Ma fascination pour la poétesse
Sylvia Plath (qui aurait 91 ans) ne fait que croître à la lecture de ses poèmes, des oeuvres de fiction sur elle, et maintenant de son unique roman.
“Pour celui qui se trouve sur la cloche de verre, vide et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n'était qu'un mauvais rêve.”
Amérique des années 50, Esther Greenwood qui n'est autre que le double de Sylvia, est une étudiante Américaine de 19 ans, brillante elle a remporté un nouveau prix, celui dont il est question dans le roman est un prix d'écriture pour un prestigieux magazine de mode à New-York, elle remporte l'opportunité d'y faire un stage.
La voilà immergée dans ce monde de cocktail, soirées mondaines, grands restaurants,discours pompeux, monde factice, échappe à un viol, à des discours imaginaire avec Buddy son petit ami scientifique qui dit que les poèmes ne sont qu'un tas de poussiere. Esther ressent un malaise, elle se sent oppressée, la mélancolie la gagne et l'envie d'en finir s'insinue en elle au fil des expériences ennuyeuses vécues à New York.
“Je me sentais très calme, très vide, comme doit se sentir l'oeil d'une tornade qui se déplace tristement au milieu du chaos généralisé.”
Elle n'est pas dupe. Elle suffoque dans la cloche de verre qui se fissure. Elle veut manger toutes les figues mais les voient pourir une à une ne parvenant pas à choisir les siennes, un mari, un foyer heureux avec des enfants, une autre figue était une poétesse célèbre, une autre un brillant professeur…
Sa mère la voit secrétaire et comme elle, Esther a intérêt d'apprendre la sténo, elle aura une vie bien rangée, “sera un petit caillou efficace au milieu des autres cailloux.”
Elle refuse cette vie caricaturale mais se sent happée par le désir d'enfants, dévorée par le modèle de la société Américaine si contraignants, si avilissant et réduction, destructeur pour les femmes “ Un homme ne s'en fait pas le moins du monde alors que moi, pour rester dans le droit chemin j'ai un bébé au dessus de la tête comme une épée de Damoclès.”
Esther, Sylvia, sombre peu à peu dans une detresse infinie, la depression nerveuse, la souffrance, la saturation, elle décrit ses sensations, dans son corps dans sa tête, ses tentatives de suicide qui sont déconcertantes, detaillées, sans aucune sentimentalité. Elle glisse dans les ténèbres, revient dans l'hôpital psychiatrique dans lequel elle a été Internée auparavant, se mélange avec les patientes, les médecins, les promesses, les séances d'électrochocs.
Le style de
Sylvia Plath est très vivant, très électrique, candide aussi et drôle parfois alors qu'elle décrit sa psyché, elle flirte avec le vide. Elle veut tenir ce qu'elle est, Sylvia poétesse, sur la corde du funambule, s'en tenir à ce petit fil qui est là quand même pour pouvoir exister pleinement, et autour il y a le néant, l'air, l'espace du vide, le manque de temps pour écrire qui s'approche, qui la dévorera. Elle aura tenu jusqu'à ses 31 ans, puis elle est tombée un mois après la publication de son unique roman. Elle disait de ce roman qu'elle avait ramassé des éléments de sa propre vie et en avait ajouté de la fiction. Cette oeuvre est extraordinaire.
“Le problème était que cela faisait longtemps que je ne servais à rien, et le pire, que ce n'était que maintenant que je m'en rendais compte. La seule chose pour laquelle j'étais douée c'était de gagner des bourses et des prix. Mais cette ère là touchait à sa fin.”