Ce sourire, c' est un résidu de celle que j' étais avant l' accident, toujours prête à batailler pour la veuve et l' orphelin. La haine est venue s' y plaquer comme un prolongement, quand Zelda est devenu mon orphelin prioritaire.
"Mais je mentirais en disant que j'ai jamais eu envie d'une baguette magique qui exauce les souhaits, qui rende possible l'impossible, qui permette de rembobiner le film pour couper une scène."
Ça se passe toujours de la même façon.
Le décor semble émerger de la brume. La brume se dissipe très vite et ça surgit : la voiture, Zelda, devant l'école. Il n'y a qu'eux dans la rue, rien qu'eux. Parce que c'est férié sûrement. Zelda n'aurait jamais dû se trouver là-bas. Si seulement elle n'y était pas allée, si seulement je ne lui avait pas offert ce foutu bracelet pour son anniversaire...
D'un seul coup, il s'arrête de jouer et il me regarde. Pas longtemps, mais en profondeur. On dirait un pêcheur qui lance sa ligne au fond du puits et hameçonne un truc dont personne ne savait qu'il dormait là depuis toujours, même pas moi.
Quand je suis loin de Baptiste, j’ai l’impression d’être une droguée qui a besoin de sa dose – je n’arrive plus à me concentrer et chacun de mes instants déborde du souvenir de ses mots, de ses caresses. Je ne sais pas si c’est l’amour, mais je sais que quand il est là, la réalité tient dans une bulle où nous nous déployons avec juste un peu de décor autour. Et le reste de l’univers se ratatine.
Y a un truc incontournable avec l'humain, c'est le respect...
Aujourd’hui j’ai envie de dévorer la vie et un appétit d’ogre que tout intéresse.
Si vous vous croyez trop petit pour faire quelque chose, essayez de dormir avec un moustique, et vous verrez lequel des deux empêche l’autre de dormir.
C'est pas une malédiction, Jules, c'est juste que parfois les gens meurent quand ils sont vieux. C'est pas à toi qui en côtoie tant que je vais l'apprendre. Paul va beaucoup me manquer mais il m'a donné beaucoup d'amour. Et cet amour, je le garde bien au chaud, pour les jours sombres. (p.192)
- Et pourquoi l'allemand ? demande Julie qui trouve à redire à tout, ces derniers temps.
- Because les Teutons sont hyper-créatifs ! Et en plus ils ont un ministre "handi", tu vois ça d'ici ? En France, même à l'Assemblée Nationale, y en a pas un, tu te rend compte ?! Six pour cent de l'électorat est "handi" et y a pas un seul député qui l'est ! C'est hallucinant, non ? Surtout qu'avec les progrès de la médecine, on sera de plus en plus nombreux.
- Quoi ?
- Ben oui. Les ambulances sont plus rapides, et question réanimation on n'arrête pas le progrès alors au lieu de mourir, on roule !"
Ma frangine n'aime pas que je plaisante avec mon handicap, elle dit que je suis cynique. Je reconnais que j'aime les blagues vaseuses et l'humour noir, mais je ne vois pas ce qu'il y a de cynique. Moi, quand je vois un chat, je me raconte pas que c'est un "félin domestique" et je n'ai pas envie qu'on parle de moi comme d'une "personne à mobilité réduite". C'est juste hypocrite ! (p.139)