Écouter en boucle la si belle chanson de Georges Brassens : Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps, le beau temps me dégoûte et me fait grincer des dents, le bel azur me met en rage…
C’est que, voyez-vous, l’homme est amoureux d’une femme dont le mari est représentant pour une compagnie de paratonnerre. Il l’a rencontrée un jour de pluie, elle était seule, car les jours de pluie son mari est absent. L’homme est heureux les jours de pluie parce qu’il sait qu’il aura le champ libre. Les jours de pluie me font le même effet de champ libre mais dans un autre ordre d’idées.
Pour ma part, il y a toujours eu sur ma porte de frigo des phrases qui me sont d’un grand secours. Parfois, elles restent affichées pendant plusieurs semaines. Vous savez le genre de phrase (pas une pensée mais une affirmation) qui vous donne du « pep dans le soulier ». Une phrase qui vous réconforte, qui vous stimule, qui vous motive à atteindre un objectif ou, tout simplement, à vivre. Lorsque j’avais vingt ans, mon frigo était tapissé de phrases qui m’ont vraiment aidée à passer à travers des moments plus difficiles.
J’ai besoin de toi, mon amoureux, j’ai besoin de vous, mes filles, mes sœurs, mes parents, mes amies, mais j’ai avant tout besoin de savoir que ça existe et que ça se vit en solo avec mon être. J’ai besoin de vous dégager de la responsabilité de me le donner. Ce que je cherche depuis des années est en dedans de moi. J’ai besoin de déballer ce cadeau quotidien seule pour le savourer pleinement et qu’il rejaillisse sur vous par la suite. Je comprends à quel point, par contre, il est difficile de s’autoriser à aller chercher ce cadeau. Mais je vous en prie, essayez-le, c’est gratuit. Satisfaction garantie, aucun dépôt, pas de taxes, pas de mise de côté. Seulement un cœur ouvert et des mains tendues pour recevoir la livraison quotidienne.
La voiture est un lieu tout indiqué pour sangloter : vous savez que personne ne pourra vous surprendre, vous êtes dans votre bulle, vous êtes en mouvement, y a vraiment quelque chose qui se passe. Vous pouvez arrêter à tout moment pour écrire, méditer, marcher, crier. Pleurer en voiture est une thérapie en soi qui nous assure une grande transformation à notre retour.
Quand tout est silencieux, quand tout est en arrêt et que l’on entend respirer les arbres et les enfants. La nuit qui nous demande d’être contrairement au jour où l’obligation de faire est si pressante. Pouvoir être qui je suis la nuit. J’emprunte le titre de la chanson de Beau Dommage, Heureusement qu’il y a la nuit, pour affirmer que si je ne les avais pas eues, ces nuits, je n’aurais jamais pu écrire le livre que vous tenez entre vos mains. Je me demande parfois combien de projets créatifs, combien de « flashs qui changent une vie » ont vu le jour grâce à la nuit ? La nuit, notre alliée qui ne demande qu’à être apprivoisée. Je crois que c’est quand on n’a plus peur d’elle qu’on peut aller se coucher.