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sur 242 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ogliano, le gradin des collines, les mystérieux contreforts de l'Argentu…. C'est beau, pourtant notre narrateur Libero Solimane ne rêve que de départ, car pour lui aucun mystère dans ces paysages, “mais au contraire la manifestation flagrante d'une vérité sans âge : aux bien nés, la poésie, aux autres, l'âpreté du réel.” A Oglione on se baigne toujours dans le même fleuve. Chacun a un rôle et une fonction bien précise. Qui s'égare est très vite mise à sa place. Libero et sa mère Argentina en sont « les originaux ». Tout simplement parce que le grand-père s'est obstiné à envoyer sa fille à l'école après qu'elle avait appris à lire et à compter, et que cette dernière a enfanté sans mari ou fiancé à l'horizon !
Dans ce sud ancestral probablement de la Corse, un drame est au coeur du sujet enseveli sous les silences des habitants d'Ogliano qui obéissent au fameux motto, « Tout le monde a un prix », suivi de la question de «  Ce que vaut la vie d'un homme ». Mais rien n'est aussi évident ni manichéen qu'il y paraît…..
Piacentini à travers les paysages splendides des montagnes de l'Argentu et les voix de personnages plein de charisme déroulent le tapis des secrets à travers des monologues magnifiques , « Moi, je crois que chacun possède son Argentu, un endroit où on se sent relié aux autres et à plus grand que soi, si grand qu'il ne sert à rien d'essayer de le comprendre. Il y a des gens qui n'ont pas cette chance, ceux-là, je pense qu'il leur manque quelque chose même s'ils ne s'en rendent pas compte. » Et au coeur de ce récit, de Raffaelle fils du baron du lieu, à Solimane en passant par Gianni, l'ami d'enfance devenu délinquant, il y a le mythe d'Antigone, celle qui va contre sa famille, contre l'ordre établi, où se pose l'éternelle question : “les lois de la Cité priment-elles sur les lois de la famille ? “
Un beau roman qui parle d'amour, d'amitié, de vengeance, d'honneur, et du doute sur le manichéisme de l'Homme, « Tout le monde ne réussit pas à trouver ses fils d'argents », et tant qu'on ne les trouve pas, cela ne laisse pas de place pour la vie. le bien et le mal ne sont pas gravés dans le marbre, “Entre le tout noir et le tout blanc, il y a large comme l'embouchure de la Fiumara ! Et puis les gens changent… Parle-lui, Libero… Parle-lui avant de la condamner.”


« La justice ne peut pas se contenter de condamner. Il est nécessaire de comprendre »
“Ne regarde pas en haut avec envie ou en bas avec dédain, Libero. Fais ta route, c'est bien assez.”
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Chut !
Entendez-vous le chant des oiseaux sur Ogliano ? c'est une belle journée d'été qui s'annonce pour une promenade dans le maquis. Quel bonheur de pouvoir profiter de ces paysages magnifiques, de ces petits sentiers cachés qui mènent à des panoramas éblouissants connus, à des grottes -invisibles de la vallée- parcourues de labyrinthes féériques, à des rivières de montagne d'une couleur émeraude et d'une pureté sans égale. C'est le paradis …
Mais comme souvent en montagne, la météo peut changer très vite. Subitement, l'écho sourd de la détonation résonne à mes oreilles, suivi d'un cri.
Chut ! Regardez bien autour de vous ! Êtes-vous bien certain que personne ne vous a suivi ?
Le paradis, ah, non vraiment quelle bande de naïfs ! vous avez cru à cette carte postale ? Non, ici, c'est plutôt l'enfer qui vous attend ! Les grottes servent à cacher les cadavres, leurs labyrinthes ressemblent aux catacombes, et l'eau des rivières permet de laver le sang des morts …
Chut ! le silence ici c'est l'omerta…
Les secrets, les serments, les trahisons, la vengeance, les liens du sang, l'amour à mort, les meurtres et surtout l'honneur règnent. Ici nulle république, c'est la mafia des Carboni qui fait la loi.
Elena Piacentini insuffle vie avec talent à ses différents personnages et nous aide à mieux comprendre les relations complexes tissées génération après génération dans le massif de l'Argentu.
Araignée patiente, elle tisse sa toile, emmaillote son lecteur, qui n'a plus qu'à se laisser emporter pour être dévoré et découvrir l'initiation à la vie et à l'amour de Libéro, un jeune garçon natif de ce village imaginaire qu'est Ogliano.
À la fin de son livre, l'auteure rend hommage à Roberto Scarpinato, un magistrat italien spécialisé dans la lutte anti-mafia, qui a travaillé avec Giovanni Falcone et Paolo Borsellino.
Un combat toujours tristement d'actualité, partout dans le monde, puisque « le procureur du Paraguay spécialisé dans la lutte contre le trafic de drogue, Marcelo Pecci, a été assassiné le 10 mai 2022 en Colombie par des tueurs débarqués en jet-ski sur la plage paradisiaque d'une île des Caraïbes où il passait sa lune de miel. ». Et la réalité rejoint la fiction en un miroir troublant lorsqu'on apprend que sa jeune épouse venait de lui annoncer qu'elle était enceinte….
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Si le baron Delezio règne sans conteste sur la peine communauté d'Ogliano, d'une autorité assise sur le pouvoir que confère l'argent, Libero Solimane revendique un autre empire, celui de l'Argentu, et de ses trésors naturels. Il connait mieux que quiconque la faune et la flore et les nombreux abris que la roche sait offrir aux fugitifs.

Il lui brûle de répondre à l'invitation du baron à l'occasion de la fête organisée pour le baccalauréat de son fils. Même s'il est lié à Rafaello par une amitié sincère, c'est surtout la belle-mère de celui-ci qui l'attire, pensionnaire secrète de ses rêves les plus osés.

La fête est cependant ternie par le décès d'Herminia, que certains prétendant sorcière. Femme de peu, sa mort sera vite cachée, oubliée sans autre forme d'enquête. Et pourtant, cet événement volontairement ignoré, sera le déclencheur d'une série d'autres faits en cascade, et d'une traque sans merci au coeur de la montagne.

Libération de la parole, levée de l'omerta et révélations de filiations inattendues, les temps sont venus de lever le voile sur ce qui impose le silence de génération en génération.

Si le mal est révélé, il éveille aussi la conscience des sentiments amoureux, que rien ne peut entraver.

Très belle fresque romanesque, au coeur d'un pays imaginaire qui cependant ne laisse aucun doute sur la possibilité d'existence de telles emprises mortifères.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Avouez qu'avec beaucoup de romans, on a l'impression de lire toujours la même chose ! Ma curiosité de lecteur en ouvre un de plus. Et, sans prévenir, enfin une pépite est là entre mes mains ! Pas trop envie de dévoiler l'histoire dont on ne devine pas les pages suivantes comme certains. Une écriture ensorcelante qui a pour personnage principal Libero qui vit seul avec sa mère, l'institutrice du village. À 18 ans, ses sens sont en éveil et il a la curiosité des autres. Mais tiens voici le fils du baron qui lit Antigone... Des pages sensuelles, la nature présente, une tragédie antique, les abus de pouvoir, choisit-on vraiment son devenir ?
Et si je partageais cette pépite ?
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J'ai été irrésistiblement attirée par la première de couverture: ce ciel bleu et cette maison , ainsi que le titre à consonance méditerranéenne laissaient présager une histoire intéressante.

Je ne connaissais pas l'auteure, qui vit à Lille, et a reçu plusieurs prix pour ses romans policiers. C'est ici sa première oeuvre de littérature générale.

Elle est d'origine corse, et même si le village d'Ogliano a été imaginé , on a vraiment l'impression d'être sur l'île de beauté: carabiniers, mafia, magnifiques paysages de montagne, habitants ardents et taiseux...

Au centre des désirs, des rancunes, des colères,des secrets: la Villa rose , lieu de vacances de la riche famille du baron Delezio. le récit de ces événements passés est fait à la première personne par Libero, le fils de l'institutrice qui avait à l'époque dix-huit ans. Il était obsédé par le fait de découvrir qui était son père, ce que lui cachait sa mère . Obsédé aussi par la jeune épouse du vieux baron...

C'est en suivant dangereusement des hommes suspects, semblant transporter un corps sur une mule qu'il va bouleverser son destin , sa vision des choses. Cela devient un roman d'initiation.

Il est écrit dans un style expressif, sensuel, la focalisation interne étant ponctuée en italiques par d'autres points de vue, enrichissant le propos. La tragédie de Sophocle"Antigone" est un symbole puissant du livre. J'ai beaucoup aimé le personnage de Libero, fragile et fort à la fois. Vraiment une belle découverte. Je le recommande!
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Les lourds secrets de famille

Après plusieurs romans noirs, Elena Piacentini se lance en littérature blanche. Et c'est une belle réussite! Les Silences d'Ogliano est un roman d'apprentissage puissant comme une tragédie antique.

Commençons par planter le décor, essentiel dans cette tragédie. Nous sommes dans le bourg d'Ogliano. Entouré des montagnes de l'Argentu, il laisse aux habitants l'impression que leur place ne peut être que modeste face à une nature aussi puissante. On n'en voudra pas à Libero Solimane, le narrateur, de vouloir fuir cet endroit. Pourtant il aurait quelques raisons de rester. Pour sa mère Argentina, qui a toujours refusé de lui confier l'identité de son père, mais surtout pour Tessa, dont il est follement amoureux. La belle jeune femme est l'épouse du baron Delezio, propriétaire du plus grand domaine de la commune. Il l'a épousée après la mort de sa première épouse, se moquant de leur différence d'âge de plus de 20 ans.
Comme tous les étés, le baron s'installe avec famille et domestiques. Mais cette fois, il ne trouve pas l'habituel comité d'accueil, car le village enterre l'un des siens, Bartolomeo Lenzani. Retrouvé le crâne fracassé au pied de sa mule, personne ne le regrettera, lui qui terrorisait sa famille et laissait voir sa noirceur à tous. Si Libero et sa mère n'assistent pas aux obsèques, c'est que ce sont des mécréants. Armé de ses jumelles, le jeune homme observe toutefois la cérémonie et remarque les cinq hommes étrangers venus accompagner le défunt jusqu'à sa dernière demeure. Et faire grandir la rumeur...
C'est à ce moment qu'un cri venu du domaine Delezio mobilise toute son attention. Une guêpe a piqué Tessa et l'on s'affaire autour de celle qu'il convoite. L'occasion de l'approcher va arriver très vite, car le fils de famille vient de réussir son bac et son père entend fêter l'événement en invitant tout le village.
La fête en l'honneur de Raffaele ne va pourtant pas se passer comme prévu. D'abord parce que Libero n'aura guère l'occasion d'approcher Tessa, mais surtout parce que l'on découvre le corps sans vie d'Herminia «la folle» et qu'il faut abréger les festivités. le lendemain, le héros de la fête est enlevé dans le but de réclamer une rançon. Libero, qui a suivi les traces des ravisseurs pour secourir son ami, va être pris à son tour et le rejoindre au fond de la grotte dans la montagne où il est retenu. le sort le plus funeste attend les deux compagnons d'infortune, car dans ce genre d'opérations, il ne faut pas laisser de traces.
Si on sent la patte de l'auteure de polars, on retrouve aussi la puissance de la tragédie dans ce roman qui, pour remplacer le choeur antique, nous livre les voix des morts et des acteurs qui viennent s'insérer entre les chapitres. Tous portent de lourds secrets, ont des confessions à faire pour soulager leur âme. Si Raffaele ne se sépare jamais de son exemplaire de l'Antigone de Sophocle, c'est parce qu'il sait combien ces pages contiennent de vérités. de celle qui construisent une vie, déterminent un destin. On passe alors du suspense au drame, puis au roman d'apprentissage. Quand une suite d'événements forts forge un destin.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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C'est une tragédie.


Les personnages principaux sont trois jeunes hommes vivant dans un territoire du Sud (la Corse ?) où règnent des codes d'honneur, de l'amitié, du désir, et la mafia.

Il y a Libero, un jeune garçon très sympathique, élevé par sa mère, qui ne connaît pas son père, et qui a été très proche de son grand-père qui l'a initié à la nature et à la montagne de l'Argentu autour de chez lui.

Il y a Gianni, un ami d'enfance, qui est élevé par sa mère lui aussi et dont l'oncle ne semble pas recommandable.

Il y a Raffaele, fils du baron local, riche héritier de la famille des Delezio, à la belle Villa rose : une demeure magnifique qui tranche avec la pauvreté des masures du village.

Et puis il y a des femmes : la belle Tessa, belle-mère de Raffaele qui fascine et attire irrésistiblement Libero, notre héros. Argentina, la mère de Libero, femme d'honneur qui cache le secret de la naissance de Libero et son lien avec César, une sorte de père par procuration, qui a aussi ses secrets. Ou encore Herminia la folle.

Et puis il y a surtout Antigone. La pièce de Sophocle, avec son sens du drame, comme en fil rouge du drame qui va se dérouler sous nos yeux de lecteurs. Placée sous le patronage de la tragédie grecque, on retrouvera dans ce roman le récit d'une « injustice d'être né dans un clan plutôt qu'un autre, de faire partie d'une classe, d'une lignée plutôt qu'une autre » et des personnages qui auront la volonté de changer le monde à partir de leur petit village emblématique.

Il y aura du drame, du sang va couler, certains vont mourir. Il y aura aussi de l'amitié, du désir et le surgissement d'un amour qui va surprendre ses protagonistes par la force du désir éprouvé. Il sera question de destinée et de rédemption. On parlera beaucoup de droit et de justice aussi.

Et puis il y aura les paysages, fortement inspirés de l'île de Beauté, avec une grotte aux fées où tout sera possible, et un village qu'il faudra finir par quitter.
Tout cela et bien d'autres choses.

Merci à Bookycooky qui a tiré mon attention sur ce roman, le premier de cette autrice issue du territoire corse et vivant à Lille. le roman aurait pu s'appeler « la force du destin », si le titre n'avait pas déjà été pris.
Ce roman, qui a généré 66 critiques sur Babelio vaut le détour.



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Dans une région encaissée, entre montagne de l'Argentu et maquis, le village d'Ogliano...Un village qui concentre des tensions et de nombreux silences et secrets. Dominé par le Baron, un grand propriétaire avec son épouse en secondes noces Tessa, une jeune femme rousse particulièrement attirante, organise une fête dans son domaine la Villa rose, pour Raffaelle son fils qui vient de réussir ses examens. Libéro, le fils qu'Argenta, l'institutrice du village a élevé seule, s'est toujours senti à part, trouvant du réconfort auprès de son grand-père maternel, puis, à la mort de ce dernier, auprès de César un ancien carabinier. Quand Libero aperçoit Gianni, un de ses amis, s'éloigner vers la montagne, avec Raffaelle, il leur emboîte le pas, ignorant qu'il vient de réveiller les vieilles rancoeurs qui vont précipiter les protagonistes dans une tragedie qui s'apparente étrangement à l'Antigone de Sophocle.

Une lecture intéressante qui s'inspiré de la tragédie grecque de Sophocle et qui m'a fait penser à la mort du roi Tsongor, un récit inspiré d'une autre tragédie, où malédiction, secrets et vengeances se cumulent pour se jouer des humains. La construction du roman demande concentration car les récits s'enchevêtrement sur plusieurs générations, avec des retours en arrière pour chaque personnage.
Ce roman semble constituer un changement de registre pour Elena Piacentini, qui, jusqu'à présent se consacrait aux romans policiers. Je ne connais pas ses polars mais j'ai été séduite par ce récit tragique assez dense.
Je remercie Babelio et Actes sud pour cette découverte.
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Ogliano, petit village montagnard d'un pays du Sud, aux habitants modestes sous la coupe d'un hobereau local. Une petite société qui pratique depuis longtemps l'omerta sur des pratiques douteuses, où la perfidie, le meurtre et l'appât du gain se dévoilent quand on gratte la surface des choses et des êtres.

Un thriller rural noir sur fond de mafia, une tragédie à l'antique, intemporelle, qui loue les valeurs d'honnêteté de courage et d'amitié, quand les fils deviennent meilleurs que leurs pères.
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Un très beau roman qui tient sa beauté grâce à l'écriture restituant le climat à la fois des lieux imaginaires que l'on pourrait imaginer comme ceux de l'Italie du sud, de la Sicile mais aussi de la tragédie qui se noue sous les yeux de Liberato, le narrateur mais dont il est aussi acteur. En parallèle avec Antigone, ici l'autrice dresse un drame dont l'amour, la vengeance, l'identité et les classes sociales sont les moteurs et démontre que quelque soit l'époque, le lieu tout repose sur ce que les hommes et femmes transmettent et protègent et quelqu'en soit le prix.
Une mise en scène et en mots qui parviennent peu à peu à restituer toute la dramaturgie et les cas de conscience de chacun des protagonistes...
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