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3,9

sur 779 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre lorsque j'ai ouvert ce livre . Et , bien , au final , en tournant la dernière page après l'avoir lu d'une traite, force est de reconnaître qu'il s'agit là d'une très bonne pioche .
Le voyage est long jusqu'en Gaspésie et , en longeant les rives du Saint Laurent , le touriste que j'étais pensait plus à guetter l'hypothétique apparition des baleines qu'à réviser l'histoire bien chahutée de ce nouveau monde . Cette histoire , elle sera abordée de façon extrêmement intelligente au travers de courtes légendes , de récits politiques présents ou passés qui montrent que Canada et Québec ...et ,bien , oui , c'est parfois une idylle compliquée. A ce sujet , je dois dire que tous ces " documents " insérés de facon très originale dans un récit plutôt noir est un choix d'auteur vraiment brillant , dans la mesure où, en s'entremelant , les genres , non seulement se marient parfaitement bien mais donnent à l'ouvrage une grande profondeur , un superbe éclairage. Et que dire de la rencontre fortuite mais extraordinaire de quatre personnages si différents , deux noirs et deux blancs dont les destins vont se confondre l'espace d'une aventure , mais quelle aventure.... Les indiens , dans ce récit , jouent leur survie alors que leur vie réside tout bêtement sur la nourriture fournie dans la nature que des règlements s'empressent de contrôler....C'est un ouvrage de réflexions , un ouvrage qui met en opposition l'avidité , la cupidité , la stupidité de certains , dits civilisés et la sagesse et l'envie de vivre humblement de populations minoritaires et opprimées à qui , toutefois , l'auteur s'efforcera bien de " ne pas donner le bon Dieu sans confession." Ça aussi , c'est un bon point...
J'ai adoré aussi toutes les images de " nature " et je vous invite à suivre la voie tracée par taqawan et remonter vers la source....Bienvenue chez les Indiens mi'gmaq , nos lointains cousins qui , comme tous les humains , sont des descendants du singe....
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« Ici, on a tous du sang indien et quand ce n'est pas dans les veines, c'est sur les mains ».

Tabarnak, quel crève-coeur, cette histoire...

Le 11 juin 1981, les Indiens Mi'gmaq de la réserve de Restigouche en Gaspésie subissent un raid brutal de 300 policiers de la Sûreté du Québec, qui ont ordre de confisquer leurs filets de pêche. L'opération déclenche une émeute, qui elle-même provoque une répression policière disproportionnée, et une crise politique. Parce qu'il ne s'agit pas seulement d'imposer des quotas de pêche de saumon aux Indiens, mais surtout, pour le Premier Ministre du Québec, de « faire chier Ottawa ». En effet, si la pêche est une compétence gérée par la province, les réserves indiennes relèvent, quant à elles, du gouvernement fédéral canadien. S'en prendre aux droits de pêche des Indiens revient donc à empiéter sur un territoire et une compétence qui sont la chasse gardée du fédéral, et à rappeler ainsi les velléités souverainistes du Québec.
C'est au coeur de ce pan d'Histoire (authentique) que se retrouvent coincés les personnages (fictifs) d'Eric Plamondon : Océane, une jeune Mi'gmaq de 15 ans qui disparaît le jour du raid et est retrouvée par hasard quelques jours plus tard, blessée et prostrée, par un agent de la faune qui vient de démissionner, écoeuré par la violence gratuite des policiers lors de ce même raid. Il recueille la jeune fille dans sa cabane et tente de la remettre sur pieds avec l'aide d'une institutrice française en stage dans la région, et un Indien mi'gmaq qui vit à l'écart de la tribu. Les quatre protagonistes auront bien du mal à échapper à la vengeance des agresseurs d'Océane, imbus de leur supériorité d'hommes blancs et de leur impunité.
Pour comprendre l'origine de cette violence, l'auteur, tel un saumon qui revient dans sa rivière natale (un taqawan, en langue mi'gmaq), remonte le fil de l'Histoire sur quelques siècles, jusqu'aux conflits de territoire entre autochtones, colons anglais et colons français, qui ont abouti, peu ou prou, à ce gouvernement québécois un brin schizophrène, rêvant d'indépendance tout en privant sa population indienne de toute autonomie.

A la fois polar, roman historique et politique, document ethnographique émaillé de légendes indiennes, et parsemé, en fil rouge, d'informations sur la vie des saumons, ce récit très riche parle de colons et d'autochtones, d'Anglais et de Français, de minorités et de majorités, d'indépendance et de mise sous tutelle, de l'Humain pour ou contre la Nature, de l'Humain pour ou contre l'Humain.
Taqawan est un roman très rythmé, à la construction éclatée mais facile à suivre, un texte ambitieux et intense qui marque par des personnages touchants d'humanité et une Histoire criante d'injustice.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Gespegeoag : la Gaspésie en langue micmaque.
La Baie des Châleurs.
Restigouche.
La Réserve indienne.

Quand s'ouvrent les premières pages, les policiers ont investi la Réserve indienne Micmaque pour empêcher les hommes de poser leurs filets, de pêcher le saumon. Alors que c'est là l'essentiel de leur économie et de leur source alimentaire et que de tout temps, ils ont été pour une part de leur vie, pêcheurs.
Taqawan, le saumon, celui qui revient toujours , celui qui se souvient.

Et le récit s'envole...

C'est un roman qui contient tellement de choses, tellement de thèmes qu'on ne peut tout dire et qu'on ne doit pas tout dire car il faut comprendre comment tous ces hommes sont arrivés à vivre ensemble ou plus évidemment à côté les uns des autres, sur cette péninsule.

C'est un récit puzzle dans lequel s'enchevêtrent les évocations de l'Histoire de cette province et surtout ce qu'il advint des indiens en regard des colonisations successives. On redécouvre ce qu'était la vie loin de l'idée d'un homme blanc qui viendrait tout revendiquer et celle qui sera la leur, une fois les colons arrivés et installés.

C'est un récit qui donne à essayer d'en savoir davantage sur les enjeux de cette région, les conflits latents…



Un récit pour comprendre, s'il en est besoin, que l'indien est l'éternel perdant de cette luttes dans l'appropriation des terres. Terrible, ce moment où il est question des bisons abattus et laissés sur place juste pour ôter la ressource alimentaire d'un peuple qu'on veut chasser par tous les moyens...



Merci à Babélio et aux éditions Audiolib ( c'était mon premier essai d'un livre "lu" !) pour cette lecture hors de mes horizons habituels.
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Beaucoup a déjà été dit sur ce livre surprenant : la plupart du temps en bien, avec surenchère de superlatifs… C'est probablement mérité mais de mon côté, le « big waouh » attendu n'a pas été au rendez-vous.

Les trois angles traités – l'événement répressif de 1981 ; les rappels historiques sur la place des indiens entre Anglais et Français puis entre Canada et Québec ; l'intrigue polardeuse – fonctionnent inégalement, mais avec chacun un goût de trop peu.

L'analyse historique et politique m'a passionné, et j'ai apprécié - tel un Taqawan humain - de remonter à contre-courant l'histoire de ces Mi'gmaq qui m'était jusque-là inconnue, et de découvrir les privations et injustices qu'ils subissaient depuis tant d'années. J'en aurais bien repris quelques pages de plus…

Quant à l'histoire noire en toile de fond, elle souffre elle aussi de sa brièveté qui empêche le développement de ses personnages et crée de fait des incohérences dommageables.

Cela n'enlève rien au talent d'écriture et de conteur d'Eric Plamondon et cela ne m'empêchera donc pas de me précipiter sur Oyana pour me refaire très vite une deuxième impression.
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Je me prélasse dans la baie des Chaleurs, la panse pleine et la queue frétillante. Je remonte la rivière me faufilant entre les roches et les pattes d'ours affamés, les mouches volent dans la brillance des reflets du clair de lune. Entre ombres et lumières d'une forêt ancestrale, je voltige vers mes racines ancestrales. Je suis #Taqawan et fier de l'être. Chacun ses penchants, moi la queue frétillante du saumon, ça m'émeut.

Pow-wow d'un autre temps, les festivités indiennes ne sont plus de joie. Elles deviennent émeutes, répressions, assassinats. La Police distille ses lacrymos, ferme les ponts qui mènent à la réserve, viole des jeunes indiennes… La violence en somme, une autre génération de lutteurs, mais toujours cette incompréhension entre les peuples. Je suis #Mi'gmaq et fier de l'être, une eau-de-feu pour laver la poussière en bouche. Chacun ses penchants, moi le whisky poussiéreux, ça m'émeut.

Taqawan, c'est une histoire de pêches et de lois qui virent à l'affrontement. C'est une sombre histoire, noire et triste, qui se mêle de l'Histoire des Amérindiens et de Céline Dion. C'est une promenade dans la nature, sur les rives de la Ristigouche. C'est comprendre un peuple, des bisons et des saumons, une forêt des rivières. C'est affronter le maudit anglais et le colonisateur français. Taqawan c'est à la fois être saumon et mi'qmaq. C'est tremper sa « tartine » dans du sirop d'érable et la lécher de gourmandise comme on se nourrit de légendes d'antan d'un peuple millénaire venu jusqu'en Gaspésie, qui remonte comme le saumon la rivière juste pour continuer à vivre, mais même là, les droits lui sont barrés par une réalité plus mercantile.
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Un poisson sur la couverture, je ne m'attarde pas. Refroidie par quelques épisodes de pêche à la mouche dans des Gallmeister ou autres romans de nature writing.
Apik' insiste pour que j'essaie : ça ressemble à 'Sauvages', de Nathalie Bernard. Non merci, toujours pas, trop d'action.
J'avance quand même un orteil frileux dans la rivière Restigouche, et je m'immerge rapidement dans l'histoire d'Océane, jeune mi'gmaq, du garde-forestier Yves Leclerc, de l'Indien William qui a quitté la réserve, et de quelques autres.

Nous sommes en 1981 (c'était hier), la Québecoise Céline Dion fait ses premières apparitions TV (avant retouches), les policiers débarquent en masse sur la réserve de Restigouche sous le prétexte fallacieux de contrôler la surpêche de saumon par les Mi'gmaq. Emeutes & répressions.

Cette lecture est d'autant plus agréable que l'auteur parsème son intrigue de rappels historiques (sur le Canada, les Indiens, la colonisation...) et biologiques (sur le saumon, sur l'homme).
On s'y (re)convainc de l'ineptie du droit du sol/du sang, de la prétendue supériorité de l'homme blanc et de tous les dégâts sur les populations autochtones.

Plus j'avance, plus je me dis que c'est un livre génial que je vais beaucoup prêter et offrir autour de moi.
Et puis arrive cette drôle de fin, en déphasage avec ce qui précède, on en rirait tellement c'est ridicule, non pas sur le fond mais sur la forme. On entend presque arriver Strasky et Hutch, gyrophare hurlant, roulant des mécaniques, jean moule-burn3s... Et là encore, on peut se demander si l'auteur ou l'éditeur espère une adaptation ciné ? Quel gâchis !

A lire malgré tout, pour réfléchir sur la colonisation, l'acculturation, les conquêtes meurtrières de territoires - c'est à dire l'histoire de l'humanité, au Canada et partout ailleurs, hier, aujourd'hui, demain.
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Ce fut un récit passionnant où l'intrigue se mélange entre fictions et la réalité.
Je ne connaissais pas le conflit opposant les Indiens mig'maq au gouvernement canadien.
La raison principale étant la pêche qui permet de vivre pour certains (ou plutôt de survivre) et de la restreindre pour d'autres.
Cette petite océane (indienne) coincée dans ce conflit m'a énormément bouleversé, de la fiction ou une véritable réalité que l'on préfère cacher.
Je suis à la fois en colère, révolté et un peu perdu dans mes pensées.
Je ne comprends pas comment on peut encore s'en prendre à ce peuple.

Un livre qui va me rester gravé bien longtemps.

En résumé, j'ai adoré ce roman, j'ai étais conquise par l'action et j'ai appris tant de choses. C'est les deux éléments les plus importants pour moi dans un livre.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Un joli livre qui m'a ramené quinze ans en arrière quand je filais sur la 132, le long de la baie des Chaleurs et de la Ristigouche pour boucler mon tour de la Gaspésie. Je ne connaissais pas alors les démêlées entre le gouvernement québecois et les indiens Mi'gmaq qui eurent lieu à cet endroit pour des problèmes de droits de pêche au saumon, histoire qui sert de toile de fond au roman. Je regrette de ne m'être pas attardé plus longtemps du côté de Pointe-à-la-Croix ou de Matapedia et j'espère (surtout après la lecture de ce livre) que l'occasion me sera donnée d'y retourner un jour.

J'ai beaucoup aimé les allers-retours entre Histoire et fiction et, mine de rien, on en apprend beaucoup en lisant ce roman sur les peuples autochtones de l'Est du Canada ainsi que sur les colons et même sur l'histoire récente du Québec. Et l'on imagine aussi les bonds fantastiques du saumon ("taqawan" en langue Mi'gmaq) qui remonte pour la première fois la rivière Ristigouche pour retrouver en amont son lieu de naissance. Un chouette moment de lecture.
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Taquawan est un récit atypique puisque l'auteur entremêle une histoire romancée voire policière, et une description des conditions de vie des amérindiens en Gaspésie au Québec et de la nature qui les environne.

L'histoire se situe en 1981 au moment d'une descente plutôt musclée des autorités québécoises dans une réserve amérindienne (chez les Mig'maqs !) pour des problèmes de permis de pêche. Comportements racistes, violences, viols, rien n'est épargné aux populations autochtones…. Les destins d'une jeune ado de 15 ans victime d'un viol, d'un jeune homme amoureux de son pays et de la nature, d'une française enseignante pour un an et d'un vieil indien vivant en reclus vont se croiser à l'occasion de ces événements.
Elle est entrecoupée de courts chapitres au cours desquels l'auteur raconte la vie ancestrale et traditionnelle des Mi'gmaqs, la nature, la vie des saumons etc…

Cette alternance entre fiction et non-fiction est vraiment bien amenée et ne m'a pas du tout gênée, au contraire ! Je me suis plongée avec un grand intérêt dans la description de ces contrées lointaines. Ma seule réserve concerne la partie romancée qui est peut-être un peu courte pour qu'on s'attache réellement aux 4 personnages principaux.

Une fois de plus, je constate avec tristesse le sort tragique des populations autochtones au Canada (voir aussi sur le même sujet les magnifiques Jeu Blanc de Wagamese ou Dans le grand cercle du monde de Boyden). Comme le dit un homme politique de l'époque : Au Québec, on a tous du sang indien. Quand ce n'est pas dans les veines, c'est sur les mains… A méditer.
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En 1981, les autorités québécoises décident de faire appliquer la réglementation relative à la pêche aux saumons dans les cours d'eau. Cette pêche permet à de nombreux amérindiens de pouvoir vivre. L'affrontement semble inévitable ; pot de fer contre pot de terre…
Il faut dire que depuis l'arrivée des colons blancs, les autochtones ont subi de nombreux abus et brimades. Les quelques réserves qui leur ont été concédées ne changent pas grand-chose à l'affaire, au contraire elles contribuent à les ghettoïser.
Des revendications d'indépendance québécoise et les tensions qui en découlent avec le gouvernement fédéral du Canada n'arrangent pas les choses, les amérindiens étant parfois instrumentalisés par ces deux camps.

L'écriture est agréable et l'histoire racontée avec beaucoup de finesse, du moins pendant les 180 premières pages. En effet, les 30 dernières pages du roman sombrent dans des scènes d'action qui contrastent avec le texte qui précédait, sans marque d'originalité. C'est dommage mais n'efface pas l'intérêt que j'ai trouvé à cette lecture très instructive sur l'histoire du Québec.

Par ses thématiques, ce livre m'a fait penser à "Sauvages" de Nathalie Bernard, qui raconte les abus commis au Québec jusqu'au milieu des années 1990 avec la scolarisation forcée de jeunes amérindiens ; livre que j'avais aussi beaucoup apprécié.
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