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La première chose que j'avais faite en tournant la dernière page de « Là d'où je viens a disparu » de Guillaume Poix, avait été de commander sans attendre son premier roman, « Les fils conducteurs ».
En refermant celui-ci, je n'ai aucun doute, je serai lecteur du prochain.

« Les fils conducteurs » c'est un peu comme la poussière qu'on met sous le tapi, c'est le bien rangé quand la porte du placard est fermée alors que c'est un bordel sans nom à l'intérieur. « Les fils conducteurs » c'est la perversité du progrès et la nocivité du toujours plus, c'est la conscience tranquille et endormie bercée par le « loin des yeux », ce loin des yeux qui nous explose au visage sous de multiples formes.

« T'as tout le cimetière numérique de la planète ici, t'as tout l'obsolète qui se trouve un coin pour s'aplatir sous les coups de poing des mômes qui le fouillent. »
Tout est dit dans cette citation. Vous l'aurez compris, Guillaume Poix nous entraine sur les traces de fin de vie de nos appareils d'électro ménager, de nos télévisions, ordinateurs, téléphones portables et autres « biens » qui nous font la vie douce. A l'époque où tout nous culpabilise (souvent à juste titre), le recyclage est un bon moyen de dormir en paix. Seulement voilà, au Ghana à Accra, comme dans tant d'autres endroits délaissés par la société « oxydantale », notre alibi se retrouve dans des décharges à ciel ouvert. Agbogbloshie est l'une d'entre elle que l'auteur nous propose de traverser à travers le travail de trois gamins de onze à treize ans, exploités jusqu'à l'innommable…

Ca vaut tous les thrillers de la terre, tout le noir et l'horreur nés dans les imaginations les plus tordues de n'importe quel écrivain, ça vaut tous les psycho trucs les schyzos machins et autres névrosés du bulbe trucidant à tout va, ça vaut tous les manipulateurs élevés au biberon de Machiavel, et pourtant, malgré le succès de ces genres de littérature, le style « témoignage » de nos défaites n'est pas vendeur.
Forcément, là même si c'est un roman, on sait que ce qui est écrit est vrai et arrive pendant qu'on est tranquillement en train de lire. En plus, nous sommes à l'origine du mal alors…

Bon c'est pas tout ça mais faut que je mette mon portable en charge parce que la batterie est un peu faible. Penser à la changer. Bah oui, je fais partie du problème…

Si vous voulez vous rendre compte d'un de Nos problèmes, c'est par ici que ça se passe :

https://mrmondialisation.org/des-images-a-peine-croyables-la-decharge-dagbogbloshie/

Ah , j'allais oublier parce que c'est une oeuvre littéraire alors, c'est bien écrit, bien propre quoi, y a pas de ratures.
Au début j'ai eu un peu de mal, niveau comprenette, avec les dialogues pis je me suis fait à la langue de "la bosse".
Vala, comme ça je l'ai bien vendu!!!
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Au milieu d'une décharge à ciel ouvert appelée "la bosse" où atterrissent les appareils ménagers et les produits hig-tech en obsolescence programmée, Jacob, Isaac et Moïse vivent de leurs fouilles en récupérant tous les métaux dont la vente leur procure quelques pièces juste dans l'objectif de vivre plutot survivre.

Lauréat du prix Wepler "Les fils conducteurs" (Verticales), Guillaume Poix livre un premier roman qui fait l'effet d'un uppercut et qui s'intéresse à la face sombre de la mondialisation : une décharge à ciel ouvert de matériel électronique sur le sol africain.

Guillaume Poix, pour son premier roman, frappe fort, touchant le lecteur au coeur avec ce texte incisif, qui nous fait parfaitement retranscrire l'apreté et la chaleur de cette terre africaine à la fois hostile et fertile aux rêves les plus fous.

Un premier roman fort, qui traite de cette difficile et un peu tabou thématique du recyclage des pays modernes et riches, assiste à la débrouille de ces pauvres gamins d'une dizaine d'années, à leur courage, à leur obstination.

Un beau roman publié à l'occasion des 20 ans des éditions Verticales qui prouve une nouvelle fois l'acuité de cette belle maison d'édition.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les Fils conducteurs est un livre qui ne cherche pas à plaire.
Après avoir découvert Thomas, sur qui l'auteur pose un regard caustique et sans concessions, nous sommes très vite au Ghana, avec Jacob, sur la bosse, cette décharge à ciel ouvert où s'entrepose les rebuts technologiques du monde occidental. Que les gamins fouillent pour récupérer des métaux qu'ils échangeront pour quelques pièces. Où ils respirent un air vicié qui les rend malades. Où les plus grands exploitent les kiddys.
Le sujet peut rebuter, difficile de regarder la vérité en face, difficile aussi de se confronter à ces enfants d'ores et déjà condamnés. Mais l'écriture n'étant jamais misérabiliste, et le travail sur la langue est tel (bravo pour cet argot de la bosse qui déroute puis emporte) que le roman vous met toujours à distance. Ce qui n'empêche pas d'être totalement bouleversé par la scène finale au Ghana, et outré par le dernier chapitre.
Une très belle réussite pour un premier roman !
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Depuis que j'avais entendu l'auteur parler de son livre dans une émission de radio cet été, j'avais envie de le lire. Je trouvais que le thème était original, c'est à dire qu'il avait le mérite de nous mettre nous, hommes occidentaux, en face de nos dégâts... de nous mettre sous les yeux la misère qu'on engendre sans même le savoir.
Comme le dit le résumé, un jeune photographe part faire un reportage dans une décharge de produits électroniques. Son périple commence dans le cargo car il prend la même route que tous les objets qui vont y être jetés.
En parallèle de l'histoire du photographe, il y a celle des kiddies, ces enfants chargés de décharner les appareils pour en retirer ce qui se vend et celle de leurs macs qui se chargent de la revente et prennent une large commission bien sûr. Pour les kiddies, ils vont faire ce travail, comme nos enfants vont au collège chaque jour. Sauf qu'eux en repartent le soir un peu plus sales, malades, morts... Ils se consument sur ses appareils qui les détruisent alors qu'ils font ça pour survivre. Mais ont-ils le choix? C'est soit mourir de faim soit vivre un peu plus longtemps et rapporter de l'argent chez eux.
Guillaume Poix fait preuve d'une grande finesse pour raconter cette histoire car il ne tombe jamais dans la pitié ou le larmoyant. Au contraire, il parvient à mettre de la distance afin que chacun se fasse son propre jugement et vive cette histoire comme il le souhaite.
Pour ma part, c'est un livre qui me donne une envie de révolte contre ce système qu'on laisse faire. Nous sommes coupables sans le savoir, sans nous en rendre compte. J'espère que ce livre sera lu par un grand nombre de personnes, en espérant que nous ferons tous plus attention à nos achats, à nos actes au quotidien.
Enfin, j'ai envie de suivre cet auteur s'il continue d'aborder des sujets aussi atypiques. J'ai presque envie de le remercier pour cette oeuvre qui a une réelle portée politique, même si elle n'en a pas l'air.
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Ce livre m'est atterri entre les mains en provenance de je ne sais où.
Je me suis laissé tenté par le thème de la poubelle électronique du monde.
Le scénario est plutôt bon. L'issue tragique est en accord avec l'horreur de la vie dans cette décharge.
Toutefois, j'ai été assez gêné par le style. le récit se dépersonnalise très souvent en mode “on fait ceci, on voit cela”. de plus le style très particulier du langage surfait des habitants de la décharge m'a assez vite usé.
Je me suis laissé quelques jours dans le suspense du nom imprononçable de la décharge. Au final, je ne suis pas déçu d'avoir fait l'effort d'aller jusqu'au bout et de souffrir dans le rôle du lecteur pour accompagner les pauvres acteurs de l'histoire. Mais cela m'a coûté et je me dis que l'auteur aurait pu écrire plus simplement.
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Au départ, une excellente idée. Raconter la décharge électronique à Accra à travers les yeux de petits Gavroches débrouillards, adultes trop tôt, avec leur propre langage, leur cabotinage, la réalité du monde toxique dans lequel ils évoluent. Un saut sur des photos de la décharge montre des scènes impressionnantes, clichés magnifiques et effrayants - horrifiants, fascinants - bref, le rêve du photographe qui veut "dénoncer" tout en se rendant célèbre. Une autre cause, mais les deux se rejoignent. Un roman sombre donc, mais devait-il tomber dans le sordide. Il me semble que la situation de Jacob et de sa mère était déjà un sujet profond, à exploiter afin de nous connaître cette réalité. Zola en aurait fait un chef-d'oeuvre mémorable. Hugo aussi, avec son style. Mais au lieu de cela, on s'enlise. Même le style, le langage des enfants, devient lourd et lassant et pour être sûr de bien dénoncer le mal occidental qui ronge l'Afrique, allons-y du viol, de la prostitution. Ça en devient sordide sans éveiller - on sait déjà, on sait beaucoup de choses. Lire plus loin en devient indécent.

Dommage. Un sujet important mais traité sans finesse littéraire.
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Bienvenue en « Agbogbloshie », un univers impitoyable ou l'espérance de vie est réduite pour les récupérateurs de déchets des populations dites « civilisées ». Moïse, Isaac et jacob, trois jeunes africains d'Accra, au Ghana y errent à longueur de journée en espérant y trouver des objets recyclables et revendables pour ne pas mourir de faim. Thomas, jeune binational, Suisse Français, veut faire un reportage photographique sur le voyage et la destination des containers emportant nos déchets vers l'agbogbloshie, et embarque sur un cargo à Hambourg pour les tracer le plus fidèlement possible. L'aspect documentaire est cruellement mis en valeur par cette fiction romanesque, où les relations humaines sont absentes à tous les niveaux, et où les circuits mafieux s'imposent avec leur brutalité constitutive. Témoignage brûlant d'un humanité défaillante, L'auteur nous informe d'une actualité plutôt cachée car trop blessante pour notre égo. le style, parfois trop emphatique pourrait gagner en sobriété, mais, il peut-être excuser pour un premier roman. le vocabulaire employé par les jeunes africains entre eux, même si il est parfois difficile à suivre semble assez crédible. Roman cruel, peu optimiste mais réaliste et qui jette un gros pavé dans une mare et qui nous éclabousse !
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Les fils conducteurs, titre symbolique d'un roman fort.
Guillaume Poix va nous décrire dans ce roman les trajectoires parallèles d'un jeune photographe franco-suisse et d'un garçonnet Ghanéen de onze ans.
Tous deux sont très proches de leurs mères et tout deux vont élaborer des stratégies pour s'en émanciper.
L'un va aller gagner de l'argent sur la décharge à ciel ouvert du port d'Accra, où sont déversés tous les objets électroniques obsolètes des pays du Nord.
L'autre va se rendre au Ghana pour se confronter à la pauvreté et en ramener des photos artistiques.
Leurs destins vont se croiser et se lier dans un final implacable, tragique et bouleversant qui sonne comme une allégorie des rapports entre l'Afrique et les pays dit industrialisés.
Il n'est pas facile de se laisser emporter par ce roman. le début est très contemplatif, on se demande où l'on va, mais finalement dès que les personnages prennent leur destin en main on est emporté par le style de l'auteur qui se veut très poétique avec des descriptions et des images d'un grand lyrisme.
Puis il y a ce parler Ghanéen qu'emploient les enfants entre eux sur la décharge, mélange de français académique et d'anglicismes, gouailleur et sonore, mais néanmoins très poétique aussi.
Enfin il y a la force de l'histoire de ces deux fils, l'un trop gâté et l'autre noyé dans la misère.
Exploité par les adultes, au mépris de sa santé, tout comme cette décharge constitue une exploitation de l'environnement de ce pays pauvre.
Et c'est là la grande force du livre, sa portée politique, qui donne à réfléchir sur nos modes de consommation, mais aussi sur l'attitude que les pays riches adoptent dans leur plan d'évacuation des déchets, qui n'est que le symptôme de la façon hypocrite et paternaliste dont est traitée une Afrique toujours pas maîtresse de son destin.
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Pour saisir les Fils Conducteurs de Guillaume Poix, il faut bien s'imprégner du lieu où se déroule la narration : port de Trema, à Accra, capitale du Ghana où règne le quartier d'agbogbloshie, aussi terrible à prononcer pour un bègue que ce qu'il représente : la plus grande décharge de déchets électroniques d'Afrique occidentale dans laquelle suffoque et se meurt la jeunesse ghanéenne.Cette présence maudite sera sera le catalyseur de deux jeunes destins qui perdront pied dans cette marée toxique.

Guilaume Poix à déjà dessinée une certaine Afrique à travers un texte de théâtre sur le thème de l'homosexualité et du viol que l'on retrouve en filigrane dans son premier roman : écriture travaillée, (système argotique qui plait ou rebute), des personnages forts, une bonne mise en place de la dramaturgie qui se clôt sur une fin déroutante, laissant de ce récit, un arrière goùt amer.
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Je viens de fermer ce livre Très bien construit: j'ai imaginé en photographe le célèbre Seldago. Ces enfants qui fouillent les déchetteries vivent sur les décombres de nos appareils électriques déclassés, obsolètes et qui ne se réparent plus. Quel gâchis... Nous suivons ces gosses dans la décharge et participons à leur maigre récolte. Des hommes puissants les surveillent et leur font l'aumône des quelques pièces pour survivre... jusqu'à la rencontre avec ce photographe qui va déraper et la parution d'un cliché qui lui permettra d'obtenir une superbe exposition . mais pourra-t-il oublier le geste malheureux qu'il a accompli.... A lire . Texte fluide et phrases bien composés.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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