacentini est une autrice de polars et cela se sent dans sa façon de faire monter doucement la tension et de doser les révélations. Mon scepticisme de départ s'est rapidement évanoui, je me suis laissé prendre et surprendre, de plus en plus convaincue au fil des pages. Il y a ici une confrontation des générations quand les plus jeunes refusent de se soumettre à un destin tracé, il y a la passionnante question de la justice et de son iniquité liée à l'appartenance de chacun à un clan ou un autre. Si les personnages semblent inspirés de certains déjà rencontrés dans la littérature, ils sont pourtant vite éloignés de tout stéréotype et leur singularité contribue grandement à l'empreinte que ce récit peut laisser. La nature est omniprésente, ancrant les protagonistes dans un territoire qui les définit mais les contraint aussi et dont ils devront apprendre à se libérer pour mieux le retrouver. Les événements de cette soirée à la Villa Rose sonnent le glas de l'enfance pour Libero et Raffaele et détermineront la suite de leurs parcours, sous l'égide d'Antigone dont ils ne se sépareront jamais de leurs exemplaires respectifs.

La justice est fragile, un combat de tous les instants. Il faut des hommes pour y croire, pour la porter même au péril de leur vie, pour y sacrifier bien des choses. "Ce qui nous distingue les uns des autres, c'est ce qu'on fait de sa colère"... Ce combat universel et intemporel nous a souvent été raconté sans pour autant en épuiser le propos ni la nécessité. En voilà une nouvelle et convaincante démonstration littéraire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ogliano, village niché au flanc de l'Argentu a un petit côté méridional qu'on verrait bien dans le sud de l'Italie. Il s'y passe des aventures humaines centrées sur les parcours de deux adolescents amis, Libero et Raffaele en quête d'identité qui doivent composer avec de vieilles rancoeurs arbitrées par la mafia. Un texte fort et une écriture poétique en font un roman émouvant, une tragédie s'apparentant à l'Antigone de Sophocle, parfois citée en référence.
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"L'été, quand vient la nuit sur le village d'Ogliano, les voix des absents sont comme des accrocs au bruissement du vivant."  La très belle et lumineuse image de couverture, le titre intriguant, et cet incipit m'ont d'emblée happée dans ce roman dense dont la trame est celle d'une tragédie antique. D'ailleurs, l'autrice nous invite souvent à faire le parallèle avec Antigone, l'héroïne de Sophocle.

Briser les silences des drames d'Ogliano, telle est la mission que s'est assignée Libero, jeune homme de dix-huit ans, natif du village perdu dans le massif de l'Argentu où se sont déroulées de terribles tragédies dont les conséquences perdurent dans son présent.

L'écriture est si belle et poétique qu'elle nous transporte dans cette région maquisarde au coeur d'une nature alternativement souriante ou lugubre, protectrice ou menaçante. A travers Libero, on hume la garrigue, on est écrasé par la chaleur, on frissonne, les vêtements et les cheveux collés à la peau, lors des furieux orages, on se promène dans un écrin de nature sauvage, et on ressent la sauvagerie des hommes, l'oppressante omerta, les secrets qui scellent le malheur des générations à venir. 

Libero va apprendre en quelques heures la fulgurance de l'amour, de l'amitié ses trahisons ou ses fidélités, la soif de vengeance, la résilience, la protection, la frontière fluctuante entre le bien et le mal, l'indéfectible amour maternel, l'esprit de clocher, la place de la femme dans la communauté, la condescendance des classes dirigeantes envers les pauvres et les opprimés, les mystères de la montagne, ses légendes et ses mythes...

C'est un fabuleux roman, envoûtant, où se mêlent avec virtuosité violence et délicatesse.

Laissez-vous emmener dans le voyage initiatique, douloureux et néanmoins libérateur de Libero. 


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Ce roman transporte le lecteur au coeur d'un village du Sud dans un imaginaire propre à ces contrées aux noms de lieux à la sonorité poétique : Ogliano, Argentu … et de personnages tout aussi imagés : Libero, Raffaele, Cesar…
Au milieu de ce décor bien vivant plane une atmosphère mystérieuse, un nuage de secrets que Libero, le personnage principal, s'évertuera à éclaircir.
Dans la première moitié du roman, la plus intéressante, l'évocation de cet univers est parfaitement réussie, un mélange d'énergie et de poésie porté par une belle écriture qui vous tient en haleine tant la force évocatrice est puissante.
L'intrigue ainsi soutenue se déroule ensuite de manière plus classique dans la deuxième partie du roman dont le personnage principal cette fois restera pour moi l'Argenta, le massif qui entoure le village d'Ogliano, le théâtre des aventures de Libero qui mène son enquête façon roman d'aventures pour aboutir à une suite de révélations, comme autant de ruptures des maillons de la lourde chaine des secrets de ce pays.
Pour finir en douceur avec le repos des âmes apaisées de ce village d'Ogliano, petit coin désormais tranquille, et pourquoi pas paradisiaque.
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Village imaginaire du sud de l'Italie, l'histoire du jeune Libero Solimane. Il ne connait pas son père, sa mère a toujours coupé court à ses demandes.
Histoires d'amitié, d'amour, de connaissance de soi, des clans.
C'est une histoire assez tragique avec pour "fil rouge" Antigone de Sophocle. Des personnages forts, remplis de colère, de rancoeur, chacun à ses secrets. Un beau roman.
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Elena vit à Lille mais elle est corse et son premier roman dans la Blanche (après de nombreux polars) semble se passer là-bas; déjà la couverture évoque le sud avec ce ciel d'un bleu intense, son pin maritime et son cyprès mais si le décor est superbe, de sombres histoires s'y déroulent. le village d'Ogliano est au pied du massif de l'Argentu; les premières pages sont de Libero Solimane, fils d'Argentina Solimane et d'elle seule, petit-fils d'Argentu Solimane dernier des chevriers : il revient sur le palazzo désormais en ruines mais qui fut le lieu de grandes fêtes. Libero nous fait découvrir les lieux en suivant le vol d'une chouette.
L'histoire commence avec l'enterrement de Lenzani, sinistre brute que personne ne regretterait; deux ans en arrière Libero avait sauvé un de ses chiens qu'il maltraitait, il l'a adopté et nommé Lazare car il avait survécu par miracle. La soeur de ce monstre souffrait sous ses coups mais plus encore du fait qu'il lui avait pris Gianni, 14 ans pour le mettre au travail .Il a 18 ans maintenant et garde le silence sur ses dernières quatre années; il est devenu costaud. Pendant l'enterrement, le baron et les siens revenaient pour l'été au palazzio: La belle Tessa (dont Libero est amoureux) seconde épouse du baron vient de se faire piquer par une guêpe. Libero se souvient des "leçons" qu'il a prises chez Nina afin de ne pas paraître novice au cas où Tessa viendrait à lui, délaissée par le baron. Survient Raffaele fils du baron et de sa première femme morte peu après celle de son fils, jumeau de Raffaele. Ce dernier est renfermé, toujours plongé dans l'Antigone de Sophocle. Une grande fête lui est dédié en l'honneur de son entrée à l'université.
De l'autre côté de la vallée, à Silano règne le clan des Carboni et de leur chef Dario.
Libero et sa mère passent pour des originaux; elle refuse de donner l'identité du père et elle est devenue institutrice du village.
Autre personnage: Herminia la folle; devenue folle car violée par un baron(le grand-père) alors qu'elle devait épouser Vitalio(lequel a été tué)
et César Baranti, ex carabinier, devenu bijoutier après un accident détruisant sa jambe droite. Il est le père que Libero aurait aimé avoir.
La grande fête a lieu: une mascarade où le baron tente de séduire tous ceux qui pourraient voter pour lui.
Herminia est découverte morte et la fête est finie
.Libero aperçoit deux cavaliers sur de superbes montures et la mule de Lenzani chargée d'un corps en travers; Gianni a enlevé Raffaele pour obtenir une rançon; il tire sur Lazare et emmène Libero dont il ne sait que faire car c'était son meilleur ami autrefois.
Tous les personnages sont en scène sauf Dario et un secret de famille.
On ne s'ennuie pas à cette lecture, belle écriture, construction laissant la parole aux protagonistes , roman choral avec de nombreux personnages dont les secrets s'emboitent , c'est l'omerta. Ce sont les silences de tout Ogliano. Amour et amitié aussi.
A lire pour d'autres découvertes; le livre n'en manque pas!

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Ogliano est un petit village du Sud, entre soleil et montagne. Ses habitants y vivent à l'ombre de la Villa Rose, propriété du baron Delezio. Justement, celui-ci a décidé de fêter la fin des études de son fils, Raffaele et de convier tout le village pour cet évènement. Parmi les convives se trouve le jeune Libero. Mais un drame survient lors de cette soirée. Et le lendemain Libero est entraîné sur les pentes de l'Argentu, la montagne qui entoure Ogliano, sur les traces de son ami d'enfance, Gianni. Une confrontation qui va changer pour toujours la vie de Libero.

Roman initiatique, ce récit happe le lecteur dès l'incipit par son style sans affèterie et par ce qu'on devine d'une intrigue qui ne nous lâchera plus jusqu'à son dénouement.

Dès les premières lignes le ton est donné : “L'été, quand vient la nuit sur le village d'Ogliano, les voix des absents sont comme des accrocs au bruissement du vivant.” Et c'est toute l'atmosphère du roman qui est posé. L'étouffement, la chaleur, la lumière écrasante qui éclaire autant qu'elle dissimule. Les vivants et le souvenir des morts qui les hantent, avec leurs secrets.

Car ce village d'Ogliano est habité par de lourds secrets sur lesquels Libero lèvera le voile petit à petit. Mais pas sans perdre quelques illusions au passage. S'il entreprend son périple en adolescent un peu rêveur et plein de projets, il en ressortira adulte, ayant fait en très peu de temps l'expérience intime de la mort, de l'amour, de la trahison, de la peur. de quoi transformer un caractère et donner un autre sens à une vie.

Elena Piacentini nous raconte ici une lutte âpre entre ceux qui possèdent tout et ceux qui n'ont presque rien, entre ceux qui détiennent le pouvoir et ceux qui subissent. Les secrets ont forgé des destins, provoquer des drames. Les mettre à jour aura un effet dévastateur mais aussi libérateur pour tous. le roman est porté par une galerie de personnages qui jouent tous un rôle essentiel, comme autant de pièces d'un puzzle qui ne peut être compris que si chacun est à sa place.

On sent chez l'auteure la parfaite maîtrise du déroulement des événement et sa capacité à relancer une intrigue sans doute dû à sa longue pratique du polar. C'est efficace, concis, précis. Mais elle y ajoute cette touche de poésie portée par les paysages d'Ogliano et par le personnage de Raffaele, adolescent plein d'idéal qui ne se sépare jamais de son livre Antigone en qui il semble trouver une certaine force.

L'atmosphère variera ainsi au fil du roman, suivant l'état d'esprit de Libero et ce qu'il découvrira. C'est tour à tour oppressant ou lumineux, violent ou tendre, angoissant ou réconfortant. L'esprit du lecteur n'est jamais libre de vagabonder, tout à l'attention qu'éveille le roman.

On retrouvera ici un peu de l'atmosphère du livre de Laurent Gaudé, le soleil des Scorta. Ce sont des romans qui se voient et se vivent autant qu'ils se lisent et qui font éprouver des sensations physiques au lecteur de chaleur, de lumière, de frissons.

Un très beau roman à découvrir.
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