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Pauvre Angelina, Diego est reparti au Mexique et ne répond pas à ses lettres. Parfois, il lui envoie de l'argent pour vivre, mais aussi, comble de chagrin, pour son ancienne maîtresse dont il a une fille. Ce sont des années de souffrance à attendre en vain que son grand amour lui dise de le rejoindre, et qui ne la reconnaît pas, quand leurs chemins se croisent.

Elena Poniatowska raconte, sous forme épistolaire, l'histoire d'amour et de misère entre le peintre mexicain Diego Rivera et le peintre russe Angelina Beloff. Une rencontre qui s'est faite à Paris dans les années 10 et a abouti à un mariage qui a duré dix ans. Dix années de bonheur, de vaches maigres et de douleur. Diego était volage et fantasque, Angelina trop sérieuse, trop amoureuse.

Ces lettres fictives traduisent toute la détresse d'Angelina qui, après le départ de Diego, doit affronter seule une vie misérable, privée de l'essentiel. Angelina qui pleure un enfant mort et un amant qui lui impose son silence, le silence. Car elle ne confie à personne son dénuement matériel et affectif, même si elle travaille et rencontre quelquefois ses amis célèbres.

Un petit livre d'une force inouïe et d'une grande beauté qui rend hommage à une femme émouvante, une artiste malheureuse mais pas résignée devant l'absence d'un Diego Rivera, égocentrique, excessif et magistral.
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Un classique du roman épistolaire, 12 lettres d'amour adressées à Diego Rivera par sa compagne, la peintre russe Angelina Petrovna Belova. C'est en lisant la biographie consacrée au Mexicain par Bertram-David Wolfe qu'Elena Poniatowska prend connaissance d'une lettre datée de juillet 1922 dans laquelle une femme abandonnée souffre du silence de Rivera et lui demande une dernière fois de ces nouvelles. La "princesse rouge" s'attelle dès lors à l'élaboration d'un long monologue en rédigeant onze lettres fictives envoyées de Paris par une Angelina désespérée. "Je t'aime, Diego, à l'instant je sens une douleur presque insupportable dans la poitrine. Dans la rue il m'est arrivé la même chose, le souvenir de toi me frappe et je ne peux plus marcher, cela me fait si mal que je dois m'appuyer contre un mur."
Belova a consacré sa vie à aimer d'un amour impossible un artiste égoïste obsédé par la création artistique. En lisant Cher Diego, Quiela t'embrasse, on pense à Lettre d'une inconnue de Zweig, et pourtant cette passion n'était pas fictive. Arrivée à Paris pour exercer son art, elle rencontre Rivera en 1910, met sa carrière entre parenthèses, se consacre à leur fils Miguel Angel qui décède rapidement. Les années parisiennes sont matériellement difficiles, la première guerre mondiale semant à l'arrière son lot de contraintes et de privations. De plus Rivera vit une liaison avec une autre peintre russe Marie Vorobev Stebelska avec laquelle il aura une fille. Rappelé au Mexique par Jose Vasconcelos pour peindre la Révolution, Rivera s'y rend seul pour des raisons économiques et ne lui donnera plus jamais de nouvelles, se contentant de lui faire parvenir de l'argent de temps en temps. Angelina reste seule à Paris, dans l'attente d'un mot, d'un geste.
Solitude, abandon, douleur de la perte d'un enfant, obsession amoureuse, mais aussi vie culturelle bouillonnante et création artistique transparaissent au fil des pages. Un portrait terrifiant de Diego Rivera se dessine, un ogre génial et écrasant , uniquement passionné par sa peinture: "(...) malgré ton silence que j'attribue à un excès de travail, au changement, aux projets en route, aux longues discussions que tu suscites à la tombée du soir; je t'imagine autour d'une table, échangeant des idées, secouant les esprits, les obligeant à penser, les enflammant avec ta passion, les irritant aussi, puis explosant toi-même de colère de la même façon que tu explosas lorsque je t'appris que j'étais enceinte vociférant, menaçant de te jeter du septième étage, devenant fou et me criant, tout en ouvrant les deux volets: "Si cet enfant me dérange, je le jetterai par la fenêtre."
En s'appuyant sur le travail de Wolfe, Elena Poniatowska qui excelle dans les portraits de femmes (Tinisima, Leonora...) a tiré de l'oubli cette passion dévastatrice qui occulta le travail de Angelina Beloff. Celle qui fut influencée par Cezanne et Matisse vit son oeuvre reléguée au second plan, loin derrière son mariage malheureux avec Rivera. Cher Diego, Quiela t'embrasse dit si bien la douleur de l'amour non partagé que Beloff est devenue le symbole de toutes les épouses d'artistes phagocytées par leur géniaux compagnons.
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"La Poniatowska" vient de feter ses 90 ans.
"La Princesse Rouge": Une princesse polonaise nee a Paris que les parents emmenent precipitamment au Mexique lors de la deuxieme guerre mondiale. Une princesse engagee a la cause du petit peuple.
" La Belle Helene": Quand elle assistait a une reunion litteraire tous les yeux etaient rives sur ses jambes, mais des qu'elle ouvrait la bouche c'etait au tour des oreilles d'etre rivees aux sons de sa bouche.
Pour ses 90 printemps je deterre un vieux billet (de 2017!), sans y rien changer:

Diego Rivera est un peintre celebre.
Diego Rivera est un monstre sacre.
Diego Rivera est un monstre. Un ogre cannibale qui engloutit la substance vitale de ceux qui l'entourent et n'en laisse que les os.

C'est du moins comme ca qu'il apparait dans ce petit livre de Poniatowska. Un livre qui imagine les lettres que lui aurait ecrit sa premiere femme, abandonnee sur le vieux continent apres dix ans de mariage, quand il repart, seul, pour le Mexique. Lachee, jetee comme du lest, oubliee. Loin des yeux loin du coeur? Rivera a de tres bons yeux de peintre, mais a-t-il du coeur?

Un roman epistolaire emouvant, parce qu'il soumet a notre lecture des lettres auxquelles ne repond qu'un silence humiliant, avilissant. Des lettres d'une femme desemparee par sa solitude. Sans lui, elle est seule et esseulee, et aucun des amis qui l'entourent et essayent de la soutenir n'arrivera a remplir le vide qui s'est empare d'elle. Elle est inconsolable. Elle continue a aimer, elle aimera toujours, tout en sachant qu'elle ne peut esperer ni amour, ni aucun sentiment en retour, de celui qui l'a delaissee. Ses lettres exhibent la passion obsessive d'une femme, peintre elle aussi, qui pendant dix ans avait laisse son art en arriere, deperir, pour mieux servir l'objet de son amour. Des lettres qui pleurent l'enfant qu'elle a eu de Rivera et qui est mort bebe, parce qu'il ne lui reste donc rien de lui. Des lettres de desarroi: sans lui, quel avenir? Pourquoi un avenir? Avant elle etait Quiela, comme lui l'appelait. Maintenant elle n'est plus qu'Angelina Beloff, ou La Bielova, comme la denomment les autres.
Les lettres sont datees de 1921-1922. Entre les lignes on sent que, si en amour elle n'arrivera jamais a se remettre, son art, renouvele, lui permettra de respire, de continuer a vivre. de s'accepter comme La Bielova. Dans une sorte de courte postface, Poniatowska nous dit qu'en 1935 elle reussit a rejoindre le Mexique, sans essayer d'importuner Rivera. Se rencontrant dans un concert, il passera a cote d'elle, sans meme la reconnaitre.

Elena Poniatowska, La Poniatowska, La Belle Poniatowska, La Princesse Poniatowska, a reussi un livre emouvant. Un roman, un livre de fiction, qui restitue une vraie histoire et qui m'a semble plus veridique que tout ce qui aurait pu etre dans la vraie vie. Elle a ecrit de nombreux livres sur des femmes, et elle arrive a exprimer toute une palette de sentiments, d'emotions, que peut-etre seule une femme aurait pu traduire en mots. Elle le fait magistralement.

P.S. J'ai lu les autres critiques sur Babelio. Ce livre a rappele a certains la Lettre d'une inconnue, de Zweig. Moi je le rapproche plutot de A la hauteur de Grand Central Station je me suis assise et j'ai pleure, d'Elizabeth Smart. le meme amour inconditionnel que rien ne pourra jamais remplacer.
D'autres se sont revoltes face a l'effacement, voulu, de la protagoniste derriere l'homme qu'elle a admire et aime, au nom du feminisme. Et moi je me dis que l'amour se developpe dans une autre dimension que la politique ou le social. Qu'en amour il n'y a peut-etre de place ni pour du machisme ni pour du feminisme. Ces notions rendent les armes devant l'amour. Et de toutes facons, je crois que l'ecriture de Poniatowska est en soi feministe. Et c'est tres bien comme cela.
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C'est un court mais magnifique roman épistolaire.
Elena Poniatowska prête sa plume à Angelina Beloff qui, de Paris, envoie des lettres à son mari, le célèbre peintre mexicain Diego Rivera, reparti dans son pays.
Mais ces lettres restent sans réponses.
Elles crient la passion totale, dévorante et désespérée.
Au fil des mois, ni la colère, ni la solitude, ni l'incompréhension de ce silence, ne ternissent cet amour inconditionnel.
L'écriture est très belle, l'histoire d'amour bouleversante.
En réalité, Angelina Beloff ne croisera son mari au Mexique que bien des années plus tard, mais il ne la reconnaîtra pas. Etre temps elle aura continué sa carrière personnelle de peintre et lui se sera remarié.
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Angelina Beloff, artiste peintre russe, évoque dix ans de vie commune avec Diego Rivera qui la surnomme affectueusement Quiela. C'est par la rédaction d'une vingtaine de lettres imaginées par Elena Poniatowska qui restent de fait, sans réponse, que l'artiste russe depeint leur vie de 1911 à 1921 à Paris, une période de vaches maigres pendant laquelle Quiela fait vivre leur couple, met au monde leur fils qui ne vivra qu'un peu plus d'un an, une période néanmoins extrêmement valorisante avec les amitiés artistiques comme celles avec Matisse et Picasso. Toujours dévouée à Rivera - qu'elle adore et porte aux nues -, le laissant créer et lui épargnant tous soucis domestiques, elle accepte la séparation quand l'artiste mexicain retourne dans son pays natal. C'est alors le début du delitement de la relation qui verra la fin de cet amour, avec la demande divorce de Rivera.
Des lettres imaginaires qui permettent à Elena Poniatowska de mettre la lumière sur une relation peu connue de Rivera, sa première épouse et, au gré des lettres, de dresser le portrait de Rivera, artiste encore méconnu dans les années vingt en France et qui ne brille pas vraiment par son empathie ou son amour pour sa femme et son fils. Une vision, qui, si elle est réelle, ne flatte pas la personnalité de Rivera, une sorte d'ogre qui se nourrit de l'abnégation de sa femme, faisant preuve d'un égoïsme créateur, certes génial, mais surtout destructeur pour sa femme Quiela.
Un récit intéressant, tres éclairant sur deux personnalités, témoins de la vie artistique, une vie de bohème au début du vingtième siècle à Paris.
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Avec ce recueil de lettres fictives publiées en 1978, Elena Poniatowska retrace la vie d'Angelina Beloff, peintre d'origine russe, vivant à Montparnasse dans le Paris des années 20. Il faut dire qu'elle a réellement partagé sa vie avec le peintre mexicain Diego Rivera avant que ce dernier ne retourne au Mexique où il aura d'autres femmes dont Frida Kalho.
Avec ce joli titre "Cher Diego, Quiela t'embrasse", on comprend tout de suite qu'il s'agit de correspondances. Mais ces lettres sont à sens unique. Ce sont celles d'une femme qui écrit à l'homme qu'elle aime, son mari Diego parti au Mexique avec qui elle a eu un enfant et qui ne lui répondra pas. On perçoit tout de suite son sentiment d'abandon très joliment exprimé. Cependant rapidement elle évoque sa condition de femme en disant « après tout sans toi je suis bien peu de chose ». Elle exprime ensuite sa dépendance et ça je n'ai pas du tout aimé. Dire qu'elle n'existe qu'à travers son amour à lui, c'est se réduire à un objet.
Et puis dans son malheur on apprend qu'elle aussi est peintre. Dans ces lettres, elle va raconter son travail malgré la souffrance de la perte ou plutôt des pertes, celle de son enfant et celle de son amour. Malgré des moments de lucidité, elle dit vouloir faire n'importe quoi pour le retrouver y comprit se soumettre à cet homme décrit comme coléreux et caractériel. C'est sans doute sa passion pour la peinture qui va lui permettre des années plus tard à se libérer de ce carcan.

Bien que la soumission de cette femme à un homme ingrat soit un peu agaçante, ces vraies fausses lettres sont une façon originale de faire la biographie romancée d'Angelina Beloff.


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Ce livre est un court roman épistolaire de 88 pages, plusieurs fois réédité au Mexique où l'écrivaine mexicaine E. Poniatowska imagine l'envoi de 12 lettres d'amour au peintre mexicain Diego Rivera par celle qui fut sa première épouse, la russe Evangeline Beloff, peintre aussi.

Diego Rivera la quitte au bout de 10 ans de mariage arguant que son pays lui manque, que le soleil lui manque…et il laisse une femme inconsolable, encore amoureuse et non remise du décès de leur enfant, un garçon décédé à Paris de pneumonie.
Elle lui écrit son amour, sa peine de ne plus l'avoir avec elle, sa difficulté pour peindre. Pour mieux cultiver la mémoire de Rivera, Angelina, qu'il surnommait Quiela, s'est mise à apprendre l'espagnol pour se rapprocher de lui, mais aussi du Mexique qu'il avait réussi à lui faire aimer.

Angelina Beloff, originaire de Saint Petersbourg était une peintre pour le moins assez reconnue.
Dans cette fiction, Diego Rivera ne répond à aucune lettre, mais lui envoie de l'argent car les conditions matérielles de Quiela étaient difficiles.

Treize années plus tard Quiela part s'installer au Mexique. Ils ne se reverront plus et on raconte qu'une fois ils se seraient croisés lors d'un concert et que Diego Rivera ne l'a même pas salué.
Il faut dire que dès son retour au Mexique, le peintre s'est mis en ménage avec Guadelupe Marin, mexicaine, et mère de deux filles de Rivera.
Angelina Beloff a consacré 10 années de sa vie au monstre sacré qui était Diego Rivera, lequel lui a appris à aimer ce grand pays qui est le Mexique : c'est là que Quiela est morte en 1969.
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Le monologue épistolaire d'une femme abandonnée. La pauvre Angela passe par toutes les phases, espoir, déni, jalousie, désespoir. C'est très beau et c'est criant de vérité.
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