AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 417 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le 16 décembre 1944 débute la contre-offensive allemande dans les Ardennes belges qui doit, selon Hitler, les mener jusqu'au port d'Anvers. Des commandos SS déguisés en soldats américain doivent prendre intacts des ponts sur la Meuse afin de permettre le passage des troupes allemandes. C'est l'opération Greif et elle est l'oeuvre du Waffen-SS Otto Skorzeny. Dans les villages où les Allemands reviennent c'est la panique. Un curé confie ainsi Renée, une petite fille juive cachée ici, afin d'échapper aux déportations, à deux soldats américains qui sont en réalité des SS infiltrés de l'opération Greif. Les deux nazis s'apprêtent à assassiner la fillette mais au dernier moment, l'enfant met une petite poignée de neige dans sa bouche pour étancher sa soif. Ce geste en apparence anodin allié au regard pénétrant de Renée trouble Mathias qui décide d'abattre l'autre soldat. Mathias est décrit par Emmanuelle Pirotte comme étant « une machine à tuer ». Ce n'est pas la pitié qui l'a poussé à épargner l'enfant, c'est autre chose et c'est cette « autre chose » qui est décrite de façon bouleversante dans ce livre sublime au titre de « Today we Live » et qui est signé de l'auteur belge Emmanuelle Pirotte. le style d'écriture est au plus près des émotions ressenties par ces deux êtres que tout oppose et qui pourtant se rencontrent pour ne plus se quitter : un soldat allemand et une petite fille juive. Cette plongée au coeur de cette rencontre improbable en pleine bataille est d'une finesse psychologique et d'une beauté rare. J'ai dévoré ce roman en deux petits jours. La lucidité de Renée nous foudroie car elle a déjà compris que ses parents déportés ne reviendraient pas. La force de vie qui l'habite est proportionnelle à la pulsion de tuer qui tenaille Mathias. Ce dernier tente de comprendre ce qui le touche chez Renée. Lui, le trappeur parti avant la guerre au Canada, lui qui côtoya les Indiens et leur mode de vie, lui l'homme brillant habité par une puissance de destruction abyssale. C'est la force de ce roman : ce lien étrange et puissant entre Renée la petite fille juive et Mathias le SS. On est plongé, immergé au coeur de la bataille, dans cette ferme occupée par des soldats américains où Mathias et l'enfant, pour des raisons différentes, doivent taire leur identité. C'est un très grand roman et je pèse mes mots car rarement j'ai été aussi touché, ému par une histoire. « Today We Live » est un livre envoûtant, marquant, beau tout simplement !
Lien : https://thedude524.com/2019/..
Commenter  J’apprécie          3514
Premier roman d'Emmanuelle Pirotte, cet ouvrage était dans la sélection 2018 du Prix Eurégio (il propose aux lycéens de Belgique, Allemagne et Pays-Bas une sélection de six romans parus en français, allemand et néerlandais, pour lesquels ils voteront) Mon fils l'a lu et l'a apprécié. C'est donc sur ses conseils que je l'ai sélectionné pour le mois belge. Depuis, j'ai appris qu'une adaptation cinématographique était en cours et que le « Mois belge » le sélectionnait pour une lecture commune. Tout cela n'était-il pas gage de qualité ?

La force de l'auteure est de ne pas tourner autour du pot. Dès les premières lignes, nous sommes plongés au coeur de l'action et le rythme ne faiblira pas jusqu'à la fin.

Alternant le récit du quotidien et des flashbacks où l'on découvre la vie menée par Mathias avant sa rencontre avec Renée, Emmanuelle Pirotte nous présente, d'une écriture fluide et sans fioriture inutile, différents tableaux : l'errance, la survie, la peur, la vie dans une cave, les délations, l'enfance, les combats violents, les horreurs de la guerre, la vie sauvage dans une forêt canadienne… A travers ces tableaux, elle nous laisse entrevoir une facette des personnages dont le portrait tout en entier ne nous apparaît qu'au fil des pages. Loin d'être lisses, ils portent en eux des contradictions, des ambiguïtés qui ne les rendent ni tout à fait bons ni tout à fait mauvais.

La guerre est longue, cruelle et tous souhaitent retrouver leur vie d'avant. Chacun doute, a peur, espère. Des personnalités se révèlent, d'autres changent, évoluent car la guerre a laissé des traces et marqué chacun. Rien ne sera plus comme avant, chacun le sait.

Dans ce décor glaçant et glacé, Renée dénote par sa force lumineuse. Cette enfant ballottée par les événements a échappé à la mort par sa seule force mentale et la profondeur du regard qu'elle a porté sur celui qui la tenait en joue. Elle force le respect par sa détermination et son calme aux pires moments. En croisant Mathias, elle va bouleverser son existence et ses certitudes. Plongé en pleine aporie, il en devient vulnérable et en même temps plus humain.

On sort de ce roman avec un sentiment trouble tant l'auteure a réussi à nous ébranler. le regard porté sur les faits et les gens est brouillé. Et on ne peut s'empêcher de se demander comment nous aurions réagi à leur place.

Un roman fort et puissant qui a en plus le mérite de se baser sur des faits historiquement exacts (l'opération Greif et la Bataille des Ardennes). A lire et à donner lire aux adolescents.
Commenter  J’apprécie          110
En cette fin d'année 44, la dernière offensive allemande dans les Ardennes belges pousse la population locale à se réfugier dans les caves. Dans la ferme de la famille Paquet, débarque soudainement un soldat américain Mathias, accompagné d'une enfant juive de 7 ans qu'il doit soustraire à la vindicte allemande. Mais la réalité est tout autre et Renée, la fillette le sait. Elle connait le double-jeu de son protecteur qui n'est autre qu'un soldat de la Waffen-SS infiltré. Alors pourquoi ne le dénonce-t-elle pas aux autres GI's présents dans cette cachette ? Quant à Mathias, quelle est la raison pour laquelle il n'a pas tué la fillette quant elle lui a été confiée par un prêtre belge dupé par son uniforme, préférant abattre son compagnon de combat ? Emmanuelle Pirotte a bâti toute son histoire sur l'ambiguïté de cette relation.

Son roman m'a fait découvrir un aspect de la seconde guerre mondiale que je ne connaissais pas avec cette opération d'infiltration nommée opération Greif, où de très bons éléments de l'armée allemande se glissaient dans les troupes alliées pour les désorganiser. Même si c'est un roman sur la guerre, ce n'est pas un roman d'action. Il se déroule dans un presque huis-clos, qui est le microcosme idéal pour exacerber les sentiments. L'auteure a tout misé sur les personnages et sur leur dualité. Ballottée de main en main depuis sa plus tendre enfance, Renée a vu son innocence céder la place à un instinct de survie presque animal qui l'aide à voir clair dans l'âme de ceux que le hasard met sur son chemin. Quant à Mathias, c'est un aventurier qui ne s'est pas engagé dans l'armée par adhésion à la doctrine hitlérienne mais par besoin d'adrénaline, par opportunisme et parce qu'il n'accorde pas beaucoup d'importance à la valeur de la vie. Toute la beauté du livre est contenue dans la relation ambivalente qui va s'établir entre ces deux solitaires. Cette gamine juive va réveiller en lui le peu d'humanité qu'il reste. J'ai beaucoup aimé l'ambiance tendue qui règne entre les occupants de cette cave, dans l'attente de la fin de cette guerre. Les arrivées successives des américains puis des allemands réveillent des penchants vils pour les uns ou courageux pour les autres. Des scènes très fortes émaillent le récit. L'écriture de l'auteure est juste et sait s'adapter à la situation. Elle permet par exemple au lecteur d' échapper ponctuellement à cette tension, en narrant le passé de trappeur de Mathias (sa mère était canadienne) et son sauvetage par une chamane indienne.

Un premier roman auquel j'accorde un 18/20, petit par la taille mais grand par le kaléidoscope d'émotions qu'il déclenche chez le lecteur. Un roman qui interroge sur le fond de la nature humaine, sur sa propre réaction face aux évènements rencontrés et qui laisse un agréable goût d'espoir.
Commenter  J’apprécie          315
Petit roman, grande écriture, thème peu connu des infiltrés allemands au sein des américains libérateurs.
Contexte : Petite fille juive au coeur débordant et soldat allemand sublimé.

On plonge dans ce roman instantanement, sans reflechir ni comprendre, on devient Renée, on est intuitif et sauvage comme elle, on voudrait une belle histoire mais on connait l'histoire et elle n'est pas belle.

C'est la fin de la guerre, en Belgique, et dans les rangs des américains il y a des allemands infiltrés. Ces soldats déguisés sont membres de l'opération Greif, dirigée par Otto Skorzeny.

L'un de ces soldats infiltrés, Mathias, tue un soldat allemand pour épargner la vie d'une enfant, une fillette juive au regard troublant. Il devient ainsi ce qu'il est supposé être, un américain ou un soldat sublimé. Renée, l'enfant sauvé, va donc donner une nouvelle naissance à Mathias. Entre Mathias et Renée c'est comme un amour filial, quelquechose qui ne s'explique pas, qui se ressent uniquement.

Emmanuelle Pirotte a l'art de décrire des choses compliquées avec des mots de tous les jours et des tournures toutes simples. Ce sont des associations limpides pour amener des messages profonds :
"Pour la première fois de sa vie, en compagnie du soldat allemand, Renée avait oublié qu'elle était juive
Commenter  J’apprécie          90
Une couverture qui m'attire, un synopsis qui m'intrigue ... ce début de lecture semble prometteur. Cette bonne impression se confirme en tournant la dernière page de ce magnifique roman. J'ai adoré cette histoire touchante et poétique. Ce fut une très belle découverte.
Commenter  J’apprécie          30
Un très belle écriture au service de deux personnages très attachants... Leur histoire très improbable, mais la rencontre est magique, et très profondément humaine... Des images fortes, charnelles et sans concession dans leur simplicité. Une évidence de l'instant vécu.
Commenter  J’apprécie          10
Today we live est un roman éblouissant qui met en scène des personnages d'un réalisme fort et qui est très bien documenté.
Le lien qui s'installe entre ses deux personnages principaux, aussi différents qu'incompatibles, est aussi beau qu'il s'avère inexplicable. J'ai, personnellement, énormément aimé le personnage de Mathias, un SS qui adhère à la guerre pour le plaisir de la faire et par désenchantement pour la race humaine dont il connaît trop les vices, plutôt que pour l'idéologie qu'elle défend. Au contraire même: il découd, au fil des pages, l'idéologie nazie et en montre toutes ses absurdités tout en continuant, jusqu'à sa rencontre avec Renée, à en jouer le jeu.
Outre cette relation absolument incroyable, Emmanuelle Pirotte nous offre une plongée dans la fin de la 2de Guerre mondiale. Grâce à son écriture à la troisième personne du singulier adoptant un point de vue ultra omniscient, elle donne la parole à tous les camps, à toutes les personnalités. Mathias et Renée, bien entendu, mais aussi aux civils (ceux qui ont du courage et ceux que la peur pousse à la délation et à la haine), aux SS et aux GI's. Elle brouille les cartes, expose les nuances. L'horreur nazie côtoie la bêtise américaine. Elle brandit le courage des certains civils sans pour autant exposer au blâme la couardise des autres, transis de peur, enfermés dans une cave à attendre de voir enfin un peu de lumière.
L'auteure maîtrise aussi les ellipses temporelles pour nous expliquer comment certaines choses ont été mises en place (la construction des camps, la création des différents corps de SS, les portraits de certains hommes d'Hitler, les dogmes de l'idéologie nazie).
A un roman ultra documenté se mêle une écriture courte et percutante, agréable à lire.
A lire et à faire d'urgence!
Lien : https://wp.me/p1fMjH-2JO
Commenter  J’apprécie          92
En Wallonie en décembre 1944, quand un allemand se cache dans un uniforme américain, que les américains ne sont pas que des anges libérateurs, que les civils tentent de survivre malgré tout… et qu'ils rencontrent une petite fille juive perdue et seule au monde.
Voilà un résumé très succinct de ce roman qui ne peut se résumer tellement il aborde des thèmes fondamentaux et mène à des réflexions sur la nature humaine, le monde, l'Histoire...

Au départ je me suis dit : « oh non, encore un roman sur la guerre… » et je n'avais plus très envie de le lire en cette période. Puis les premières pages m'ont happée car l'action démarre dès la première ligne avec un fort suspens. J'ai suivi ces personnages pris de panique, essayant de comprendre la situation. Une petite fille est un des personnages secondaires car elle ne s'exprime pas, puis soudain dans un moment critique elle se retourne et le lecteur la rencontre tout autant que le personnage présent : elle devient alors le personnage principal de cette histoire. C'est là que j'ai compris que je lirai le livre jusqu'au bout ! Quel formidable personnage que cette petite fille étonnante qui ne laisse personne indifférent. Il émane d'elle une humanité forte, de la tendresse, de la poésie, la vérité également car elle est incapable de bercer les autres d'illusion : elle dit ce qu'elle pense.
Un couple improbable se forme alors entre elle et l'allemand déguisé en américain. Lui aussi est touchant à sa façon. On comprend peu à peu sa duplicité, ses contradictions. On s'apprête à le détester mais son humanité apparait. de nombreux flash-back permettent de mieux cerner les personnages, d'approfondir leurs traits de caractère.
Le lecteur plonge dans la bataille des Ardennes : débâcle allemande, dernières atrocités, stress américain. La population ne peut que subir les invasions de soldats de tout bord et les nourrir alors qu'elle se prive déjà avec des vivres quasiment épuisées. L'instinct de survie dévoile alors les caractères entre les lâches prêts à dénoncer, les courageux qui gardent la tête haute, les affaiblis qui suivent le mouvement. Mais jamais l'auteur ne juge : il n'y a pas le bien et le mal, il n'y a que des hommes et des femmes pris dans la tourmente de la guerre.

Ce roman est donc porteur d'espoir, nous montre, malgré les horreurs, la poésie de la vie et que l'amour l'emporte. Une lecture positive avec un sujet angoissant au départ. C'est tout le talent d'écrivain d'Emmanuelle Pirotte dans son premier roman. Quand le prochain ?
Commenter  J’apprécie          300
J'ai été littéralement scotchée par ce roman.
Il reste 3 semaines à l'année 2017, mais ça a vraiment été ma lecture préférée de l'année 2017. On a à faire à deux personnages forts. L'auteure est loin des clichés, les frontières du bien et du mal sont complètement floutées et on a peur jusqu'au bout pour les personnages.
C'est une lecture que je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          30
Comment vous parler de ce livre… un ovni à la Belge ?
L'histoire d'une petite fille juive orpheline, ballotée de famille en famille pour la cacher, la mettre en sécurité. Et puis la dénonciation. Les Allemands qui se dissimulent sous des uniformes américains pour tromper la population et les alliés eux-mêmes. Et cette pitite feye de 7 ans qui le trouble, le boche décide finalement d'abattre l'autre officier et de la sauver elle…

J'ai lu parmi les critiques le côté assez improbable de l'histoire qui parfois dérangeait. de même la petite Renée trop mâture pour son âge.

Moi je me suis laissée embarquée, prise par la main dans l'imaginaire de l'auteur.

Et puis la maturité des enfants en temps de guerre est triste et réaliste. Ils doivent grandir vite même si le fond de leur insouciance affleure toujours.

Et puis il y a ces gens simples où je reconnais la Belgique, ces belgicismes « c't un brave » pour dire « qu'il est gentil », ces phrases en wallon (même en tant que Wallonne je ne saisis pas tout, mais j'ai trouvé ça savoureux car nous utilisons tout de même couramment quelques mots ci et là dans un français parfaitement ordinaire). C'est assez rare à lire et agréable de s'y reconnaitre. Et quand bien même, cela a sans doute quelque chose de cocasse quand on vient de France ou d'ailleurs.

Il y a dans ce livre une ambiance. Une poésie. Une intensité. Une fragilité. Peut-être un surréalisme à la Belge du genre « Ceci n'est pas un livre ».
Commenter  J’apprécie          182




Lecteurs (812) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3249 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}