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176 pages
copymedia (01/06/2021)
4/5   1 notes
Résumé :
UNE FAMILLE D'ENSEIGNANTS, LAÏQUE ET RÉPUBLICAINE, AU XXE SIÈCLE

Cet opuscule n'aurait pas vu le jour sans l'aide précieuse, dont je leur sais profondément gré, que m'ont apportée ma fille Aurélie Poinsotte-Auriacombe ainsi que mes amis Cécile et Gérard Colin.
Eux aussi ont honoré l'Éducation Nationale, qu'ils ont servie avec quelle compétence et combien de talent !

Jean-Michel Poinsotte est professeur émérite de latin à l'Univer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si la critique qui va suivre est à prendre avec précaution, l'auteur étant de ma famille proche, je me suis efforcée de porter un regard lucide sur ma lecture, et d'en identifier les points forts comme les points faibles.
L'auteur n'a pas inséré dans son livre d'arbre généalogique, ni de phrases récapitulant les noms des principaux membres de la famille, leurs dates de naissance et de mort, etc., afin de rendre les personnages plus familiers du lecteur de prime abord. Je le regrette un peu, je pense qu'il aurait été pertinent et utile d'en faire figurer un.

Il me semble donc que, pour un lecteur étranger à la famille, tout ne pourra pas être très clair – à moi-même, étant membre de la famille, en connaissant l'histoire, il m'a fallu un peu de temps et de concentration avant d'assimiler ces informations. Alors, je vous conseille de ne pas vous escrimer à tenter de comprendre toutes les subtilités des rapports familiaux dans les moindres détails – c'est finalement de peu d'importance. L'important, c'est de s'imprégner du ton de l'auteur, précis, humoristique, nostalgique, parfois acerbe, volontiers érudit, souvent attendri, et de l'ambiance qui se dégage des histoires racontées. Je trouve en effet que l'auteur a bien su donner à voir l'« air du temps » (l'expression a sa faveur, je n'ai pas compté ses occurences mais elle figure au moins trois ou quatre fois dans l'ouvrage) de chaque décennie, les préoccupations, les valeurs et les modèles dominants de la société française à un instant T.

Je suis très jeune, mais des lecteurs plus âgés verront sûrement leurs souvenirs des années 50, 60, 70, 80 affleurer à la surface de leur mémoire en parcourant ces douze nouvelles (une pour chaque décennie entre 1900 et 2000, à l'exception des années 60 qui se voient gratifier de deux historiettes). Car, si les protagonistes de ces récits appartiennent à une famille et un milieu bien précis, ils évoluent sur un arrière-plan historique que toutes les familles françaises ont connu : la guerre de 14 ; l'opposition acharnée entre école publique et privée, laïque et confessionnelle ; le krach de 1929 ; le Front populaire ; l'Occupation ; mai 68 ; l'élection de F. Mitterrand en 1981 ; la crise morale, politique et religieuse des années 2010. Les nouvelles sont d'ailleurs ordonnées selon cette progression chronologique et générationnelle, en toute logique.

Chaque nouvelle est portée par une tension particulier/universel : ce qui est raconté à une dimension restreinte, propre à une famille particulière, partageant un milieu social, des codes, des principes fondateurs, une histoire commune. Mais chaque récit touche aussi à quelque chose de plus universel, et je suis certaine que les lecteurs seront nombreux à se reconnaître (ou à reconnaître quelqu'un de leur entourage) dans la famille folle de joie lors de l'élection du premier président socialiste de la Ve République ; dans cette femme trompée en 1936, qui sait parfaitement que la vengeance est un plat qui se mange froid ; dans ce jeune cadre de la finance à l'orée du XXIe siècle, dont la moitié des mots utilisés sont en anglais, ou plus exactement en globish ; ou dans cette famille installée à Paris et partant, dans les années 20, en expédition ferroviaire pour revoir à l'été la matriarche normande qui les attend dans un petit village de la Manche avec des homards fraîchement pêchés.

Jean-Michel Poinsotte, avec cet ouvrage, s'était fixé le défi de faire revivre, le temps de la lecture, ces personnes, dont la plupart sont mortes depuis longtemps. Et de rendre hommage à ce que fut leur vie, et à ce que fut la France pendant leur vie (la France n'étant rien d'autre que les Français). Et je juge le pari remporté avec maestria.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Extrait du témoignage de François, ami de l'auteur, collégien sous l'Occupation :

C'est un de ces matins du maudit printemps 1942, dans la lumière resplendissante du printemps parisien, que mon sang se glaça dans mes veines quand je vis sur le pont le petit homme s'avancer vers moi. Rien n'avait changé dans sa démarche, dans sa tenue, dans le regard plein d'aménité qu'il porta sur moi. Mais une étoile jaune, qui me parut énorme, était cousue sur sa poitrine. Depuis ce jour, je vécus dans l'angoisse de ne plus le revoir. Mais inexplicablement les mois suivants n'apportèrent aucun drame et jusqu'à la Libération il marcha d'une rive à l'autre, imperturbable, affublé de son étoile : l'avait-on oublié ? Nous n'avions encore échangé aucune parole. Au milieu du tintamarre des journées d'août 1944, de l'anarchie fiévreuse qui s'ensuivit, faisant fi de l'interdiction familiale j'avais entrepris de repasser la Seine pour rejoindre quelques camarades sur le boulevard Saint-Michel. Une silhouette familière se dessinait de l'autre côté du pont, avec le bruit de canne cent fois entendu tapant comme un métronome sur le trottoir. Il ne portait plus d'étoile. Je courus vers lui et je me jetai dans ses bras en pleurant.

Je n'avais jamais vu mon compagnon François sangloter comme il le fit à la fin de son récit. Ses larmes se mêlèrent à celles, déjà mêlées soixante-treize ans plus tôt, du vieil homme et de l'enfant.
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Il rejoignit sur le quai la cinquantaine d'attachés-case munis de leurs propriétaires, tous hyper-clean, hyper-smart, spécialistes du marketing, du merchandising, managers, pour certains traders. Bref des leaders, la fine fleur du business, le best of de la Défense. Ni la couleur du costard-cravate, ni la taille de l'attaché-case et celle de l'ordi que chacun sortirait dès le train parti avant de piquer du nez dessus, rien ne permettait de déterminer le job de chaque membre de « l'encadrement », de distinguer les supérieurs et les simples followers, les puissants et les misérables, les ambitieux et les résignés.
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Ensuite je dois faire une triste constatation. Le bonheur que j'ai ressenti dès les premières années qui ont suivi 68 a été peu à peu terni par le retour en force autour de moi de la mentalité d'avant et des vieilles pratiques pédagogiques, servies, une fois l'orage passé et l'ordre rétabli, par ceux-là mêmes, enseignants et hauts responsables de la hiérarchie administrative, qui les avaient violemment contestées : ils étaient devenus, ou redevenus, de fieffés mandarins. Parallèlement, j'ai vu s'éteindre peu à peu, retourner à un désespérant bachotage et admettre comme incontestable toute parole magistrale les nouvelles générations d'étudiants, au fur et à mesure qu'elles s'éloignaient de la source du renouveau. Je parodierais volontiers, à propos de l'héritage de Mai 68, ce que le Père Cardonnel, Dominicain de Montpellier, disait de l'Église face à l'Évangile : « ils ont enfermé l'acide soixante-huitard dans des bouteilles de sirop ».
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