[...] le business enfants, le business pensée radicale, le business culture, le business effondrement des vieilles valeurs, le business militantisme... toute aberration devient un style, un business. Il y a même un business de l'échec.
Quand vous faites la lecture à un enfant, quand vous mettez un livre dans les mains d'un enfant, vous lui offrez l'infinie variété de la vie, vous êtes un éveilleur.
J'ai compris que tout ce qu'on peut faire, c'est encourager les gens, et leur donner un sujet en espérant qu'ils en tireront quelque chose. Quel genre de sujet? Comment lacez-vous vos chaussures. Voilà qui pouvait mettre en oeuvre, à mon avis, une capacité à écrire sur des choses compliquées. Ou bien, je posais une pomme sur la table, et je disais : écrivez cinq cents mots (3000 signes)
... le business enfants, le business pensée radicale, le business culture, le business effondrement des vieilles valeurs, le business militantisme... toute aberration devient un style, un business. Il y a même un business de l'échec.
(Personnages désespérés)
Les souvenirs paraissent souvent commencer au milieu d'une histoire.
J'étais si ignorante, et le peu que je savais me paraissait incompréhensible. L'intérêt insatiable que je sentais en moi se satisfaisait de tout et de n'importe quoi.
"Ton existence est un chaos, dit-il. Mais ce n'est qu'un début."Il se mit à rire.
"Ensuite, c'est de pire en pire".
Mais j’avais alors appris à bien connaître New York, comme on connaît un endroit où l’on a occupé divers emplois – la plupart assez minables – qui permettent de manger plus ou moins à sa faim et de ne pas craindre les intempéries. Quelle que fût ma situation, j’ai toujours trouvé que la vie y était difficile. Mais il y eut des moments pleins d’éclat, de promesses, et même de splendeur. S’en souvenir est prodigieux. Comme l’écrit Cesare Pavese dans son journal, Le métier de vivre, «Seule la mémoire procure le véritable émerveillement.»

[...] ... Pendant presque une semaine, j'ai parcouru les rues de La Nouvelle-Orléans, souvent sans retourner de la journée dans le petit hôtel en haut de Canal Street où j'avais pris une chambre. Un soir, je me suis laissée tomber sur le lit et dans le sommeil sans me déshabiller, et je me suis réveillée à l'aube, mes vêtements entortillés autour de moi comme des cordes souples. Je n'ai pas ressenti le besoin de m'en libérer, mais suis restée allongée immobile à écouter, me disais-je, la ville respirer comme un grand animal assoupi, replié sur lui-même au creux d'une courbe du Mississippi.
Un après-midi, j'ai observé par la vitre d'un restaurant un homme assis seul à une table, ses longues jambes étendues de côté, les chevilles croisées, une main enfoncée dans la poche de son pantalon, l'autre passant à cet instant devant son visage pour rabattre une boucle de cheveux noirs qui tombait sur son front. Il m'a vu le regarder et m'a souri, un sourire si séduisant et si intime qu'il a ébranlé le détachement que j'éprouvais en tant qu'observatrice - ou autrement dit la vague présomption que j'avais d'être devenue invisible - qui m'avait évité, tout au moins jusque là, de me sentir trop seule dans ce lieu étranger. J'ai continué mon chemin d'un pas vif.
L'air avait une odeur de pêches mûres et de fleurs inconnues, avec une petite note saumâtre, humide, et, au Marché français, celle d'un certain café auquel la chicorée apportait une pointe amère et vivifiante. J'en ai bu une tasse, le coude posé sur l'étroit comptoir de marbre d'un petit bar, en regardant par la fenêtre les étals au-dehors, des dizaines et des dizaines d'étals, sur lesquels s'entassaient des légumes, des poissons et des fruits que je n'avais jamais vus de ma vie. J'avais grandi dans un pays de navets et de pommes de terre, de nourriture qui poussait cachée dans le sol - telle était en tous cas l'impression que m'en avait laissé la cuisine peu enthousiaste de ma mère. ... [...]
Mais en découvrant le reste du monde,Clara apprit ce que nous apprenons tous-- que les familles ne sont pas toujours ce qu'elles ont l'air d'être-- et elle devint habile à détecter les fissures des façades domestiques.