Le décalage créé par l'inversion des normes entre la doxa consumériste-individualiste qui prévaut dans notre société occidentale actuelle, et la cosmogonie Jivaro ayant conquis, pour l'ouvrage, la majorité des humains à l'exception de quelques enclaves, est des plus rafraichissante.
Les situations rocambolesques issues d'un tel changement de paradigme émerveilleront ou rebuteront au premier abord, selon l'ouverture et les affinités de chacun, mais dans tous les cas : déstabilisent, appellent au questionnement.
Alessandro PIGNOCCHI ne fait pas de prosélytisme envers la philosophie animiste des autochtones d'Amazonie que sont les Jivaros, mais s'en sert comme prisme d'étude anthropologique, comme un outil pour faire un pas de côté. On papillonne de case en case : un coup l'on suit un Ministre qui ne cherche qu'à démissionner, vainement, pour se rapprocher des rainettes ; le coup d'après un anthropologue Jivaro venu étudier une des dernières enclaves « occidentale » à Bar-le-rois ; le tout sur fond d'aquarelles aux couleurs et textures tamisées créant une atmosphère propre au détachement, à la « remise à zéro », requis par l'ouvrage.
Une lecture très agréable, fluide, qui aura même eu le mérite de me faire sourire tant « l'absurdité » de certaines planches ne sont pas sans rappeler l'humour British.
Une très bonne surprise dont la suite, déjà publiée, ne tardera pas à rejoindre ma bibliothèque.