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4,3

sur 2056 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Á la ligne » nous parle de l'usine, le travail à la chaine ou plutôt la ligne, ça parle aussi de poésie, celle d'Apollinaire, d'Aragon et de Césaire. C'est un drôle de mélange c'est la vie, à l'usine et au dehors, la vie d'avant et celle du présent, pas très drôle, épuisante même, mais faut bien gagner des sous. Intérimaire, c'est précaire et les horaires changent tout le temps.
Tout tourne autour de l'usine : « Je suis l'usine, elle est moi elle est-elle et je suis moi » La conserverie de poisson tout d'abord : vider les caisses de chimères, cuire les crevettes et les bulots. Les horaires décalés, la fatigue, toujours et les dimanches qui passent trop vite. Puis les abattoirs, travail harassant, avec les bonbons Arlequin qu'on s'offre, cadeaux dérisoires qu'on suce et qui rythment le temps.
Il y a aussi les chansons, celles qu'on fredonne sur les lignes pour supporter la pénibilité, la répétition du travail : Les chansons populaires de Paradis, Cloclo, Bruel, Cabrel, Sardou et d'autres. Joseph Ponthus chante Barbara, Reggiani, Brel. Il cherche les couplets oubliés, ça occupe. Il écoute Bach chez lui.
L'écriture, c'est une gifle.
Ce sont des vers libres agencés en brefs chapitres, sans ponctuation et ça se lit en apnée. C'est un long récit, une sorte de chanson de geste de notre époque.
« J'écris comme je travaille
Á la chaine
Á la ligne »
J'ai aimé la lecture de ce récit, c'est percutant, ça gueule et c'est tendre aussi. Pourtant, il y a ce passage qui m'a dérangé :
« …Je viens de comprendre pourquoi y a vachement plus de sang par terre dans mon nouveau frigo que dans les autres
— Hein
— Les onglets ont débarqués »
J'ai trouvé cette saillie sexiste et mal venue.

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Il y a quelque temps, j'ai vu Joseph Ponthus à la Grande Librairie et les divers commentaires sur ce livre avaient attiré alors mon attention. Les témoignages sur le travail à la chaine apparaissent assez fascinants, surtout quand il s'agit d'un intellectuel qui n'est pas du tout préparé à cette expérience. Dans les années '70, j'avais eu l'occasion de lire un témoignage remarquable "L'établi" écrit par Robert Lindhart (qui était maoïste): il m'avait marqué.
Le travail « à la ligne » n'a pas été beaucoup modifié en quelques décennies, mais l'époque a changé. Joseph Ponthus a trimé dans l'agro-alimentaire non par idéalisme, mais par nécessité. Le boulot est pénible et même dégueulasse; l'auteur ne se gêne pas pour lancer des piques contre les conditions de travail et contre le capitalisme. Mais ce n'est pas l'essentiel de son livre. Son passage par l'usine est sans perspectives et sa réflexion n'aboutit à aucune conclusion politique claire. En outre, il me semble que la solidarité entre ouvriers reste minimaliste...
Quant à la forme de cette oeuvre, elle m'a vraiment déçu. D'abord, c'est très répétitif. Mais surtout c'est écrit sans aucun génie. A tort, je m'attendais vaguement à une prose somptueuse comme celle de Foenkinos, dans son roman si particulier intitulé Charlotte. "A la ligne" est bien plus plat; il ne m'est pas allé droit au coeur. Donc je l'oublierai vite.
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J'ai d'abord été séduite par le style. J'ai même pensé que je ne regarderais plus jamais mon assiette de crustacés de la même façon.
Ensuite je me suis ennuyée. J'ai trouvé le narrateur présomptueux: moi je connais la littérature (citations au passage), moi je travaille bien, moi je travaille vite, moi je travaille dur, moi j'ai fait des études, moi je suis courageux, moi j'ai du mérite, on penserait presque qu'il fait tourner l'usine à lui tout seul ... et très égocentrique, il ne parle quasiment que de lui; quelques allusions à sa femme, sa mère, ses collègues mais c'est tout. On ne sait rien des personnes qui l'entourent, leurs sentiments.
Et puis je ne peux m'empêcher de penser au poids de la culpabilité qui doit reposer sur les épaules de son épouse car il ne manque pas une occasion de rappeler que le travail qu'il aimait il l'a quitté par amour et que c'est par amour également qu'il supporte cette vie à l'usine. Pas d'allusion à un quelconque encouragement de sa dame ni même de compassion de cette dernière. Non uniquement du moi moi moi.
Dommage ça aurait pu être un beau sujet.
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C'est sur le site de Babelio que j'ai découvert Joseph Ponthus ; puis dans l'émission de la Grande Librairie avec le portrait d'un homme sincère et touchant.

Je me suis retrouvé dans cet homme à l'usine, ayant moi-même un profil un peu similaire et ayant également travaillé comme intérimaire dans différentes usines et entreprises.

Ce qui m'a séduit dans la présentation de son livre "A la ligne", c'est ce contraste entre l'univers lourd, écrasant et décervelant dans lequel l'auteur a travaillé (et vécu), et son intellect, ses idées, ses pensées, ses références qu'il utilise comme des cerfs-volants pour sauvegarder sa condition d'être humain.

Le style heurté, le débit saccadé, les répétitions lexicales, les phrases ressassées comme des antiennes ont probablement été voulus pour coller à la réalité de sa fonction et de ses tâches. Au sein de cette prose usinée, des lignes poétiques, des références parfois détournées aux écrivains, poètes, chanteurs, etc. que l'auteur aime et admire.

C'est un livre que j'ai apprécié mais...

...mon horizon d'attente était élevé, aussi ai-je été un peu déçu en refermant ce livre.

En effet, j'aurais souhaité que l'auteur pousse beaucoup plus loin l'extravagance de sa situation d'homme de lettres plongé dans cet enfer oppressif et aliénant, qu'il s'attarde plus longuement sur toutes ces choses de l'esprit qu'il a acquises au cours de son érudition et auxquelles il s'est accroché pour ne pas sombrer, les confronte et les mette plus intensément en contraste avec la réalité du purgatoire qu'il a vécu.

Lien : https://www.nomadisant.com/
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Par amour, Joseph Ponthus s'installe en Bretagne. Comme il ne retourne pas de travail comme éducateur, il embauche en tant qu'intérimaire dans l'industrie agroalimentaire. Et travaille à l'usine, d'abord de poisson - crustacé, puis à l'abattoir. En rentrant à la maison, il consigne le travail, l'ambiance dans des feuillets, à la ligne.
Concis, il décrit la pénibilité des tâches, l'engrenage, l'abrutissement. le besoin de gagner sa vie et de vendre sa force de travail. Les difficultés, (horaires, rythmes). La solidarité. La dignité.
Remarquable.
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Dans ce premier roman, au style cadencé, voire haché mais poétique, l'auteur nous dépeint le travail d'un intérimaire qui, en attendant de trouver mieux, va pointer chaque jour à l'usine.
L'expérience au milieu des carcasses, dans le sang, dans l'odeur, dans le froid et dans le bruit, est dure, douloureuse, et s'éternise plus que prévu.
A mon avis, ce roman est à lire à voix haute pour mieux appréhender la sonorité des mots et le rythme des phrases, d'autant qu'il n'y a aucune ponctuation.
Ce qui peut paraître déroutant au début n'est en fait qu'un façon différente d'aborder le texte.
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Voilà donc le Livre de la rentrée littéraire..... soit, si cette lecture m'a effectivement beaucoup plu, cela m'apparaît avec la lecture et le recul un peu trop emphatique mais il faut le lire pour ce qu'il est dans son originalité d'écriture, comme le témoignage d'une forme de nouvel esclavage au travail.

Un style saccadé voulu et assumé, un récit sans fioriture, un nouveau pavé dans nos modes de consommation, dans la maltraitance animale et dans la mal bouffe comme dans le mal-être de ces nouvelles et nouveaux mineurs, ouvriers ou sidérurgistes. Plus que cela c'est le récit d'une certaine fraternité ouvrière, d'un sauvetage par la culture (lecture, musique, chanson) qui font que le narrateur ne devient pas totalement cinglé à la manière d'un Charlie Chaplin, mode "Les Temps Modernes".

Des images précises menées avec talent par les descriptions des décors, des camarades d'infortune, d'un contexte deshumanisé.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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La couverture ne m'a pas vraiment emballée. le titre n'est pas non plus très engageant.
Et puis à la lecture, il ressort une certaine humanité, quelque chose d'universel.
Il n'y a pas de ponctuation, beaucoup de retour à la ligne, c'est assez facile à lire, « ça coule », c'est poétique sans emphase.
C'est un un témoignage sur les travailleurs sur les chaînes dans des usines alimentaires, entrecoupé parfois d'une mission dans le secteur d'activité de l'auteur : éducateur.
La précarité pour les intérimaires. Préparer des plats que l'on ne peut s'offrir. Crustacés, fruits de mer, bulots et autres joyeusetés.
Les carcasses de porc. Prépare de la béchamel des heures durant.
Le froid, l'odeur, l'entraide, la camaraderie.
La vie de couple avec les décalages dus au travail de nuit.
Cela interpelle aussi les consommateurs que nous sommes.
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Il est ouvrier malgré lui car il a suivi sa femme et n'a pas retrouvé de travail comme éducateur.Il travaille dans des usines de poisson, de viande .Il décrit un travail difficile et harassant, des horaires décousus , des collègues parfois difficiles .C'est écrit comme une poésie mais avait-on vraiment besoin de connaître le monde de l'usine, peut-être ceux qui n'y ont jamais mis les pieds.J'ai été un peu déçu par le sujet même si l'auteur c'est bien mettre en avant les difficultés et le répétitif du travail à l'usine
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Je suis très partagée après avoir terminé ce livre. Je m'attendais à une belle oeuvre de par les nombreux éloges lus sur Babelio. J'ai découvert, certes, un auteur cultivé, de bons jeux de mots, un style, un thème original, des convictions, un milieu inconnu, et une grande sincérité.
Mais quel ton ! Je n'ai pas aimé la rage, l'agressivité sous jacente de l'auteur, l'angle de vue sous lequel il vit sa vie. A la fin de son livre, il nous explique qu'il ne se plaint pas, alors que toutes ces pages ne sont qu'une longue complainte. La difficulté existe pour tant de personnes dans tant de domaines, et celles que j'admire le plus justement, sont celles qui ne s'en plaignent pas, celles qui font face avec courage et humilité. Il y a trop de hargne exprimée selon moi, cet homme se positionne en tant que victime d'un système, un anti héros (étrange pour quelqu'un qui aime lire Dumas). Dommage, je pense qu'il aurait pu en faire quelque chose de bien mieux, il y avait de l'idée, mais il manque une qualité principale à Mr Ponthus : la joie de vivre, même et surtout dans l'adversité, et cet esprit de liberté qui élève l'âme qu'on retrouve, par exemple, chez Mr Sylvain Tesson.
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