Très intéressant ! Je ne suis pas fan de BD, beaucoup de mal à trouver des dessins qui me sont agréables combinés à un contenu qui m'intéresse et un traitement du sujet bien dosé pour moi, entre trop et pas assez de texte ou de profondeur, notamment.
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Pourtant, quand je trouve une BD qui me plaît, je trouve ce moyen d'expression vraiment complémentaire de la littérature romanesque ou documentaire : Les images aident à visualiser une situation, et la combinaison texte image fait qu'en peu de mots, un décor, un contexte, un personnage ou, plus intéressant encore, une émotion, peut facilement être communiquée.
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C'est pourquoi je continue de surveiller les masses critiques graphiques et, en l'occurrence, bien m'en a pris. Un grand merci à Babelio et aux éditions Trédaniel pour ce cadeau, et bravo à POMA qui a su totalement m'immerger dans l'aventure.
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Il s'agit de la création du GIGN et de sa première mission. C'est après le fiasco des JO de Munich que l'idée a germé, où 11 athlètes israéliens ont été abattus par un commando palestinien. A l'époque, personne n'imaginait qu'une guerre au moyen orient pouvait avoir de telles répercutions en occident. La police n'était donc absolument pas prête à gérer une telle intervention avec armes de guerre et formation militaire, à tel point qu'il a été fait appel à des chasseurs et tireurs sportifs, et que la mission s'est achevée par une débandade et un bain de sang.
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Pour faire face à ces nouvelles formes d'attaques et prises d'otages, ce sont des gendarmes français qui vont avoir à coeur d'inventer de nouvelles techniques, d'expérimenter de nouvelles stratégies. Seulement 17 au départ, ils sont plus de mille aujourd'hui devant la recrudescence et la banalisation de ce genre d'attaque. Leur dévouement est au moins aussi impressionnant que leurs entrainements, pendant lesquels il y a eu plus de morts qu'en intervention, contraints qu'ils sont de contourner ou d'ignorer bon nombre de règles de sécurité afin de s'entrainer en condition de terrain. Ils peuvent être fiers aujourd'hui de former les polices du monde entier.
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Pour autant, loin de se prendre pour Dieu, eux qui ont la mort des autres à portée de main connaissent au contraire la valeur d'une vie humaine et ont juré de la protéger autant que possible, y compris celle des gens qu'ils doivent remettre à la justice, au péril de leur propre vie. Ca force le respect.
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La technique de narration est bien choisie puisque les questions du journaliste dans l'histoire nous permettent d'obtenir une mine d'informations tous azimuts, sur le contexte, les personnages mais aussi les techniques. Par la suite, le récit de la première mission permet de mettre en application ce qu'on a appris de leur entrainement : POMA, entre autres détails réalistes, cible une technique de l'entrainement qu'il met en valeur dans la mission, nous donnant l'impression qu'on maîtrise ce qui se passe, que l'on comprend les rouages qui se mettent en place et ce que les personnages ressentent.
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C'est probablement parce qu'elle a été réalisée en étroite collaboration avec les pionniers du GIGN que cette BD nous plonge avec réalisme dans cette genèse, les entraînements, la première mission qui leur est confiée à Djibouti, dans le désert, mais aussi dans leurs têtes et leurs coeurs. Car cette première mission, pour laquelle ils ont surmonté bien des obstacles imprévus, et qui a été considérée comme une réussite inespérée aux yeux de tous, est restée pour eux un échec, avec deux victimes à la clé auxquelles ils pensent encore aujourd'hui. Leurs quelques mots à la fin donnent de l'intensité à l'ensemble, de l'émotion vraie. D'autant que si je sais que cette BD célèbre les 50 ans du GIGN, je ne peux m'empêcher de penser aux prochains JO 2024 à Paris…
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Technique juste ce qu'il faut pour lui donner de la consistance, cette BD est donc aussi bouleversante qu'instructive. Les paroles sont fortes, mais les dessins ne sont pas en reste qui nous placent dans leur peau en nous permettant de visualiser. On voit que l'exigence de l'excellence a un prix, et je remercie ceux qui ont accepté de le payer.
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Une BD qui retrace les origines de la naissance du GIGN aujourd'hui mondialement connu.
J'ai apprécié cette lecture entre le film et le documentaire avec un trait de crayon fort réaliste, les armes, les hélicoptères paraissent réels.
On apprend beaucoup sur cette section. Les batailles pour qu'elle existe, la difficulté de l'entraînement (il y a eu plus de mort en entraînement que sur le terrain), la difficulté des missions.
C'est un choix intéressant que d'avoir utilisé la bande dessinée pour ce sujet. J'ai aimé
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Au-delà de ce que vous allez apprendre, vous devez savoir que, à chaque mission, vous exposerez vos vies pour en sauver d’autres… y compris celle de celui qui vous aura tiré dessus. Vous êtes là pour arrêter les forcenés, les truands, les terroristes et pour les remettre à la justice, pas pour la rendre !
Nous devons mettre des règles morales importantes à notre action : le respect de la vie, de toutes les vies.
Le pouvoir qui nous est donné est très important, c’est le pouvoir de Dieu, le pouvoir de vie ou de mort.
Votre arme ne doit en aucun cas devenir le prolongement de votre courage. Je ne l’accepterai pas, ce serait l’expression d’un manque de sang froid ou, pire, d’une lâcheté. On n’est pas fort parce qu’on a une arme, on est fort parce que l’on sait ne pas s’en servir.
Nous ne devons jamais céder à la facilité, nous devons être capables, une fois la mission terminée, de nous regarder dans une glace en nous disant : j’ai respecté l’esprit du groupe, j’ai respecté la vie.