Dans un futur proche, la population est décimée par un virus, Ebola III, qui n'épargne personne et sème le chaos. À Bruxelles, Roxanne, l'héroïne, doit prendre en charge sa fille Stella, dont elle ne s'est jamais occupée, à la suite du décès de son ex-mari.
Dans ce roman d'Emmanuelle Pirotte, la Bruxelles future est développée à partir de clichés racistes de notre époque : dès les premières scènes, Roxanne doit par exemple porter un Niqab pour se rendre dans le quartier de la gare du Midi et les croque-morts sont des Flamands qui rechignent à s'occuper des cadavres Wallons. Parmi tous les futurs possibles, n'y avait-il pas de proposition plus fine, plus fouillée, que l'auteur pouvait choisir, au lieu de ce Bruxelles de facilité ?
De plus, le texte est émaillé de références que les jeunes des années 2010 ne connaissent ou n'aiment pas, alors pourquoi les adultes de demain les connaîtraient-ils ou les aimeraient-ils encore ? Il y a fort à parier qu'il ne restera plus qu'une poignée de vieilles personnes pour savoir ce que sont 2001 Odyssée de l'espace, les tableaux de Constantin Meunier ou le Miserere d'Allegri, par exemple, et il paraît étrange que Roxanne, qui est une jeune femme, ne se rappelle pas du nom de Dany Boon, dont elle a vu un sketch « étant petite », mais lise Les Grandes espérances de Dickens...
La fiction d'anticipation pose en réalité des questions sur notre monde, en imaginant comment il va se développer : mais on ne peut pas vraiment aboutir à une piste réaliste si l'on part d'un postulat de base erroné ; or c'est ce qui semble s'être passé ici. L'auteur connaît-elle réellement la jeunesse d'aujourd'hui, la façon dont elle vit, ses rêves ou ses préoccupations ?
Mais ces questions ne se posent plus dès lors que Roxanne et Stella se réfugient au village de Saint-Fontaine : le roman d'anticipation , avec la présence d'un fantôme, se transforme en récit fantastique, qui a davantage l'air de se dérouler en 1950 qu'en 2050. Ce changement de genre et de ton est pour le moins déroutant. Puis, après le fantôme et ses souvenirs historiques, arrivent un cheval, un cavalier de l'apocalypse, un vieux et dégoûtant secret qui ne sera pas résolu, des motards violents qui sèment la Mort... L'auteur se perd dans son intrigue, mélange les genres, les thèmes, et perd son lecteur avec elle, qui se demande où elle veut l'emmener, sans prendre pour autant plaisir à ce chaotique voyage.
Somme toute, ces nombreux défauts laissent à penser que l'auteur a eu envie d'écrire un roman d'anticipation sans en maîtriser les codes, puis, ne sachant où aller, a laissé son imagination, bien pauvre, mener l'intrigue à vau-l'eau. Et comme la forme n'améliore pas le fond, (la narration passe brutalement et sans raison du passé au présent, le style est répétitif, plat et vide d'émotion...) on se retrouve avec un texte médiocre, dont le seul intérêt est de laisser le lecteur imaginer une autre intrigue à partir de ce point de départ pourtant très alléchant.
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Ce roman commençait bien malgré la description d'un futur très glauque. Demain nous verrons peut-être bien revenir le temps des grandes épidémies et notre société ne saura pas comment y faire face. . Les thématiques abordées au départ, bien que catastrophiques, sont plausibles mais ce récit perd toute crédibilité avec l'arrivée d'un fantôme. C'est très décevant et n'a plus aucun intérêt.
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