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EAN : 9782738132864
288 pages
Odile Jacob (29/04/2015)
3.88/5   4 notes
Résumé :
On pourrait penser qu'aucun principe général ne saurait expliquer la diversité des réactions qu'un film suscite. Ce livre soutient qu'un tel principe existe : notre appréciation personnelle s'organiserait tout entière autour des intentions, des émotions, des intuitions ou des traits de personnalité que nous attribuons, le plus souvent inconsciemment, au réalisateur et à ses collaborateurs. À partir de l'oeuvre de John Ford, d'Orson Welles, d'Alfred Hitchcock, de Ter... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pourquoi aime-t-on un film?

Voila une question à laquelle on répondra par "chacun ses goûts", ce qui clôt le débat.

Ou alors on se lancera dans un savant discours sur le 7è art des origines à nos jours, une analyse de chaque plan, du scénario, de la bande-son, des dialogues.....dans un jargon de spécialiste, truffé de références et de termes techniques.
Mais faut-il avoir fait l'IDHEC (devenue la Femis) pour savoir si on aime tel ou tel film? Faut-il être un lecteur assidu des Cahiers du Cinéma et de Positif pour discuter autour d'un film en buvant un verre?

Une troisième voie existe, qui consiste à interroger le sens et les intentions que le réalisateur à mises dans son film.
Partir du principe que tout le contenu du film est un acte de communication, dont nous sommes les destinataires. Non pas en spectateurs passifs, mais en véritables déchiffreurs de sens.
Notre travail de spectateurs se fait la plupart du temps inconsciemment, et nous percevons les images, les sons et les phrases selon des processus mentaux qui sont proches de ceux dont nous nous servons pour suivre une conversation. Nous construisons du sens à partir des indices semés tout au long du film. Nous les relions à ce que nous avons "appris" en regardant d'autres films, et surtout en les rapportant aux intentions supposées du réalisateur.

Si je regarde un James Bond, je sais d'avance qu'il y aura de l'action ainsi que certaines choses connues de lui: un séducteur, un homme invulnérable, courageux, loyal, qui a de l'humour, qui boit des martinis, qui connait tous les sports de combat, qui reste fidèle à Sa Majesté, etc....Pour continuer à faire aimer ces films, chaque nouveau réalisateur de James Bond va respecter ces codes implicites, en modernisant le scénario et l'acteur principal, sans introduire ses idées personnelles sur les services secrets.
le spectateur serait complètement désorienté si James se mariait, prenait des kilos, devenait homo ou buvait des Vittel-fraise en pantoufles devant la télé. Ses attentes seraient déçues en fonction de ce qu'il suppose être les intentions du réalisateur: faire un film tous publics qui amuse, donne des frissons, à effets spéciaux spectaculaires, où les bons gagnent contre les méchants.

Regardons maintenant le film "Rien que pour vos cheveux", qui est une parodie de film d'espionnage.
L'intention du réalisateur est totalement différente, et le plaisir (ou l'indignation) que j'éprouve en le regardant viendront du décalage entre les aventures du héros Zohan, agent secret du Mossad qui veut devenir coiffeur, et le prototype à la James Bond. le réalisateur nous donne son point de vue personnel en mode loufoque et comique, sur beaucoup de sujets qui ne relèvent pas de l'espionnage: l'amour, la réussite sociale, le sort des Palestiniens, les stéréotypes sur les Juifs, sur les dames âgées, sur les super héros qui sauvent le monde...
Voila toute la différence entre un film "conventionnel" et un film "intentionnel".

A vous de décider si on peut aimer les deux, ou si les meilleurs films sont plutôt de la deuxième catégorie.
Un reproche toutefois sur ce livre passionnant: les photos qui servent d'exemple sont d'un format ridiculement petit, et ne servent pas à grand chose. Dommage, ça aiderait à suivre les raisonnements.
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L'auteur développe sa théorie psychologique du cinéma.
Il s'emploie à expliquer les outils qu'un spectateur mobilise spontanément pour attribuer des états mentaux au réalisateur d'un film. Créateur et spectateur maîtrisent partiellement ces outils, connaissances surtout utiles au spectateur, qui peut ainsi reconstruire les états mentaux qui semblent avoir présidé à la création de ce qu'il voit.
Le spécialiste en sciences cognitives établit ainsi un modèle intentionnel, composé de processus inférentiels. Ce dernier qualificatif est préféré à rationnel, car la majorité des inférences (calculs effectués par l'esprit pour arriver à une conclusion à partir de quelques éléments de départ) de notre esprit sont inconscientes.
Dit ainsi, cela paraît complexe, et ce l'est. Car essayer de rationaliser les émotions et les sentiments qui nous emportent à la vision d'un film relève de la gageure.
Heureusement, Alessandro Pignocchi "entre" dans la tête de nombreux cinéastes afin d'éclaircir le chemin vers les intentions avouées ou non préméditées de grands noms du cinéma.
Il nous initie aussi à une terminologie des sciences cognitives, notamment l' "axe communicatif" pareil à celui de nos conversations courantes et à la façon dont nous interprétons les comportements de notre interlocuteur, comme nous .
Autre terme, la pertinence, principe cognitif général voulant que nos systèmes cognitifs tentent en permanence de traiter l'information la plus pertinente, c'est-à-dire la moins fatigante pour comprendre.
Recevoir un film déclenche des mécanismes psychologiques. le savoir aide parfois à saisir ce qui nous échappe à la sortie d'une projection, si l'envie est là. On peut aussi laisser une part d'ombre sur ce qui nous a animé à notre corps consentant. C'est le choix d'une écrasante majorité, l'ouvrage érudit méritant n'ayant conquis que 11 adeptes en 8 ans. Merci Odile Jacob, éditrice avisée.









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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Si la mémoire est la base de notre pensée, comment s'accommoder d'une base qui est mouvante tout en donnant l'illusion d'être stable ?
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La nostalgie ne nait pas du souvenir d'un événement heureux, mais de celui d'expériences impossibles à revivre.
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Il est donc plus juste et plus fécond de rapprocher l'expérience d'un film, réaliste ou non, de l'écoute d'une histoire plutôt que de l'observation de la réalité.
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Laurent Jullier note que la réception du Voleur de bicyclette est bien différente selon que l'on a, ou non, l'expérience de la paternité.
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L'interprétation spontanée d'un film est avant tout de nature non verbale.
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Videos de Alessandro Pignocchi (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alessandro Pignocchi
D'un côté, Philippe Descola, grand anthropologue. de l'autre, Alessandro Pignocchi, chercheur en sciences cognitives et bédéiste. Dans "Ethnographies des mondes à venir", ils explorent ensemble ce que l'anthropologie a de subversif, et surtout d'inspirant, pour affronter le monde qui vient.
#environnement #anthropologie #actualite
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