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EAN : 9782218049910
Hatier (01/03/1994)
4/5   1 notes
Résumé :
302pages. in8. Broché.
Que lire après Les infortunes de la raison : 1774-1815Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La défunte collection "Brèves littéraires" aux éditions Hatier, était consacrée à des essais d'histoire littéraire parfois confiés à des écrivains et essayistes de talent. C'est bien le cas de ce volume, acquis comme les autres chez un bouquiniste, sur les écrivains de la période 1774-1815. le choix des dates s'explique en termes de générations : après 1774, pratiquement tous les grands philosophes des Lumières sont morts, et le livre évoque la génération d'après, celle des auteurs contemporains du règne de Louis XVI, de la Révolution et de l'Empire.

Comme toujours dans cette collection, on se promène dans une galerie peuplée de figures connues ou inconnues, mais à la différence d'autres volumes, on n'a nulle impression de confusion ou de catalogue sans suite ni logique. Les auteurs ont su approfondir leur analyse de ces trois époques pour montrer de manière claire ce qui, en chacun, est le fruit de son temps et ce qui fait son originalité.

Que retenir de ce gros livre instructif ? Je suis frappé par la grande médiocrité, élégante et légère, des écrivains de la fin de l'Ancien Régime, Laclos mis à part. Même Beaumarchais, génie théâtral, est un auteur sans intérêt. La Révolution offre, comme on sait, les premières expériences politiques totalitaires, et le sort tragique des artistes et des penseurs est plein d'intérêt : tous comprennent à un moment ou à un autre que leurs idées les conduisent droit à la guillotine, non parce qu'elles vont contre le pouvoir en place, mais parce qu'ils n'ont pas le pouvoir. La Terreur est pure domination, oppression à l'état brut, drapée dans de grands principes généreux : c'est la naissance de la gauche. Les dupes de ces beaux principes postiches paient leur naïveté de leur vie. Quant aux révolutionnaires, ils écrivaient bien et faisaient de beaux discours.

Le Consulat et l'Empire consacrent l'oeuvre révolutionnaire, à savoir que la domination, sous le nom de liberté, s'alourdit sur les citoyens (et surtout les citoyennes, puisque Mme de Staël est finalement l'ultime grand auteur féminin du XVIII°s). Mais on ne tue plus les intellectuels et les poètes. Ainsi, sous le boisseau, de futures grandes figures se forment et se développent : Chateaubriand, Benjamin Constant, Sénancour. Mais il est significatif que la grande époque de floraison littéraire est la Restauration, régime moins autoritaire et plus tolérant, où l'on peut voir un Charles X dévot pensionner et décorer Champollion, jacobin enragé. Autres temps, autres moeurs.

En somme, si ce livre était disponible, j'en conseillerais la lecture, même si, sur l'époque et sur Chateaubriand, le grand Poésie et Terreur de Marc Fumaroli, est infiniment préférable.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
[Ecrits de prison sous la Terreur]
La prison, où Sade enrage, peut être aussi, pour le proscrit, l'occasion d'un retour sur soi. La prison, ou la fuite. Des conditions de vie précaires, la menace d'une mort imminente rendent l'heure précieuse. On est sorti de la tourmente ; on la regarde autrement. Condorcet en profite pour rédiger son testament philosophique. D'autres décident de raconter leur vie, telle qu'ils la voient ou la veulent, et de justifier du même coup, aux yeux de la postérité, les engagements qui les ont perdus. Des notes sont prises sur le destin présent, le passé est regardé dans sa courbe, reviennent à l'esprit les voeux et les moments les meilleurs. Si bien que la littérature doit aux emprisonnés, aux vaincus, à l'amère désillusion et à l'horrible triomphe de la Mort, des textes intéressants ou précieux, des reliques. Il en est auxquels ont pense aussitôt : les écrits de prison de Mme Roland. Elle a noté elle-même cette particularité de sa psychologie : au cours d'une maladie ou en prison, elle oublie tout des préoccupations de la vie active et des luttes ; dans le calme d'une inactivité par obligation, elle se retrouve, enfin.

p. 149
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Vidéo de Bernard Pingaud
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