AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 41 notes
5
4 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ostende, quand le ciel bas et lourd etc. C'est bien de cela qu'il s'agit dans ce roman mené de main de maitre par cette auteure belge.
Des personnes cabossées, seules, surtout. Car il est beaucoup question de solitude : morale et physique.
- Renaud, un homme extrêmement riche, blasé, sardonique, rempli d'autodérision et de sarcasme pour ses semblables, lesté d'un passé pitoyable sauvé du naufrage total par sa tante anglaise, Clarisse. Cherche refuge auprès de sa prostituée slave au caractère bien trempé.
- François, son ami paumé, chômeur, à fleur de peau, qui à la faveur d'un cours de tango rencontrera celle qui le sauvera.
- Brigitte, la quinquagénaire pré-ménopausée, qui trouve un sens à sa vie en s'occupant des migrants et qui ne dédaigne pas de temps en temps tomber dans les bras de ces beaux mâles.
- Et enfin la fière, écorchée vive, violente et entière Théodora, Salvadorienne ayant quitté son pays après d'atroces expériences.
Tout ce petit monde se rencontre sous un ciel bas et lourd….etc.

MAGNIFIFIQUE ! C'est l'occasion pour Emmanuëlle Pirotte de déployer la psychologie de ces humains blessés, de nous les faire comprendre, parce qu'au fond, qui ne l'est pas, blessé par la vie ?
Avec une empathie sans concession, tricherie ni complaisance, elle nous expose le fond de leur âme.
Et quel style ! Vivant, quelquefois trash, quelquefois poétique, sans fioriture mais sans fausse nudité.
J'ai été très agréablement surprise de me laisser prendre par la main pour explorer les tréfonds de ces êtres, riches ou pauvres, forts ou faibles, sans cesse ballottés par le vent du Nord qui remue leur mal-être.

Oui, il faut rompre les digues, de la vague nait un chef-d'oeuvre.

Commenter  J’apprécie          436
«Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague»

C'est du côté d'Ostende qu'Emmanuelle Pirotte nous entraine avec son nouveau roman, superbe de mélancolie de d'humanité. Avec à la clef la rencontre d'un quinquagénaire dépressif avec une émigrée salvadorienne.

Pour son cinquième roman, Emmanuelle Pirotte a choisi de mettre en scène une famille de haute-bourgeoisie belge, ou ce qu'il en reste. Renaud en est le symbole à la fois le plus fort et le plus faible. le plus fort parce qu'il rassemble tous les traits caractéristiques de sa lignée et le plus faible parce qu'après une tentative de suicide avortée dans sa jeunesse, ce quinquagénaire promène son mal de vivre en étendard.
Autour de lui, le personnel de maison vaque à ses occupations, à commencer par Staline. C'est ainsi qu'il avait surnommé Angèle, à son service depuis plus de quarante ans, et qu'il avait conservé malgré toutes les brimades qu'elle lui avait fait subir jeune, Jacqueline la cuisinière et son mari Henri, l'homme à tout faire. Mais c'est Teodora Paz, née à San Salvador le 20 novembre 1995, qui va jouer un rôle majeur dans cette histoire. Pour l'heure, elle s'occupe de trois enfants d'une famille belge installée à Marbella. Mais nous y reviendrons. le premier cercle, autour de Renaud, se compose de François, le fils de la cuisinière, qui est l'ami de Renaud depuis ses six ans et qui partage avec lui son spleen, lui qui s'est jamais remis de la perte de son épouse, suite à un cancer. Licencié, il a vivoté grâce à des petits boulots avant de se retrouver au chômage et n'a plus vraiment envie de retrouver du travail. Clarisse, en revanche, est plus lumineuse. C'est auprès de cette tante, installée en Angleterre, qu'il trouve refuge depuis qu'il est adolescent.
Complétons enfin le tableau avec Sonia, la prostituée moldave qu'il «loue» régulièrement, Brigitte qui milite dans l'humanitaire et Tarik, le dealer dont il vient de faire la connaissance et lui procure de la coke et du crack.
Alors que Renaud est en Angleterre, il apprend le décès d'Angèle et regagne la Belgique. C'est à peu près au même moment que la famille qui emploie Teodora décide de rentrer dans son plat pays. Quelques jours plus tard, à l'instigation de François, Renaud décide de prendre Teodora à son service. La Salvadorienne, dont on découvre petit à petit le trouble passé, et le bourgeois dépressif vont alors entrer dans une curieuse danse qui va les transformer tous deux.
Emmanuelle Pirotte réussit un roman d'une grande richesse, qui colle parfaitement à cette ambiance si bien rendue par Brel
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
En suivant Renaud et sa mélancolie, ses pensées morbides, la romancière parvient tout à la fois à nous le rendre attachant, malgré ses côtés insupportables. Il en va du reste de même de ses autres personnages, avec leur failles et leur humanité, lovés dans une écriture dont chacun des mots résonne, tout à tour sarcastique ou drôle, poétique ou crue. Une écriture aussi dense qu'addictive, une petite musique qui nous suit longtemps…


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          330
Je connais peu d'écrivains capables de dresser le portrait de leurs personnages en trois phrases. Emmanuelle Pirotte le fait à la perfection et en général, elle les habille pour l'hiver (ex : p17, 36, 46), sans complaisance ni cruauté, un entre-deux inspiré qui laisse au lecteur la liberté de les aimer ou de chercher les raisons de les détester.
On est à Ostende, le genre d'endroit où il fait bon cacher sa misère sous une couette, un rail de coke ou des tonnes de gaufres. Il faut bien compenser, le ciel est bas et l'horizon, incertain. Ce livre sonne comme une chanson de Brel (« Ce chanteur qu'elle semblait vénérer tel un dieu, un dieu de ce Nord à la fois sinistre et regorgeant de merveilles d'une banalité bouleversante ») ou une balade de Bashung, juste, acérée, désespérée, avec beaucoup de mélancolie et un petit rayon de lumière au bout de la rime.
Renaud, le rentier blasé, s'enkyste dans sa fortune. Teodora, la tueuse repentie du MS-13, se morfond dans le souvenir douloureux de la petite fille qu'elle a laissée au Salvador. Tout les oppose et pourtant, « Teodora et Renaud étaient prisonniers d'une solitude abyssale. Ils partageaient un sort identique face à la nécessite de vivre ». Moins par moins, ça fait plus, alors peut-être que ces deux monstres trouveront la sortie du tunnel. Rien n'est moins sûr, il y a toujours une seringue qui traîne, un avion en partance et dix mille raisons de se perdre.
Tout est bien dans ce bouquin, le titre, la couverture, les personnages, les décors, l'atmosphère et le ton, féroce, avec ce qu'il faut de tendresse pour ne pas tomber dans le cynisme.
Bilan : 🌹🌹🌹
Commenter  J’apprécie          240
Ostende, la mer du Nord, un ciel bas, gris comme la mer. Un environnement qui représente très bien l'état d'esprit de Renaud, la petite cinquantaine, un homme certes extrêmement riche, mais surtout un homme seul, très seul, en manque d'amour, en manque d'envie de vivre... Seul l'alcool, la drogue, le sexe tarifé l'illuminent encore.

Il a quelques amis dont le fidèle François, un paumé, sans emploi qu'il connaît depuis son enfance. C'était le fils de la cuisinière, il est désargenté, un peu en mal de vivre lui aussi depuis la mort de son épouse.

Il y a Brigitte, une militante humanitaire qui s'oublie et oublie sa fille pour les autres (migrants).

Téodora Paz est salvadorienne, elle travaille pour la famille Vervoort. Elle s'occupe des trois enfants, esclave des temps modernes, dévouée corps et âme à cette famille, ne disposant pas de temps pour elle.
Elle est en exil, un lourd passé derrière elle. Elle, la fière, violente, écorchée vive, va rencontrer Renaud lorsque ses employeurs n'en voudront plus.

Ces deux écorchés de la vie, lui, Renaud qui peut tout s'offrir et elle, qui a tout perdu vont se côtoyer, ces deux solitudes vont se métamorphoser.

Ce récit qui pourrait sembler déprimant de prime abord par la solitude de ses protagonistes va devenir lumineux grâce à l'excentrique tante Clarisse, porteuse d'espoir qui tissera des liens entre eux.

C'est un véritable portrait de notre société occidentale, des solitudes, de la cruauté de la vie, des fractures de classes sociales, de l'insolence des nantis, des violences et inégalités sociales que nous dresse Emmanuelle Pirotte.

Une écriture magnifique comme toujours, elle décrit ces échorchés vifs avec brio, humour. Un ton sarcastique, poétique empreint d'humanité.

La psychologie des personnages est très développée. On s'attache aux personnages que l'on a envie de sauver, de rendre heureux.

Un très beau roman que je vous conseille vivement.

Ma note : 9/10

Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          93
Renaud, riche, toxicomane, dépressif, traîne sa solitude et son ennui dans sa grande maison de maître ostendaise. Seul, pas tout à fait car il a la compagnie de sa vieille gouvernante espagnole, qui lui rappelle son enfance désastreuse. Il peut aussi compter sur quelques amis, dont François, veuf inconsolable, ou Brigitte, quinquagénaire qui trouve un sens à sa vie et un réconfort en aidant les migrants, malgré la désapprobation de sa fille. Bref, rien de bien joyeux dans ce petit groupe. Theodora, elle, est une émigrée salvadorienne au service d'une riche famille belge vivant en Espagne. Elle aussi porte son lot de malheur et de difficulté de vivre. Lorsque la famille belge quitte l'Espagne pour revenir en Belgique, la rencontre de Theodora et de Renaud provoque une sorte de choc dans leurs deux existences, que nous relate Emmanuelle Pirotte dans son roman. L'écriture est précise, recherchée, très riche de références culturelles et historiques. J'ai passé un très beau moment de lecture, même si j'ai été un peu surprise de l'épilogue.
Commenter  J’apprécie          70
Des passages très crus et des envolées magnifiques font de ma "première Pirotte" une expérience curieuse. Je lis peu mes compatriotes. le titre et la couverture m'ont séduit. Et très vite l'écriture, faite de phrasés amples et d'états d'âme bruts ciselés dans des mots justes. Les personnages aussi m'ont plu, finement croqués dans leurs grands et petits moments. L'époque est triste certes, mais on peut toujours rêver, espérer... Je me suis plu dans le petit monde imaginé par l'auteure, reflet d'une société au bord du gouffre, se retenant de tomber dans un sursaut d'humanité et de dignité. À voir les nombreuses citations que j'ai postées, l'adhésion l'emporte largement sur la crispation à la lecture de quelques scènes trop épicées au regard de l'ambition élevée d'un roman collant à l'actualité d'existences désemparées.


Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
Commenter  J’apprécie          51
L'écriture de l'autrice rend heureusement la lecture agréable car coté histoire, ça ne vole quand même pas très haut à mon goût. Les personnages sont très caricaturés, mais restent toutefois attachants. Je n'irais pas le recommander aux quatre coins mais j'ai passé un agréable moment de détente...
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre est la rencontre de plusieurs êtres écorchés par la vie, dévorés par la solitude, bousculés par les conditions sociales. Il y a d'abord Renaud, un riche rentier lassé par son existence qui trouve refuge auprès de sa coke et de sa prostituée. Puis François, un ami perdu, au chômage, qui utilise son peu d'argent dans des cours de tango. Tous les deux côtoient Brigitte, cette femme qui consacre tout son temps à s'occuper des migrants qu'elle accueille, instruit et laisse parfois venir jusque dans son lit. Enfin, il y a Teodora, la gouvernante de la maison, brisée par son passé trouble de tueuse qui la hante quotidiennement. Tous partagent un chemin de vie chaotique où les pires sentiments alimentent des corps qui n'en peuvent plus. Ils vivent, ou plutôt survivent. Derrière les digues se cachent des destins singuliers qui s'entrechoquent malgré les différences culturelles et sociales.

Emmanuelle Pirotte nous emmène avec elle dans les tréfonds du coeur humain, là où les sentiments les plus purs mais parfois les plus noirs trouvent refuge. En fine psychologue, elle nous présente ses personnages avec une plume surprenante. le style est vivant, cru mais poétique, et avec ce qu'il faut d'humour et de tendresse. L'atmosphère n'est jamais pesante, on vibre à travers les personnages. Certes, par le biais de leur histoire on se confronte au doute, au déséquilibre, au manque de repères, pourtant nous, nos repères, on ne les perd jamais.

@lecturesauhasard
Commenter  J’apprécie          11
Nouveau roman, nouveau thème. Décidément Emmanuelle Pirotte ne cherche pas la simplicité en se cantonnant dans un genre bien défini. Chacun de ses livres est une magnifique surprise et «Rompre les digues» ne déroge pas à la règle.

Ici des êtres malmenés par la vie, certes faillibles mais tellement attachants par leur humanité, trainent leur mal-être et leur mélancolie au bord de la mer du Nord avec, en bande son, les chansons de Jacques Brel.

Les mots sont justes, l'écriture est belle, vivante, parfois verte ou féroce, souvent tendre et poétique.

Superbe, une fois de plus !
Commenter  J’apprécie          10
Renaud, dans sa demeure d'Ostende s'ennuie. Il trompe son mal-être avec de vieux amis également paumés. François est un chômeur de longue durée et Brigitte une militante pour les droits des migrants plus investie auprès d'eux qu'auprès de sa propre fille. Il y a aussi Tarik son dealer et Clarisse, sa tante anglaise excentrique vers laquelle il vient se réfugier régulièrement. Enfin il y a Teodora, une jeune salvadorienne au passé violent qui débarque dans sa vie et l'intrigue.
Rompre les digues entre les êtres, affranchir les barrières de nos conditions sociales ou de nos origines pour tenter de se comprendre. C'est un peu ce que tentent les personnages du nouveau roman d'Emmanuelle Pirotte. Ce sont des écorchés qui n'hésitent pas à sortir des cadres. Les questions des origines sociales ou géographiques n'entravent pas leur relation, c'est leur difficulté à trouver leur place au monde qui les réunis. le roman parle aussi de solitude et de quête de sens.
Renaud est une sorte de rentier désoeuvrée. Il vivote au milieu d'un groupe hétéroclite et sans but. Mais certains événements de sa vie vont le pousser à se questionner, à avancer. Malgré certains aspects sombres, c'est un roman non dénué d'espoir. L'autrice a une forme de tendresse pour ses personnages. Même Renaud, pouvant être exaspérant parfois, reste touchant.
L'écriture instaure une ambiance mélancolique et intimiste. le roman n'en est pas pour autant dénué d'humour. L'autrice dissèque de manière fine l'âme de ses personnages et leurs aspirations. Malgré leur caractére marginal, ils sont en prise avec les grands débats de notre temps. La question des migrants revient par exemple régulièrement. Ils sont terriblement humain et crédibles car plein de failles et de contrastes.
Je me suis laissée emporter par ce roman doux et intense, voyageant auprès de personnages atypiques sous le ciel gris et lourd.

Lien : https://lapagequimarque.word..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (106) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature belge

Quel roman Nicolas Ancion n'a-t-il pas écrit?

Les ours n'ont pas de problèmes de parking
Nous sommes tous des playmobiles
Les Ménapiens dévalent la pente
Quatrième étage

15 questions
63 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature belgeCréer un quiz sur ce livre

{* *}