Une Oeuvre, comme un Absolu. Une Oeuvre autobiographique: compte rendu d'une mort annoncée.
Esther Greenwood, l'héroïne, est une demoiselle brillante, déterminée et sa jeunesse la pousse à profiter de la vie. Elle veut s'amuser, écrire, découvrir. Mais très vite elle ressent que quelque chose ne va pas, en elle. Esther a une « Cloche de verre » une prison mentale qui l'enferme en elle-même mais aussi, loin des autres. L'héroïne est d'une lucidité hallucinante, tant sur ses démons et ses désirs que sur la cruauté de la vie. Elle est parfaitement apte à évoluer en société, sait créer des liens bienveillants avec les filles de sa classe et maîtrise les rouages de la séduction. Sauf qu'elle rechercher à la fois tous ces liens et le rejette. Tour à tour fascinée par les gens, ils la dégoûtent ou l'indiffèrent. On accompagne Esther dans ses ambiguïtés et souvent elle nous enferme avec elle sous sa Cloche.
C'est un livre exigeant, déroutant et douloureux. Mais c'est aussi un livre si puissant qu'on ne parvient pas à se détacher du désespoir qui y règne en parfaite harmonie avec les exaltations de l'autrice.
La plume de
Sylvia Plath est éblouissante, torturée certes, mais elle vibre à chaque mot.
Certains passages sont si détachés alors que ce qu'elle vit est d'une violence extrême. On passe du chaud au froid quand elle conte le parcours médical d'Esther. C'est dans ces chapitres qu'il m'a semblé toucher du doigt l'essence même de la dépression. Un sentiment pernicieux, sourd, qui agit dans l'ombre. Il ne se nomme pas, jamais, et Sylvia distille cette émotion de façon si subtile que tout en devient anodin alors qu'on est en présence du stade le plus radical de la maladie.
« Qu'y avait-il de se différent entre nous, les femmes de « Belsize » et les filles qui jouaient au bridge, bavardaient et étudiaient dans ce collège où j'allais retourner ? Ces filles aussi étaient assises sous leur propre cloche de verre. »
La lucidité de Sylvia ne la sauvera pas, au contraire. Elle l'emporte encore plus loin dans la détresse, sans forcement de rage ou de chagrin. C'est peut-être cette clairvoyance qui va la condamner.
Lire
La Cloche de détresse est une épreuve, je pense même qu'elle nécessite plusieurs lectures. Pour parcourir un simple roman, pour appréhender la maladie, pour embrasser toute la complexité féminine, pour saisir la force du devoir sociétal ou pour ne garder qu'une seule chose ; la qualité indéniable de la plume de
Sylvia Plath.