Imaginez que du jour au lendemain, l'humanité toute entière — à l'exception des enfants de moins de 8 ans — ait accès à toutes les informations vraies et importantes d'Internet (sans les photos de chats, snif)… directement dans son cerveau, dès que l'on a la volonté d'obtenir cette information. Que se passerait-il ?
C'est grosso modo sur ce postulat que part le roman. La première partie est d'ailleurs essentiellement consacrée à nous présenter le concept, avec un groupe de scientifiques qui mènent des expériences pour en comprendre davantage sur cette nouvelle faculté. J'ai beaucoup apprécié cette partie, même si j'ai plus de mal avec le fond du concept (on y reviendra ensuite). Alors qu'ils font leurs recherches, ils vont mettre en évidence un gros soucis, touchant certains enfants de 8 ans. Sans trop spolier, c'est aussi l'occasion d'une critique sociétale plutôt intéressante sur la productivité et l'esprit de compétition. Ce premier enjeu est réellement fort, et personnellement j'avais vraiment envie de savoir comment les personnages allaient le résoudre.
La deuxième partie démarre après une ellipse, suite à une 2e découverte, fortuite celle-ci. Cette découverte ne concerne pas les enfants cette fois, mais Mat, un adulte « lamba » qui étudie les singes. Démarre alors une course contre la montre, car la particularité de Mat attire vers lui les armées de plusieurs gouvernements, qui veulent le récupérer pour l'étudier ou pire. Heureusement, Inès, une femme scientifique qui faisait justement partie de l'équipe dans la partie 1, le trouve avant les autres et va donc tout faire pour le mettre en sécurité (une femme scientifique en sauveuse d'un homme, voilà qui change^^ par contre, elle est quand même sacrément balèse, pour surpasser des soldats surentraînés. Malgré quelques facilités scénaristiques et une romance trop rapide à laquelle je n'ai pas adhérée, j'ai également bien aimé cette partie, puisque le sort de Mat est également lié au soucis des enfants dont je parlais plus tôt. Cette partie pose également une autre question, éthique cette fois : Mat est potentiellement susceptible de mener à la résolution de ce problème, mais les expérimentations imposent des trucs pas très joyeux.
Donc, si je résume cette première partie de la chronique, j'ai bien aimé le côté thriller, les enjeux, et les questions que le livre pose. Mais je n'ai malheureusement pas adhéré au concept lui-même, pour plusieurs raisons.
Mon premier soucis est en fait un détail. Pendant une bonne partie du livre, je pensais qu'Internet n'existait pas dans ce monde, puisqu'à aucun moment le parallèle n'est fait avec Internet. Et puis, au détour d'une phrase, le mot Internet est prononcé par un personnage. Déjà, je trouve un peu dommage de ne pas avoir fait une « comparaison » entre les deux, de ne pas avoir parlé des conséquences sur l'utilisation d'Internet, et ensuite, je trouve que la
Noosphère a apporté des évolutions beaucoup trop drastiques dans un univers où la connaissance était déjà accessible à une importante partie de la population.
Ensuite, cette histoire d'informations vraies et importantes. Une information peut être considérée comme vraie pendant très longtemps, jusqu'à ce que de nouvelles découvertes la nuancent. de la même façon, une information peut être considérée comme importante par une personne, et complètement superficielle pour quelqu'un d'autre. Or, ce sont les humains eux-mêmes qui alimentent la
Noosphère, alors comment ça marche ? Qui décide de ce qui est vrai et important ?
Mais mon principal soucis « avec » la
Noosphère, c'est le côté connaissance = compréhension = maîtrise du sujet. Ce n'est pas parce qu'on a accès a une information qu'on a toutes les données pour la comprendre, et encore moins qu'on est capable de la maîtriser. Si je connais la théorie de mouvements de danse classique, je ne vais pas soudainement pouvoir faire le Lac des Cygnes. Si je sais comment fonctionne l'électricité, ce n'est pas pour ça que ma compréhension et mes compétences me permettront de refaire toute l'électricité de ma maison. Ici, j'ai eu l'impression que les personnages savaient faire quelque chose juste en interrogeant la
Noosphère, ce qui m'a semblé un peu trop facile. de la même façon, dès lors que l'humanité a eu accès à la
Noosphère, la société a connu des des évolutions drastiques, d'abord scientifiques, avec notamment la conception de technologies avancées en peu de temps, puis sociétales. C'est peut-être mon côté pessimiste, mais je ne crois pas qu'un meilleur accès à la connaissance soit capable d'effacer des siècles de discriminations en quelques années.
Bilan
Si j'ai bien apprécié ce roman en tant que thriller, j'ai été moins convaincue par le côté
Science-Fiction, peut-être en partie à cause de trop grandes attentes. L'avantage, c'est qu'il s'avère à mon avis parfaitement accessible aux personnes non adeptes de la SF. Il ouvre aussi quelques réflexions intéressantes sur le savoir, l'éthique scientifique, et les problématiques de productivité et de compétition. Et c'est déjà pas mal en définitive.
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