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Michel Persitz (Traducteur)Colette Audry (Préfacier, etc.)Lois Ames (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070712182
280 pages
Gallimard (14/01/1988)
4.11/5   700 notes
Résumé :
Esther Greenwood, dix-neuf ans, est à New York avec d'autres lauréates d'un concours de poésie organisé par un magazine de mode. De réceptions en soirées passées pour tuer le temps, ce sont quelques jours d'une existence agitée et futile que vit la narratrice. En même temps, elle se souvient de son enfance, de son adolescence d'étudiante américaine, des amours qu'elle a connues. Tout bascule lorsque Esther quitte New York. Tentatives de suicide, traitements de choc,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (94) Voir plus Ajouter une critique
4,11

sur 700 notes
Célèbre d'abord pour sa poésie, Sylvia Plath a publié cet unique roman sous un pseudonyme, en 1963, un mois avant son suicide. Il s'agit d'un roman à clef, inspiré de ses propres troubles bipolaires. Il a été réédité après sa mort, sous sa véritable identité cette fois, provoquant une polémique et s'attirant le procès d'une femme qui s'était reconnue dans l'un des personnages du livre.


Nous sommes dans les années cinquante et l'Américaine Esther Greenwood a dix-neuf ans. Elle est l'une des lauréates d'un concours de poésie organisé par un magazine de mode, et, avec d'autres filles, elle est conviée à un séjour à New York pendant lequel elle découvre une vie futile et mondaine qui l'attire autant qu'elle lui répugne. de retour chez sa mère, alors qu'une profonde dépression s'empare d'elle, elle consulte un psychiatre, suit une thérapie qui ne l'empêche pas d'enchaîner les tentatives de suicide, et se retrouve en institution psychiatrique pour un long séjour dont elle sortira pleine d'espoir. Une fin qui résonne bien tristement quand on sait le dramatique épilogue qui devait succéder à l'écriture de ces pages.


Paradoxalement, aussi terrible soit-elle, jamais cette histoire n'écrase son lecteur de la pesanteur de son désespoir. C'est au fil d'un humour corrosif, qui épingle les travers de la société avec une lucidité pleine de révolte, que l'on s'achemine vers la perception de cette cloche de verre invisible qui se referme peu à peu sur la narratrice, l'emprisonnant toujours plus étroitement dans un sentiment d'étrangeté au monde, avant de déboucher sur celui de l'inanité de vivre.


Cette fille brillante, qui rêve de devenir écrivain à une époque où écrire est encore un geste essentiellement masculin, se voit sans cesse renvoyée à un avenir d'épouse et de mère, au mieux, si son futur mari l'autorise à travailler, à un emploi subalterne de secrétaire : « Ma mère me répétait sans cesse que personne ne voulait d'une licenciée en lettres tout court. Par contre, une licenciée en lettres connaissant la sténo, ça c'était autre chose, on se la disputerait. On se l'arracherait parmi les jeunes cadres en flèche, et elle prendrait en sténo lettre passionnante après lettre passionnante. » Et ce n'est pas le si décevant prix décroché par ses talents littéraires - un séjour dans un hôtel réservé aux femmes, dévolu à de futiles occupations réputées féminines, entre chiffons et maquillage, cadeaux ridicules et infantilisants, et dont elle ne parvient à s'échapper que pour découvrir la très inégale liberté sexuelle des femmes comparée à celle des hommes – qui pourrait lui redonner espoir. « le problème était que cela faisait longtemps que je ne servais à rien. » « La seule chose pour laquelle j'étais douée, c'était de gagner des bourses et des prix, mais cette ère-là touchait à sa fin. Je me sentais comme un cheval de course dans un monde dépourvu d'hippodromes, ou un champion de football universitaire parachuté à Wall Street dans un costume d'homme d'affaires, ses jours de gloire réduits à une petite coupe en or posée sur sa cheminée avec une date gravée dessus, comme sur une pierre tombale. »


A cette désespérance dont, comme tout le monde alors, il ne peut envisager les dérangeantes origines sociétales, le monde médical n'oppose qu'enfermement et électrochocs, se limitant à des pratiques inadaptées dont les établissements les plus hauts de gamme ne parviennent pas à gommer l'inhumanité foncière. Combien de filles, d'épouses, enfermées et maltraitées parce que non conformes aux normes féminines de leur époque ? Les allusions faites en passant dès le début du roman, puis la restitution de faits précis identiques aux terribles expériences vécues par l'auteur, pointent toutes vers le désespoir de cette femme que sa révolte contre l'écrasante domination patriarcale, les convenances et les attentes sociales à l'égard de ses contemporaines, a mené à une dépression traitée de manière coercitive comme une espèce de folie qu'il convenait d'éradiquer. Esther, tout comme Sylvia, sort calmée de son hospitalisation, bien décidée à se conformer à ce que la société attend d'elle. On en connaît hélas la suite dramatique.


Portrait d'une jeune femme déchirée entre son désir d'acceptation sociale et sa rébellion contre l'inégalité des sexes, ce livre très nettement autobiographique est un acte de désobéissance, une façon de clamer sa révolte alors qu'elle cherche l'issue entre pression sociale et aspirations personnelles, se refusant à choisir entre une carrière d'écrivain et une vie privée heureuse. En y rendant palpable l'étouffement vécu par les femmes, elle réussit une critique au vitriol de la société patriarcale et de cet American Way of Life que le monde envie alors à l'Amérique, transformant ce récit d'un ressenti intime en un document qui n'a pas fini d'alimenter les réflexions sociologiques sur son époque, d'intriguer les innombrables analystes d'une oeuvre désormais reconnue, et de simplement toucher le lecteur, séduit par les qualités du roman autant que consterné du si tragique destin de son auteur. Coup de coeur.

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C'est un livre extrêmement éprouvant , je n'ai pas eu une très bonne idée de l'emprunter à la médiathèque en ce moment .
Au fur et à mesure que nous avançons dans la lecture, nous avons comme l'impression douloureuse de lire le compte rendu d'une mort annoncée.
Nous sommes bouleversés , mal à l'aise , malheureux .......je n'exagère pas !
Esther Greenwood est une fille excessivement brillante, elle gagne une bourse pour rejoindre l'université; sélectionnée pour un stage d'été dans un prestigieux magazine, elle rejoint un hôtel,à New - York, au milieu de onze autres lauréates ,après avoir écrit poèmes ou dissertations .
Elle est censée s'étourdir et s'amuser comme jamais .
Elle se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond .
En fait "La cloche de verre " s'inspire de la vie de son auteur , une autobiographie, de Sylvia Plath, son unique roman !
" la Cloche de verre" est une prison mentale dans laquelle Esther se retrouve prisonnière des autres, mais aussi d'elle - même ........elle pose de hautes barrières , un vrai mur sur sa propre nature !
Elle fait semblant d'appliquer une bonne couche de vernis incolore de la jeune fille tellement parfaite ........telle que les autres la fantasment .
Mais le vernis se fissure : une poupée sous cloche et un tout petit espace , minuscule ! Pour une jeune fille pétrie de désirs et d'aspirations .

C'est pourtant une jeune fille talentueuse,une personnalité qui sort de l'ordinaire, contrainte de se cantonner dans un rôle tout à fait secondaire, celui de sténo !
La cloche de verre est le creuset idéal pour recueillir toutes les peurs et les angoisses d'Esther.
Qui l'écoute ?
Elle se sent seule sans cesse , se figure qu'elle ne sert à rien , se noie dans la tristesse .....
Elle se débat contre ses démons , les faiblesses de son caractère, sa perception déformée du monde qui l'entoure, pour ne pas sombrer dans la folie , avec une conscience aiguë , des fulgurances et une lucidité effrayantes !

Elle a l'impression de s'enfoncer de plus en plus profondément , dans un sac noir, sans air ;
"Je voulais faire les choses une fois pour toutes et qu'on en finisse pour de bon ".
Les troubles bi- polaires , la dépression la happent, une jeune poétesse si douée !
Elle ne peut plus dormir, se laver, écrire, lire, se lever, et faire quelque projet que ce soit ...........elle désire que le docteur Gordon l'aide à redevenir elle -même , à sortir de sa souffrance et de son mal être !
Elle hurle sa peine à la pluie froide et salée dans le cimetière où était enterré son père .
" Pour une personne qui se trouve sous la cloche de verre, vide et figée comme un bébé mort, c'est le monde lui-même qui est le mauvais rêve ".
"Même un aveugle se rendrait compte que je n'avais plus de cervelle " .

"J'avais l'impression que mes nerfs fumaient comme des grils et la route saturée de soleil ;"
Peut - être la cloche de verre serait - elle à l'image de la société américaine des années 50 qui ne laissait que peu de place aux femmes pour s'affirmer intellectuellement ?
C'est un ouvrage exigeant , dur, déroutant , questionnant , peut - être demanderait- il une relecture et un peu de recul ?
L'écriture est acérée, brillante , parfois teintée d'humour noir , elle nous submerge , nous atteint , nous enveloppe ........inévitablement ! J'ai été trés touchée par ce récit, il m'a laissé une violente impression de douleur et de désespoir absolu!

Il est traduit de l'anglais par Caroline Bouet .
La première de couverture est belle avec sa petite cage stylisée ;
Ce n'est que mon avis , bien sûr !
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La cloche de détresse est le récit bizarre de la descente aux enfers et dans la dépression d'une très jeune fille. Esther Greenwood, car c'est ainsi qu'elle s'appelle, oscille entre exaltation et désespoir vengeur tant qu'elle vit des moments excitants à New York. Avant de s'effondrer complètement lorsqu'elle doit rentrer dans sa petite ville natale : impossible pour elle alors de se laver, de dormir, de sortir, d'écrire, de lire, de se lever, de faire des projets... S'en suit une série de soins médicaux : rendez-vous chez le psychiatre, hospitalisations, électrochocs...

Difficile de ne pas faire le parallèle entre l'héroïne et l'auteure elle-même, qui s'est donné la mort à peine un mois après la publication du roman. Pourtant, elle a essayé de donner une fin pas trop pessimiste à son histoire, et elle raconte la dépression de manière désincarnée, comme si elle en était très loin et ne la vivait pas de l'intérieur. C'est d'ailleurs assez troublant de la lire tour à tour abattue par son mal-être ou distraite par une anecdote ou une rencontre.

On a beaucoup dit que sa souffrance venait du dilemme 'être femme et mère' ou 'devenir écrivain'. Mais ce n'est pas ce que j'ai ressenti. J'ai eu l'impression qu'Esther souffrait "juste" de ses questionnements existentiels, de ses doutes, ainsi que d'épuisement moral et peut-être d'une grande lucidité quand au tragique de la vie. Autrement dit 'puisque tout est si vain et si difficile à acquérir, pourquoi même essayer?'.

Ses relations avec les autres sont très étonnantes : un mélange de répulsion, d'indifférence et de désir face aux hommes, une complicité rieuse mais superficielle avec les jeunes filles qui l'entourent, que ce soit à New York ou en hôpital psychiatrique, pas grand chose avec sa famille...

De manière générale, le livre est assez déroutant et dérangeant, et exige peut-être plusieurs lectures pour livrer les secrets cachés dans sa cloche.
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Esther Greenwood est une jeune fille talentueuse, invitée à New York pendant un mois après avoir remporté un concours d'écriture. Au fil des nuits, elle expérimente les débauches les plus diverses. Mais cet abus d'exubérances la laisse froide, rien ne lui semble ressembler à la vie. Peu à peu, l'obsession de la mort s'empare d'elle. « Je ne pouvais m'empêcher de me demander quel effet cela fait de brûler vivant tout le long de ses nerfs. » (p. 13) Lassée des soirées et des mondanités, elle redoute toutefois le retour chez elle et attend une réponse positive pour assister à un cours d'été en littérature.

Hélas, sa candidature n'est pas retenue et un été morne et vide se profile. Esther se laisse gagner par un lent découragement et une douloureuse prise de conscience. « le problème était que cela faisait longtemps que je ne servais à rien, et le pire, que ce n'était que maintenant que je m'en rendais compte. » (p. 89) Esther ne peut plus dormir, ni lire, ni écrire ou manger. Rongée de fatigue et désespoir, elle glisse dans une dépression nerveuse et cherche à mourir plusieurs fois, en vain. « C'est alors que j'ai compris que mon corps possédait plus d'un tour dans son sac ; du genre rendre mes mains molles au moment crucial, ce qui lui sauvait la vie à chaque fois, alors que si j'avais pu les maîtriser parfaitement, je serais morte en un clin d'oeil. » (p. 176) Esther se détache de la vie, des siens, de son avenir et même de son corps. La voilà « prisonnière de cette cloche de verre » (p. 202) qui pèse de plus en plus et l'isole du monde et d'elle-même.

Esther est admise dans diverses cliniques et subit une électrothérapie. Reprendre pied dans le monde semble inaccessible, même si le retour au collège reste un lointain espoir. Avant toute chose, elle doit se libérer de sa dépression, briser la cloche qui l'emprisonne. « Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre, vide et figé comme un bébé mort, le monde lui-même n'était qu'un mauvais rêve. » (p. 260) Esther n'est pas seule dans la clinique, elle retrouve Joan, une ancienne camarade. Entre les deux jeunes filles, un lien étrange se crée. Quand l'une progresse, l'autre va plus mal et vice-versa, comme des Castor et Pollux sous tranquillisants. S'échapper de la cloche de verre, de cette cloche où résonne la détresse comme un écho interminable et assourdissant, c'est plus qu'un combat, c'est un pari sur la vie à la fois hasardeux et nécessaire.

Ce récit à la première personne montre la dépression et la folie comme deux voisines qui se fréquentent de trop près. D'inspiration largement autobiographique, La cloche de détresse est un roman dérangeant et fascinant. Je me suis sentie étrangement proche d'Esther : la jeune fille bouillonne d'inspiration et de génie, mais est incapable de transformer la poussée créatrice en oeuvre, au pont d'en venir à se détruire pour finalement produire quelque chose et avoir prise sur un aspect de son existence. La rédemption finale est annoncée dès le début puisque le récit est rétrospectif, mais l'histoire n'en reste pas moins haletante. On voudrait tellement aider Esther, même on se heurte indéfiniment à la même cloche de verre. Voici le roman qui ouvre mon année livresque 2013. Certes, le sujet n'est pas des plus réjouissants, mais la plume est éblouissante, à la fois torturée et vibrante.
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La Cloche de Détresse est un roman à clefs. Sous les traits d'Esther, nous découvrons la vie de Sylvia Plath, ou tout du moins ce qu'elle veut bien nous en dire. Autobiographique, je classerai néanmoins cet ouvrage dans la catégorie Roman. Sylvia Plath nous décrit la société américaine dans les années 50. Elle émaille son récit de réflexions sur la place de la femme, ce que l'on attend d'elle (mariage, soumission, enfants, notamment). le ton est narquois, sarcastique. Ses rêves d'indépendance et de liberté, son aspiration à devenir une femme écrivain à part entière sont bien souvent mis à mal. le récit prend un tournant dans une deuxième partie lorsqu'elle découvre à son retour chez sa mère qu'elle n'est pas admise à un cours de littérature. Que va-t-elle faire de ce temps disponible, mais plus généralement de sa vie ? Avec distanciation, de manière clinique, Sylvia Plath nous décrit la spirale d'hospitalisation, traitements, tentatives de suicide, avec en musique de fond les supplications de sa mère lui demandant d'être ‘une bonne fille', ‘de se comporter correctement'.

Ce roman est remarquable. Sylvia Plath est comme dédoublée lorsqu'elle nous décrit sa vie. Jamais je ne me suis sentie voyeur, mais plus volontiers une amie tenue à distance.


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critiques presse (3)
Bibliobs
11 juillet 2023
D’inspiration autobiographique, « la Cloche de détresse » est l’unique roman de l’autrice, qui mit fin à ses jours un mois après sa publication, en 1963, à l’âge de 31 ans. Ce livre terrible, qui est aussi une satire assassine de la vie aux Etats-Unis, vient d’être réédité en France.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
22 juin 2023
C’est ainsi que La Cloche de détresse est toujours, soixante ans après sa publication, un fer de lance de la littérature féministe.
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
24 avril 2023
Dans ce récit très autobiographique, la romancière raconte la descente aux enfers d’une jeune fille qui ne parvient pas à quitter l’enfance. Une plongée dans l’Amérique des années 1950.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (200) Voir plus Ajouter une citation
Je savais bien que je devrais être reconnaissante envers Mme Guinéa, malheureusement je ne ressentais rien du tout. Si Mme Guinéa m’avait offert un billet pour l’Europe, pour le tour du monde, ça n’aurait rien changé du tout, car, où que je me trouve – sur le pont d’un navire, dans un café à Paris ou à Bangkok – je serais toujours prisonnière de cette cloche de verre, je mijoterais toujours dans le même air vicié.
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J’ai horreur de parler à un groupe. Quand je dois parler à un groupe, j’essaie toujours d’isoler une personne et de lui parler à elle, mais pendant que je parle je sens que les autres m’observent et me prennent en traître. J’ai également horreur des gens qui vous demandent pleins d’entrain comment vous vous sentez et qui s’attendent à ce que vous leur répondiez « Très bien » alors qu’ils savent pertinemment que vous êtes à l’agonie.
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Je m’étais imaginé un homme laid et doux, qui aurait levé les yeux en disant : « Ah… » d’une voix encourageante, comme s’il décelait quelque chose que je ne pouvais voir, alors, j’aurais trouvé les mots pour lui dire combien j’avais peur, peur de m’enfoncer de plus en plus profondément dans un sac noir sans air, sans issue.
Puis il s’adosserait à son fauteuil, il joindrait le bout de ses doigts pour faire une petite colline et il me dirait pourquoi je ne pouvais pas dormir, pourquoi je ne pouvais pas lire, pourquoi je ne pouvais pas manger et pourquoi tout ce que faisaient les gens me semblait tellement vain puisqu’au fond, ils allaient tous mourir.
Et alors, pensais-je, il m’aiderait, pas à pas, à redevenir moi-même.
Je voulais faire les choses une fois pour toutes et en finir avec elles pour de bon.
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A table, si on affiche un air arrogant, persuadé d'être dans le vrai quand on fait une incorrection, personne ne trouvera rien à redire, personne ne pensera que vous avez de mauvaises manières ni que vous êtes mal élevé. On pensera que vous êtes original et très spirituel. J'ai découvert ce truc le jour où Jay Cee m'a invitée à déjeuner avec un poète célèbre. (...)

Ce poète mangeait sa salade avec les doigts, feuille après feuille tout en me parlant de l'antithèse de la nature et de l'art. Je ne pouvais détacher mes yeux de ses doigts pâles et boudinés qui allaient et venaient du saladier à sa bouche en transportant des feuilles de laitue dégoulinantes. Personne n'avait ri ni même murmuré la moindre remarque désobligeante. Ce poète en avait fait la chose la plus naturelle et la plus sensée du monde.
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Ma mère m'avait raconté que dès qu'ils avaient quitté Reno pour leur lune de miel - mon père ayant déjà été marié avait dû demander le divorce - mon père lui avait dit : "Enfin ! Quel soulagement ! Maintenant on va cesser de jouer la comédie et enfin être nous-mêmes !" - à partir de ce jour, ma mère n'avait plus connu une minute de liberté.
Je me souvenais aussi de Buddy Willard affirmant de sa voix sinistre et assurée qu'une fois que j'aurais des enfants, je me sentirais différente, je n'aurais plus envie d'écrire des poèmes. J'ai donc commencé à croire que c'était bien vrai, que quand on est mariée et qu'on a des enfants, c'est comme un lavage de cerveau, après on vit engourdie comme une esclave dans un Etat totalitaire.
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Connaissez-vous cette romancière et poétesse géniale qui n'eut aucun succès de son vivant, ni dans les lettres ni en amour, et se suicida à l'âge de 31 ans ?
« La cloche de détresse », de Sylvia Plath, c'est à lire dans la collection L'Imaginaire chez Gallimard.
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Quel est le pseudonyme qu'Esther Greenwood utilise lors de sa rencontre avec Lenny, puis plus tard avec le docteur Gordon?

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