Auxerre
La capitale icaunaise ( d’Icauna, le nom gaulois de l’Yonne qui était divinisée et vénérée en ces lieux ) domine la Basse-Bourgogne. Attention de ne pas heurter les oreilles indigènes et à bien prononcer Ausserre, comme cela s’écrivait au Moyen Age, en souvenir de son nom gallo-romain d’Autessiodurum, la forteresse du chef Autessios. Le copistes ont pris l’habitude d’abréger le double ss par une croix, laquelle a progressivement été prise pour un véritable x et prononcée ks, en particulier à Paris, comme dans les mots taxe, luxe ou fixe. L’ancien duché de Bourgogne est demeuré attaché à une prononciation des toponymes fidèle à leur étymologie, par exemple dans Aloxe, Auxey, Auxois, Auxonne, Bruxelles, Fixin, etc. Tous ces noms dans lesquels le x est compris entre deux voyelles se prononcent à l’ancienne, ce qui n’est pas le cas dans les autres régions de France, par exemple pour Saint-Maixent ou Maxéville. Les invasions burgondes ne sont pas parvenues à effacer le beau parler latin en Bourgogne ni, bien entendu, le s final de Vercingétorix qui siffla aux oreilles de César.
Auxerre jouit d’une situation remarquable, sur les pentes de la rive concave d’un méandre de l’Yonne tourné vers le soleil levant, là où le fleuve s’élargit et permet une navigation plus facile vers Paris et la mer. Oui, vous avez bien lu : le fleuve, car le débit moyen de l’Yonne à Montereau est à 93 m3/s, contre 80 pour la Seine. Cette erreur géographique remonte à l’époque gauloise, et plusieurs hypothèses ont été avancées pour l’expliquer : le prestige religieux de la déesse Séquana, plus grand que celui d’Icauna, et le poids politique, militaire et économique des tribus de l’amont de la Seine, des Lingons en tout premier lieu, les deux facteurs s’étant peut-être conjugués. Le rôle ancien d’Auxerre repose aussi sur le choix de Rome d’y faire passer la grande Via Agrippa Lyon-Chalon-Sens-Boulogne-sur-Mer, sans doute le tracé d’un ancien chemin gaulois. Au Ve siècle enfin, la ville s’impose dans la chrétienté, grâce à la personnalité de l’évêque Germain qui deviendra saint Germain l’Auxerrois, fameux pour sa lutte victorieuse contre l’hérésie du pélagianisme qui affirmait le primat du libre arbitre sur la grâce.
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