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sur 638 notes
Traduction en prose d'un roman en vers écrit dans les années 1820 1830. Considéré comme le premier roman de l'histoire du roman russe, cette oeuvre vient d'une époque où l'Angleterre donnait le ton à la littérature européenne. Les romans de Richardson faisaient soupirer dans les datchas, le spleen (p 30 §38) des bourgeois russes prenait des poses Byronesques. Mais on se passionnait aussi pour l'économie politique en commentant Adam Smith, Sébastien Say et Jeremy Bentham (p. 22 Adam Smith p. 31 Say et Bentham).
La littérature européenne depuis le XIXè siècle est un tissu de contradictions. Littérature qui en ces temps utilitaristes peine à se donner une raison d'être. Ce roman en vers est comme une déclaration d'amour à la poésie et en même temps, une sorte de dénonciation de son imposture et des ses pièges.

La lecture comme danger :
Comme dans Don Quichotte, Madame Bovary, on retrouve cette défiance devant le roman plusieurs fois manifestée par le narrateur (séduction des personnages de Richardson et de Rousseau auprès des jeunes filles rêveuses p. 46-47, p. 55-56 ) ; dérision des sentiments romantiques (p. 104 § 23) (p. 49 identification ridicule de Wladimir Liensky à Hamlet) ; les poses sous les influences de Childe Harold (P. 78), de Werther donnent un caractère presque stupide aux personnages. A écouter le narrateur, qui se dit son ami , Onéguine serait un lecteur sans discernement (p. 141). Sa nonchalance n'est pas une pose romantique et si elle en prend l'habit, il semble que c'est une manière de rendre son oisiveté socialement acceptable. Il reste un bourgeois apathique qui sait encore tenir son cahier de dépenses (p. 78) et rester à l'écoute des rapports quotidiens de son intendant(p. 117).
Tatiana a quelque chose d'une Bovary ; c'est une jeune provinciale rêveuse qui rêve sur les romans (p. 46§29 Très tôt elle aima les romans ; ils lui tenaient lieu de tout. p. 55 Avec quelle attention, à présent…). Mais son livre préféré est un livre d'oniromancie(p.89§23); (elle croyait aux vielles traditions du peuple, aux songes, aux révélations des cartes et aux pronostics lunaires. p.84).
Mais lorsqu'elle furète dans la bibliothèque d'Onéguine c'est pour enquêter sur l'homme qu'elle aime (p. 118-119).

Comment la poésie peut être de quelque utilité :
La chanson des jeunes servantes chantée au jardin pendant le ramassage des fraises : p. 65 Telle des maîtres était l'ordonnance, pour empêcher les bouches gourmandes, en les occupant à chanter, de cueillir les baies furtivement : astucieuse invention de campagnards!.


Montre-moi ta bibliothèque et je te dirai qui tu es:
P 198-199
§23Bien des pages avaient gardé la marque coupante de l'ongle. Les yeux de la jeune fille attentive plus longuement s'y attardent. Tatiana, en frémissant, découvre quelle pensée, quelle réflexion avaient frappé Onéguine et à quoi en silence il donnait son accord. Dans les marges elle découvre les traits de son crayon ; et partout involontairement l'âme d'Onéguine se révèle, tantôt par un mot bref, tantôt par une croix, tantôt par un point d'interrogation.
§24 Et peu à peu ma Tatiana commence à comprendre plus clairement maintenant, Dieu merci, celui auquel elle vouait ses soupirs par ordre du souverain destin : un original mélancolique et dangereux, création de l'enfer ou du ciel ? Cet ange, ce démon orgueilleux, qui est-il ? Ne serait-il qu'un pâle reflet, un imitateur des phantasmes d'autrui, ou encore un Moscovite drapé en Childe Harolde ? Un lexique bourré de vocables à la mode ? ne serait-il qu'un méprisable fantôme, une parodie ?
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J'ai découvert ce classique russe avec Songe à la douceur de Clémentine Beauvais (qui en est une réécriture). L'histoire ne m'était donc pas inconnue et j'ai apprécié voir les similitudes entre les deux.
Eugène Onéguine a le spleen, rien ne le divertit, rien ne trouve grâce à ses yeux. Quand la jeune Tatiana lui écrit une déclaration d'amour, il s'amuse à draguer sa soeur, Olga… qui se trouve être la fiancée de son propre meilleur ami.
Eugène ne fait donc pas de très bons choix, d'autant plus qu'il attend que Tatiana soit mariée pour tomber amoureux d'elle.

L'histoire est donc simple, mais le ton est plus passionné que mon fade résumé ! L'auteur donne son avis sur les personnages, parle de son propre processus d'écriture et de son histoire… Et tout ceci en vers. Apparemment, dans la version originale, il y a des rimes, mais, dans mon édition, le traducteur a privilégié le rythme aux rimes.
Je n'ai pas pu m'empêcher, pour les premières dizaines de pages, de lire à haute voix, tellement le récit est mélodieux.

Une fois encore, sans doute aurait-il fallu que j'étudie ce roman avec un professeur pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur, car j'ai l'impression d'être un peu passée à côté de ce classique, ce qui me désole, car j'étais toute prête à l'admirer !
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La tournure du récit est pleine d'ironie, le ton adopté est souvent caustique. le maître de la littérature russe et prince de la poésie romantique en sa nation n'est-il donc qu'un conteur espiègle ?

La réponse est bien évidemment négative, et c'est un contraste qui fait la grandeur du roman : une tragédie absolue narrée avec légèreté. Car malgré la malice de l'auteur, rien, des émois virginaux de Tatiana à l'emportement jaloux et fatal du poète adolescent Lenski, n'est minimisé ou traité avec dérision.

Malgré les dehors byroniens de son héros Onéguine (qui "joue Harold en plein Moscou"), le fond du roman ne laisse place ni au cynisme ni à aucune leçon de morale. Pouchkine laisse les passions, les penchants les plus extrêmes s'y déployer et aller jusqu'à leur terme fatal. La folie, la mesure, à chacun son heure de gloire.

Dans un poème beau, léger et épuré, Eugène Onéguine offre un condensé des émotions et pensées qui animent toute vie sentimentale.


"Qu'il rêve heureux, brûle et croie
Vivre la perfection du monde, -
Jeune folie d'un jeune sang,
Excusons cet adolescent."

(lu dans la traduction d'André Markowicz, qui n'est pas forcément la meilleure)


Pour qui veut comprendre la culture russe, je le note au passage, c'est une lecture capitale. Tous les russes ont lu Evguéni Onéguine (voire quasiment toute l'oeuvre de Pouchkine), et on en trouve même qui sont capables de le réciter par coeur. Sans grande surprise, le Russki reportior (une revue bimensuelle) l'avait placé en tout premier dans son classement des cent livres qui ont façonné l'âme russe.
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Pouchkine, génie des romans de la période Romantique en Russie. Mêlée son roman à l'aide des vers et nous donner une sensation de poésie dans une histoire est tout simplement magique. le personnage de Leinski, figure du poète romantique est particulièrement touchant. Je trouve par contre le personnage d'Eugène d'un léger pathétisme. On ne trouve pas le même homme au début de ce roman qu'à la fin. A la fin on découvre une pâle copie de Leinski. Tatiana quand à elle est la figure de l'amour impossible avec Eugène. Des lettres passionnées passionnées enflammées qui n'aideront pas leurs histoires, mais qui la pénaliseront. Pouchkine manie l'ironie pour critiquer le concept du Romantisme, et très sincèrement: c'est très bien dirigé.
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Toucher à l'oeuvre d'Alexandre Pouchkine, c'est vouloir s'emparer du Saint Graal de la littérature russe. Mais l'aborder dans une langue autre que l'originale nous vaudra certainement l'opprobre des natifs. Comme le dit Jean-Louis Backès dans sa préface à Eugène Onéguine, aussi agréable et judicieuse soit sa traduction, elle ne pourra jamais rivaliser avec la « langue de cristal » de l'enfant chéri des lettres russes. Première raison : les rimes de ce roman en vers n'ont pas été reconduites en français. Il est vrai qu'au risque de sembler pompeux et de privilégier la forme, Backès a préféré se libérer de cette contrainte et mettre le fond au premier plan. Deuxième problème, la subtilité et la richesse du russe en prend forcément un coup lorsqu'elle est transposée dans la langue de Molière (avec tout le respect qu'il faut adresser au français). Ainsi, n'importe quel Russe vous exhortera à apprendre sa langue avant d'attaquer les oeuvres grandioses du XIXème siècle… car même si c'est Lomonossov qui a établi les bases du russe moderne, il n'est pas innocent que l'on parle plutôt de « langue de Pouchkine » pour dénommer cet idiome. Cela veut tout dire…

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Il s'agit d'un poème sur deux jeunes gens qui se sont ratés quand ils auraient pu s'aimer. le récit date de 1831 et sent bon le héros byronien. Les thèmes abordés dans ces amours manqués sont classiques (le duel, les remords, il tue le fiancé de la soeur de celle qu'il aimera plus tard,...). Découpé par 14 strophes, donc un récit très haché et non achevé. Cette édition propose des commentaires pour donner quelques clés de lecture. Tout classique qu'il soit, ce genre ne me séduit pas beaucoup.
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Dans ce roman en vers Pouchkine nous conte l'histoire d'Eugène Oneguine, une histoire qui ressemble à un roman initiatique à l'envers.
Eugène Oneguine est un jeune homme bien né, oisif et déjà désillusioné malgré son jeune âge. Aucune occupation ne trouve grâce à ses yeux, l'amour l'a déjà lassé et il se montre facilement dédaigneux. Malgré cela, il réussit à s'attirer l'amitié du jeune Lenski et l'amour de la timide Tatiana. Il rejette la seconde et tue le premier dans un duel pour une simple provocation. Alors, enfermé dans la solitude, Eugène débute un cheminement qui l'amène à revoir son jugement et à reconsidérer une vie qui ne le rend pas heureux. Ce retournement atteint son paroxysme lorsqu'il revoit Tatiana des années plus tard, mariée à un autre, alors il se rend compte de la terrible erreur qu'il a commise.
Je dis un roman initiatique à l'envers car contrairement à la plupart des romans initiatiques on ne débute pas avec un personnage jeune, enthousiaste et plein d'illusions qui au fil du roman vit des expériences qui l'endurcissent et le rendent amer. Ici c'est l'inverse qui se passe. En cela ce roman est original.
L'histoire en elle-même ne m'a pas captivée plus que cela, je l'ai trouvée assez classique. Ce qui a retenu mon attention dans ce livre c'est tout d'abord l'écriture. La versification de l'auteur est splendide, imagée, travaillée mais toujours accessible. On profite de la qualité littéraire sans perdre le fil de l'histoire à cause du style. Aussi j'ai bien aimé les marques d'esprit, les jugements, émis par l'auteur-narrateur. Dans "Eugene Oneguine" Pouchkine commente ses personnages, fait des allusions à son travail, à ses amis et ses détracteurs. J'ai trouvé ces commentaires assez truculents et originaux pour une oeuvre du 19eme siècle.
Je n'ai pas été marquée plus que cela par le fond, mais la forme vaut vraiment le coup de lire ce roman.
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Un roman en vers drôle et poétique influencé par Byron mais meilleur que Byron.Les jeunes filles prononcent le r russe à la française.Onéguine est un personnage sombre qui passe à côté de l' amour romantique de la jeune Tatiana.Il tue malgré lui son ami le poète Lenski en duel à cause de sa mauvaise plaisanterie sur l' amoureuse de Lenski Olga.Un passage sur les dékabristes réformateurs révolutionnaires ayant échoués.Un hommage à Parny poète français du 18è siècle oublié.Onéguine se rend compte trop tard qu' il est amoureux de Tatiana mariée à un général.Un roman inachevé et magnifique
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Prose merveilleuse sur fond d'histoire impossible
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Eugène Onéguine est amoureux de Tania et cette passion est le sujet de l'oeuvre avec force péripéties, duels.
Très grande oeuvre où Pouchkine conte son histoire tout en digressant sur le rôle de l'auteur, sa place, la manière dont il était perçu.
Chef d'oeuvre qui est à ce jour la plus grande histoire d'amour jamais écrite à mon sens.
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